• enquête thématique régionale, Jardins
  • recensement du patrimoine thermal
jardin public dit parc thermal des Quinconces
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Haute-Garonne - Bagnères-de-Luchon
  • Commune Bagnères-de-Luchon
  • Lieu-dit Bagnères-de-Luchon
  • Adresse Cours des Quinconces
  • Cadastre 2008 AL 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8

L'Esplanade des Quinconces et son parc thermal sont créés à partir de 1849, époque où le thermalisme, en pleine activité, suscite de nouveaux aménagements urbains et hôteliers. Par la détente qu'il procure, le jardin thermal complète ces équipements. Il favorise de plus le lien social parmi une clientèle étrangère, fortunée et cultivée. Dans le style romantique apprécié sous Napoléon III, le parc des Quinconces propose, autour d'une pièce d'eau, un parcours sinueux bordé de grands conifères aux espèces rares et ponctué de statues. La géométrie des Quinconce laisse place, au fur et à mesure qu'on s'éloigne vers le sud et la montagne, à des aménagements paysagers où l'influence humaine décroit : l'ensemble forme ainsi une transition entre la ville et la montagne.

L'esplanade devant les thermes, anciennement plantée de catalpas et de tulipiers de Virginie, a été réalisée en 1849, période où l'élégance néo-classique des allées d'Etigny va céder la place aux grands hôtels plus imposants, élevés à proximité des thermes pour une clientèle nombreuse. Le parc a été aménagé au cours de la deuxième moitié du 19e siècle dans le style romantique très apprécié sous Napoléon III.

Son état en 1859 est bien connu grâce à un plan levé par le géomètre Girou dans le cadre du plan d'alignement de la ville. (AD Haute-Garonne, 2 E 7655 8). Face à l'établissement thermal, la promenade des quinconces est disposée de part et d'autre d'une large allée au centre de laquelle est installé un kiosque à musique. En direction du sud, les allées du parc thermal ondulent entre des parterres aux formes allongées dont la plupart sont bordées de plantations. Ces allées se transforment en lacets et les plantations se densifient sur les premiers reliefs du massif de Superbagnères amorçant la transition avec le paysage naturel. Au contraire, au nord, côté ville sont aménagés de petits bosquets paysagers où l'empreinte humaine est plus présente. Le lac est déjà en place, agrémenté au sud par une cabane sur un îlot. Son rivage est animé par une cascade à l'ouest et par un embarcadère au nord-ouest. A l'ouest du lac, la buvette des Prés est déjà en place et fait face à une fontaine. Au nord du lac prenait place un important pavillon rustique, édifice pittoresque disparu mais connu par des photographies anciennes. Une gerbe d'eau était installée dans le parterre nord voisin qui présentait la spécificité de ne pas avoir de plantations en bordures. Seuls deux arbres (a priori monumentaux) étaient plantés de part et d'autre de ce parterre et permettaient de cadrer la perspective paysagère vers le port de Venasque. Enfin le sud-est du parc thermal était occupé par diverses installations utilitaires, en partie masquées par une végétation plus dense : un bassin, une piscine des chevaux et un cabinet inodore (= latrines publiques).

Deux plans de Chambert datés d'avril 1863 et mai 1866 montrent les réflexions sur l'aménagement du parc. Sur tous deux, les Quinconces et la buvette du pré sont toujours bien en place. Sur le premier, le lac présente une forme de 8 inégal avec en son centre une île qui devait recevoir le kiosque et être reliée aux rives par deux ponts ; alimenté par une cascade, il devait être aménagé sur deux années. Sur le second, le kiosque à musique est projeté au milieu du promenoir des buvettes, reliant l'établissement thermal à la buvette du pré. Seul le second de ces projets semble avoir été mis en oeuvre. Quelques gravures et photographies anciennes montrent l'état du parc au milieu et dans la seconde moitié du 19e siècle. On y observe notamment au sud du lac un édifice de type pavillon rustique (bois et chaume) dont la fonction n'est pas identifiée et qui a disparu au 20e siècle.

Sur les plans de Castex, l'espace faisant directement face aux thermes est dénommé "promenade des Quinconces", nom dû à son mode de plantation. Le parc s'étend en direction du sud et se prolonge sur les premières pentes de la montagne de Superbagnères qui sont désignées comme "Bosquet des Thermes".

Le parc était le corollaire indispensable de la cure thermale. Il présentait une double fonction : hygiénique (associant la détente aux soins thérapeutiques) et sociale puisqu'il favorisait les rencontres des curistes. Edmond Rostand compte parmi les personnalités qui ont chanté dans leurs écrits les charmes de ce parc, notamment ceux de la fontaine Carraouet.

L'ensemble (quinconces + parc) n'a pris que progressivement son aspect actuel, recevant divers statues (Statue d'Etigny, "Caïn et Abel" et la "vallée du Lys" à la fin du 19e siècle, Ours de Guyot, 1950), monuments (dédiés à Marcel Spont et Henri Beraldi) et édifices (gare du funiculaire, bains émollients transformés en maison des curistes) tandis que d'autres éléments ont disparu (buvette des prés, piscine des chevaux, cabane sur le lac) ou ont été déplacés (kiosque, colonne milliaire). Ainsi, d'après les plans de Castex de 1873 et 1882, le kiosque à musique était initialement placé dans l'axe de l'allée des Bains, face à l'entrée de l'établissement thermal. Il a été déplacé sans doute au tournant du siècle à son emplacement actuel. En 1893, M. Chevalier qui avait dessiné le parc du casino, dépose un projet de remaniement à la demande de la commission des travaux du conseil municipal (rapport du 25 juin) qui doit permettre l'élargissement de la route d'Espagne et une remise en valeur du jardin. "Les Quinconces par leur situation exceptionnelle au pied de Superbagnères et devant le grand établissement thermal attirent chaque jour le high-life des baigneurs" et à ce titre elles doivent être attrayantes.

En décembre 1909, de nombreux arbres des Quinconces ont été déracinés ou abimés par une tempête qui a touché la station de Luchon. "Le séquoia et le cèdre d'Afrique du parc, la buvette du pré et le terre plein de la buvette avec le rideau de sapin qui en constitue la toile de fond" ont été classés comme site en 1933 sous le régime de la loi du 2 mai 1930 (JO, 02 avril 1933, p.3 410).

Le parc thermal occupe l'extrémité méridionale des allées d'Etigny, au pied de la montagne de Superbagnères. Il dessert l'ensemble des établissements thermaux (anciens et modernes) regroupés à cet emplacement et opère une transition entre le secteur urbain et les sentiers de promenade qui s'élèvent rapidement en altitude au-dessus du complexe thermal. L'intervention humaine y est, au fur et à mesure de la progression, de plus en plus discrète pour assurer cette transition.

Le parc présente trois parties distinctes : le jardin public devant l'établissement, avec ses parterres fleuris et les célèbres plantations en quinconces qui lui valent son nom, le parc d'agrément, autour de la pièce d'eau, et le parc de promenade, planté d'une grande variété de conifères qui composent un véritable arboretum.

Devant les thermes, la composition est régulière, de plan géométrique, avec deux larges allées qui se coupent en angle droit. De part et d'autre, des parterres engazonnés sont bordés de mosaïculture et sertis de bordures bétonnées. Face à l'entrée principale des thermes, l'allée principale s'élargit pour former un cercle bordé de bancs, à proximité d'un vaste kiosque à musique, en architecture métallique (fonte) sur un soubassement de pierre, privilégiant l'aspect social de la vie thermale. C'est aussi dans la partie des Quinconces que se trouvent les statues d'Abel et Caïn (bordure nord) et d'Etigny (à l'angle sud-ouest) et le pavillon des curistes (bordure est). Les alignements (quinconces) sont composés majoritairement de tilleuls.

Le parc d'agrément lui fait directement suite. Irrégulier, d'inspiration romantique, il débute par une esplanade dégagée autour d'un bassin circulaire agrémenté d'une rocaille, surmontée d'une statue allégorique (nymphe) en marbre blanc, représentant la Vallée du Lys. La rocaille, d'où s'écoule une petite cascade, restitue, en modèle réduit, un paysage montagnard. Le parc d'agrément se développe ensuite autour d'une pièce d'eau appelée "lac". Il est planté d'essences rares, en majorité de conifères, notamment un monumental et séculaire Cèdre de l'Atlas, un sapin de Corée, un groupe de cyprès chauves au bord de l'eau et des cyprès bleus. Certains sujets remarquables sont étiquetés sur des ardoises. A l'opposé du lac, la partie du parc invitant à la promenade est animée de lacets montant en douceur sur les versants abrupts avant de se perdre dans la forêt. Plantée d'une grande variété de conifères, bosquets plus récents de cryptomérias et de sapins, elle a une vocation plus affirmée d'arboretum. Deux édicule ponctuent cet espace : la buvette du Bosquet, d'allure pittoresque, en bois, de plan circulaire, avec un toit de chaume à lanternon, et la gare du funiculaire, architecture de style régionaliste, avec dôme et ornements en terre cuite émaillée polychrome. Au niveau de la source dite fontaine de Carraouet, est mis en valeur le buste de Marcel Spont. A l'entrée orientale du parc, s'élève une colonne en terre cuite à chapiteau composite sur laquelle est gravée une inscription "La Ville de Bagnères-de-Luchon reconnaissante, route d'Espagne de la Glère".

  • Plans
    jardin irrégulier
  • Élévations extérieures
    jardin accidenté
  • Jardins
    rocaille de jardin, groupe d'arbres, massif d'arbres, quinconce, parterre en mosaïculture, pelouse
  • Typologies
    parc irrégulier ; jardin public ; arboretum
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ours
    • femme
    • homme
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Le parc thermal des Quinconces a reçu le Label Jardin Remarquable de la part du Ministère de la Culture en 2006.

Documents d'archives

  • AD Haute-Garonne, 2 O 42 25 (3), Dessin aquarellé, mai 1866 : plan général indiquant l'emplacement du pavillon pour la musique par E. Chambert.

    AD Haute-Garonne : 2 O 42 25 (3)
  • Dessin aquarellé, 2 cm p. m, 1er avril 1863.

    AD Haute-Garonne : 2 O 42 25 (2)
  • Dessin, 9 mai 1864.

  • AD Haute-Garonne, 1 O 73 (2 E 7855), Dessin aquarellé, 1/500e, 25 novembre 1859.

    AD Haute-Garonne : 1 O 73 (2 E 7855)
  • Bibliothèque Patrimoniale Pau, PHA152 (205), photographie ancienne.

    Bibliothèque Patrimoniale Pau : PHA152 (205

Bibliographie

  • Pinel (Denis), Bagnères-de-Luchon : randonnée architecturale en ville d'eau, CAUE31, CDT31, Loubatières éd., (1990 ?), 32 p.

Documents figurés

  • BnF, département Estampes et photographie, PETFOL-UA-50, fol. 59, photographie ancienne.

    Bibliothèque nationale de France : PETFOL-UA-50
  • Bibliothèque nationale de France, Plans de la ville de Luchon par M. Castex 1873, GED 826

  • Bibliothèque nationale de France, Plans de la ville de Luchon par M. Castex, 1882, GED-825.

    Bibliothèque nationale de France : GED-825
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2007, 2019