Le territoire de Corneilla-de-Conflent est formé d’un important réseau hydraulique, lié à la présence de nombreux cours d’eau. Pour autant, les pénuries semblent s’être renforcées au fil du temps, conduisant la municipalité à effectuer des travaux de restructuration des points d’alimentation du village.
Projets fontinaux :
Le premier projet dressé par un architecte du nom de Sayus, fait suite à une délibération en date du 12 avril 1896, par laquelle le conseil municipal de la commune décide de porter le projet d’amélioration des fontaines publiques du village, consistant à refaire la canalisation et à effectuer un captage d’une nouvelle source [A.D.66 : 2 Op 1074]. Pour cela, une analyse de l’eau a été faite par un pharmacien du nom de Jules Carrère. Ce dernier, qui a également été sollicité à Casteil pour l’analyse des eaux dans le cadre du projet fontinal, est très certainement issu de l’ancienne famille de noblesse du Roussillon, dont plusieurs membres sont devenus médecins. C’est le cas de François Carrère (1622-1695), médecin en chef des armées espagnoles ou encore de Thomas Carrère (1714-1764), médecin et recteur de l’université de Perpignan, reconnu pour ses études apportées sur les eaux des sources de Molitg au 18e siècle [BONET, BALENT, MARTY et alii, 2017, p.p. 184-186].
Selon le rapport des analyses chimique et micrographique de cette nouvelle source dite « la Espinassouse » rédigé par Jules Carrère en avril 1896, l’eau possède toutes les qualités physiques d’une bonne eau potable. En effet, elle se révèle limpide, incolore, inodore, fraîche, aérée, avec une température constante à 8°. De plus, elle cuit bien les légumes, ne se trouble pas par la chaleur, ne coagule pas le savon. « Elle jaillit d’un terrain granitique, au sommet d’une colline boisée, sur la rive gauche de la rivière, à 600 m (…). Cette source est connue depuis de nombreuses années et est éloignée de toute habitation, donc de tout potentiel foyer d’infection [A.D.66 : 2 Op 1074].
Dans le premier quart du 20e siècle, un second projet fontinal est mis en œuvre, afin de réparer les conduites d’eau potable des fontaines, lavoirs et abreuvoirs publics. Les travaux ont notamment concerné la réfection des réservoirs, le remplacement des tuyaux et la reconstruction de certains points d’eau. En effet, la commune se trouve encore régulièrement sans eau, « par fuite de la canalisation délabrée, défectueuse et effondrée, dans presque tout son parcours. De plus, « des sommes sont dépensées en pure perte, pour l’entretien de cette conduite d’eau » [A.D.66 : 2 Op 1074]. La canalisation en place est ancienne, puisqu’elle est en tuyaux de poterie. Aussi, elle a été emportée à plusieurs reprises et refaite dans un matériau peu résistant.
Le projet a été dressé par l’architecte et ingénieur M. Edmond Boixo le 23 juin 1902 et les travaux portés à 7750 francs mis en œuvre jusqu’en 1903. Ces derniers vont être confiés à un entrepreneur de Fillols du nom de Joseph Alart [A.D.66 : 2 Op 1074]. Un plan d’ensemble du réseau fontinal signé par l’architecte à Villefranche, le 24 mars 1902, permet de voir l’emplacement des points d’eau existants, dont l’alimentation en eau s’effectue depuis une prise située dans la rivière de Fillols. Aussi, selon le devis explicatif des travaux, les tuyaux adoptés pour la canalisation devront être en fonte (système petit), le sable extrait du lit de la rivière de Fillols et la chaux provenir des usines de Le Theil (commune située dans l’Allier) [A.D.66 : 2 Op 1074].
Adduction et traitement d’eau potable :
L’adduction d’eau potable sur la commune est pensée dans les années 1940, en mutualisant l’alimentation avec celle de Vernet-les-Bains. En effet, trouver un second captage indépendant de celui de la ville thermale reste complexe. Aussi, l’Ingénieur du Génie Rural demande qu’un captage et des conduites d’adduction soient prévus, afin de pouvoir desservir à terme les deux communes. Dans ce sens, la création d’un syndicat intercommunal pour l’adduction d’eau a été mise en œuvre, comme le relate un courrier du service du Génie Rural au Président de la Délégation Spéciale de Vernet-les-Bains, émis le 16 février 1942. Il est question de définir le but du syndicat intercommunal comme étant « étendu à la construction de tous les ouvrages d’alimentation en eau potable, à l’exclusion des reconstructions consécutives aux inondations d’octobre 1940 et à l’exploitation des seuls ouvrages d’utilité commune (captage, adduction) ». À la suite de l'aïguat, les installations permettant de fournir l’eau potable à la commune de Vernet-les-Bains ont été détruites et les emplacements choisis pour la prise d’eau de Corneilla-de-Conflent transformés. Le projet a donc consisté à réaliser une alimentation en eau potable desservie par un point d’eau unique : le captage des sources en amont de Vernet-les-Bains [A.D.66 : 175 EDT 128]. Le Syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable du Canigou, a par ailleurs mis en œuvre le projet de construction et d’exploitation de l’usine de traitement des eaux.
Actuellement, la distribution de l’eau potable dans les communes rattachées au SIVOM de la vallée du Cady s’effectue à partir d’une prise d’eau, située en rive droite du Cady (« Roc des Ermites ») et de trois forages. Ceux-ci sont des compléments non négligeables de la captation du Cady, notamment lors des périodes d’étiages et des crues, où la turbidité de l’eau est importante (forte teneur de l’eau en particules). Par ailleurs, les fontaines ne sont pas encore remises en eau en raison des travaux à effectuer sur le réseau [A.D.66 : 175 EDT 128].
Points d'eau du village :
Fontaine-abreuvoir : Coordonnées : Domaine public / Place de la République
Une première fontaine semble déjà existante en 1853 sur la place publique, puisqu’il est question de la remplacer en raison de son très faible débit. Le 18 avril 1858, le conseil municipal vote donc une imposition extraordinaire pour la construction d’une nouvelle fontaine sur la place publique, alimentée par une source située dans la propriété d’un habitant du nom de Valentin Restany Cadeil [A.D.66 : 2 Op 1074]. Selon le détail des travaux, la conduite de la source doit être réalisée avec des tuyaux en poterie de Narbonne, vernis intérieurement et d’un diamètre de 6 centimètres, joints et scellés avec du ciment de Pouilly. De plus, il est prévu de construire à la prise d’eau « un bassin pour réunir les sources, et une grille en fer devra être placée à l’embouchure du premier tuyau. Le bassin sera bien cimenté et bien recouvert afin que les eaux ne filtrent pas et que les eaux pluviales et d’arrosage ne puissent se mêler avec la source » [A.D.66 : 2 Op 1074].
Malgré le remplacement de la fontaine primitive, la pénurie d’eau qui sévi dans la commune conduit la municipalité à réaliser à la fin du siècle de nombreux projets d’amélioration de distribution pour les besoins des habitants et l’abreuvage des bestiaux. En effet, la source précédemment décrite appelée « Marie Clare » et utilisée pour la fontaine, est régulièrement tarit. La commune se retrouve donc à utiliser les eaux de la rivière, comme l’atteste le projet de 1876. Quatorze ans plus tard, des réparations urgentes sont faites à la fontaine, notamment l’adjonction de nouvelles sources, afin d’écarter du réservoir de cette dernière les eaux étrangères venant de la rivière ou de l’arrosage des propriétés voisines [A.D.66 : 2 Op 1074].
Le second projet fontinal dressé par l’architecte Edmond Boixo le 23 juin 1902 et consistant à réparer les conduites d’eau potable aux fontaines, lavoirs et abreuvoirs ainsi que la reconstruction de certains points d’eau, prévoit de remplacer à nouveau la fontaine de la place par un type plus monumental. L’élévation projetée sur plan le 24 mars 1902, permet de visualiser une fontaine à piédestaux de plan carré et en pierre de taille, au sommet duquel se trouve un fronton triangulaire à entablement, dont le modèle est inspiré de la tradition antique. De plus, les piédroits supportant l’architrave sont positionnés de part et d’autre d’un cartouche faisant apparaître la date « 1902 » [A.D.66 : 2 Op 1074]. La fontaine n’a finalement pas été réalisée, puisque la construction actuelle ne correspond pas à celle projetée. Aussi, la statue qui surmonte la fontaine a été achetée en 1903 pour l’ornementer. Elle provient des fonderies de Tusey (Meuse) [CAZES, 4ème Trimestre 1991, p.46].
Fontaine dite « Font de la Barrera » et oratoire Notre-Dame : Coordonnées : 0B 974 / Carrer de la Font de la Barrera, d’Avall et de la Vila
Cette fontaine est au moins existante depuis le 14e siècle, puisqu’il est fait mention en 1349 de l’autel Sainte-Marie Madeleine situé « à l’intérieur du village fortifié de Cornellà » (« sis infra castrum de Corneliano ») [CAZES, 1970, p.35]. Aussi, l’appellation de la « Barrera » (barrière en catalan), pourrait renvoyer à une enceinte de protection du village. La niche-oratoire qui surmonte la fontaine conserve une statue assise en marbre blanc, probablement datée du 14e siècle. Celle-ci pourrait avoir été mentionnée en 1666, car il existe une sépulture « au cloître nouveau, devant une image de Notre-Dame ». Lorsque ce cloître a été démoli entre les 18e et 19e siècles, il est possible que la statue ait été transporter à son emplacement actuel. Sa mutilation serait par ailleurs liée à une chute malencontreuse [CAZES, 1970, p.35].
Des restaurations sur la fontaine ont été apportées en 2005 [Exposition. Saint-Michel de Cuxa. 2007] et vers 2020 [Témoignage recueilli sur le terrain].
Fontaine-abreuvoir : Coordonnées : 0B 933 / Camí de la Torre :
19e siècle ?
Fontaine-abreuvoir : Coordonnées : Domaine public / Carrer d’Amunt
Contemporaine des autres points d’eau du village, la fontaine-abreuvoir a été réhabilitée en 2021. Il s’agit à l’origine d’une fontaine-lavoir alimentée par le canal d’irrigation du Touron, telle que l’atteste une photographie prise en 2015 [Les trésors des Pyrénées-Orientales. Corneilla-de-Conflent. Lavoir-fontaine derrière l’église. 19/09/2015 [en ligne]]. La municipalité souhaite actuellement mettre en place un circuit fermé, à partir de l’eau de la ville qui pourra être rejetée dans le canal du Touron.
Lavoir et actuelle salle communale : Coordonnées : 0B 1156 / Camí Sant Jaume / N°2 El Palau
Le lavoir est très certainement une construction du premier quart du 20e siècle. C’est actuellement un espace communal dit « La Salle du Lavoir », proposant diverses activités (tai-chi, ping-pong).
Pharmacien actif à Prades (19e siècle et 20e siècle)