Ce site conserve des vestiges bâtis exceptionnels : église carolingienne, motte castrale, rempart en terre crue, logis seigneurial. Les travaux du PCR ont permis de renouveler totalement l'histoire de ce site et de démontrer son intérêt primordial pour la connaissance des petites agglomérations médiévales dans le Sud-Ouest et bien au-delà.
- enquête thématique départementale, Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen Age
- opération ponctuelle, PCR Sainte-Christie-d'Armagnac
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Gers - Nogaro
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Commune
Sainte-Christie-d'Armagnac
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Cadastre
1836 C 807 à 809 et 820 à 841 ;
2015 OC 404 à 432
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Dénominationsvillage
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Parties constituantes étudiées
L’ensemble du site de Sainte-Christie-d'Armagnac est inscrit au titre des MH en 2014 et le Castet est classé en 2016. La motte est quant à elle inscrite en 2015. La CRPA a émis un avis favorable au classement de l’ensemble du site en 2024, le dossier doit être présenté en CNPA. Un Projet collectif de recherche (PCR) s’est mis en place à partir de 2017 sous la direction d'Alain Champagne (Université de Pau et des Pays de l'Adour) afin d'étudier le site dans son ensemble, de retracer son histoire dans la longue durée et de tenter de déterminer comment les différents éléments qui le constituent s'articulent et se sont formés au fil du temps. En effet, bien que l'origine médiévale du village de Sainte-Christie-d'Armagnac soit incontestable, les données historiques concernant cette période étaient alors quasiment inexistantes. Les travaux du PCR, s’appuyant sur l’archéologie sédimentaire, l’archéologie du bâti et l’analyse des sources écrites, mais aussi sur d’autres disciplines (dendrochronologie, micromorphologie, etc.), ont permis de renouveler totalement l’histoire du site et de démontrer son intérêt primordial pour la connaissance des petites agglomérations médiévales dans le Sud-oOuest et bien au-delà.
En l’état actuel des connaissances (qui pourront être renouvelées avec la suite des travaux du PCR), le village de Sainte-Christie-d’Armagnac s’est formé de la manière suivante :
- fin 8e-fin 10e siècle : implantation de la nécropole et de l’église, entourées d’un fossé ;
- mi 11e-début 13e s. : aménagement de la motte ;
- fin 13e-fin 14e siècle : implantation (ou mise en fortification) d’un village au nord de l’église, avec construction du rempart en terre massive ;
- 14e-15e siècle : extension du village dans le faubourg au nord-est de la motte ;
- 16e siècle : basculement du village dans le faubourg, réaménagement du Castet au profit du seigneur tout en maintenant l’accès des villageois à l’église ; rehaussement du rempart, construction du logis seigneurial, arasement de la cour, construction des communs autour de la cour.
La présence d’un habitat aggloméré (village) sur le site de Sainte-Christie-d’Armagnac n’est pas attestée avant la fin du 13e siècle et l’édification du rempart en terre crue. Des maisons ont pu être bâties antérieurement soit près de l’église soit près de la motte, mais nous n’en trouvons pas de trace, ni dans les archives, ni par l’archéologie. Si des enceintes en terre crue sont documentées par les archives en Gascogne, et plus largement dans le Sud-Ouest, pour la fin du Moyen Âge, ce rempart est parmi les mieux conservés en élévation. Sa période de construction est contemporaine d’une possible mise en défense de l’église Saint-Pierre avec la construction d’une tour sur le chœur. Cette mise en défense (ou cette amélioration d’un système défensif antérieur), s’inscrit dans un mouvement plus large qui touche toute la Gascogne entre le milieu du 13e siècle et les premières décennies du 14e siècle.
Le livre de reconnaissances de 1500 prouve que le village était alors installé au nord de l’église, à l’emplacement de la cour du Castet, mais que le faubourg au nord-est de la motte était déjà relativement peuplé. Le tout fonctionne comme un seul ensemble, bien que le village et le faubourg soient clairement identifiés comme deux zones distinctes, fortifiées et séparées par un fossé. On dénombre alors une trentaine de maisons dans le village et une dizaine de parcelles non bâties. Dans le faubourg se trouve alors une trentaine de parcelles, mais seulement la moitié est bâtie (les autres sont des espaces vacants ou des jardins). Entre le village et le faubourg, se trouve une barbacane dans laquelle est reconnue une maison qui confronte le fossé, le pont et la sortie du village. Elle devait être implantée au débouché ouest du pont, côté faubourg. La motte et son fossé apparaissent aussi dans ce document.
Au début du 16e siècle, l’aménagement de l’ensemble seigneurial au nord de l’église remodèle totalement le site. Le village est alors transféré dans l’ancien faubourg. Il n’est cependant pas possible de savoir, en l’état actuel des recherches, si le village était déjà en grande partie abandonné ou si ce transfert témoigne d’une volonté seigneuriale forte. Cette période correspond en effet en Gascogne à un moment de dispersion important des populations dans les campagnes et l’apparition de nombreuses fermes. La plateforme centrale du Castet est arasée et de nouveaux bâtiments sont édifiés autour de ce qui forme désormais la cour du château : le logis en pan de bois à l’ouest, des communs au nord et à l’est – le sud étant toujours occupé par l’église paroissiale. Les villageois peuvent continuer à emprunter le pont pour se rendre à l’église sans qu’il leur soit possible d’accéder à la cour de l’ensemble seigneurial de ce côté.
Dans le compoix de 1670, la situation a beaucoup changé et le faubourg est devenu le village. Le Castet n’accueille plus alors que l’ensemble seigneurial, l’église et le cimetière. Le village est alors peu peuplé. La morphologie du village évolue peu au cours de l’époque moderne. Le plan cadastral dit napoléonien de 1836 donne un aspect d’ensemble relativement proche des informations tirées des sources des 17e et 18e siècles. Il faut attendre la seconde moitié du 19e siècle et surtout le 20e siècle pour que le village s’étende progressivement vers le nord, en direction de la route de Manciet à Nogaro.
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Période(s)
- Principale : limite 13e siècle 14e siècle
- Principale : limite 15e siècle 16e siècle
Le village est implanté sur une hauteur dominant le ruisseau du Midouzon, un peu en marge au sud de la route de Manciet à Nogaro. Il profite sur trois côtés du relief et de ruptures de pentes plus ou moins marquées qui offrent une défense naturelle. Elle est particulièrement nette au sud, tandis qu’elle est plus douce à l’ouest et au nord. Seule la partie orientale ne dispose pas de protection naturelle. Un profond fossé divise la partie sud du village en deux plateformes distinctes reliées par un pont.
Le village actuel est constitué de plusieurs ensembles :
- la plateforme occidentale comprend la motte et sa basse-cour à l’ouest et un quartier d’habitations au nord-est (ancien faubourg, devenu cœur du village au début de l’époque moderne) ;
- la plateforme orientale (= le Castet) comprend l’église et le cimetière au sud, l’ensemble seigneurial au nord ;
- l’extension du village (mairie-école, salle des fêtes, lotissement, etc.) dans la pente descendant vers le nord de part et d’autre de la route rejoignant celle de Manciet à Nogaro.
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Typologiesvillage castral
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Statut de la propriétépropriété publique
propriété privée
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Protectionsinscrit MH, 2014/12/31
inscrit MH, 2015/02/12
classé MH, 2016/06/16
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Précisions sur la protection
Sol (parcelles C 419 à 422, 430), église en totalité (C 421), bâtiment nord, logis et rempart en terre crue en totalité (C 420), pont (non cadastré, entre C 1060/1062 et C 419/420), portion de voie communale : inscription par arrêté du 31 décembre 2014. Motte : inscription par arrêté du 12 février 2015. Rempart ouest en terre crue et logis adossé (C 420) : classement par arrêté du 16 juin 2016.
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
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Documents d'archives
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AD Tarn-et-Garonne, A 44, Lettre du comte d'Armagnac (diminution du nombre de feux de 65 à 45), 1425.
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AD Gers, E suppl. 1030, Livre de reconnaissances de Sainte-Christie en 1500, copie de 1643.
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AD Gers, E 1694, Compoix, 1670.
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AD Gers, E suppl. 1030, État des droits seigneuriaux et des réparations faites ; Verbal de l’état de la terre de Sainte-Christie ; 1739.
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AD Gers, 3 P Sainte-Christie-d'Armagnac/10, plan cadastral, 1836.
Bibliographie
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COURTES, Georges (dir.), Communes du département du Gers, Tome 2 : l'arrondissement de Condom, SAHG, Auch, 2004.
p. 368-369 -
CHAMPAGNE, Alain (dir.), Sainte-Christie-d'Armagnac (Gers), rapport de prospection inventaire, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2017 (https://hal.science/hal-01787825).
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CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2018, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2018 (https://hal.science/hal-02139911).
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CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2019, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2019 (https://hal.science/hal-02968716).
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CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2020, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2020 (https://hal.science/hal-03283247).
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CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2021, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2021. (https://hal.science/hal-04254975v1)
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CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2022, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2022. (https://univ-pau.hal.science/hal-04582131v1)
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CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2023, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2023. (https://univ-pau.hal.science/hal-04582118v1)
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CHAMPAGNE, Alain (dir.), Projet collectif de recherche : Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Rapport 2024, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2024. (https://univ-pau.hal.science/hal-05038500v1)
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COMET, Anaïs, « Le village de Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers) à la lumière d’un livre de reconnaissances de 1500, Patrimoines du Sud [En ligne], 15 | 2022, mis en ligne le 1er mars 2022. (DOI : https://doi.org/10.4000/pds.7906)
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COMET, Anaïs, Villages et bourgs gersois à la fin du Moyen Âge, dynamiques d’un peuplement rural, Cahiers du Patrimoine, n°123, 2023.
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CURSENTE, Benoît, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Gascogne gersoise, CNRS, Bordeaux, 1980.
p. 156