Dossier d’œuvre architecture IA34008371 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Château-haut dit "Le Castellas"
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Parc naturel régional du Haut-Languedoc
  • (c) Pays Haut Languedoc et Vignobles

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Tour-sur-Orb (La)
  • Commune La Tour-sur-Orb
  • Lieu-dit Boussagues
  • Cadastre 1826 E1 115  ; 2016 AY 205
  • Dénominations
    château
  • Appellations
    Le Castellas, château-haut, château-vieux

Dès le 12e siècle, l'existence d'un château à Boussagues est attestée dans les actes. Un seigneur de Boussagues apparait dans les textes en 1117, au moment où il donne en alleu son château de Boussagues à Bernard Aton, vicomte de Béziers (Pasquier p. 245). Moins d’un demi-siècle plus tard, en 1164, une transaction indiquant le périmètre argentifère délimité par le vicomte de Béziers, associé à la vicomtesse de Narbonne, inclut le château de Boussagues qui est cité « avec sa mine d’argent » (Fonds Léran, t.114, n°8). En 1189, Raymond Hugues vend à Déodat de Boussagues ce qu’il possède dans le château de Boussagues : " in castello de Bociacis " (Pasquier p. 286).

Ces mentions nous laissent croire que le premier château de Boussagues était le château-haut, mais celui-ci n'est formellement nommé qu’à la fin du 12e siècle. En effet, en 1199, Guillaume Aton de Curvalle remet en gage d'un emprunt à Déodat de Boussagues ce qu'il possède dans le château de Boussagues, à l’exception de la tête du vieux château (caput castri) de Boussagues : " in castro de Bociacis et in suis terminis, excepto capite castri veteris de Bociacis ". (Pasquier p. 288). Dans ce texte, la distinction est clairement faite entre le castrum (bourg) et le caput castri veteris (château-vieux).

En 1364, les habitants de Boussagues se réunissent dans la cour du château de Boussagues : "in curte capitis castri de Bociassis" (Pasquier p. 392) pour l'élection des syndics. Comme le mot "caput" est lié au château-vieux, on peut en déduire que la mention "capitis" dans ce texte désigne elle-aussi le vieux château. D'autres mentions se trouvent dans les actes, mais l'absence de qualificatif ne permet pas de savoir s'il s'agit du château-vieux ou du château-neuf.

Les formes et techniques de construction permettent de dater la partie logis à la fin du 12e et au 13e siècle. La construction peut être attribuée à un Déodat de Boussagues : cependant les seigneurs de Boussagues s'appelant tous Déodat à cette époque, il est délicat d'apporter plus de précisions à ce propos. Les autres bâtiments sont difficiles à dater. Au nord et au sud, les constructions devaient s'accoler au logis comme en témoignent la porte condamnée de l'élévation sud et les traces d'emprise d'une tour au nord. Le mur de l'enceinte castrale est contemporain du logis et la porte à l'est fut fortifiée par la suite par l'ajout de contreforts. Le bâtiment ruiné au nord-est de l'enceinte castrale présente des formes plus avancées dans le 13e siècle et vient s'appuyer sur le mur d'enceinte.

Dans les archives de 1827, Pierre Salles, adjoint à la mairie est le propriétaire d’une terre labourable au village qui se trouve sur la parcelle 115 du cadastre ancien, à l’actuelle place du château-haut (AD Hérault 3 P 2929). L’édifice est d’ailleurs reporté à l'état de ruines sur le cadastre de 1826. L'année d'après, Albert Fabre le décrit. Il mentionne la pierre sculptée de l'élévation est et l'existence d'un "donjon attenant au côté droit de la façade qui a été rasé jusqu'au sol" (Fabre p. 4). La pierre sculptée est toujours visible de nos jours ; quant au donjon il a disparu mais on en observe effectivement les soubassements.

Concernant le bâtiment ruiné situé au nord-est de l'enceinte castrale, plusieurs auteurs l'indiquent comme étant l'ancienne chapelle du château (Brunel p. 671, Fabre p. 4). Fabre précise qu'un massif de maçonnerie à l'une des extrémités signale l'emplacement de la tribune seigneuriale (Fabre p. 4), ce décrochement que l'on peut toujours observer indique effectivement la présence d'un encorbellement.

En dépit de son orientation est-ouest rien ne confirme qu’il s’agisse d'une chapelle, le niveau du plancher et les deux grandes cuves au sous-sol étant en revanche en faveur d'un bâtiment d'habitation ou de communs.

En 2002, l'architecte du patrimoine Laurent Dufoix restaure et effectue un réaménagement intérieur du château. Le dossier de permis de construire indique que seuls les murs extérieurs étaient encore en place et que les éléments de pierres appareillées autour des baies avaient été vandalisés. Les travaux effectués en vue de réaliser une résidence secondaire n'ont pas modifié l'aspect extérieur de l'édifice ainsi que sa distribution intérieure. Les escaliers intérieurs et extérieurs ont été restitués tandis que les brèches existantes ont été conservées pour ouvrir le bâtiment sur l'extérieur.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle, 13e siècle

Le château-haut est entouré d'une enceinte de plan quadrangulaire que l'on peut être suivre à partir de l'angle nord-ouest de la parcelle 205 ; elle se prolonge par le mur ouest du château puis effectue un retour d’angle vers l’est qui file ensuite vers le nord. C'est à cet endroit (sud-est de la parcelle 205) que se trouvent les vestiges de l'entrée primitive. Il s'agit d'une porte en calcaire clair au tracé brisé, encadrée de contreforts sans doute ajoutés ultérieurement car ces derniers s'appuient sur la porte. Dans la maçonnerie, on peut encore voir les traces du travail de la pierre notamment avec des marques de laye et une pierre blanche avec chanfrein.

Le corps de bâtiment principal ou logis est de forme quadrangulaire. Son élévation ouest constitue une partie de l'enceinte castrale. Cette élévation présente un premier niveau avec cinq petites meurtrières en hauteur, surmonté d’un étage comportant deux grandes brèches. En haut de cet étage, on remarque un alignement de gouttières saillantes qui doivent déterminer le bas du toit.

Accolé au sud du logis, une construction plus tardive avec toit en appentis permet de pénétrer dans la cour du château. Cette pièce voûtée d'un berceau légèrement brisé est aujourd'hui un garage. Au-dessus de ce bâtiment, les traces d'arrachement laissées dans la maçonnerie indiquent qu'un édifice plus haut jouxtait le logis. En effet, la brèche située au premier niveau atteste l'existence d'une porte de communication à l'étage qui reliait bâtiment central et aile.

Sur l'élévation est et sur les vestiges conservés a été rebâti dans les années 2000 un escalier extérieur d'accès à l'étage plus étroit en même temps qu'a été reconstituée la porte à arc plein cintre avec encadrement de calcaire blanc. Trois baies étroites et une grande brèche éclairent cet étage, en haut duquel on remarque un alignement de pierres d'égouts certainement surmontées à l'origine de tuiles canal.

L'intérieur du logis est composé de trois niveaux dont l’agencement simple se compose avec une grande salle à chaque étage.

La salle basse du logis était couverte d’une voûte en berceau aujourd'hui en grande partie effondrée et remplacée par la mise en place d'un plancher en béton sur l'ensemble du premier niveau.

La salle du premier étage était couverte d’une charpente supportée par quatre arcs diaphragmes retombant sur des impostes en quart de rond et bandes. Cette salle est éclairée par des ouvertures : les deux fenêtres à l'ouest ont perdu leurs encadrements contrairement à celles de l'est qui sont en bon état : il s'agit de baies étroites et hautes très ébrasées à l'intérieur et couvertes en plein cintre. Les parements sont très soignés et il est difficile de distinguer les baies qui ont été restaurées. Au sud-ouest du mur, un aménagement maçonné sous un arc légèrement brisé pourrait être un évier.

La salle haute est éclairée par le haut de la brèche du premier étage. On distingue facilement le chaînage de toit en arc légèrement brisé sur les murs intérieurs nord et sud. L'ensemble du logis était donc initialement couvert par une toiture à deux versants, masquée par la surélévation du mur. C'est pourquoi on peut voir sur les façades extérieures est et ouest des gouttières saillantes permettant le déversement des eaux de pluie.

Un escalier droit situé dans l'épaisseur du mur de l'élévation sud permet d'accéder au toit-terrasse. L'épaisseur des murs constitue le chemin de ronde sur lequel se trouvait peut-être un ancien platelage.

L'élévation nord présente des assises régulières. Au pied du logis, on observe les soubassements d'une construction indépendante aujourd'hui ruinée. C'est à cet endroit que la parcelle 205 se ferme par un mur qui part de l'enceinte à l'ouest jusqu'au bâtiment ruiné à l'est. Sur ce mur se trouve de la roche taillée et ce qui semble être des latrines, indiquant la présence d'un bâtiment adossé au chemin de ronde. Plus loin, une poterne à l'arc légèrement brisé dont on observe des trous barriers ménagés dans la construction, permet d'accéder à la parcelle 151, où l'on peut voir un trou maçonné masqué par la végétation.

Au nord-est du mur d'enceinte du château se trouve un bâtiment ruiné dont la fonction reste indéterminée. Il s'agissait d'une construction à deux niveaux dont on distingue encore le départ des arcs-doubleaux sur impostes qui supportaient la charpente de l'étage. Les ouvertures de ce bâtiment ruiné se composent de fentes de jour et de deux brèches qui indiquent que d'anciennes ouvertures ont été arrachées. Les tableaux ébrasés et les impostes conservés ont sans doute appartenu à des fenêtres. Près de l'angle sud-ouest de ce bâtiment ruiné, on constate un débordement de maçonnerie avec un retrait de niveau et des consoles en pierre indiquant un encorbellement. Au premier niveau à l'est on peut voir deux grandes cuves.

  • Toits
    tuile
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
    • charpente en béton armé apparente
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier tournant à retours en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier en équerre en maçonnerie
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • représentation figurative
  • Précision représentations

    Sur l'élévation est, au niveau du premier étage et à droite de la porte d'entrée se trouve une pierre encastrée dans le mur, sur laquelle est sculpté un personnage dans l'attitude d'un atlante.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Site remarquable du village, le Castellas en dépit de son aspect ruiné garde un état de conservation notable notamment concernant l'enceinte. De plus, le site présente un fort intérêt archéologique.

Documents d'archives

  • AD Hérault. Série P ; sous-série 3 P : 3 P 2929 f°1-720. La Tour-sur-Orb : matrices des propriétés foncières, 1827-1913.

Bibliographie

  • DEVIC Claude, VAISSETE Joseph. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, Toulouse, 1872-1892.

  • FABRE, Albert. Histoire de Bédarieux et des communes du canton, XXe volume de la collection Histoire des communes de l’Hérault, Imp. Firmin et Montagne, Montpellier, 1913.

    p. 4
  • FABRE, Albert. Histoire de Bédarieux et des communes du canton, Album, XXe volume de la collection Histoire des communes de l’Hérault, Montpellier, Imp. Firmin et Montane, 1913.

  • FOURNIER, G. Histoire de Boussagues (Hérault) et de ses environs immédiats, rédigé vers 1884-1885, copie conforme, Dijon, 1966, 119 p.

  • JOURNOT, Florence. Archéologie des châteaux médiévaux de la montagne héraultaise : Haut bassin de l'Orb et Bassin de la Lergue, Xe-XIVe siècle, thèse sous la direction de Xavier Barral I Altet, Université de Haute-Bretagne, Rennes II, 1990, 3 vol.

  • JOURNOT, Florence. Recensement des châteaux et fortifications villageoises dans les hauts cantons de l'Hérault, S.l. : s.n., 1990.

    p. 18-22.
  • PASQUIER, Félix. "Documents relatifs à la seigneurie de Boussagues, de la fin du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle", Bulletin de la Société archéologique de Béziers, 1899, III, n° 3, p. 243-310 ; 1900, n° 3, p. 325-412. Tiré à part, Béziers, 1901, 164 p.

    p. 245, 286, 288, 392
  • PASQUIER F., OLIVE S. Le Fonds Thésan aux archives du château de Léran (Ariège), Imprimerie Lauriol, Montpellier, 1914.

Périodiques

  • BRUNEL, Jules. "Quelques notes d'histoire et d'archéologie sur la baronnie de Boussagues", Cahiers d'histoire et d'archéologie, 1936, t. XI, p. 669-689.

    p. 671
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Parc naturel régional du Haut-Languedoc
(c) Pays Haut Languedoc et Vignobles
Articulation des dossiers