La fondation de l'établissement
Sur la rive droite du Cady, il n’est pas de source connue jusqu’en 1832, lorsque Jules Mercader procède à des fouilles et trouve sur sa propriété une source d’eau chaude. Les premières analyses chimiques sont confiées au Dr Bouis, et c’est vers 1832 qu’il obtient l’autorisation d’exploiter ces eaux en bains et boissons. Joseph Anglada dans son Traité de eaux minérales des Pyrénées Orientales, a relevé un mince filet d’eau sulfureuse sur le sentier qui mène à Casteil, qui dépose une traînée de glaires blanches dans son sillon. M. Mercader poursuit les fouilles et découvre ainsi cinq sources rive droite (Masse, 1870, p. 6).
Dès 1833, il entreprend la construction des Bains Mercader, sur la rive droite du Cady ainsi que de l'’établissement des Ménages (Masse, 1868, p. 10) , équipé de dix cabinets particuliers pour bains et douche et de logements pour les familles. Les baignoires sont en marbre blanc et reçoivent l’eau sulfureuse par le fond, soit de bas en haut ce qui permet de réduire l’évaporation des principes sulfureux. L’établissement des Ménages donne sur une terrasse bordée d’un petit jardin où coule le source buvette, destinée à la cure de boisson.
Deux sources sont employées exclusivement pour la cure de boisson, la buvette de santé et la Bienfaisante Adélaïde. Deux sources sont utilisées pour les bains, la source de la Providence et la source du chemin de Casteil. La source Ursule, employée en bains et en douches, est en partie redirigée au salon d’inhalation et de pulvérisation.
L’établissement de la Source Ursule
L’établissement de la Source Ursule est édifié en 1853, en contrebas de l’établissement des Ménages, sur la source du même nom, la plus chaude de l’établissement. Il communique avec l’hôtel, les malades pouvant ainsi y prendre leur bain et aller au salon d’inhalation et de pulvérisation sans avoir à sortir. Quatre cabinets de bains sont alimentés pas la source Ursule. Les baignoires sont en marbre blanc, et se remplissent par le fond, comme à l’établissement des Ménages. Un cabinet spécialement destiné aux douches vient d’être nouvellement installé. Différentes douches peuvent y être administrées avec les appareils les plus modernes et les plus perfectionnés : douche en pluie, en nappe, en lames, en jet, en arrosoir, en cercle, ascendante, utérine, bain de siège à eau courante. La source Ursule est également utilisée pour le humage et la pulvérisation, dans un salon placé à un mètre et demi au-dessous. Dans sa chute, l’eau minérale perd une partie de ses principes sulfureux, qui se dégagent sous forme de vapeurs. Un chapiteau à plusieurs bouches, placé au-dessus du réservoir, permet aux malades de humer la vapeur au moment où elle sort. Une bonne ventilation peut à volonté modérer la chaleur et mitiger la vapeur sulfureuse. Un compartiment du salon est destiné à la pulvérisation. Un appareil de M. Mathieu pulvérise à volonté l’eau des sources Ursule, Providence et de la buvette de santé.
Les ressources balnéothérapiques de l’établissement Mercader peuvent se résumer ainsi : deux buvettes, la buvette de santé et la buvette de la Bienfaisante-Adélaïde, et deux établissements de bains : l’établissement des Ménages et l’établissement de la source Ursule. Telle est la situation des établissements Mercader décrite par Ernest Massé dans sa notice publiée en 1868 (op. citée, p. 10-17). La buvette de santé coule dans le jardin près de l’établissement des Ménages. La source Bienfaisante-Adélaïde coule dans la galerie couverte des bains de la source Ursule. Cette galerie est attenante à l’hôtel, les malades peuvent aller la boire sans sortir de l’établissement.
L'hôtel
L’Hôtel des Bains Mercader a été édifié en 1862 (Ruiz, 1999) dans le prolongement des bains, sur l’actuelle avenue des thermes. C’est Martin Mercader, fils de Jules, qui en est à l’initiative. Cet établissement comporte des chambres, mais aussi une salle à manger, des salons avec billard et piano. Plusieurs phases d’agrandissements sont entreprises en 1858, 1867, 1870 et 1873, comme il est mentionné dans les matrices de propriétés bâties.
Au XXe siècle
En 1889, Le comte Henry de Burnay nouveau propriétaire de l’établissement thermal de Vernet-les-Bains, acquiert les Bains Mercader et les fait reconstruire en 1904 (Rosenstein, 2013, p. 253) afin de les moderniser et d’y établir davantage de confort. L’hôtel Mercader est élevé de trois étages et communique directement et à tous les niveaux avec l’hôtel des Bains Mercader. Ce projet est conçu selon les plans de l’architecte Viggo Dorph Petersen secondé par Julien Charpeil, agent Hennebique. L’escalier en béton armé a été réalisé en juillet 1904 par Pierre Parès, maçon à Perpignan.
Entre 1914 et 1917, l’hôtel Mercader est réquisitionné, comme d’autres établissements de la station, au titre d’hôpital militaire temporaire.
En 1952, la commune achète les thermes et l’hôtel Mercader, dans le but d’y installer un centre d’apprentissage. De nos jours, le bâtiment abrite l’école hôtelière du Roussillon (Alefpa) et le restaurant d’application Au Comte Guifred de Conflent.
Art Institut Orell Füssli. Zurich.