L'église paroissiale Saint-Pierre est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 2014 (protection de l'ensemble du Castet). Elle a fait l'objet dun premier dossier d'inventaire du patrimoine en 2017 par Alexandra Buvignier (Département du Gers). Dans le cadre du Projet collectif de recherche portant sur le site de Sainte-Christie-d'Armagnac, l'église a été au cœur de nouvelles recherches d'archéologie du bâti menées par Yoan Mattalia en 2019, 2021 et 2022 (rapport en cours). Ce projet collectif a débuté en 2017 et est dirigé par Alain Champagne (université de Pau et des Pays de l'Adour). Les observations archéologiques réalisées sur l'église laissent entrevoir l'existence d'un édifice à l'architecture complexe largement remanié au fil des siècles.
Le plan du premier état de construction de l'édifice ecclésial conservé en élévation se dessine peu à peu. Il pourrait s'agir d'une église à chevet plat ou à petit choeur de plan carré greffé sur un mur de chevet associé à un système d'annexes latérales ou de petit transept édifiée au 10e et/ou au 11e siècle. Ce premier état de construction est bien identifiable. Il se caractérise par la mise en oeuvre de maçonneries en petit appareil liées au mortier très dur (chaux et cailloux) et assemblées par un système de palplanches. On retrouve cet appareil particulier dans de nombreuses églises du sud-ouest de la France, mais dont la construction reste, pour l'heure, mal datée. Seule une partie du mur gouttereau nord et du mur de chevet appartiennent à cette première phase de construction. L'édifice, qui était probablement charpenté, se singularise par la hauteur importante de ses murs et la présence de fenêtres non ébrasées couvertes par des arcs en plein cintre.
La nef a ensuite été élargie au nord durant le Moyen Âge. Il est impossible de préciser plus avant la chronologie de son agrandissement. Au 13e ou au 14e siècle, l'édifice ecclésial subit des remaniements qui pourraient être liés à sa mise en défense. À l'est, une tour en maçonnerie de briques a certainement été construite sur le premier choeur de plan carré ou a remplacé celui-ci lors de la surélévation générale de l'édifice au 13e et/ou au 14e siècle. Une porte témoigne de l'existence d'une circulation entre la partie supérieure de la nef et la partie supérieure de la tour. Une autre tour a également été édifiée au nord-est de l'église au 13e ou au 14e siècle. Elle s'appuie contre le mur nord du premier état de construction de l'église et doit être associée à la présence, à l'ouest, d'un bâtiment qui a intégralement disparu mais qui permettait initialement d'accéder au second niveau de la tour dont la fonction reste inconnue. Sa mise en oeuvre privilégie l'utilisation de matériaux en remploi provenant du premier état de construction de l'église. Cette tour semble comporter trois niveaux : un premier inaccessible, un deuxième voûté en berceau brisé éclairé par un jour rectangulaire et un troisième également inaccessible éclairé par deux jours rectangulaires.
La tour orientale a été détruite puis remplacée au 15e siècle par une tour en maçonnerie de pierres qui a ensuite été surélevée par une nouvelle construction en maçonnerie de briques au 16e siècle. Le premier niveau voûté et éclairé par une fenêtre axiale est accessible depuis la nef après le percement et la construction d'un grand arc triomphal. Il sert de nouveau choeur architectural et liturgique. La surélévation est composée de trois murs en maçonneries de briques édifiés sur l'arase de la tour et qui sappuient contre la surélévation gothique du mur de chevet en maçonnerie de briques. Ce niveau est accessible par un escalier en vis édifié en même temps que la surélévation de la tour. On pénétrait dans la cage d'escalier depuis le choeur de l'église après le percement du mur sud de la tour en maçonnerie de pierres. L'escalier se prolongeait initialement et desservait peut-être un niveau supplémentaire de la tour.
La construction du collatéral nord durant la période moderne et le percement des trois grandes arcades modifient profondément le mur gouttereau nord de l'église. Par ailleurs, certaines parties du parement extérieur du mur de chevet de l'église et du mur oriental du bâtiment nord sont probablement remaniées durant cette même période, peut-être lors de la construction d'un bâtiment à l'est de l'église qui a aujourdhui disparu.
Au 19e siècle, la tour subit de nouvelles modifications. Le rez-de-chaussée de l'édifice est transformé en sacristie. L'arc triomphal est bouché et une porte est percée pour accéder à cette pièce dans laquelle un placard et une cheminée sont aménagés, tandis qu'une nouvelle fenêtre est percée dans le mur sud de la tour. L'escalier en vis qui desservait les niveaux supérieurs de la tour semble sêtre effondré durant cette période. Toute la partie inférieure de l'escalier est reprise en sous-oeuvre. Une nouvelle porte d'accès est aménagée à l'extérieur de l'édifice tandis que l'accès originel à l'escalier en vis est transformé en latrines associées à la sacristie. Le mur gouttereau nord est également modifié, du moins prolongé par deux murs successifs. La partie supérieure du mur de chevet et la partie supérieure du bâtiment nord sont arasées et reconstruites pour servir d'appui à une nouvelle charpente.
Un vaste projet est imaginé entre 1879 et 1880 (archives communales) afin de solenniser l'entrée de l'église par la construction d'un escalier monumental, accessible depuis la route du fossé, et d'un porche. Le projet prévoit aussi le remplacement du plafond par une voûte d'ogives et la reconstruction du mur gouttereau sud. Seule cette partie du projet est finalement réalisée dans les années 1880 (Archives départementales du Gers, E supplément 4704).