Dossier d’œuvre architecture IA34009048 | Réalisé par
  • inventaire topographique
écart : bourg castral de Boussagues
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Parc naturel régional du Haut-Languedoc
  • (c) Pays Haut Languedoc et Vignobles

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Tour-sur-Orb (La)
  • Commune La Tour-sur-Orb
  • Lieu-dit Boussagues

Dès le 12e siècle, l'existence d'un château à Boussagues est attestée dans les actes. Un seigneur de Boussagues apparait dans les textes en 1117, au moment où il donne en alleu son château de Boussagues à Bernard Aton, vicomte de Béziers (Pasquier p. 245). Moins d’un demi-siècle plus tard, en 1164, une transaction indiquant le périmètre argentifère délimité par le vicomte de Béziers, associé à la vicomtesse de Narbonne, inclut le château de Boussagues qui est cité « avec sa mine d’argent » (Fonds Léran, t.114, n°8).

Le territoire minier aux abords de Villemagne et dans la haute vallée de l’Orb semble être un phénomène assez ancien, dont les premiers témoignages remontent à la période antique. A partir des années 1160, de nombreux actes portent plus ou moins directement sur le partage du territoire et les modalités de l’artisanat minier qui fait l’objet d’une réglementation précise. Les terroirs de Boussagues, Villemagne, Clairac et Taussac sont placés sous l’autorité des vicomtes de Béziers et de Carcassonne, lesquels se partagent les bénéfices de cette activité avec les seigneurs locaux propriétaires des sols.

Les mines de Boussagues apparaissent nommément en 1201. Près de Boussagues est évoquée en 1237 (et de nouveau en 1289) la balme d’En Barata située entre celle de « Agrofolio » et celle de la Poleia (Journot p. 44)

La construction de nouveaux sites fortifiés définissent les grands contours de ces seigneuries castrales. Pour Boussagues, les mines semblent déterminer l’emplacement du bourg. S’ensuit la construction du château-haut et l’éclosion de la seigneurie castrale.

Les seigneurs de Boussagues sont alors les châtelains locaux. C. Amado a étudié la façon dont ils ont, au long du dernier tiers du XIIe siècle, accaparé les droits sur les mines au détriment des vicomtes. A Villemagne-Boussagues : en 1201 (H.G.L. VIII, c. 470-471) le vicomte de Béziers engage son propre revenu dans ces mines pour rembourser les dettes qu’il avait contractées auprès des seigneurs (Journot p.47). Ainsi, l’apport des ressources minières à l’économie médiévale du bourg, même s’il n’est pas précisément quantifiable dans l’état actuel des connaissances, fut important.

Les seigneurs de Boussagues avaient droit de haute moyenne et basse justice sur leurs terres. Cette justice était rendue au nom du seigneur par un viguier. La première trace que nous trouvons dans les archives, d’une nomination de syndics date de 1349. En 1364, la nomination des syndics par la Communauté des habitants de la baronnie de Boussagues se déroule dans la cour du château-haut. Boussagues est aussi une coseigneurie. Du 15e au 18e siècle, les d’Alichoux de Sénégra sont seigneurs de Boussagues, les Thézan du Poujol le deviennent après un mariage en 1360 et ce jusqu’à la révolution.

C’est en 1325 qu’est mentionné un quartier extérieur à l’enceinte. A partir du château-haut, le bourg s’étend vers l’est où se trouve un plateau. Boussagues se développe en dehors de l’enceinte, avec deux barris : le barri de la Gaubardié au nord et le Barri Vielh à l’est. Tout autour du village, des terrasses, jusqu’à 20 par coteaux ont été édifiées. La plus ancienne maison conservée (parcelle 135, IA34009097), datable du 12e siècle, fournit un terminus ante quem pour le développement du bourg. Le bourg conserve cependant les marques d’une importante reconstruction aux 15e et 16e siècles.

En 1827, Jean-Marie Amelin estime la population de Boussagues à 1070 individus environ. A cette époque, la parcelle 171 du cadastre ancien accueillait un moulin à huile dont le propriétaire était Joseph Mejanel. Ce moulin fut démoli en 1853 (AD Hérault 3 p 2929). Les parcelles du cadastre ancien de 1826, allant de 65 à 72, figurent des jardins détenus par des propriétaires différents. La commune de Boussagues est aussi propriétaire du jardin du presbytère (parcelle 244 du cadastre ancien) à la fount del naouq (fontaine). Les parcelles du cadastre ancien 80 et 81, aujourd’hui à l’extrémité nord de la place de la Vierge accueillaient autrefois des séchoirs (tableau indicatif des matrices cadastrales de 1827). Sur la place de la Vierge, la maison qui accueille aujourd’hui la buvette (parcelle 137) a été acquise par la commune pour en faire une salle de mairie et une maison d’école, elle devient non imposable en 1851 (AD Hérault 3 p 2929).

Boussagues était autrefois le chef-lieu de la commune, mais le 14 janvier 1884, le chef-lieu est transféré du hameau de Boussagues au hameau de La Tour, qui prend par la suite le nom de La Tour-sur-Orb.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle, 15e siècle, 16e siècle

Situé à 2,2 kilomètres à l’ouest de La Tour-sur-Orb, le village de Boussagues est établi sur le flanc oriental du Mont Coudour. Les lits de trois ruisseaux, souvent à sec, lui offrant au nord, au sud, et à l’ouest une protection naturelle.

Le plan parcellaire montre l’existence de deux noyaux à l’origine du bourg : le château « vieux » à l’ouest et l’église paroissiale à l’est. Deux faubourgs se sont développés hors de l’enceinte, l’un au nord sur un replat, l’autre au sud-est le long du chemin bordant la vallée du ruisseau des Hortes.

L’enceinte est en partie conservée, au sud avec la porte de Villemagne et au nord, où l’épaisseur de sa maçonnerie permet d’identifier dans les élévations des maisons qui s’y sont adossées ou qui l’ont constituée. Sa maçonnerie se retrouve cependant dans les élévations des maisons des parcelles 138, 137, 136, 135 où elle forme un angle droit, en bordure de l’actuelle place de la Vierge. L’église paroissiale aurait ainsi été laissée hors de l’enceinte, tel que nous pouvons en restituer le tracé aujourd’hui. Une portion de maçonnerie avec les vestiges d’une porte, qui pourrait être attribuée à une enceinte subsiste cependant à proximité de l’église et dans l’alignement de son élévation sud, en bordure du ruisseau de l’hôpital. C’est à l’articulation de deux enceintes qu’aurait donc pu se trouver la porte à assommoir située entre les parcelles 131 et 125.

L’enceinte présente une construction relativement homogène en moellons équarris, parfois établie sur le socle rocheux retaillé. Le plan cadastral de 1826 montre qu’elle possédait au moins deux tours de flanquement carrées. Trois portes ouvraient l’une en direction de Villemagne, une autre sur le faubourg nord, la troisième sur le faubourg sud-est et la route descendant vers la vallée de l’Orb.

Au château « vieux » (château-haut) situé sur le haut du bourg répond le château « neuf » (château-bas) au sud-est, lui-aussi élevé sur l’enceinte principale. Le château « vieux » comportait une basse-cour dont subsistent la porte d’entrée et une partie de son enceinte, alors que le château « neuf » n’en possédait pas. A ces deux châteaux il faut ajouter la tour de Patau, contemporaine, dont la fonction n’est pas connue. Les vestiges de maisons médiévales qui ont pu être repérés dans le bourg montrent que le tracé viaire s’est maintenu.

Outre les faubourgs, des traces nombreuses attestent l’existence de constructions adossées à l’extérieur de l’enceinte : trous d’encastrement de poutres, solins de toitures, niches, conduits d’évacuation… On en trouve sur le front nord de l’enceinte, à proximité du chevet de l’église, au-dessous de château « neuf », mais aussi de l’autre côté du ruisseau de l’Hôpital où ces aménagements sont plus nombreux encore : c’est peut-être là l’emplacement d’un troisième faubourg, depuis longtemps disparu, qu’aurait ainsi traversé le chemin empierré qui monte à l’église de la Trinité. Une exploration plus ample du terrain serait nécessaire pour en préciser l’éventuelle emprise jusqu’à la porte de Villemagne.

L’étude menée sur Boussagues s’est effectuée pour l’essentiel à travers l’observation du bâti extérieur. Quelques édifices comme la maison du bailli, le Castellas et l’église Notre-Dame de la Pitié ont pu être visités.

Éléments repérés des 13e et 14e siècles :

Maison (parc. AY 141) : élévation est, piédroit chanfreiné. Maison (parc. AY 110) : élévation est ; tailloir en remploi, élévation nord-ouest ; arcade brisée et claveau profond. Parcelle AY 240 : élévation est, pierres en remploi. Venelle du porche, maison (parc. AY 165) : élévation sud, porte 13e siècle. Rue de la fontaine d’en haut, maison (parc. AY 225) : élévation sud-est, linteau abimé, porte haute en plein cintre murée avec chanfrein large et claveau extradossé datable du 14e siècle. Maison (parc. AY 90) : élévation sud-est, tailloir ou élément de cordon. Maison (parc. AY 163) : élévation est, porte arc brisé restaurée. Maison (parc. AY 227) : élévation sous passage avec maçonnerie de moellons équarris, porte avec congé en pointe dont le couvrement a disparu sous le deuxième passage couvert, appareillage régulier antérieur au 15e siècle. Porte plein cintre antérieure (relève-t-elle d’une organisation urbaine ou d’une entrée privée ?). Rue des boutiques, maisons (parc. AY 202 et parc. AY 203) : porte et fenêtre en place cependant la façade est très restaurée. Au nord de ces parcelles se trouve un trou barrier qui indique les vestiges d’une porte sans doute en lien avec la parcelle AY 152 : vestige d’un bâtiment médiéval. Rue des boutiques, maison (parc. AY 158) : élévation est, piédroit de porte. Rue des boutiques, maison (parc. AY 244) : élévation ouest ; claveau portant un T gravé, arc sur rue des boutiques. Entre les parcelles AY 176 (élévation ouest) et AY 178 (élévation est) : deux piédroits d’une porte qui se fermait avec une barre, les pierres portent des traces de gradine. Entre les parcelles 131 (élévation est) et 125 (élévation ouest) : porte de ville plein cintre du 13e siècle avec assommoir.

Œuvres sélectionnées des 13e et 14e siècles : maison (parc. AY 135) : IA34009097, maison (parc. AY 116) : IA34009091, maisons (parc. AY 249 et AY 34) : IA34009101.

Éléments repérés des 15e et 16e siècles :

Place de la Vierge, maison (parc. AY 123) : jour. Place de la Vierge, maison (parc. AY 119) : jour. Route du pont neuf, maison (parc. AY 94) : baie murée avec piédroit en quart de rond 15e siècle. Route du pont neuf, maison (parc. AY 232) : maçonnerie en petit appareil, à l’intérieur pile centrale, élévation nord-est ; claveau étroit et pierres en délit, élévation nord-ouest ; porte haute latérale 15e siècle, linteau avec chanfrein et piédroit en quart de rond. Route du pont neuf, maison (parc. AY 223) : façade sur rue, pile englobée, croisée et demi-croisée, jour chanfreinée quart de rond du 15e siècle, arc de remise ou de boutique avec quart de rond, piédroit et chanfrein. Maison (parc. AY 111) : façade datable du 15e siècle, porte en quart de rond et piédroit coupé. Maison (parc. AY 109) : arcade basse 15e siècle. Maison (parc. AY 104) : élévation 15e siècle, un pont s’appuie sur cette élévation qui comporte des formes en quart de rond et chanfrein. Maison (parc. AY 171) : élévation nord demi-croisée du 15e siècle, avec le rejointement difficile de voir si en place ou non. Maison (parc. AY 173) : fenêtre 15e siècle avec appui en saillie. Maison (parc. AY 240) : appui de fenêtre 15e siècle. Maison (parc. AY 133) élévation ouest, jour à appui saillant du 15e siècle. Maison (parc. AY 64) : élévation ouest, petit jour à accolade avec appui saillant et porte avec date portée : 1571. Maison (parc. AY 167) : élévation sud, baie géminée et porte en plein cintre au deuxième niveau. Maison (parc. AY 163) : élévation nord, arc de niveau de soubassement avec arêtes vives sans chanfrein et claveau long. Rue des rouges gorges, maison (parc. AY 30) : porte avec quart de rond vers 1500. Maison (parc. AY 158) : élévation ouest ; baies avec piédroits chanfreinés, appui saillant coupé en biais état 15e siècle. Maison (parc. AY 244) : piédroit 15e siècle. Maison (parc. AY 17) : vestige haut d’une croisée avec chanfrein et quart de rond vers 1500, demi-croisée et jour haut avec chanfrein. Maison (parc. AY 16) : élévation nord, deux piédroits en quart de rond vers 1500. Maison (parc. AY 35) : porte large avec chanfrein et quart de rond vers 1500. Maison (parc. AY 267) : élévation sud-est avec en partie haute une demi-croisée, appui saillant et chanfrein, dessous une fenêtre à croisée avec ligne sur le trumeau, élévation nord ; porte en plein cintre avec large chanfrein ; l’ensemble semble dater du 16e siècle. Maisons (parc. AY 180 et parc. AY 181) : élévation ouest, porte plein cintre du 16e siècle, piédroit d’une porte au couvrement inconnu associé à une large porte de remise, cellier à large chanfrein et arc segmentaire, au premier étage ; jours à chanfrein, appui moderne ou en remploi, au deuxième étage ; grand jour rectangulaire à large chanfrein. Porte de soubassement menant au cellier en quart de rond sur l’angle et chanfrein sur arc. Ainsi dans l’ensemble, les éléments architecturaux permettent de dater cette élévation des 15e-16e siècles avec des phases de reconstruction au 17e siècle voir 18e siècle. Élévation nord (parc. AY 104) : vestiges de maçonnerie du 15e siècle sur lesquels vient s’appuyer un pont. Au sud-ouest de cette parcelle se trouve un ensemble d’aménagement dans la roche avec emmarchement, caniveau central ce qui révèle peut-être des constructions disparues près du chemin empierré. Entre les parcelles 134 (élévation nord-est) et 135 (élévation sud-ouest) : élévation avec fenêtre en partie haute. Entre les parcelles 268 (élévation ouest) et 171 (élévation est) : arc brisée avec arrière voussure, au-dessus duquel il y avait peut-être une maison. Entre les parcelles 176 (élévation ouest) et 177 (élévation est) : passage sans doute du 15e siècle avec demi-croisée et appui saillant en partie haute. Maison (parc. AY 27) : porte basse à arc plein cintre avec piédroit en quart de rond vers 1500, l'étage est marqué par les vestiges murées d'une croisée et d'une demi-croisée, l'étage de comble conserve une petite fenêtre avec appui saillant ; l'ensemble de la maison peut-être daté du 15e siècle.

Œuvres sélectionnées des 15e et 16e siècles : maison (parc. AY 146) : IA34009037, maison (parc. AY 106) : IA34009100, maison (parc. AY 176) : IA34008370.

Éléments repérés des 17e et 18e siècles : Place de la meule, maison (parc. AY 137) : porte classique bouchardée avec piédroit du 17e siècle. Maison (parc. AY 134) : fenêtre 17e siècle avec croisée, sans moulure et sans chanfrein ce qui est caractéristique de cette époque. Sur la partie latérale trace d’évier avec jour, forme de baie du 17e siècle. Maison (parc. AY 159) : aménagement moderne, vestige de latrines. Grange (parc. AY 185) : qui semble dater du 16 ou du 17e siècle, maçonnerie avec angles arrondis, intérieur vouté. Maison (parc. AY 179) : vestiges de demi-croisées du 17e siècle à arêtes vives, traverses disparues. Entre 146 (élévation ouest) et 147 (élévation est) : porte de ville moderne qui remplace une porte plus ancienne (à gauche).

Œuvres sélectionnées des 17e et 18e siècles : maison (parc. AY 40) : IA34009099.

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Hérault. Série P ; sous-série 3 P : 3 P 2929 f°1-720. La Tour-sur-Orb : matrices des propriétés foncières, 1827-1913.

Bibliographie

  • AMELIN, Jean-Marie. Guide du voyageur dans le département de l'Hérault ou esquisse d'un tableau historique, pittoresque, statistique et commercial de ce département. Paris : Gabon & comp. e, 1827, 586 p.

    p. 338
  • FABRE, Albert. Histoire de Bédarieux et des communes du canton, XXe volume de la collection Histoire des communes de l’Hérault, Imp. Firmin et Montagne, Montpellier, 1913.

  • FOURNIER, G. Histoire de Boussagues (Hérault) et de ses environs immédiats, rédigé vers 1884-1885, copie conforme, Dijon, 1966, 119 p.

  • MONTBARD, L. B. Lamalou-les-Bains et ses environs, texte et dessins inédits. Edité par Firmin et Montane. Montpellier, 1900.

    p. 87-88
  • PASQUIER, Félix. "Documents relatifs à la seigneurie de Boussagues, de la fin du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle", Bulletin de la Société archéologique de Béziers, 1899, III, n° 3, p. 243-310 ; 1900, n° 3, p. 325-412. Tiré à part, Béziers, 1901, 164 p.

  • PASQUIER F., OLIVE S. Le Fonds Thésan aux archives du château de Léran (Ariège), Imprimerie Lauriol, Montpellier, 1914.

Périodiques

  • BRUNEL, Jules. "Quelques notes d'histoire et d'archéologie sur la baronnie de Boussagues", Cahiers d'histoire et d'archéologie, 1936, t. XI, p. 669-689.

  • JOURNOT Florence, "Notes sur l’exploitation des ressources minières en montagne héraultaise au Moyen-Âge", Bulletin de la Société archéologique des hauts cantons de l'Hérault, n°15, 1992, p. 43-52.

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Parc naturel régional du Haut-Languedoc
(c) Pays Haut Languedoc et Vignobles