Dossier d’œuvre objet IM11003361 | Réalisé par ;
Michel Hérold (Contributeur)
Michel Hérold

Né à Mulhouse. Conservateur en chef du patrimoine - Centre André Chastel (Laboratoire de recherche en Histoire de l'art - UMR 8150 du CNRS) Institut national d'histoire de l'art, 2, rue Vivienne.

Directeur du Comité français du Corpus vitrearum.

Vice-directeur de la Revue de l'art.

Docteur habilité à diriger des recherches (Université François Rabelais, Tours).

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  • enquête thématique régionale, corpus vitrearum
verrières faites d'éléments anciens, abbaye de Fontfroide
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Narbonne
  • Commune Narbonne
  • Lieu-dit Fontfroide
  • Adresse

Viollet-le-Duc suggère la mise en place de clôtures dans les baies encore ouvertes à tous vents. (MAPA, Dossier Correspondance et travaux 81/11/206). La vue de l’église gravée pour être publiée en 1833 dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Languedoc (Taylor (Charles), Nodier (Justin), Cailleux (Alphonse de), Paris, Firmin-Didot, 1833-1837), montre le remplage de la baie d’axe (baie 200) en grande partie arraché et doté de losanges très lacunaires. La situation du vitrage semble cependant petit à petit s’améliorer un peu. Le devis rédigé le 17 juillet 1843 sur la demande de la Commission des Monuments historiques par Viollet-le-Duc, en vue de la conservation du cloître et de l’église, prévoit des ferrures pour 13 fenêtres soit 66 m2. Ce devis est suivi d’effets : après rapport favorable de la Commission le 3 avril 1844, un crédit de 16 873 francs à répartir sur 3 exercices 1844, 1845, 1846 et accordé et des travaux de vitrerie réalisés en 1846 (MAPA, Dossier Correspondance et travaux 81/11/206). En 1858, Fontfroide change de propriétaire, vendue aux Bernardins de l’Immaculée Conception. Le vitrage de l’église et des bâtiments est toujours mentionné en mauvais état (Petit (Jean-Marie), « Le Père Jean », Oculus, n° 2, p. 7-21). Il est cependant amélioré par la pose de vitreries ornementales, dont certaines ferment encore les baies de la sacristie et d’autres sont conservées dans l’atelier de Richard Burgsthal à Fontfroide. Deux compositions figurées du 19e siècle, un saint Michel monumental et une autre image de saint Michel de plus petite échelle, toutes deux déposées également dans l’atelier de Burgsthal, prouvent que certaines baies avaient reçu un décor peint au temps de la présence cistercienne (1858-1901). Pour ne pas se soumettre aux lois sur les Congrégations, la communauté abandonne l’abbaye en 1901. Vendue par adjudication, Fontfroide est acquise en indivision par les sieurs Martin et Ivaldi. Très rapidement, le domaine et l’abbaye sont à nouveau en vente. L’ensemble est acheté le 23 janvier 1908 par Gustave Fayet et Madeleine d’Andoque de Sériège son épouse. Une nouvelle menace de dépeçage des bâtiments médiévaux est ainsi évitée. Très vite, les nouveaux propriétaires engagent d’importants travaux de sauvetage et de remise en valeur, en particulier pour retrouver les volumes d’origine.

« Pour apprendre à Burgsthal le vitrail, Gustave Fayet commença par acheter des caisses de vitraux cassés. Et Burgsthal passa un an à les assembler sur sa table de salle à manger avant que l’on achète la sablonnière et que l’on crée l’atelier des verreries des Sablons" (Gardey de Soos, 1984, p. 96). Cette anecdote n’est peut-être pas loin de la réalité. Dès 1910, Burgsthal, qui ne s’est pas encore rendu à Fontfroide, dispose de ces pièces anciennes (témoignage de Mme Desaint-Strohl). L'origine de ces pièces est celle, classique, de parties éliminées dans les ateliers de peintres verriers lors de restaurations, bouche-trous, pièces endommagées, inutiles ou renouvelée. Il est possible de se procurer des pièces de ce type dans les ateliers, ou éventuellement dans le commerce. Avec ces éléments de toutes les époques entre le 13e et le 16e siècle, Richard Burgsthal compose de nombreuses verrières de l’abbaye de Fontfroide : celles de l’escalier d'honneur, du cellier, du dortoir des convers (à l'exception des 4 baies ouest), de l'escalier donnant accès au dortoir des moines et de la salle dite du Trésor. L’origine de la plupart des éléments anciens n’est pas connue. Quelques-uns cependant, répartis dans la baie du 1er étage de l’escalier du dortoir des convers et dans les baies B et C du cellier portent des motifs très proches de ceux relevés dans les baies 4, 10 et 12 de la cathédrale de Narbonne (Suau (Jean-Pierre), Les vitraux de la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur de Narbonne, DES Toulouse Le Mirail, 1966, p. 763-771). Or, ces vitraux sont en cours de restauration, depuis 1909 à l’atelier Socard à Paris. La chronologie de la réalisation et de la mise en place des verrières composées de fragments anciens n’est pas connue, pas plus que leur mode de réalisation, qui laisse supposer l’intervention d’un peintre verrier professionnel. Mais les choses vont certainement très vite, car Gustave Fayet signale en place les vitraux du cellier dès 1912. Les pièces anciennes utilisées ne proviennent donc probablement pas de la cathédrale de Reims ou des églises de Champagne endommagées pendant la Première Guerre mondiale, comme l'indique parfois la bibliographie. Cependant, avant même l'intervention de Richard Burgsthal, la volonté d’orner de vitraux les baies de l’abbaye s'est déjà manifestée, en projet depuis l’achat même des bâtiments. Lorsqu’en 1909 se discute l’extension de la protection Monuments historiques, qui concernait depuis 1862 le cloître seulement, Gustave Fayet a commencé à déposer à Fontfroide des collections. Il donne son accord au classement de l’abbatiale et des parties les plus importantes de l’abbaye à condition qu’il puisse disposer sans contrainte des objets d’art et des vitraux « que j’ai déjà mis dans les bâtiments en question et que je pourrai y mettre à l’avenir » (AD 11, 4T232). Les quatre panneaux d’antiquaires adaptées aux baies ouest du dortoir des convers pourraient témoigner de ce premier décor, issu d’achats dans le commerce d’art.

Entre 2003 et 2005 sont restaurées les cinq baies du trésor faites avec des éléments anciens (baies 205-213). Soutenue par la DRAC et la fondation Gaz de France l'opération est achevée en mai 2005 (Archives DRAC LR, CRMH, DDOE Rivière CD rom ; ibid., dossier de presse pour l’inauguration).

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle, 14e siècle, 15e siècle, 16e siècle
  • Dates

Escalier conduisant de l'angle nord-est du cloître à l'ancien dortoir des moines

Baies du repos

2 baies cintrées. H. 1,89m – L. 0,75m. Compositions à la façon de grisailles décoratives du XIIIe s., réalisées au moyen de pièces hétéroclites et très fragmentaires principalement des XIIIe et XIVe s., avec usage de rares pièces modernes. Le lot de pièce le plus important correspond à une grisaille décorative à crossettes très stylisées, du 2e quart du XIIIe s. ( ?). Montage réalisé vers 1911-1914 ( ?), sous la direction de Richard Burgsthal ( ?).

Escalier conduisant à l'ancien dortoir des convers

Porte du rez-de-chaussée

Structure en ferronnerie à 2 battants (chacun H. 1, 75m – L. 0,84m.), chacun divisé en 8 panneaux avec en leur centre une étoile également en ferronnerie. Chaque division est vitrée de Montage réalisé vers 1911-1914 ( ?), sous la direction de Richard Burgsthal (?).

pastilles de verre de couleur modernes réparties dans les panneaux ; à l’angle de chacun des panneaux, goutte de verre rouge moderne, pouvant former une croix de saint André avec celles des panneaux voisins. Montage réalisé vers 1911-1914 ( ?), sous la direction de Richard Burgsthal ( ?).

Baie du premier étage

Baie rectangulaire divisée par une structure métallique composant 3 lancettes fictives avec leurs bordures et écoinçons. H. 3,20m environ – L. 2,10m environ. Verrière en macédoine réalisée au moyen de pièces hétéroclites et très fragmentaires principalement des 13e et 14e s., avec usage de rares pièces modernes. Dans les panneaux des lancettes fictives, alternance de croix de saint André et de roses à la façon de fermaillets en verres de couleur. Divers lots de pièces d’origines et de dates multiples ont été utilisés ; il s’agit majoritairement de pièces de grisailles décoratives sur fond de cages à mouches du tout début du 14e s., dont certaines ont des équivalents comparables à la cathédrale de Narbonne (baies 3 et 12) (cf. Suau, DES, 1966, 1966, p. 763-77) , mais aussi de grisailles sur pièces losangées ornées de motifs végétaux très naturalistes (lierre, chêne), parfois relevées de jaune d’argent, qui évoquent les grisaille à la mode dans le nord de la France, vers 1320-1330. Montage réalisé vers 1911-1914 (?), sous la direction de Richard Burgsthal ( ?).

Cellier (sous le dortoir des convers)

Baie A (gauche)

Baie rectangulaire. H. 1,57m - L. 0,13m. Verrière en macédoine divisée par une armature métallique verticale qui réunit des médaillons alternativement circulaires et en forme de carrés sur la pointe. Fond composés de fragments de pièces de grisailles décoratives des 13e et 14e s. Croix de saint André et croix rayonnantes faites au moyen de pièces de verre de couleur anciennes recoupées, disposées alternativement dans les médaillons carrés et circulaires. Pièces modernes peu nombreuses ; montage réalisé vers 1911-1912, sous la direction de Richard Burgsthal (?).

Baies B et C

Baies cintrées. H. 1, 71 et 1,67 m – L. 0,79m. Verrières en macédoine divisées par des armatures métalliques complexes à la façon de celles du XIIIe s : bordures cernant l'ensemble de la baie, au centre, médaillons alternativement quadrilobés et carrés sur la pointe ou circulaires, reliés à des demi-médaillons de la forme opposée. Dans les bordures, fragments de pièces de grisailles décoratives des 13e et 14e s. Champ des verrières et médaillons : compositions faites de pièces de verres de couleur des 13e et 16e s. recoupées et formant des compositions schématiques abstraites. Quelques pièces sont apparentées à celles en place dans plusieurs baies de la cathédrale de Narbonne : éléments de bordures en forme de crosse de la baie 10 ; élément de bordure décorative de la baie 12 ; losange de verre blanc peint de la baie 4. Pièces modernes peu nombreuses ; montage réalisé vers 1911-1912, sous la direction de Richard Burgsthal (?).

Dortoir des convers

Baies du mur ouest

Panneaux d’antiquaires provenant de la collection Fayet, posés à leur emplacement actuel vers 1910-1912

Baie A (la plus à gauche)

Panneau rectangulaire. H. 1m – L. 0,69m. Montage d’antiquaire, composé de pièces anciennes d’origines diverses, principalement des XVe et XVIe s. Au centre, rondel, Vierge de Pitié (diam. 0,205m.), Champagne, vers 1500. Dans la partie supérieure, au-dessus du rondel : 2 losanges , oiseau et fleur couronnée, Angleterre (?), 1re moitié du XVe s. ( ?) ; fragment de rondel, Festin d’Hérode, vers 1540-1550 ; paysage de ruine, vers 1540-1550). A droite et à gauche, pièces de bordures du XVIe s., l’une à droite datée 1549. Panneau mis aux mesures de son emplacement actuel par ajout d’une bande dans la partie inférieure.

Baie B

Panneau rectangulaire. H. 0,96m – L. 0,69m. Montage d’antiquaire, composé de pièces anciennes d’origines diverses, principalement du 16e s. Au centre, tête de jeune homme (saint Jean d’un Calvaire ?) déformée par un bouche-trou, vers 1490-1500). Dans la partie supérieure : à gauche, tête de femme, vers 1540-1550 ; à droite, tête d’homme (saint Jean d’un Calvaire ?) ; saint Miche terrassant le démon. A droite et à gauche, éléments de bordures, 16e s. Sous la tête centrale, fragment d’inscription et élément de frise avec coquilles Saint-Jacques ? Panneau mis aux mesures de son emplacement actuel par ajout d’une bande dans la partie inférieure.

Baie C

Panneau rectangulaire. H. 0,96m – L. 0,69m. Montage d’antiquaire, composé de pièces anciennes d’origines diverses, principalement du 16e s. Au centre, tête de saint Etienne, Champagne (?), vers 1490-1500. Parmi les pièces hétéroclites du fond, couronne et 3 têtes (clerc, enfant, homme avec geste de bénédiction), XVIe s. Bordures du 16e s. à droite et à gauche. Dans la partie inférieure, fragments d’inscriptions La t (?) en lettres gothiques et CELI en romain. Panneau mis aux mesures de son emplacement actuel par ajout d’une bande dans la partie inférieure.

Baie D

Panneau rectangulaire. H. 0,96m – L. 0,69m. Montage d’antiquaire, composé de pièces anciennes d’origines diverses, du XIVe au 16e s., mais principalement du 16e s. Au centre, tête de femme, vers 1530 (évoque la tête de la bonne mère du vitrail de la sagesse de Salomon, à Saint-Gervais-Saint-Protais, Paris, 1531). Parmi les pièces hétéroclites du fond, 4 têtes anciennes, dont l’une du 14e s. (en bas à droite) ; pièces de bordures sur les côtés droits et gauche. Panneau mis aux mesures de son emplacement actuel par ajout d’une bande dans la partie inférieure : cette bande comprend une partie moderne (pièces d’architecture) et un fragment du 16e s. représentant les trois enfants de saint Nicolas.

Baies du mur nord

Baies 1 et 2

Baies cintrées. H. 2,40 environ - L. 0,99m. Verrières en macédoine divisées par des armatures métalliques complexes à la façon de celles du 13e s : bordures cernant l'ensemble de la baie, au centre, médaillons alternativement quadrilobés et carrés sur la pointe ou circulaires, reliés à des demi médaillons de la forme opposée. Dans les bordures, remplois de nombreuses pièces de bordures du 16e s. Dans chaque médaillon, pièces figurées du 16e s. et divers fragments anciens. Champ des verrières : trame végétale faite de tiges verticales auxquelles sont attachées des feuilles stylisées, le tout réalisé avec remploi de pièces anciennes des 15e et 16e s. Montage réalisé vers 1911-1912, sous la direction de Richard Burgsthal (?).

  • Catégories
    vitrail
  • Matériaux
    • verre transparent
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé au titre objet, 1901/06/17
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Inventaire général Région Occitanie
Michel Hérold
Michel Hérold

Né à Mulhouse. Conservateur en chef du patrimoine - Centre André Chastel (Laboratoire de recherche en Histoire de l'art - UMR 8150 du CNRS) Institut national d'histoire de l'art, 2, rue Vivienne.

Directeur du Comité français du Corpus vitrearum.

Vice-directeur de la Revue de l'art.

Docteur habilité à diriger des recherches (Université François Rabelais, Tours).

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Édifice
abbaye de Fontfroide

abbaye de Fontfroide

Commune : Narbonne
Lieu-dit : Fontfroide
Articulation des dossiers