• opération ponctuelle, PCR Sainte-Christie-d'Armagnac
ensemble dit le Castet
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Gers - Nogaro
  • Commune Sainte-Christie-d'Armagnac
  • Cadastre 1836 C 807  ; 2021 0C 420

Le Castet de Sainte-Christie-d'Armagnac est un site exceptionnel pour l'histoire de la Gascogne médiévale. On peut suivre l'évolution du site entre le 8e et le 21e siècle, grâce aux données issues des fouilles archéologiques, des études d'archéologie du bâti et des archives : nécropole et église carolingienne, motte castrale et sa basse-cour, village protégé par un rempart en terre crue, basculement du village dans le faubourg et réaménagement de l'espace au profit d'un ensemble seigneurial dont subsiste un logis en pan de bois du début du 16e siècle conservant notamment des éléments d'un décor peint couvrant murs et plafonds.

L’ensemble du site de Sainte-Christie-d'Armagnac est inscrit au titre des MH en 2014 et une partie du Castet est classée en 2016 (rempart + logis seigneurial). La CRPA a émis un avis favorable au classement de l’ensemble du site en 2024, le dossier doit être présenté en CNPA. Un Projet collectif de recherche (PCR) s’est mis en place à partir de 2017 sous la direction d'Alain Champagne (Université de Pau et des Pays de l'Adour). Dans ce cadre, plusieurs des éléments bâtis qui constituent le Castet ont été étudiés, et des campagnes de sondages archéologiques ont été réalisés en son cœur et à ses abords.

Le Castet comprend trois plateformes : une plateforme basse au nord (parking), une plateforme intermédiaire au centre (cœur du Castet) et une plateforme haute au sud (ancien cimetière). En 2021, un sondage a été ouvert dans la plateforme basse, révélant la présence de plusieurs niveaux de remblais (Nicolas Guinaudeau). Les carottages réalisés dans cette même plateforme en 2023 (Alessandro Peinetti) ont montré qu’elle était le résultat d’un important remblaiement volontaire, peut-être à l’époque moderne. La topographie initiale du site de ce côté, alors plus accidentée qu’aujourd’hui, n’est pas connue. Trois sondages ont été ouverts sur la plateforme intermédiaire en 2021 (Nicolas Guinaudeau). Les deux premiers, au centre de la cour, ont livré très peu de vestiges archéologiques. Les structures les plus anciennes semblent avoir disparu par arasement. Les niveaux les plus anciens identifiés au centre de la cour sont des niveaux de circulation probablement du 16e siècle. Le troisième sondage, implanté dans l’angle nord-ouest de la plateforme, entre le logis seigneurial et les anciens communs, a livré plusieurs structures en place. La plateforme haute a fait l’objet de sondages archéologiques le long du mur sud de l’église en 2022 (Yoan Mattalia) et entre l’ancien et le nouveau cimetière en 2024 (Nicolas Guinaudeau). Le premier a permis de confirmer la présence d’une nécropole précédant la construction de l’église, ce qui constitue les vestiges médiévaux les plus anciens observés sur le site. Le second a confirmé la présence d’un fossé suspecté en raison de la présence de la mare plus au nord et révélé par Alessandro Peinetti en 2023, grâce à des sondages à la tarière manuelle. Ce fossé, qui présente un profil aux parois évasées et à fond concave, mesurait 8,60 m de large, pour 3 m de profondeur environ. La séquence stratigraphique de la dynamique de comblement du fossé s’étale entre le Moyen Âge central (10e-12e siècles) et la période moderne (16e-17e siècles).

Les études menées sur le bâti de l’église, du logis seigneurial et des anciens communs apportent des jalons chronologiques complémentaires pour l’ensemble du Castet. Les éléments les plus anciens observés se trouvent sur l’église dont un premier état remonte à la période comprise entre la fin du 8e et la fin du 10e siècle. Le rempart en terre massive semble avoir été édifié entre la fin du 13e siècle et la fin du 14e siècle, peut-être sur les vestiges d’un élément plus ancien. Il a été réhaussé au moment de la construction du logis seigneurial, à la fin du 15e siècle ou au début du 16e siècle. C’est aussi de cette période que datent le rempart nord contre lequel s’appuient les anciens communs et la reconstruction de la tour sur le chœur de l’église.

Les archives livrent quelques données qui permettent de préciser l’histoire du site. Il est mentionné dès le 11e siècle dans le Cartulaire de Saint-Mont et le castrum à partir de la fin du 13e siècle. Le livre de reconnaissances de 1500 prouve que le village était alors installé au nord de l’église, à l’emplacement de la cour du Castet, mais que le faubourg au nord-est de la motte était déjà relativement peuplé. On dénombre alors une trentaine de maisons dans le village, dont une maison dite seigneuriale. Dans le compoix de 1670, la situation a beaucoup changé et le faubourg est devenu le village. Le Castet n’accueille plus alors que l’ensemble seigneurial, l’église et le cimetière. L’ensemble seigneurial comporte une salle noble au nord de l’église, une autre salle non noble plus au nord, des places vacantes et des écuries. Enfin, deux documents datés de 1739, donnent une description précise des biens seigneuriaux du Castet. Les bâtiments sont répartis autour de la cour à laquelle on accède par une entrée au nord. L’entrée ouest est réservée pour l’église et ne permet pas d’accéder à la cour seigneuriale. L’enceinte est bâtie en terre crue sur les côtés nord, est et ouest, seul le sud est occupé par l’église. Sur le côté ouest prend place le logis seigneurial, ainsi que plusieurs parties d’édifices en plus ou moins bon état de conservation (four à pain, cuisine, chambre, etc.). Au nord de la cour se trouvent l’entrée surmontée d’un pigeonnier, un poulailler, un fenil et des « mazures ». Le côté oriental est occupé par une étable, une écurie, un fenil et un pressoir.

L’ensemble des données recueillies par les différents chercheurs dans le cadre de ce PCR permet de proposer une première chronologie pour le Castet, qui sera affinée par les recherches des années à venir :

-          fin 8e-fin 10e siècle : implantation de la nécropole et de l’église, entourées d’un fossé ;

-          mi 11e-début 13e s. : aménagement de la motte (pas à proprement parler sur le Castet, mais à proximité immédiate) ;

-          fin 13e-fin 14e siècle : implantation (ou mise en fortification) d’un village au nord de l’église, avec construction du rempart en terre massive ;

-          14e-15e siècle : extension du village dans le faubourg au nord-est de la motte ;

-          16e siècle : basculement du village dans le faubourg, réaménagement du Castet au profit du seigneur tout en maintenant l’accès des villageois à l’église ; rehaussement du rempart, construction du logis seigneurial, arasement de la cour, construction des communs autour de la cour ;

-          époque moderne : disparition progressive de l’essentiel des bâtiments seigneuriaux qui fermaient la cour et effacement quasi-total des fossés.

  • Période(s)
    • Principale : Haut Moyen Age
    • Principale : Milieu du Moyen Age
    • Principale : Fin du Moyen Age
    • Principale : 16e siècle

La plateforme du Castet est située dans la partie orientale du village. Elle forme un quadrilatère irrégulier d’environ 83,50 m de long sur 49,50 m de large. Le Castet comprend trois plateformes : une plateforme basse au nord (parking), une plateforme intermédiaire au centre (cœur du Castet) et une plateforme haute au sud (ancien cimetière). Celle qui nous intéresse particulièrement ici est la plateforme intermédiaire. Elle est bordée par le rempart et le logis seigneurial, à l’ouest, par les anciens communs et le pigeonnier, au nord et par l’église, au sud. Elle constitue le cœur de l’ensemble seigneurial. Pour la description de chacun des éléments bâtis, nous renvoyons aux parties constituantes étudiées : maison dite logis seigneurial (IA32110536) ; rempart en terre crue (IA32110537) ; anciens communs (IA32110538) ; église paroissiale Saint-Pierre (IA32000746).

  • Murs
    • terre
    • pierre
    • brique
  • Typologies
    village castral
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Protections
    inscrit MH, 2014/12/31
    classé MH, 2016/06/16
  • Précisions sur la protection

    Sol (parcelles C 419 à 422, 430), bâtiment nord, logis et rempart en terre crue en totalité (C 420) : inscription par arrêté du 31 décembre 2014. Rempart ouest en terre crue et logis adossé (C 420) : classement par arrêté du 16 juin 2016.

Documents d'archives

  • AD Gers, 3 P Sainte-Christie-d'Armagnac/10, plan cadastral, 1836.

    AD Gers : 3 P Sainte-Christie-d'Armagnac/10
  • AD Gers, E suppl. 1030, Livre de reconnaissances de Sainte-Christie en 1500, copie de 1643.

    AD Gers : E suppl. 1030
  • AD Gers, E 1694, Compoix, 1670.

    AD Gers : E 1694
  • AD Gers, E suppl. 1030, État des droits seigneuriaux et des réparations faites ; Verbal de l’état de la terre de Sainte-Christie ; 1739.

    AD Gers : E suppl. 1030
  • SOULARD, Laura, KLEIN, Alain et AUSSILLOUX, Aude, Le Castet, Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport d’opération archéologique du bâti 2020, 2021.

Bibliographie

  • COURTES, Georges (dir.), Communes du département du Gers, Tome 2 : l'arrondissement de Condom, SAHG, Auch, 2004.

    p. 368-369
  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2019, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2019 (https://hal.science/hal-02968716).

  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2018, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2018 (https://hal.science/hal-02139911).

  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Sainte-Christie-d'Armagnac (Gers), rapport de prospection inventaire, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2017 (https://hal.science/hal-01787825).

  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2020, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2020 (https://hal.science/hal-03283247).

  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2021, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2021. (https://hal.science/hal-04254975v1)

  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2022, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2022. (https://univ-pau.hal.science/hal-04582131v1)

  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2023, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2023. (https://univ-pau.hal.science/hal-04582118v1)

  • CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2024, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2024. (https://univ-pau.hal.science/hal-05038500v1)

  • CURSENTE, Benoît, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Gascogne gersoise, CNRS, Bordeaux, 1980.

    p. 156
  • GUINAUDEAU, Nicolas (dir.), La motte de Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), FP 2024, Rapport final d’opération 2024, Acter archéologie, 2024.

  • GUINAUDEAU, Nicolas (dir.), Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Au village, Rapport final d’opération 2021, Acter archéologie, 2021.

  • GUINAUDEAU, Nicolas (dir.), Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Plate-forme du Castet, Rapport final d’opération 2020, Acter archéologie, 2020.

  • GUINAUDEAU, Nicolas (dir.), Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Plate-forme du Castet, Rapport final d’opération 2019, Acter archéologie, 2020.

  • KLEIN, Alain, Étude en vue d’une protection au titre des Monuments historiques, étude commanditée par la Drac Midi-Pyrénées, 2013.

  • SOULARD, Laura, KLEIN, Alain et AUSSILLOUX, Aude, Le Castet, Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport d’opération archéologique du bâti 2021, 2022.

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2023, 2025