La première mention des bains de Vernet date du XIIème siècle. Puiggari1 mentionne la date de 1181 fournie dans un inventaire de 1586, qui signale un triage appelé ad rupes calidis, soit "aux rochers aux eaux chaudes".
En 1170, Bernard de Colomer vend un moulin à foulon au monastère de Saint Martin du Canigou, et signale dans l’acte de vente la présence d’un local rudimentaire pour des bains chauds : ad balnea…
Au XIIe siècle, les bains sont rudimentaires et constitués d’une simple piscine voutée, où coulait l’eau de deux sources. Les malades se baignaient dans la même eau, jamais renouvelée, rarement nettoyée. La voûte mentionnée est faussement attribuée à la période antique, et aurait été plus probablement édifiée au XIIème siècle par les moines de Saint-Martin du Canigou. Près du bassin, de rudimentaires cabanes en bois servaient au logement des malades. Les moines améliorent le captage et l’acheminement des eaux et construisent de nouveaux bâtiments.
En 1698, Dom Pierre de Ponderoux, abbé de Saint-Martin du Canigou, fait construire un hôpital militaire sur les sources d’eaux chaudes. Cet établissement disparaît en 1730 lors d’un incendie.
De 1754 à 1833, l’exploitation des sources
En 1754, le médecin perpignanais Thomas Carrère trouve sur la rive gauche du Cady un bassin couvert séparé en deux par un mur mitoyen, alimenté par deux sources. Un bâtiment à proximité servant de logement est en partie écroulé. Vénel et Carrère procèdent à l’analyse des eaux de Vernet.
En 1788, les Bains sont peu entretenus, et les moines de l’abbaye de Saint-Martin du Canigou les vendent au Dr Pierre Barrera, médecin de l’hôpital militaire de Mont-Louis. Celui-ci s’engage à rénover les bains de Vernet, tout en en laissant l’accès gratuit aux habitants de Vernet et de Casteil, dans un bail emphytéotique du 12 avril 17882 . Barrera procède à l’analyse des eaux en 1798, qu'il envoie à l'Académie de médecine, et aux réparations urgentes. Il rétablit le chemin d’accès à la piscine, et fait construire une vaste maison dans laquelle il installe des douches et des baignoires. La piscine est comblée et remplacée par un réservoir destiné à alimenter les 4 douches et les 2 baignoires en marbre. Il crée une étuve pour les bains de vapeurs dans la roche.
Le 26 octobre 1797, Morat d’Estagel rachète l’établissement du Vernet à Barréra. Jusqu’en 1834. Il poursuit les améliorations de l’établissement entreprises par son prédécesseur. En 1819, la route qui mène de Prades à Vernet-les-Bains est désormais accessible aux diligences.
En 1833, dans son Traité des eaux minérales et des établissements thermaux3, Jean Anglada décrit l’établissement de bains sur une zone plane, séparée du village par la rivière, destinée à accueillir de nouveaux aménagements, qu’il encourage pour la croissance de l’attrait des eaux thermales de Vernet. Les logements font alors défaut et sont décrits comme peu commodes, n’attirant qu’une clientèle locale. Il souligne toutefois que la situation est en train de s’améliorer. Les améliorations des structures d’accueil sont nécessaires pour attirer les baigneurs. Il suggère l‘aménagement de promenades ombragées. L’établissement thermal, quant à lui, est décrit par Anglada comme un bâtiment voûté soigneusement restauré. Une maison d’habitation est adossée contre la façade sud. La piscine est désormais comblée et on a construit huit cabinets contenant des baignoires en marbre local et des bassins de douche, ouvrant sur un corridor. Un réservoir a été aménagé pour faciliter la distribution des eaux, éviter leurs déperditions et aménager une chute énergique. Au nord, une étuve a été créée par le détournement d’une portion des eaux. La buvette de la Source Pectorale est aménagée. Le propriétaire des bains Morat d’Estagel a porté le nombre de cabinets à baignoires à 14 et deux cabinets de douche, le tout séparé par un large corridor qui facilite le service. La maison d’habitation a été restaurée et augmentée. Elle offre en 1833, 21 chambres dont 10 avec cheminées, et un salon pour la réunion commune.
Rive droite : les bains Mercader, 1833
Sur la rive droite du Cady, il n’est pas de source connue jusqu’alors. En 1832, Jules Mercader procède à des fouilles et trouve sur sa propriété une source d’eau chaude. Les premières analyses chimiques sont confiées au Dr Bouis, et c’est vers 1832 qu’il obtient l’autorisation d’exploiter ses eaux en bains et boissons. M. Mercader poursuit les fouilles et découvre ainsi cinq sources rive droite5. Dès 1833, il entreprend la construction des Bains Mercader, sur la rive droite du Cady ainsi que de l’établissement des Ménages 6, équipé de dix cabinets particuliers pour bains et douche et de logements pour les familles.
L’établissement de la Source Ursule est édifié en 1853, en contrebas de l’établissement des Ménages, sur la source du même nom, la plus chaude de l’établissement qui alimente quatre cabines de bains.
Les ressources balnéothérapiques de l’établissement Mercader peuvent se résumer ainsi : deux buvettes : la buvette de santé et la buvette de la Bienfaisante-Adélaïde, et deux établissements de bains : l’établissement des Ménages et l’établissement de la source Ursule.
Telle est la situation des établissements Mercader décrite par Ernest Massé7 dans sa notice publiée en 1868. La buvette de santé coule dans le jardin près de l’établissement des Ménages. La source Bienfaisante-Adélaïde coule dans la galerie couverte des bains de la source Ursule. Cette galerie est attenante à l’hôtel, les malades peuvent aller la boire sans sortir de l’établissement.
De 1834 à 1880: les effets positifs de la concurrence
En 1834, deux anciens officiers de l’armée, les commandants De Lacvivier et Couderc, achètent les locaux rive gauche et construisent de nouveaux bâtiments, plus spacieux, mieux distribués, dans le but de créer à Vernet un véritable établissement de soins. Le Dr Lallemand patronne les travaux d’aménagement, et entraîne aux Bains des Commandants sa riche patientèle.
La concurrence générée par les deux établissements (Commandants rive gauche / Mercader rive droite) permet une amélioration et une modernisation des installations qui mène la station à rivaliser avec les plus grands établissements thermaux européens.
Les Commandants entreprennent le réaménagement des anciens thermes de Vernet. L’établissement thermal et les logements sont désormais dans le même bâtiment, évitant ainsi aux malades d’avoir à affronter l’air extérieur pour se rendre de leur chambre aux bains.
Ils établissent dans les thermes anciens, un vaporarium8 circulaire en granit9 sous la voûte gothique, sur le modèle d’Aix-les-Bains. Composé de huit cabines d’étuve éclairées par un dôme vitré, les vapeurs sèches ou humides sont administrées avec la possibilité de respirer au besoin l’air extérieur.
En 1836, les Commandants entreprennent la construction de l’établissement de bains du Petit St Sauveur10 qui comprend des logements et douze cabinets de bains au rez-de-chaussée.
Le bâtiment dit Saint François est construit en 183911, implanté en face de l’établissement du Petit Saint Sauveur. Selon le Dr Bouis, il a été construit sur un rocher, pris dans la construction. C'est un édifice dédié aux espaces de réceptions et aux logements des familles. Des bals sont organisés quotidiennement, et chaque quinzaine, un grand bal paré met à l’honneur l’éclat et le bon goût de belles toilettes, pouvant rivaliser avec les plus belles réunions de la capitale. On y sert des rafraîchissements ; des glaces dont la matière première est fournie en abondance par la montagne le Canigou, sont aussi bonnes au café Tortoni à Paris. Le meilleur ton préside toutes ces fêtes. Un contrôle strict veille à ce qu’aucun élément ne vienne perturber l’harmonie et l’urbanité. Le salon ouvre sur une grande terrasse entourée d’une balustrade et garnie d’orangers en fleurs, offre la facilité de se promener à ciel découvert et de respirer l’air frais et embaumé. De cette terrasse, la vue embrasse tous les jardins de l’établissement et les divers bâtiments qui le composent.
En 1842, l’établissement des Commandants est en construction. Il se situe à 20 mètres des anciens bains. Les bains et hôtel des Commandants comportent deux étages, une véranda, une salle de billard, et une horloge en toiture. Les bains sont accolés aux logements. Dans le hall, se trouve la buvette de la source Barrera. Dans la notice sur l’établissement de Vernet, le Dr Bouis12 décrit le chantier. Un grand bassin de natation complètera l’établissement thermal. D’une taille de 35 m de long sur 13 m de large, cette piscine couverte par une voûte sera éclairée dans toute sa longueur sur toutes les faces par des demi-croisées de forme ronde, qui pourront s’ouvrir afin de renouveler l’air.
En 1842, le Dr Bouis13 relate les travaux de constructions importants réalisés par les Commandants pour l’amélioration de l’accueil des baigneurs par un perfectionnement et une diversification des offres de soin, des structures de santé et de villégiature. Mais en parallèle, apparait un nouvel impératif, celui de l’éloignement de l’église paroissiale tout en haut et éloignée du village, rendant l’accès au culte difficile pour les baigneurs. Une nouvelle église est alors édifiée au centre du village (vers 1840 ?).
Dès 1844, l’établissement des Commandants est chauffé par géothermie, ce qui permet d’obtenir une température constante toute l’année de 15 à 18°. C’est alors que le Dr Lallemand lance la cure d’hiver à Vernet-les-Bains. A la même période, est construit l’hôtel de la préfecture, derrière l’établissement du Petit Sauveur et face aux Commandants.
En 1839, le violoniste Paganini effectue un séjour à Vernet-les-Bains. Le séjour d’Ibrahim Pacha, prince d’Egypte, sur les recommandations de son médecin le Dr Lallemand en 1845 et 1846, contribue à faire entrer davantage encore Vernet-les-Bains parmi les stations les plus huppées. L’hôtel du Petit Saint Sauveur, attenant aux thermes dits antiques, est rebaptisé hôtel Ibrahim Pacha en l’honneur du prince. En 1875, Richard Wagner vient prendre les eaux à Vernet.
En 1853, Couderc décède sans héritier. Lambron indique qu'à cette date, les deux établissements, Commandants et Mercader, "se font une rivalité qui n'est pas toujours de bon aloi" et qu'il serait souhaitable qu'ils soient réunis dans une même propriété. L'établissement Mercader recevait alors des malades un peu moins fortunés que son concurrent et la température plus basse de ses sources ne permettaient pas de les exploiter pour chauffer les lieux. Avant les aménagements menés par les deux rivaux, le nombre de baigneurs ne dépassait pas les 600. Lambron indique que ce chiffre a plus que doublé depuis 1846. A cette date les Commandants peuvent loger 150 personnes et Mercader une soixantaine. Le bénéfice dépasse alors 200 000 F.
En 1856, Jean Baptiste de Lacvivier meurt à son tour. C’est son fils Casimir de Lacvivier qui reprend la gestion et les aménagements de l’établissement thermal. Il réaménage l’hôtel de la préfecture et installe une chapelle de style gothique dans l’établissement des Commandants.
En 1862, le Dr Piglowski devient médecin de l’établissement thermal. Mais en conflit avec la direction, le taux de fréquentation est en baisse. Il n’y a plus d’améliorations ni d’entretien des bâtiments, la station se laisse lentement dépasser par Amélie-les-Bains, alors en pleine expansion.
L’Hôtel des Bains Mercader est édifié en 186214 dans le prolongement des bains, sur l’actuelle avenue des thermes. C’est Martin Mercader, fils de Jules, qui en est à l’initiative. Cet établissement comporte des chambres, mais aussi une salle à manger, des salons avec billard et piano.
En 1878, la situation est critique et Casimir de Lacvivier n’a d’autre choix que de vendre l’établissement de la rive gauche. En 1880, il passe aux mains de la société Albiot, Bourgain et Brasseur.
La Folie des Grandeurs,1880-1889
En 1878, Louis Companyo, médecin inspecteur aux Escaldes, présente les vertus des eaux minérales et des bains de mer du département des Pyrénées Orientales dans un pavillon dédié à l’exposition internationale de Paris. L’établissement thermal de la rive gauche du Cady est alors sous la direction de Casimir Lacvivier, et Vernet-les-Bains gagne en notoriété au moment même où il est mis en vente. En 1880, il est effectivement vendu à la société thermale fondée par Jean Albiot, associé à Bourgain et Brasseur15. Les nouveaux propriétaires de souhaitent accompagner ce coup de projecteur sur la station en améliorant les structures d’accueil. Ainsi, dès 1880, ils entreprennent la construction d’hôtels, et aménagent le parc. Ils édifient des villas individuelles, aux architectures éclectiques : la villa mauresque, des roses, des roches, des lilas, ainsi que le chalet des glaïeuls, suisse, alsacien… Ces villas et chalets, destinés à la location saisonnière pour les curistes venus prendre les eaux à Vernet-les-Bains, s’inscrit dans une volonté d’améliorer la qualité de l’accueil, et d’attirer une population à la recherche de confort et de modernité.
Leur ambition est de créer à Vernet-les-Bains une ville d’eaux modèle, ouverte les saisons d’été et d’hiver. C’est à cette période qu’est entreprise la construction du casino. Comme le mentionne l’article paru dans le journal Le Canigou du 13 mars 1880 :
Les travaux d’embellissement du Vernet sont poussés avec une grande activité. Nous nous proposons d’ailleurs de leur consacrer un article dès que les gros travaux seront achevés et qu’on pourra se rendre mieux compte de l’ensemble. Disons seulement aujourd’hui que les gros murs de l’établissement thermal nouveau sont hors de terre et que jeudi dernier on a posé la première pierre du Casino. Voici l’inscription qui a été déposée dans la fondation : « L’an 1880 et le 11 mars, M. Jules Grévy étant président de la République française, a été posée la première pierre du Casino de l’établissement thermal du Vernet. M. Armand Péan, architecte ; MM. J. Albiot, P. Brasseur et E. Bourgain, propriétaires ; MM. Py François, Fournols Dominique, Christophe Etienne, entrepreneurs. En présence de tous les sous-signés et de M. C de Lacvivier, ex-propriétaire, de M. Eugène Calendini, ingénieur et de M. Bouchacourt, commis-architecte.»
La construction de l’hôtel du Casino est entreprise le 24 juin 1880, pour la société Jean Albiot, Pierre Bourgain et Eugène Brasseur, propriétaires de l’établissement thermal de Vernet-les-Bains. L’hôtel est construit selon les plans de l’architecte Viggo Dorph Petersen. L’hôtel est inauguré le 23 septembre 1890. En octobre 1909, d’importants travaux de rénovation et de modernisation sont entrepris, en particulier l’installation d’un système de chauffage central à eaux chaudes (eaux thermales, source sous le grand escalier de l’établissement). De nombreuses personnalités de l’époque ont séjourné à l’hôtel du Portugal. Citons ici Rudyard Kipling et son épouse, une des filles de la reine Victoria la princesse Battenberg, de nombreux aristocrates britanniques, Maurice Chevalier, Charles Trénet, Mistinguett…
A l’origine, l’hôtel du casino se situait au centre du parc de l’établissement thermal, tout proche des Bains des Commandants, avec lesquels il était relié par un passage au premier étage à l'arrière du bâtiment, aujourd’hui condamné. Une promenade couverte permettait de relier l’hôtel du casino au casino, accès qui n’existe plus à ce jour. L’hôtel était également relié par une passerelle aérienne à l’hôtel du Parc attenant par le premier étage sur l'aile nord jusqu’en 1940, où ce dernier a été emporté par l’«aiguat », des inondations exceptionnelles qui ont emporté les deux tiers de l’établissement thermal.
Face à d’énormes dépenses, la société Albiot, Bourgain et Brasseur est contrainte de vendre. Claudio Chiesa, François Py et Dominique Fournols s’en portent acquéreurs. Sous leur direction, ils inaugurent l’hôtel du parc en 1895, et reconstruisent l’hôtel du Petit Sauveur rebaptisé Ibrahim Pacha. En 1886, des villas et chalets sont édifiées tout autour du parc de l’établissement thermal. La Vacherie devient laiterie destinée à la cure du petit lait.
1889-1914 : De nouvelles ambitions
Devant tant de dépenses engagées, les propriétaires n’ont d’autres choix que de vendre en 1888 à un riche banquier portugais, le comte Henry de Burnay. Il achète l’ensemble des bâtiments qui composent l’établissement thermal de Vernet-les-Bains, soit les hôtels, villas, chalets, parc, établissements thermaux, y compris celui de M. Mercader. En 1889, Le comte Henry de Burnay nouveau propriétaire de l’établissement thermal de Vernet-les-Bains, acquiert les Bains Mercader et les fait reconstruire16 en 1904 afin de les moderniser et d’y établir davantage de confort. L’hôtel Mercader est élevé de trois étages supplémentaires et communique directement et à tous les niveaux avec l’hôtel des Bains Mercader. Il est conçu selon les plans de l’architecte Viggo Dorph Petersen secondé par Julien Charpeil, agent Hennebique. L’escalier en béton armé17 a été réalisé en juillet 1904 par Pierre Parès, maçon à Perpignan.
Le comte de Burnay devient l’unique propriétaire de l’ensemble des sources et établissements thermaux. Il termine la construction de l’hôtel du casino qu’il rebaptise hôtel du Portugal. En 1890, il fait construire le sanatorium du Canigou, destiné à l’accueil des tuberculeux dont les lésions sont peu avancées. Le bâtiment est composé d’une grande véranda de soixante mètres de long, exposées sud-ouest pour un ensoleillement optimal. Des kiosques poncturent le jardin d’hiver, à des altitudes différentes. Mais la présence des tuberculeux inquiète la population et les autres curistes. Des dispositions d’hygiène sont prises pour éviter la contamination. Mais le Dr Giresse est contraint de démissionner en 1902, dénoncé pour des manquements à l’hygiène. Il est remplacé par le Dr Sabourin qui produit la brochure publicitaire. Au départ de ce dernier, la clientèle se fait rare et le sanatorium du Canigou est rapidement transformé en jardin d’hiver. Des passages couverts sont installés afin de permettre la libre circulation des baigneurs d’un établissement à l’autre, sans avoir à sortir à l’extérieur.
En 1903, Emile Kiechle est nommé avec son frère directeur de l’établissement thermal. Ils rénovent l’hôtel Mercader et Ibrahim Pacha. Leur ambition pour accroitre le rayonnement de Vernet-les-Bains est grande. Ils ciblent une clientèle anglaise en hiver et espagnole en été. Ils mettent en place des campagnes de communications dans la presse britannique et coloniale, afin de vanter la douceur du climat de Vernet, et attirer une clientèle nombreuse et de qualité. Ils obtiennent des wagons de 1re et 2e classe qui effectuent le trajet Paris-Vernet-les-Bains en 12 heures sans arrêt, contre 24 heures auparavant.
Les Hôtels des Bains Mercader et Ibrahim Pacha sont rénovés en 1905, les hôtels du parc et du Portugal sont remis à neuf en 1908.
En 1909, le pont Gisclard est inauguré, ainsi que le ligne de chemin de fer de Prades à Villefranche. En janvier 1910, le casino subit un incendie du corps central, soit la salle de spectacle. Il est reconstruit la même année par l’architecte Berthier et rouvre ses portes en juillet pour la saison d’été.
En 1910, lors des funérailles du Roi d’Angleterre Edouard VII, le salon étrusque de l’établissement des Commandants est transformé en temple protestant pour accueillir le service religieux. Mais la salle est exiguë, et la communauté britannique trop nombreuse à Vernet pour assister à la cérémonie d’hommage au souverain disparu. C’est alors que se dessine le projet de construction d’un temple protestant à Vernet-les-Bains, financé par la communauté britannique en villégiature à Vernet. Le temple protestant est inauguré en 1914.
Les affres de la guerre et l’aiguat
A la veille de la Première Guerre mondiale, les frères Kiechle fondent la Société thermale de Vernet-les-Bains. Le comte de Burnay est décédé en 1909. Mais la guerre éloigne les frères Kiechle, d’origine allemande, qui se réfugient à Puigcerdà. Les hôtels sont réquisitionnés et transformés en hôpitaux militaires complémentaires.
Le 17 mars 1914 un décret érige la commune de Vernet-les-Bains en station hydrominérale et climatique (ADPO-175DT21).
En 1924, l’administrateur de la société thermale de Vernet-les-Bains Perestrello de Vasconcello parvient à attirer à nouveau une clientèle britannique.
Les chiffres du produit de la taxe de séjour sont connus entre 1923 et 1932 (avec un trou en 1928) grâce aux Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales, à la Gazette des eaux (1er mai 1925) et à l'Avenir de Luchon (10 mars 1929) ; ils permettent d'estimer la fréquentation de la station (même si de nombreux visiteurs sont exemptés) et de la situer par rapport au corpus de la petite vingtaine de stations hydrominérales et climatiques de l'époque. A Vernet-les-Bains, ce produit s'élève à 25 646 en 1923, à la 11e place derrière Thonon et largement devant Barèges. Il atteint 28 909 en 1924 (12e), 31 096 en 1925 (10e), 36 913 en 1926 (13e) et 31 692 en 1927, dépassé ponctuellement par Salies-du-Salat. Un sommet est atteint en 1929, 56 740 (9e), mais, contrecoup probable de la crise économiques, les années suivante sont à la baisse : 48 782 en 1930 (10e), 40 605 en 1931 (10e), 32 215 en 1932 (10e).
En 1940, une violente crue de la rivière Cady qui traverse l’établissement thermal dévaste une large partie de la station. De nombreux bâtiments sont emportés : l’hôtel de la préfecture, du parc, Ibrahim Pacha, les anciens thermes, le chalet glacier, la villa mauresque, la villa cady, le chalet des roses. La station met plusieurs années à déblayer, sécuriser le nouveau lit de la rivière et envisager sa reconstruction. En pleine Seconde Guerre mondiale, c’est un coup d’arrêt brutal des activités de la station. Toutefois, de nombreuses réalisations d’architectes régionalistes tel que Jo Prud’homme, Marcel Hérans et surtout Louis Trénet, sont remarquables à Vernet sur cette période des années 1930 à 1950.
Panser les plaies
A la fin des années 1950, la société thermale vend ses biens. En 1955, la municipalité rachète le jardin d’hiver qui est démoli. Sur son emplacement, se trouve aujourd’hui la résidence le Solarium. En 1956, la commune rachète l’hôtel et les thermes Mercader, dans l’optique d’y installer un centre d’apprentissage.
En 1956, la commune réaménage le parc dévasté pendant les inondations, et achète quelques biens à la Société thermale : les bains des Commandants, le chalet des roches, les terrains des rives droite et gauche du Cady, ainsi que le casino.
En 1958, la société SODEXO, dirigée par MM. Denizot et Hallier, rachètent l’établissement des Commandants à la commune et le démolissent. En 1960, un nouvel établissement est inauguré sur le même emplacement. Le nouveau propriétaire est un rhumatologue de Douais, M. Defouilloy. En 1968-1969, il agrandit le bâtiment en construisant deux ailes destinée à contenir la résidence thermale et l’hôtel restaurant la source. L’activité thermale est spécialisée autour du traitement des voies respiratoires et des maladies rhumatismales. Une gamme autour du bien-être est de la remise en forme est également proposée.
(1) PUIGGARI, « Appendice sur les bains de Vernet », in Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées Orientales, pp.174-176, 1848.
( 2)ADPO-175EDT18
(3)ANGLADA, Jean, Traité des eaux minérales et des établissements thermaux des Pyrénées Orientales, 1833.
(4) Ibid.
(5) MASSE, Ernest, Vernet-les-Bains et les eaux sulfureuses des thermes Mercader, 1870, p.6.
(6) MASSE, Ernest, Notice sur les eaux thermales sulfureuses de Vernet-les-Bains, Thermes Mercader, 1868, p.10.
(7) Ibid. p. 10-17.
(8) BOUIS, Notice sur le grand établissement thermal de Vernet-les-Bains, 1842, p.3-7.
(9)COUDERC, LACVIVIER, Notice sur l’établissement thermal des anciens thermes de Vernet-les-Bains, 1851, p.21.
(10) Ibid, p.8
(11) Ibid, p. 9-10.
(12) Ibid, p. 14
(13) Ibid, p. 16
(14) RUIZ, Sophie, Les stations thermales du Languedoc Roussillon, étude Monuments Historiques, 1999, non publié.
(15) ADPO-3E47-63, acte de vente de 1880 des Commandants à la Société Albiot, Bourgain et Brasseur.
(16) ROSENSTEIN, Jean-Marie, Viggo Dorph Petersen, un architecte dans les Pyrénées Orientales…..p.253
(17) Le Béton armé, n° 75, août 1904 (rubrique "Travaux du mois"): n° d'affaire "23357. Escalier, àVernet. Propriétaire, l'Hôtel Mercader. Architecte, M. Pétersen. Concess., M. Parès."
Nicolas-Eustache Maurin est un graveur français, né à Perpignan le 15 mars 1798 et mort à Paris le 7 octobre 1850.