Cette motte, encore bien visible dans le paysage, présente la particularité de conserver des vestiges archéologiques exceptionnels sur la plateforme sommitale, et notamment des traces de murs en terre massive.
- opération ponctuelle, PCR Sainte-Christie-d'Armagnac
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Gers - Nogaro
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Commune
Sainte-Christie-d'Armagnac
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Cadastre
1836
C
822
;
2021
0C
405
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Dénominationsmotte
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Dossier dont ce dossier est partie constituante
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Parties constituantes non étudiéesfossé, basse-cour
La motte de Sainte-Christie-d’Armagnac est caractérisée par un état de conservation remarquable. Elle est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 2015 (uniquement la motte, pas la basse-cour). Elle est alors indiquée datant du 11e siècle malgré l’absence de données historiques et archéologiques autres que la chronologie généralement admise pour ce type d’ouvrage de terre fortifié (fin 10e-13e siècles). Dans le cadre du Projet collectif de recherche portant sur le site de Sainte-Christie-d’Armagnac, la motte a fait l’objet de plusieurs opérations en 2017, 2018, 2022, 2023 et 2024. Ce projet collectif a débuté en 2017 et est dirigé par Alain Champagne (université de Pau et des Pays de l’Adour). En 2017 ont été réalisés une prospection géophysique (Adrien Camus) et un levé topographique (Sylvain Durand et Nicolas Guinaudeau) de l’ensemble du site. Ces recherches ont permis de mieux connaître la morphologie de la motte et ont révélé l’existence d’un fossé à la base du tertre ainsi qu’une probable basse-cour.
Dans le cadre des recherches du PCR, la motte a fait l’objet de quatre opérations archéologiques sous la direction de Nicolas Guinaudeau (Acter archéologie). Deux de ces opérations concernent les abords de la motte. En 2018, un sondage mécanique de 19 m de long a été ouvert à l’est de la motte, à l’emplacement supposé d’un fossé comblé révélé par la prospection géophysique. Le sondage a été réalisé sur 3,35 m de profondeur. En 2023, deux sondages mécaniques ont été ouverts au pied de la motte. Le premier sondage, orienté est/ouest, a été ouvert à l’ouest de la motte sur 24,75 m de long et 2 m de large, pour une profondeur variant entre 0,20 m et 1,70 m. Le second sondage a été ouvert au nord-est de la motte, dans un jardin des maisons du faubourg. La tranchée principale d’axe est/ouest mesure 13,10 m de long et une tranchée nord/sud a été réalisée sur 6,50 m de long afin de compléter les observations. Les deux autres opérations ont été réalisées au sommet de la motte. En 2022, un sondage manuel de 8,50 m de long sur 2 m de large a été ouvert dans la partie occidentale de la plateforme sommitale. La stratigraphie a pu être étudiée sur une épaisseur maximale de 1,25 m. En 2024, ce sondage a été rouvert et complété.
Les niveaux les plus anciens repérés au sommet de la motte pourraient constituer les remblais constitutifs de la motte. Ils sont recouverts par des niveaux d’occupation successifs associés à des vestiges médiévaux. Les sols en terre battue sont associés à des soles foyères en argile. Une de ces structures est établie contre une élévation enterre crue banchée conservée sur 0,56 m de haut (mise en œuvre indéterminée : bauge coffrée ou pisé). Aucune structure en creux (trous de poteau/piquet, fosse, silo...) n’a été détectée pour cette première phase d’occupation. Les données recueillies au cours de ces interventions archéologiques permettent d’envisager une occupation de la plateforme sommitale de la motte entre le milieu du 11e siècle et le premier quart du 13e siècle (datations radiocarbones). L’étude de la céramique permet de recentrer l’occupation sur le 12e siècle. Il n’est toutefois pas exclu que l’occupation remonte à une période antérieure.
Ces aménagements sont préservés sous d’épais niveaux de démolition issus de l’effondrement et/ou la fonte d’architecture en terre massive. Un niveau d’occupation sporadique, intercalé entre ces couches de démolition, est daté entre le dernier tiers du 12e et le deuxième tiers du 13e siècle. Sa présence marque la fin de l’occupation et signale un abandon précoce de la motte.
Les remblais supérieurs indiquent une végétalisation de la plateforme sommitale au début de la période moderne, voire dès le bas Moyen Âge, ce qui rejoint les informations fournies par les sources écrites. Dans le livre de reconnaissances de 1500, la motte est entourée d’un fossé désigné comme « barat de la mota » ou « fossat de la mota ». Plusieurs vignes prennent place sur la motte, ainsi qu’un jardin dans le fossé. Il n’y a plus alors d’édifice en élévation sur la motte. Dans le compoix de 1670, la totalité de la motte semble occupée par un jardin appartenant au seigneur. En 1739, elle ne figure pas dans la description de la seigneurie, elle ne fait donc a priori plus partie des biens seigneuriaux à cette date.
Le fossé aurait quant a lui été comblé progressivement entre le 11e et le 17e siècle. Les premiers comblements résultent de l’érosion des parois, en raison de la nature de l’encaissant (sables fauves de l’Armagnac). Le comblement de la structure s’est poursuivi au cours du bas Moyen Âge et de la période moderne après une phase de curage, et s’est poursuivi au cours du 17e siècle.
Une partie des arbres qui s’étaient naturellement implantés sur la motte au fil des ans ont été coupés en 2023 et remplacés par des plantes (millepertuis notamment) destinées à consolider la structure. La partie nord de la motte avait été anciennement amputée d’une partie de sa base lors de travaux d’aménagement d’un chemin. Elle n’a pas fait l’objet de la plantation de millepertuis. Cette zone s’est en partie effondrée en juin 2024 à la suite d’un épisode pluvieux important. Cet effondrement ne concerne que la partie basse de la pente nord, il n’a pas atteint la plateforme sommitale.
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Période(s)
- Principale : 12e siècle , daté par travaux historiques
La motte est située à l’ouest du village de Sainte-Christie-d’Armagnac. Le sommet de la motte est dépourvu de construction. On y accède par une rampe hélicoïdale aménagée dans le talus du tertre, côté est.
La motte est conservée sur 10,45 m de haut. Elle adopte un plan quasi circulaire à la base, avec un léger allongement nord-est/sud-ouest (47,75 m sur 47,29 m). La plateforme sommitale est de plan ovale (26,70 m sur 22,60 m). La superficie de la motte atteint 1773,50 m² et celle de la plateforme sommitale 473,92 m². Ces dimensions se situent dans la moyenne des mesures prises sur les plateformes étudiées en Astarac et ses marges.
Un fossé ceinturait la motte à sa base. Il mesurait 10,25 m de large pour 3,20 m de profondeur là où il a pu être étudié (côté est du tertre). Dans sa phase initiale, il adoptait un profil en V.
La motte est associée à un enclos ou basse-cour de plan quadrangulaire irrégulier de 94 m de long (axe est/ouest) sur 78 m de large (axe nord/sud). Sa superficie est estimée à 6685 m², ce qui donne 2765 m² en soustrayant l’espace occupé par la motte et son fossé. Les dimensions de la basse-cour sont supérieures à la majorité des mesures prises pour ce type d’aménagement dans le sud du Gers. Les limites de la basse-cour sont bien lisibles sur l’ensemble de son pourtour, hormis au nord-est où s’est développé le faubourg puis le village à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne. Elles sont marquées, au sud et à l’est, par des pentes abruptes. L’angle nord-ouest de la basse-cour présente un talus qui atteint 1 m de large, mais qui ne dépasse pas 0,95 m de haut. Le tracé du talus disparait progressivement au sud et à l’est. Ce talus était vraisemblablement précédé d’un fossé actuellement comblé. La route qui passe en contrebas de la basse-cour, à l’est, correspond à un ancien fossé qui séparait la motte du Castet.
La plateforme sommitale de la motte était occupée par des aménagements médiévaux en terre (mur, sols en terre battue, soles foyères). Les données recueillies ont été acquises sur une surface restreinte, ce qui limite les possibilités d’interprétation concernant le plan des aménagements préservés. L’élévation en terre mise au jour au centre pourrait constituer une portion du mur nord d’un bâtiment de plan quadrangulaire entouré d’une dépression, tandis que l’extrémité occidentale de la plateforme sommitale était peut-être délimitée par un mur.
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Murs
- terre
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Statut de la propriétépropriété publique
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Protectionsinscrit MH, 2015/02/12
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Précisions sur la protection
motte : inscription par arrêté du 12 février 2015
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Référence MH
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Documents d'archives
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AD Gers, E suppl. 1030, Livre de reconnaissances de Sainte-Christie en 1500, copie de 1643.
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AD Gers, 3 P Sainte-Christie-d'Armagnac/10, plan cadastral, 1836.
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AD Gers, E 1694, Compoix, 1670.
Bibliographie
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COURTES, Georges (dir.), Communes du département du Gers, Tome 2 : l'arrondissement de Condom, SAHG, Auch, 2004.
p. 368-369 -
CURSENTE, Benoît, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Gascogne gersoise, CNRS, Bordeaux, 1980.
p. 156 -
GUINAUDEAU, Nicolas (dir.), Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), La motte du village, Rapport final d’opération 2018, Acter archéologie, 2018.
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GUINAUDEAU, Nicolas (dir.), Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), Au village, SD 2022, Rapport final d’opération 2022, Acter archéologie, 2022.
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GUINAUDEAU, Nicolas (dir.), La motte de Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers), FP 2024, Rapport final d’opération 2024, Acter archéologie, 2024.