Dossier d’œuvre objet IM11003333 | Réalisé par ;
Michel Hérold (Contributeur)
Michel Hérold

Né à Mulhouse. Conservateur en chef du patrimoine - Centre André Chastel (Laboratoire de recherche en Histoire de l'art - UMR 8150 du CNRS) Institut national d'histoire de l'art, 2, rue Vivienne.

Directeur du Comité français du Corpus vitrearum.

Vice-directeur de la Revue de l'art.

Docteur habilité à diriger des recherches (Université François Rabelais, Tours).

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  • enquête thématique régionale, corpus vitrearum
verrières de l'abbaye de Fontfroide, abbaye de Fontfroide
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Narbonne
  • Commune Narbonne
  • Lieu-dit Fontfroide
  • Adresse

Cloître classé MH liste de 1862 ; église, salle capitulaire, salle des Morts, cellier ouest classés MH le 8 janvier 1910.

Vitraux papier de la salle de musique (ancien dortoir des moines) classés MH comme objets, le 21 février 2001.

En 1093 le vicomte de Narbonne Aimeri Ier autorise une communauté monastique à s’installer au lieu de Fontfroide. L’affiliation de la communauté à l’ordre cistercien intervient en 1143. L’église abbatiale conservée date de la seconde moitié du 12e siècle. Elle a subi divers remaniements : la chapelle dite des Morts est élevée dans la 2e moitié du 13e siècle, les chapelles accolées au flanc sud de la nef datent de la fin du 14e et du début du 15e siècle. Le vitrage médiéval de l’église et des autres bâtiments de l’abbaye est totalement inconnu ; aucune information sur son état avant le 19e siècle. Lors de la Révolution française, en 1791 la vente de l’abbaye et du domaine comme bien national est cassée ; l’ensemble est alors rattaché au domaine de l’État et les revenus qui en sont tirés affectés aux hospices de Narbonne. De cette façon, les bâtiments ne sont pas dépecés. En 1834 cependant, l’état décide la mise en vente de Fontfroide. L'abbaye et son domaine sont achetés par un particulier, Charles Bourlet de Saint-Aubin. Le rapport rédigé au sujet de Fontfroide par Viollet-le-Duc le 19 janvier 1843 signale le relatif bon état de l’église, même si, à cette date, la plupart des baies sont dépourvues de clôtures vitrées ; certaines baies de l’abbatiale et de la salle capitulaire ont cependant été dotées de châssis de fer vitrés, posés aux frais du propriétaire.

Viollet-le-Duc suggère la mise en place de clôtures dans les baies encore ouvertes à tous vents. (MAPA, Dossier Correspondance et travaux 81/11/206). La vue de l’église gravée pour être publiée en 1833 dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Languedoc (Taylor (Charles), Nodier (Justin), Cailleux (Alphonse de), Paris, Firmin-Didot, 1833-1837), montre le remplage de la baie d’axe (baie 200) en grande partie arraché et doté de losanges très lacunaires. La situation du vitrage semble cependant petit à petit s’améliorer un peu. Le devis rédigé le 17 juillet 1843 sur la demande de la Commission des Monuments historiques par Viollet-le-Duc, en vue de la conservation du cloître et de l’église, prévoit des ferrures pour 13 fenêtres soit 66 m2. Ce devis est suivi d’effets : après rapport favorable de la Commission le 3 avril 1844, un crédit de 16 873 francs à répartir sur 3 exercices 1844, 1845, 1846 et accordé et des travaux de vitrerie réalisés en 1846 (MAPA, Dossier Correspondance et travaux 81/11/206). En 1858, Fontfroide change de propriétaire, vendue aux Bernardins de l’Immaculée Conception. Le vitrage de l’église et des bâtiments est toujours mentionné en mauvais état (Petit (Jean-Marie), « Le Père Jean », Oculus, n° 2, p. 7-21). Il est cependant amélioré par la pose de vitreries ornementales, dont certaines ferment encore les baies de la sacristie et d’autres sont conservées dans l’atelier de Richard Burgsthal à Fontfroide. Deux compositions figurées du 19e siècle, un saint Michel monumental et une autre image de saint Michel de plus petite échelle, toutes deux déposées également dans l’atelier de Burgsthal, prouvent que certaines baies avaient reçu un décor peint au temps de la présence cistercienne (1858-1901). Pour ne pas se soumettre aux lois sur les Congrégations, la communauté abandonne l’abbaye en 1901. Vendue par adjudication, Fontfroide est acquise en indivision par les sieurs Martin et Ivaldi. Très rapidement, le domaine et l’abbaye sont à nouveau en vente. L’ensemble est acheté le 23 janvier 1908 par Gustave Fayet et Madeleine d’Andoque de Sériège son épouse. Une nouvelle menace de dépeçage des bâtiments médiévaux est ainsi évitée. Très vite, les nouveaux propriétaires engagent d’importants travaux de sauvetage et de remise en valeur, en particulier pour retrouver les volumes d’origine.

Peu après l’extension de la protection Monuments historiques à l’église, en 1910, l’architecte Henri Nodet est chargé d’un rapport sur les travaux à entreprendre, rédigé le 7 décembre. Certains points de ce rapport concernent les baies : la rose du bras nord du transept qui avait été murée, sera ré ouverte ; la rose sud, refaite en plâtre sur le modèle de la précédente, sera restaurée. Les baies des chapelles latérales sud de la nef sont également rétablies, pour certaines d’entre-elles, « en copiant les clairevoies de l’ancienne cathédrale Saint-Just de Narbonne qui a été le type choisi par le constructeur quand on a ajouté ces chapelles dans la 2e moitié du 14e siècle ». Avec la contribution de Gustave Fayet, ces travaux sont effectués en 1911 et 1912 (MAPA, Dossier Correspondance et travaux 81/11/206). Les baies sont ainsi pour une bonne part en état pour recevoir un décor de vitraux neufs.

À Fontfroide aux travaux de réparation et de restauration s'ajoutent très vite la mise en place de nouveaux décors. Le plus célèbre est celui de la bibliothèque, où Odilon Redon réalise en 1911-1912 le Jour et la Nuit. Les séjours d'été réunissent à Fontfroide dans une atmosphère conviviale un cercle d’amis, Redon bien sûr, Ricardo Viñes, le pianiste catalan, Déodat de Séverac etc. On aime beaucoup rire et discuter dans le cadre de l’austère abbaye, parler de philosophie, des derniers ouvrages parus et surtout de musique. Dès l’été de 1911, Richard Burgsthal et sa femme Rita Strohl sont à Fontfroide. Une amitié et une complicité de près de quinze ans s’engagent avec Gustave Fayet au service du décor nouveau de l’abbaye.

Les circonstances exactes au cours desquelles Gustave Fayet et Richard Burgsthal firent connaissance ne sont pas connues avec certitude. Plusieurs hypothèses ont été proposées. L’une d’elles situe cette rencontre au début d’avril 1910, lors de l’exposition de tableaux et de dessins de Richard Burgsthal à la galerie Henri Barbazanges, 109, rue du Faubourg Saint-Honoré. Une autre envisage en premier lieu la rencontre de Redon et de Burgsthal à Bruxelles, au salon de la Libre esthétique de 1909, puis de Burgsthal et de Fayet à la fin de l’année : Gustave Fayet aurait demandé à faire connaissance avec l’auteur de La galère d’Hamilcar, œuvre de Burgsthal présentée à la galerie Rosenberg et qu'il a beaucoup admiré.

Le parcours humain et artistique de René, Jean, Théophile Billa dit Richard Burgsthal, né à Nice le 22 juillet 1884, mort à Antibes-Juan-les-Pins le 27 octobre 1944 est surprenant. Pianiste de formation, il est conduit par la musique même vers la peinture, et passe de la peinture à l'art de la verrerie. Verrier et peintre verrier pour Fontfroide, il devient après la mort de son mécène, Gustave Fayet, restaurateur et créateur de vitraux dans de nombreux édifices souvent classés Monuments historiques. Il enseigne à l’École nationale des arts décoratifs, étudie la dégradation des verres par les lichens, preuves d’une remarquable polyvalence.

« Pour apprendre à Burgsthal le vitrail, Gustave Fayet commença par acheter des caisses de vitraux cassés. Et Burgsthal passa un an à les assembler sur sa table de salle à manger avant que l’on achète la sablonnière et que l’on crée l’atelier des verreries des Sablons" (Gardey de Soos, 1984, p. 96). Cette anecdote n’est peut-être pas loin de la réalité. Dès 1910, Burgsthal, qui ne s’est pas encore rendu à Fontfroide, dispose de ces pièces anciennes (témoignage de Mme Desaint-Strohl). L'origine de ces pièces est celle, classique, de parties éliminées dans les ateliers de peintres verriers lors de restaurations, bouche-trous, pièces endommagées, inutiles ou renouvelée. Il est possible de se procurer des pièces de ce type dans les ateliers, ou éventuellement dans le commerce. Avec ces éléments de toutes les époques entre le 13e et le 16e siècle, Richard Burgsthal compose de nombreuses verrières de l’abbaye de Fontfroide : celles de l’escalier d'honneur, du cellier, du dortoir des convers (à l'exception des 4 baies ouest), de l'escalier donnant accès au dortoir des moines et de la salle dite du Trésor. L’origine de la plupart des éléments anciens n’est pas connue. Quelques-uns cependant, répartis dans la baie du 1er étage de l’escalier du dortoir des convers et dans les baies B et C du cellier portent des motifs très proches de ceux relevés dans les baies 4, 10 et 12 de la cathédrale de Narbonne (Suau (Jean-Pierre), Les vitraux de la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur de Narbonne, DES Toulouse Le Mirail, 1966, p. 763-771). Or, ces vitraux sont en cours de restauration, depuis 1909 à l’atelier Socard à Paris (cf. notice Narbonne, cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur). La chronologie de la réalisation et de la mise en place des verrières composées de fragments anciens n’est pas connue, pas plus que leur mode de réalisation, qui laisse supposer l’intervention d’un peintre verrier professionnel. Mais les choses vont certainement très vite, car Gustave Fayet signale en place les vitraux du cellier dès 1912. Les pièces anciennes utilisées ne proviennent donc probablement pas de la cathédrale de Reims ou des églises de Champagne endommagées pendant la Première Guerre mondiale, comme l'indique parfois la bibliographie. Cependant, avant même l'intervention de Richard Burgsthal, la volonté d’orner de vitraux les baies de l’abbaye s'est déjà manifestée, en projet depuis l’achat même des bâtiments. Lorsqu’en 1909 se discute l’extension de la protection Monuments historiques, qui concernait depuis 1862 le cloître seulement, Gustave Fayet a commencé à déposer à Fontfroide des collections. Il donne son accord au classement de l’abbatiale et des parties les plus importantes de l’abbaye à condition qu’il puisse disposer sans contrainte des objets d’art et des vitraux « que j’ai déjà mis dans les bâtiments en question et que je pourrai y mettre à l’avenir » (AD 11, 4T232). Les quatre panneaux d’antiquaires adaptées aux baies ouest du dortoir des convers pourraient témoigner de ce premier décor, issu d’achats dans le commerce d’art. Dès ses « débuts » à Fontfroide, soit en 1911-1912, Richard Burgsthal s’engage plus manifestement encore que par ses premiers vitraux dans la décoration de l’abbaye, concevant et réalisant les peintures murales de l’ancien dortoir des moines. Il s'agit de deux grands décors pour les lunettes des murs sud et nord, l'une sur le thème du Vaisseau Fantôme (sud) et l'autre de la Musique sacrée (nord). Parallèlement est imaginé le premier décor des baies de ce même espace. Ce sont les « vitraux papier », peintures sur papier Newsprint, qui, serrées entre deux feuilles de verre et montées directement dans les feuillures des baies et ainsi mises en lumière, donnaient l’illusion de la présence de vitraux. Sont concernées huit baies cintrées à l’ouest, quatre baies à l'est, dont l'une traversée d'une serrurerie complexe. (Arnaud, 1995). Très vite, ce procédé montre ses limites et un matin de 1912 Gustave Fayet et Richard Burgsthal décident de s'engager dans l'aventure qui conduit à la fondation d'une verrerie et à la fabrication de vitraux. Pourquoi n'avoir pas fait appel à un atelier professionnel et aux produits si riches de l'industrie du moment ? Gustave Fayet ne pouvait ignorer les qualités des verres des vitraux de Tiffany, vus à la galerie L'Art nouveau de Sigfried Bing, ni leurs répliques industrielles de Léon Appert, aptes à satisfaire toutes les formes de la modernité. Non, « il fallait du verre, de ce verre spécial, introuvable, aux vivantes aspérités de pierre précieuses à peine sorties de leur gangues (…) fait pour une durable union entre le granit et qui répand, du haut des baies ogivales, une si austère et luxueuse clarté » (Harlor, Le Mercure de France, octobre 1924). A la verrerie fondée en 1912, non loin du château d'Igny, résidence habituelle de Gustave Fayet à cette date, Richard Burgsthal réalise le rêve fou de produire le verre des vitraux de Fontfroide. Gustave Fayet apporte le financement et achète une sablonnière à Bièvres, Richard Burgsthal prend la direction de l'atelier, aidé par une petite équipe de verriers parisiens spécialisés, Gouget pour la fusion du verre et Bouvet pour la mise en plomb, car fabrication des verres et exécution des vitraux se font ici dans le même espace. S'y côtoient un petit four droit à charbon et une table de montage, comme le présentent des photographies anciennes (Arnaud, 1995, annexe 25). Le volume de l'atelier est encore conservé : il s'agit d'une construction en charpente avec remplissage de briques, de dimensions assez modestes, dont un côté sur la longueur est largement vitré. Quel est donc l'usage de l'atelier dont dispose Burgsthal à Fontfroide, encore visible dans la cour dite Louis XIV. Était-ce le lieu de fabrication des premiers travaux à l’aide de pièces anciennes ? Un relais entre l’atelier de Bièvres et l’abbaye au moment de la pose ? Cet espace contient encore une table de montage, des verres Burgsthal, un carton fixé au mur et divers documents graphiques serrés dans les casiers. La table de montage semble avoir été blanchie à la chaux, à la façon de ce qu'indique le traité du moine Théophile, rédigé au XIIe s., ouvrage que connaissait sans doute Burgsthal ; le mythique manuscrit technique de 1202, qu'il aurait eu à sa disposition, n'a pas été retrouvé.

Très vite opérationnel, le projet tient du paradoxe. Dans son esprit, il ne se veut aucunement rationnel et n'est pas guidé par l'archéologie. Ici, ni historicisme ni nostalgie. Certes Gustave Fayet entreprend de retrouver les volumes anciens de l’abbaye, tend à rechercher la pureté originelle du lieu, mais sans se référer au vitrail dit cistercien. Lorsqu'il meurt en 1925, l'entreprise de « restauration » et de renouvellement du décor de l'abbaye est seulement sur le point de s'achever, après plus de quinze ans d'efforts.

Dans ce contexte, la réalisation des décors et spécialement des vitraux se fait à peu près complètement sans le contrôle de l’État. En 1916, l'administration des Monuments historiques envoie sur place l'architecte Henri Nodet, pour se rendre compte des travaux en cours. Comme les vitraux de Burgsthal ne soulèvent pas d'opposition particulière et surtout comme tout est pris en charge par le propriétaire, il est décidé de ne pas intervenir (MAPA, Dossier Correspondances et travaux 81/11/206).

Si les premiers verres sont produits à Bièvres dès 1912, ce dont témoigne un échantillon daté, conservés dans les réserves du CNAM à Paris, les recherches menées en 1912 et 1913 portent seulement leurs fruits en 1914. Les feuilles produites, aux matières très diverses, sont des galettes de verre coulé de forme ovoïde et d'environ dims, d'une épaisseur irrégulière et marquées d'un léger relief sur les deux faces. Les premiers vitraux qui en sont tirés sont les trois verrières « musicales » destinées au baies du mur est de la salle de Musique, l'ancien dortoir des moines. Le menuet des Follets et La ville de la magie, conçus d'après les vitraux papier, sont exposés du 21 juin au 11 juillet 1914 à la verrerie de Bièvres (Invitation à l’exposition MAPA, 8° doc 95). Le menuet des Follets est inspiré de la Damnation de Faust, de Berlioz, comme le 3e vitrail, Course à l’abîme ; La ville de la Magie, est pour sa part tiré de l’opéra de Rita Strohl Yadjnavalkya. La rose sud de l’abbatiale est présentée dans ce même cadre (baie 204) et un projet de vitrail Maria de Magdala était habitée par sept démons pour une baie du bas-côté sud de l'église (baie 14). A partir de 1914 et jusqu'en 1925, s'échelonnent la conception et la mise en place de l'ensemble des vitraux de l'église abbatiale, où se développe un programme iconographique très élaboré, qui accorde une place particulière aux représentations de saint François d'Assise (baies 103 à 111), des saints de Fontfroide et des patrons des membres de la famille Fayet (chapelles sud de la nef) (cf. catalogue). Vers 1920, Richard Burgsthal conçoit les quatre verrières de la chapelle dite des Étrangers, imaginés en rapport avec les collections de géologie et d’antiquités qui y étaient alors conservées. En 1924 la verrerie des Sablons est fermée. Richard Burgsthal déplace ses activités et cherche à les étendre en fondant la Société provençale de verrerie d'art à la Ciotat, où sont réalisés les derniers vitraux de Fontfroide, ceux de la façade ouest, les deux vitraux de l'Apocalypse (baies 113 et 114) et la rose de la Création (baie 214).

La réalisation de ces verrières implique la seule intervention de l’État sur le vitrage de l’église (1923-1925). Il faut en effet restaurer la disposition des baies, ce qui conduit Gustave Fayet à demander l’aide des Monuments historiques. Une photo et un dessin de l'architecte Henri Nodet montrent la disposition alors en place, celle d'une baie à 5 lancettes, tympan à 5 soufflets et 2 trilobes dans les écoinçons, qui pourait dater du 15e siècle, bien que son exécution soit attribuée au 19e siècle. L’État prenant en charge le tiers du coût des travaux et l'inspection des Monuments historiques ayant donné son accord, Madeleine Fayet accepte le devis, si bien que les travaux sont autorisés à la fin de l'année, conduisant à la disposition actuelle (MAPA, Dossier Correspondances et travaux, 81/11/206). le décor vitré de Fontroide est en place alors que meurt Gustave Fayet le 24 septembre 1925.

Restés en place jusqu'en 1987, les vitraux papier de la salle de Musique qui n'avaient pas été remplacés par des vitraux, sont alors dans un état alarmant. Leur dégradation est liée à l'action du soleil et au climat, soit au jeu de la chaleur et de l'humidité agissant dans un espace confiné. Olivier Poisson engage l'opération de restauration dont il envisage de confier l'exécution à Eileen Campbell Maitland ; elle sera chargée ensuite de la totalité des interventions. Les premières recherches effectives de restauration ont lieu au cours de 1988-1989. L'impossibilité d'un remontage in situ apparaît très vite évident au profit d'impossibilité de remontage in situ. La restauration, en 1990 d'un deuxième panneau permet d'adopter la solution définitive de remontage sur support rigide (panneaux en « nidaplast ». Cependant la réalisation en verre des vitraux papier, considérés comme des projets, est étudiée en 1990 à l'initiative de Dominique Larpin ACMH (MAPA, 4° ETU 959) ; il est projeté de confier ce travail à Sylvie Gaudin ou à Jeannette Weiss-Gruber, mais rien n'aboutit (Archives DRAC LR, CRMH, dossier 11000-10). La restauration des vitraux papier se poursuit en 1990 par démontage de la « rosace », dont les différents éléments sont traités entre 1991 et 1996 En 1998, sous la maîtrise d’œuvre de Laurent Hugues (DRAC Languedoc-Roussillon) s'engagent par tranche la restauration des derniers panneaux ; l'opération est achevée en 2002 (Archives DRAC LR, CRMH, dossiers 11000-2 et 11000-10).

Miraculeusement associés, production verrière et création inspirée, mécénat actif et complicité révèlent cependant aujourd'hui l'une de leurs faiblesses. Produits dans des conditions matérielles sommaires par un apprenti sorcier de génie, les verres des vitraux de Burgsthal se fragmentent avec le temps de façon alarmante : leurs compositions sont particulièrement sensibles aux altérations et les opérations de recuisson n'ont pas été bien menées.

La première opération de restauration des vitraux porte sur les trois compositions de la salle de Musique. Envisagée par Dominique Larpin ACMH à la fin de 1987 (MAPA, 4°ETU 276), l’opération est en cours à l’Atelier du vitrail de Limoges à l’été de 1989 ; de nombreux verres apparaissent cependant « éclatés comme s’ils avaient été soumis à une chaleur intense et à un brusque refroidissement » : collages et remplacements sont en cours (Archives DRAC LR, CRMH, dossier 11000-10). Les recherches menées au cours des dernières années par le Laboratoire de recherche des Monuments historiques et par le peintre verrier Pierre Rivière au sujet des vitraux de l'église, dont les verres se délitent, semblent proposer des solutions adaptées. Envisagée dès 1990, l’intervention sur la baie axiale de l’abbatiale (baie 200, Christ et les évangélistes) a eu lieu en 1999 par l’atelier Brenas-Pech de Carcassonne. Des solutions sont recherchées pour lutter contre la dégradation des verres : collages silicone, usage d’un stock de verres Burgsthal qui permet de combler la plupart des lacunes (Archives DRAC LR, CRMH, carton 1031). Pour aborder la question de ces dégradations de façon plus attentives, un rapport d'expertise est réalisé en 2000 par Isabelle Baudouin-Louw (Archives DRAC LR, CRMH, carton 1031). Constat est fait de l'atmosphère d’humidité moite très insalubre de l'église. Le traitement des problèmes de fissuration de la masse vitreuse allant jusqu’à la fissuration totale, est envisagé par l'usage de collages. Est aussi observée une contamination biologique par algues et lichens extrêmement active, surtout sur le côté nord de l’abbatiale : l'altération des jus externes mêlés aux algues est avancée, tandis que la grisaille se décolle en face interne : préconisation est faite d'une meilleure ventilation de l'église. Si les mises en plomb sont correctes, l'auteur s'inquiète des traces de rouille nombreuses, peut-être liées au décapant utilisé pour la soudure ? Les serrureries, en revanche, très hétéroclites, sont à réviser. Constats et préconisations proposées par le peintre verrier Pierre Rivière dans son étude de 2002 sont comparables (Archives DRAC LR, CRMH, carton 1775), mais le nettoyage des verres et leur consolidation, le fixage des grisailles, le traitement par fongicide, la reprise de la mise en plomb et de la serrurerie s'accompagnera de la pose de doubles verrières en mise en plomb simplifiée. L'étude d'un protocole se poursuit en 2002-2003 sous la direction du LRMH avec test de consolidation des verre à l’aide du Paraloïd B72 et recherche de l'origine du vieillissement particulier des verres de Burgsthal (Archives DRAC LR, CRMH, carton 1031). De 2003 à 2005 sont restaurées les cinq baies du bas-côté nord, dont le triptyque de saint François (baies 103-111), puis les trois fenêtre de l’absidiole nord sur le thème de l’enfer et du paradis (baies 7, 9 et 11), les verrières du 19e siècle de la sacristie et les cinq baies du trésor faites avec des éléments anciens (baies 205-213). Des infiltrations de méthacrylate de méthyle sont faites dans les parties fissurées. Soutenue par la DRAC et la fondation Gaz de France l'opération est achevée en mai 2005 (Archives DRAC LR, CRMH, DDOE Rivière CD rom ; ibid., dossier de presse pour l’inauguration). En 2009 Pierre Rivière repose après restauration les vitraux de l’absidiole sud (baies 8, 10 et 12). Le même restaure en 2009-2010 aux frais des propriétaires le vitrail de la baie 6, Les archanges, suivant le protocole établi avec usage de fongicide, et infiltration de Paraloïd B72 (Archives DRAC LR, CRMH, DDOE Rivière).

En 2008 la chapelle dite des Morts reçoit trois vitraux (2 baies à 1 lancette, cernant un oculus) commandés par les propriétaires de l’abbaye au père Kim en Joong, réalisés à l'atelier Loire.

  • Période(s)
    • Principale
  • Dates

  • Catégories
    vitrail
  • Matériaux
    • verre transparent
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé au titre objet, 1901/06/17
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Inventaire général Région Occitanie
Michel Hérold
Michel Hérold

Né à Mulhouse. Conservateur en chef du patrimoine - Centre André Chastel (Laboratoire de recherche en Histoire de l'art - UMR 8150 du CNRS) Institut national d'histoire de l'art, 2, rue Vivienne.

Directeur du Comité français du Corpus vitrearum.

Vice-directeur de la Revue de l'art.

Docteur habilité à diriger des recherches (Université François Rabelais, Tours).

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