Dossier d’aire d’étude IA66003713 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Présentation de la commune de Corneilla-de-Conflent
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  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Conflent-Canigou
  • Adresse
    • Commune : Corneilla-de-Conflent

Corneilla-de-Conflent des origines au 12e siècle

 Les premières traces d’occupation attestées sur le territoire de Corneilla-de-Conflent, remontent à la période du Paléolithique moyen, avec la découverte d’éclats de quartz et de silex dans la grotte del Mig, localisée au niveau d’une falaise de marbre dressée sur la rive gauche du Cady. La grotte est comprise parmi un ensemble de cavités appelées « Balmas Bergès », découvertes par l’archéologue Jean Abélanet dans les années 1950 [BLAIZE, revue Conflent, 1985. p.p. 13-18]. Les fouilles archéologiques menées dans la grotte ont permis de mettre à jour des pièces lithiques sur éclats, taillées dans divers matériaux (jaspe opaque, quartzite et quartz), identifiées comme étant issues de la production moustérienne. Un aménagement lié à un habitat temporaire a également été observé dans les années 1980. Il s’agit d’un mur en pierre sèche, qui aurait pu servir de soubassement de huttes en branchages et peaux [BLAIZE, revue Conflent, 1985. p. 16]. Aussi, la fréquentation du site à la fin du 4e siècle ou au cours du 5e siècle ap. J.-C. est marquée par la découverte d’un fragment de céramique paléochrétienne estampé [KOTARBA, Jérôme, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.314].

Les études menées sur les autres grottes du réseau ont révélé la présence de mobiliers du Solutréen supérieur (- 17 000 ans BP), notamment dans la grotte des Ambullas avec des pointes de silex en forme de feuilles de lauriers [BLAIZE, revue Conflent, 1985. p. 13]. Par ailleurs, la Cova Bastera, grotte fortifiée après l’occupation des Miquelets en 1674, présente des traces de peinture rouge datées du Paléolithique supérieur [GAILLI, 1996, p.12].

L’occupation Néolithique est visible à travers la présence de deux constructions mégalithiques en bon état de conservation, à savoir les dolmens du Serrat d’en Parot (794 m d’altitude) et de Corbatorat (628 m). Situé à la frontière entre les localités de Corneilla et de Fuilla, celui de Cobartorat orienté au sud-est, comprend trois pierres dressées à la verticale, supportant une imposante dalle arrondie. Sa chambre funéraire est large de 2 m par 1 m et demi. La fouille du Serrat d'en Parot en 1968, permet de connaître les différentes phases d’occupation du site, notamment à l’époque antique avec la présence d’un tesson de poterie romaine à vernis rouge [KOTARBA, Jérôme, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.313]. 

C’est au 10e siècle qu’apparaissent les premières mentions de la localité de Corneilla-de-Conflent (« Cornelianum » en 901, 950 et 968 / « Cornilianum » en 975), puis au 11e siècle (« Corniliano », « villa Corneliani ») [BASSEDA, 1990, p.414]. Au cours de ce dernier siècle, le Conflent est marqué par sa réunification au comté de Cerdagne en devenant une vicomté, dont le vicomte résidera au château de Joch, tandis que les comtes établiront leur « palais d’été » à Corneilla-de-Conflent. Il subsiste de ce château une tour, deux courettes intérieures et des murs remaniés à la Renaissance. En effet, les textes du début du siècle attestent de l’existence du palais (« El Palau ») des comtes de Cerdagne et du Conflent, dont Guifred II (vers 970-1050), en fit sa résidence d’été [Historique de Corneilla-de-Conflent, [en ligne]]. Aussi, l’église Sainte-Marie de Corneilla qui jouxte le palais apparaît également dans les sources historiques. En 1094, le comte Guillaume-Raymond Ier (de 1068 à 1095) indique dans son testament vouloir installer une communauté religieuse en son sein. C’est ce que fit son fils, Guillaume-Jordà (1095-1105) en 1097, avec l’installation d’une communauté de douze chanoines obéissant à la règle de Saint- Augustin, avec à leur tête un prieur sous l’autorité directe de l’évêque d’Elne. Des religieuses sont au service des chanoines, comme en témoigne une épitaphe encastrée dans le mur du collatéral sud (« + ANNO INCARNACIONIS CHRISTI MCLXXVII OBIIT STEPHANIA DE OLCEIA, SOROR HVIVS CONVENTVS », à savoir « L’an de l’Incarnation du Christ 1177 mourut Stéphanie d’Osseja, sœur de cette communauté ») [DURLIAT, 1958, p.221].

Devenue collégiale augustine, l’église Sainte-Marie est transformée en prieuré au 12e siècle, avec la construction d’un cloître par les chanoines. Ce remaniement s’inscrit dans un vaste programme d’agrandissement de l’édifice, qui se devait d’être à la hauteur de l’importance du site d’implantation. En effet, la localité de Corneilla-de-Conflent prend le statut de capitale du comté en 1100 [CCRP. 2005].

Jusqu’à la révolution, le prieur de la collégiale garde son statut de seigneur de Corneilla. De nombreux biens vont être acquis par la communauté religieuse, jusqu’au 15e siècle, où le déclin du prieuré est en marche.

Corneilla-de-Conflent du 14e siècle au 19e siècle

Les premiers recensements de population connues des sources historiques remontent au 14e siècle, avec la généralisation du fogatge (impôt sur le revenu foncier). Tout au long du siècle et jusqu’à la seconde moitié du 15e siècle, le nombre d’habitants est en constante diminution, en raison des nombreuses épidémies qui sévissent (1655 : 33 feux / 1359 : 28 feux / 1365-1370 : 33 feux / 1378 et 1385 : 14 feux / 1470-1490 : 14 feux / 1515 : 16 feux / 1553 : 9 feux) [BATLLE, GUAL, Numéro 11, 1973, p.p. 12,14,15,18, 23, 27, 28 et 31].

Au 18e siècle, la démographie augmente significativement, avec 30 feux entre 1720 et 1740. Suite à la Révolution française, les habitants sont comptabilisés parmi les communes qui composent le canton d’Olette, puis parmi le district de Prades. Au cours du siècle, leur nombre va osciller entre dans les environs de 300 (1787 : 330 habitants / 1792-1793 : 357 habitants / 1798-1799 : 292 habitants) [BATLLE, GUAL, Numéro 11, 1973, p.p. 38, 42, 48, 50, 52].

 Jusqu’à la fin du 19e siècle siècles, les droits de pacages relatifs à l’utilisation des terrains par les troupeaux sont très réglementés sur la commune. Aussi, de nombreux litiges ont eu lieu entre les habitants de Corneilla et ceux des communes voisines, comme ce fut le cas vers 1787. En effet, ils auraient arrachés et détruits des vignes, qui avaient été plantées 40 ans plus tôt par ceux de Villefranche-de-Conflent [A.D.66 : 47 EDT 7].

Plusieurs règlements de police rural ont donc été émis ; celui en date du 2 mars 1851, indique qu’il est possible pour les habitants ou tenanciers de la commune d’introduire 15 bêtes à laine par hectare de terre labourable, sur les vacants communaux. Ces derniers sont des terres appartenant à la commune, sur lesquelles elle perçoit une redevance et en règlemente l’accès. L’article 4 explique que les troupeaux appartenant à des étrangers non domiciliés dans la commune et qui viennent pacager les fourrages d’hiver (appelés localement farratges), doivent être introduits sur les terrains communaux de 11h jusqu’à 1h du soir. Par ailleurs, les zones de pacages sujettes au ravinage, dont les deux principales sont les montagnes de Badebanys et d’Embouilla, ne doivent pas être défrichées. Les arbres et les arbustes n’ont pas à être coupés, car ils permettent de retenir la terre [A.D.66 : 2 Op 1073].

En 1867, le conseil municipal demande à revoir le règlement de police rural. Certains tenanciers forains (probablement de cabanes) non comptabilisés parmi les feux (foyers) introduisent journellement leur bétail dans les vacants communaux. Cette introduction est néfaste pour l’économie locale, car les troupeaux « y broutent les broussailles et arbustes si nécessaires pour la classe pauvre de la commune, qui n’a pas d’autres ressources pour se chauffer ». De plus, les charges qui incombent aux habitants ne le sont pas pour les tenanciers forains qui en sont exempt. Aussi, l’article 2 modifié stipule que les forains sans feux ni lieu de vie dans la commune peuvent faire paître leur bétail seulement pendant 3 mois de l’année, soit du 1er juin au 1er septembre. Une taxe annuelle devrait également être mise en place [A.D.66 : 2 Op 1073].

Corneilla-de-Conflent du 20e siècle à nos jours

 Au cours du 20e siècle, le département des Pyrénées-Orientales est marqué par la survenue d’importantes catastrophes naturelles, dont l’Aïguat entre le 16 octobre et le 20 octobre 1940. Le lit du Cady, habituellement de 2 m à 5 m de large, s’étend d’une dizaine de mètres à 100 m. Au niveau de la route de Corneilla, le torrent atteint jusqu’à 4 m de haut. À Vernet-les-Bains, commune limitrophe de Corneilla, plus de 60 constructions ont été emportées, dont les débris mélangés aux galets ont atterri sur des kilomètres en aval [Vernet-les-Bains. La station ensoleillée du Canigó, des sources thermales et des randonnées. L’aiguat [en ligne]].

Pour autant, la première moitié du siècle va connaître un fort développement de l’arboriculture fruitière et de l’élevage sur le territoire, avec des prés-vergers qui participent grandement à l’économie de subsistance. Des exploitations agricoles diversifiées vont être maintenues jusqu’à la fin du siècle. Vers 1990, le recensement à Corneilla-de-Conflent fait état de 48 exploitations réparties sur 67 hectares (ha), avec 43 ha d’arbres fruitiers (dont 38 ha de pommes, 2 ha de poiriers et 3 de pêches), ainsi que de 23 hectares de pâtures et de fourrage. L’élevage représente quant à lui 31 cheptels de bovins-équins [PÀGES, PUBILL, 1996, p.141]. La diminution progressive de ces activités à la fin du 20e siècle, est liée à l’accroissement du nombre d’habitants et à une urbanisation diffuse, entraînant une plus grande artificialisation des terroirs [Le Conflent, terre fertile en Pyrénées catalanes, Revue Fruits Oubliés, Hors-Série N°1, novembre 2017, p.17]. Ainsi, la commune compte 502 habitants en 1896 contre 292 en 1800, puis 377 en 1954, 394 en 1982 et 426 en 1999 [DELATTRE, 2014, p.65].

Actuellement, la population totale de Corneilla-de-Conflent est stabilisée autour de 500 habitants (514 au 1er janvier 2021) [Insee, Populations légales en vigueur à compter du 1er janvier 2021, p.4 [en ligne]].

 Enfin, outre Ria-Sirach ou encore Taurinya, le riche passé industriel du Conflent se retrouve à Corneilla-de-Conflent, qui possédait deux fours à griller le minerai et une cheminée, construits entre 1900 et 1910 [Témoignage recueilli sur le terrain]. Le minerai était transporté à partir d’une voie depuis les mines de Sahorre, puis empruntait un pont traversant le Cady. Il s’agit de la ligne Rougier, construite en 1900 par l’entreprise Rougier TP Lyon [Le fil du Fer. N°15, 2013, p.48]. Après l’opération de grillage, le minerai partait dans les hauts-fourneaux de Ria afin de produire de la fonte. Fermés en 1963 à la suite de la fermeture des mines de Sahorre, les fours griller ont été rachetés par un Anglais du nom de Hedley Smith, auprès de la commune [Témoignage recueilli sur le terrain]. Aujourd’hui, il subsiste quelques vestiges de ces constructions, non loin de l’ancien moulin à farine dit Paris.

  • Sites de protection
    parc naturel régional

Caractéristiques paysagères et géologiques

 La commune de Corneilla-de-Conflent localisée dans le département des Pyrénées-Orientales, est comprise dans la région du Moyen-Conflent. Elle s’inscrit dans la Communauté de communes Conflent Canigó créée le 1er janvier 2015, regroupant 45 communes et résultant de la fusion entre la Communauté de Communes Vinça Canigou et la Communauté de Communes du Conflent. Le territoire de Corneilla-de-Conflent est également intégré dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes, créé en 2004 et totalisant 139 000 hectares sur 66 communes. Il représente sur cet ensemble 1102 hectares, répartis entre 397 m et 823 m d’altitude. Le village est développé dans la vallée dite du Cady, qui doit son nom à une rivière structurante du Conflent longue de 19,2 km. Celle-ci prend sa source au lieu-dit « Les Gourgs de Cady », à environ 2 400 m d’altitude. C’est entre ce cours d’eau et les rivières de Fillols et de Saint-Vincent (le Cady étant leur exutoire) que se situe Corneilla-de-Conflent.

La localité est limitée au nord par Villefranche-de-Conflent, au nord-est par Ria-Sirach, à l’ouest par Fuilla, à l’est par Fillols et Taurinya, ainsi que Vernet-les-Bains au sud. Son accès est possible depuis la cité de Villefranche par la route départementale 116, qui traverse tout le territoire jusqu’à Casteil. Le centre ancien est desservi par la D 47, permettant de relier la commune à celle de Fillols.

Le territoire de Corneilla-de-Conflent se compose à l’ouest du massif calcaire dévonien de Badabanys, dont la formation géologique a conduit à la formation d’un réseau souterrain nommé « Fuilla-Canalettes », sur une longueur de plus de 15 km [GAILLI, 1996, p.11]. De nombreuses grottes naturelles se sont donc formées, notamment celles des « Canalettes » comprenant la grotte des Canalettes à proprement parlé, ainsi que des Deux-Porches ou Grandes Canalettes et la Cova Bastera (limite avec Villefranche-de-Conflent).

Patrimoine vernaculaire 

De nombreuses constructions en pierre sèches jalonnent les plateaux de Badabanys, entre 650 m et 800 m d’altitude. La plupart sont des cabanes de plan demi-circulaire, avec une entrée développée sur un plan rectangulaire. Aussi, leur voûte est en encorbellement, avec des pierres dégrossies au marteau disposées en décalage afin de soutenir l’ensemble de la structure. La partie sommitale fermée par une ou plusieurs grosses dalles plates, est recouverte de terre et d’une couche végétale (« el terrat » en catalan), avec une maçonnerie en pierres (granit, calcaire et marbre) extraites localement. C’est le cas du marbre rose, provenant de la carrière de Badabanys à 730 m d’altitude.

Lors de ses repérages de terrain effectués dans les années 1950, l’archéologue Anny de Pous a répertorié sur le territoire de Corneilla-de-Conflent 33 constructions en pierre sèche entre 640 m et 760 m d’altitude, dont de nombreuses cabanes sur le plateau d’Ambullà (3 vers l’ancienne carrière de Talc, 8 à l’est, 4 au lieu-dit Les Tuileries) ainsi que le plateau de Badabanys (11) [Fonds Anny de Pous. Boîte n°475. Pierres sèches locales. C-L. Sans date].

L’espace intérieur se compose d’éléments rudimentaires ; sièges ou banquettes en pierres qui pouvaient servir de couche et niches aménagées au ras du sol utilisées en tant que garde-mangers. À Corneilla-de-Conflent, les cabanes s’inscrivent dans un paysage rural caractérisé par la présence de nombreuses terrasses viticoles aménagées en pente. Elles ont majoritairement été construites au 19e siècle, au moment où la viticulture est en plein essor. De nombreuses vignes sont mentionnées sur le cadastre napoléonien au niveau des plateaux précédemment cités, au côté de parcelles défrichées pour la construction de cabanes. Celles-ci servaient donc essentiellement pour les paysans-vignerons, même s’il n’est pas exclu qu’elles aient été employées dans le cadre de l’élevage.  

Cabanes identifiées :

Cabane 1 :

Cadastre : 0A 860 / Lieu-dit La Carole / Coordonnées :  X : 449651 Y : 4713753 / Altitude : 678 m

Caractéristiques : Plan demi-circulaire et entrée sud-ouest avec linteau droit en granit. La voûte intérieure est en encorbellement et la partie supérieure est couverte d’un amoncellement de pierres. L’intérieur est également éclairé par une petite baie orientée nord-est.

Dimensions : Extérieur : 2,50 m (longueur) ; 1,90 m (largeur) / Intérieur : 1,60 m (longueur) ; 1,70 m (largeur)

Porte : 1,30 m (hauteur) ; 0,65 m (largeur)

Cabane 2 :

Cadastre : 0A 857 / Lieu-dit La Carole

Coordonnées : X : 449734 Y : 4713926

Caractéristiques : Plan demi-circulaire et entrée sud-est en pierre calcaire. L’édicule est construit en pente, en suivant l’inclinaison des anciennes terrasses. Deux niches superposées sont conservées dans la paroi intérieure nord.

D’autres constructions en pierres sèches ont été observées sur le terrain, notamment l’orri ou cabane dite d’Ambullà, située à 755 m d’altitude (voir la notice d’inventaire). Elle se trouve sur un important site pastoral, comprenant également plusieurs cortals. Ces derniers sont des bergeries, pour la plupart en état de ruine. Ils sont toutefois reconnaissables à travers la conservation de soubassements de murs développés sur un plan quadrangulaire, ainsi que la présence d’un pilier maçonné qui soutenait autrefois la toiture à un pan. Quelques cortals sont antérieurs à 1810, dont le cortal dit Lacroix (0A 1022, 0A 217, lieu-dit Las Clots, 722 m), du nom de son ancien propriétaire. Il apparaît sur le cadastre napoléonien, entouré de terres agricoles et de parcelles en friche.

Forme urbaine et typologies

 Le développement du centre ancien de Corneilla-de-Conflent est intimement lié à l’important pôle religieux et militaire présent depuis le 11e siècle, avec l’ancien château des comtes de Cerdagne-Conflent et la collégiale/église paroissiale Sainte-Marie. Aussi, le bâti situé au nord et au sud de l’église est sans doute le plus ancien du village. Certaines habitations gardent des caractéristiques propres à l'architecture médiévale, dont celle qui est attenante au clocher, cadastrée 0B 877 (N°1 Carrer d’Amunt). Il s’agit d’une habitation à étage en encorbellement (nord), qui appartenait autrefois au bénéficier de Saint-Raphaël. Elle conserve en façade orientale les corbeaux qui soutenaient la toiture d’une des galeries du nouveau cloître de l’église Sainte-Marie [Notre-Dame de Cornellà, Cazes, guide touristique, p.7].

Dans la seconde moitié du 19e siècle, des remaniements du bâti développé de part et d’autre de l’église ont été réalisés, notamment la suppression « d’une vieille maison » masquant le portail ouest et la façade de l’église. Cette habitation pourrait correspondre à l’habitat situé au nord, dont il subsiste encore aujourd’hui l’extrémité occidentale (B4 820 sur le cadastre de 1810 / 0B 1456 sur le cadastre de 2022). Le projet de restructuration du bâti avait déjà été discuté avec l’architecte Basterot dit Prosper de la Barrière, chevalier de Basterot, actif dans le département des Pyrénées-Orientales. Sa demande fut pour ce faire envoyée au préfet par courrier en date du 30 avril 1852, et en mai 1852 à Jaubert de Passa, alors inspecteur des monuments historiques de Perpignan [A.D.66 : 2 Op 1067].

En dehors du pôle château/église, l’habitat est concentré de part et d’autre de la place de la place de la République. De cette espace stratégique, partent les rues structurantes du centre ; Carrer del Canigó, Carrer de la font de la Barrera, Carrer del Vidre et Carrer del Bac, ainsi que le Carrer d’Amunt. Les îlots se composent de parcelles enchevêtrées entre elles ou disposées en lanières. Celui compris entre les Carrer del Canigó, de la font de la Barrera et de la Casa de la Vila, a été véritablement urbanisé après la première moitié du 19e siècle. Sur le cadastre napoléonien, les parcelles situées au plus proche de la place centrale sont urbanisées, tandis que l’arrière de l’îlot est organisé autour de terres et de jardins, avec quelques corps de bâtiments isolés pour les fonctions agricoles.

Le groupement au plus près du centre laisse imaginer qu’une enceinte de protection devait compléter le dispositif fortifié en place. Si son existence reste à retrouver dans les anciennes sources historiques, celle-ci devait posséder une ou plusieurs portes. Un décroché de mur en maçonnerie apparente situé entre les parcelles 0B 959 et 0B 960 (B4 891 et B4 892 sur le plan de 1810), pourrait correspondre à l’emplacement de l’une d’entre elles.

Plusieurs habitations se distinguent par leur encadrement de porte d’entrée en pierre de taille (granit), typiques des 18e et 19e siècles. Ce traitement soigné de la façade principale permet de faire la distinction entre la maison simple et la petite maison bourgeoise. L’analyse des linteaux permet d’identifier les transformations du bâti dans le temps, à l’intérieur et hors espace fortifié. Les portes du 19e ont un linteau surbaissé avec clé saillante. Leur encadrement est sans chanfrein ni moulure. Au N°7 place de la République, la clé porte la date « 1829 » gravée, accompagnée d’un monogramme aux lettres J et M (?) entremêlées, qui sont les initiales des anciens propriétaires. Au N°2 Carrer d’Avall, la porte possède un linteau surbaissé pratiquement délardé, probablement daté de la seconde moitié du 18e siècle.

Les maisons observées à Corneilla-de-Conflent sont typiques de l’habitat journalier, conçu à la fois pour loger des familles d’ouvriers et le petit bétail. Aussi, les façades sur rue ont généralement deux travées de baies, issues de divisions de parcelles au cours du 19e siècle. De manière générale, les façades traditionnelles ont une maçonnerie rudimentaire, associant moellons et galets de pierres locales.

Habitat traditionnel :

La rue de la font de la Barrera concentre des maisons simples à soubassement et un ou deux niveaux supérieurs. Le rez-de-chaussée correspond à l’espace de remisage, éclairé par un fenestrou (petite baie) à grille de défense verticale en fer forgé (« esquinxes-roba » en catalan), tandis que l’étage supérieur, accessible par un emmarchement maçonné, à l’espace de vie commune (cuisine, etc.). Plusieurs cartes postales probablement datées de la fin du 19e siècle, permettent de visualiser des maisons anciennes de Corneilla-de-Conflent, avec four à pain de forme demi-circulaire et saillant au niveau du premier étage. Ce niveau est surmonté d’une terrasse supérieure intégrée en applique d’un deuxième niveau, formant une galerie hors-œuvre. Des piliers en bois bruts soutiennent la galerie et constituent une structure de type brane. La façade principale correspondant au mur gouttereau, est protégée par une toiture à charpente débordante, elle-même maintenue par plusieurs piliers de la galerie. De plus, les maisons traditionnelles du village ont une toiture couverte de tuiles canal à deux pentes ou en appentis, avec un avant-toit composé de pannes (côté mur pignon) et de chevrons (côté mur gouttereau) débordants.

L’état actuel du bâti résulte d’un mouvement général d’embellissement des maisons, porté après les années 1850 et dans la première moitié du 20e siècle. Les baies vont être ordonnancées entre elles et les façades sur rue recouvertes d’un enduit, à l’exception de certaines maçonneries apparentes reprises avec suppression des galeries. L’enduit permet dans certains cas d’imiter la pierre de taille (N°7 place de la République), ou encore de réaliser des effets décoratifs en relief (écailles au N°2 place de la République). Les chambranles des baies ont également un enduit mais de teinte différente, rehaussé de motifs sculptés.

Enfin, les débords de toiture et corniches apportent une qualité architecturale complémentaire à leur fonction technique. Des frises polychromes agrémentent certaines corniches, comme c’est le cas de celles des habitations citées ci-dessus, ornées de formes géométriques ou liées à l’arboriculture fruitière locale (pommes et poires au N°7). Des motifs plus classiques telles que palmettes à rinceaux et denticules se retrouvent sur les débords en terre cuite (N°11 place de la République).

Documents d'archives

  • 1810
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  • 1810
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  • 1820-1866
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  • 19e siècle
  • 1823-vers 1913
  • 1823-vers 1913
  • 1883-vers 1913
  • 1914-1936
  • 1914-1936
  • 1914-1936
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  • Sans date
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Bibliographie

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  • Juillet 2005
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Périodiques

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  • 2007
  • 1980
  • Fonds Anny de Pous - Boîte N°447

    Médiathèque de Prades
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  • Novembre 2017

Documents multimédia

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  • 1906
  • https://mediterranees.net/biographies/capeille/

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  • 1835
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  • 2016
  • Décembre 2020
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Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie