Courrier du Gard, 18 octobre 1860. Préparatifs de l'exposition des beaux-arts de Nîmes
M Doze compte exposer une réduction du grand travail qu'il vient de terminer pour l'église de Saint-Gervasy
L'Opinion du Midi, 4 novembre 1860
Dimanche dernier, Mgr Plantier a procédé à la bénédiction du sanctuaire de l'église de Saint-Gervasy, restauré avec un goût exquis par les soins de M. le Curé Lambert, et dont les peintures remarquables sont dues à l'habile pinceau de notre compatriote, M. Doze.
Courrier du Gard, 13 novembre 1860. Exposition des Beaux-Arts
La Fille du Canut, de Doze, est peut-être un des meilleurs spécimens de son talent. Cette jeune fille a une tête adorable et une pose bien étudiée ; la couleur en est vraie et le sentiment exquis.
Le Matin, du même auteur, est aussi un excellent tableau d'intérieur : cette jeune mère qui présente une grappe de raisin à son jeune enfant, couché sur un coussin ; l'enfant qui tend les mains pour saisir le cadeau maternel ; la grand-mère qui, appuyée sur la chaise où se trouve le coussin, suit les mouvements de l'enfant et semble l'encourager, tout cela forme une scène remplie du plus tendre intérêt.
M. Doze me paraît avoir été moins heureux dans sa composition des peintures murales de l'église de St-Gervasy. Le défaut capital de cette œuvre, défaut je l'avoue, commun à bien d'autres tableaux de sainteté, c'est de rappeler une œuvre déjà classée dans l'histoire de l'art. M. Doze a certainement assez d'imagination pour se contenter d'un prix de mémoire.
L’opinion du Midi, 2 décembre 1860. Notre salon (1860)
[…] Nous assistons en effet à une révélation soudaine que rien ne faisait pressentir. M. Doze, dans ses tableautins religieux, rayonnait autrefois par un sentiment de mysticisme chrétien plein d’onction et de suavité ; mais trop souvent ces œuvres, sans force et sans grandeur, ressemblaient à la grande peinture religieuse comme le culte intime et doux qui se pratique dans le mystère des chapelles ressemble au culte grandiose qui resplendit solennellement au chœur des métropoles. Mais cette galerie de peintures murales, dont nous voyons la miniature par le gros bout de la lorgnette, est une grande et belle page : le sentiment chrétien s’y marie à la noblesse du style et à l’élévation de la pensée. M. Doze a grandi.
Cette rénovation magistrale est si éloquemment démontrée que, pour ne pas la proclamer, on refuse à M. Doze la paternité de son œuvre. On le met au-dessus de lui-même ; on fait signer ces peintures à Flandrin, Ingres, Overbeck ou Cornélius. C’est assurément le plus grand éloge que l’on puisse faire de son talent. M. Doze, assure-t-on, a imité de M. Flandrin les fresques de Saint-Paul de Nîmes, de Saint-Vincent-de-Paul, de Paris ! M. Doze a imité Flandrin, mais comme Flandrin imita Ingres, en s’inspirant des traditions du style byzantin, en s’inspirant du caractère, des types et des mœurs de cette école symbolique et austère. […] L’église de Saint-Gervasy se pare avec orgueil de ces fines ciselures dont son chœur si purement orné est le somptueux écrin ; aussi, ce fut avec un enthousiasme d’artiste que l’on fêta la bienvenue de ces nouveaux hôtes du village ; le cœur, le dévouement, le sentiment du beau y sont d’ailleurs trop noblement représentés pour qu’on n’ait pas salué avec joie l’avènement et la naturalisation de ces quinze exilés dans leur patrie d’adoption. La richesse et la simplicité des draperies, l’élégance et la pureté des lignes, la vérité des attitudes, le sentiment et l’expression, l’ordonnance et le mouvement, tout concourt, dans cette page remarquable, à nous traduire dans l’idéalisme chrétien les grands enseignements du martyre et de l’apostolat. […] Alphonse Gazay
Courrier du Gard, 8 décembre 1860. Rapport sur l'exposition de peinture. Peintures de l'hémicycle de Saint-Gervasy
L’Opinion du Midi, 31 mars 1861. Beaux-Arts
MM. Doze et Perrot, deux de nos compatriotes, dont les œuvres remarquables firent sensation à notre dernier salon, viennent de recevoir à Lyon, sur un plus vaste théâtre, une consécration nouvelle de leur talent. […] Le jugement du jury des beaux-arts qui lui décernait à Nîmes la médaille d’or, vient d’être pleinement confirmé par la critique lyonnaise.
« La composition des peintures murales de St-Gervasy, par M. Doze, une des œuvres les plus remarquables du salon, et peut-être la moins remarquée à cause de sa position défavorable. Cette belle esquisse, achevée avec beaucoup de soin, n’a pas seulement l’attrait de la nouveauté du genre ; c’est mieux encore, un excellent modèle de peinture à fresque. […] l’habile professeur de l’école de Nîmes a su emprunter à l’art byzantin ce qu’il a de bon dans la naïveté et la simplicité de son ordonnance, pour imprimer un sentiment plus religieux à sa décoration picturale […] Les figures des douze apôtres sont placées de chaque côté du groupe central, sainte Hélène, saint Louis et saint Gervais, avec la symétrie des peintures hiératiques du XIIIe siècle, mais la monotonie de cette disposition régulière est atténuée de la manière la plus satisfaisante par la variété des poses des personnages, la différence des types de leurs têtes noblement caractérisées, et la diversité de formes et de couleurs de leurs amples vêtements drapés avec un goût parfait. […] Du reste, M. Doze s’est montré aussi habile coloriste que bon dessinateur en harmonisant dans un ensemble accompli ces nuances éclatantes sur un fond bleu vif qui ajoute beaucoup à la difficulté du succès obtenu. Le meilleur éloge que l’on puisse faire de cette composition, c’est que beaucoup de gens l’ont prise au premier abord pour une copie des fresques dont M.H. Flandrin a orné l’église de Saint-Vincent-de-Paul, à Paris. » E. Jouve
Courrier du Gard, 16 mai 1861
Nous avons retrouvé avec plaisir au palais des Champs-Elysées la composition des peintures murales formant l'hémicycle de l'église de Saint-Gervasy, qui avaient déjà valu à leur auteur, M. Doze, une médaille d'or à la dernière exposition de Nîmes. Cette petite réduction, très remarquée déjà à l'exposition lyonnaise, où elle a figuré au mois de janvier et qui a honorablement posé son auteur dans la seconde ville de France, est aussi fort appréciée à Paris. A défaut d'une grande originalité, nous avons entendu souvent faire l'éloge de la science déployée dans l'exécution de chacune de ces petites figures et du sentiment religieux qui avait guidé le pinceau de l'artiste.
M. Doze se dit élève de M. Felon : à ce dernier doit donc revenir une partie du succès qu'obtient son disciple, et pourquoi ne rangerions-nous pas M. Felon dans notre revue, puisqu'il a conquis le droit de cité parmi nous par ses travaux importants dans l'église Sainte-Perpétue ? N'est-ce pas d'ailleurs à Nîmes qu'il a composé les dessins des vitraux de cette église, dessins coloriés qui produisent un très bon effet au Salon, ainsi qu'un buste colossal de la navigation placé dans la partie de l'Exposition réservée à la sculpture.
L'Opinion du Midi, 8 avril 1863. Feuilleton. Deux Noëls patois
Nous avions, un instant, songé à conduire nos lecteurs à deux lieues à peine de Nîmes, pour y visiter un petit village, momentanément déchu de l'ancienne splendeur que lui avait donné son titre de relais de poste, mais qui renaît à une gloire plus durable et plus chrétienne.
Grâce à l'heureuse initiative du zélé curé de la paroisse, la petite église de Saint-Gervasy et le calvaire qui y touche ont quitté leurs apparences vulgaires pour se marquer d'un cachet spécial de simplicité, d'élégance et de goût. Nous aurions pris plaisir à montrer comment le pinceau d'un artiste vraiment catholique a su traduire les poétiques inspirations d'un prêtre pieux et distingué ; nous aurions voulu faire remarquer la belle statue de la Sainte-Vierge, érigée sur un piédestal symbolique, à l'angle du chemin qui monte vers Collias ; nous aurions surtout désiré trahir le nom des bienfaiteurs dont la libéralité seconde, sans jamais se lasser, la sainte passion de M. l'abbé Lambert pour la beauté de la Maison de Dieu et la magnificence des cérémonies religieuses. Le temps et la place nous manquent à la fois, même pour esquisser ce tableau que nous aurions souhaité de dessiner avec soin. Mais nous ne le regrettons pas. Nous savons que des pèlerins, de plus en plus nombreux, vont, le 3 mai et le 14 septembre, honorer d'un culte plus particulier la Croix à Saint-Gervasy. En ces circonstances solennelles, les miracles de foi, de charité, de générosité, que M. le curé Lambert sait faire accomplir à ses chers paroissiens, se révèlent aux yeux de tous avec une singulière éloquence. D'un mois à l'autre, l'œuvre de restauration s'avance et l'atelier de M. Doze nous livrera, bientôt sans doute, le magnifique complément de la page, si belle, qui orne déjà le tour de l'abside et que M. Hippolyte Flandrin a honorée de si précieux éloges.
Mais si nous ne pouvons rien décrire, nous pouvons au moins citer.
Aussi, présumant la permission de l'auteur et devançant le désir des lecteurs, nous permettons-nous de choisir, parmi les cent cinquante Noëls, à peu près, dont se compose le grand poème de M. Lambert sur la naissance de Jésus-Christ, les deux Noëls suivants […] signé Cabrières.
Melchior Doze est né à Uzès. Mais, alors qu'il n'a que deux ans, son père (vérificateur des poids et mesures) meurt. La mère ramène ses quatre enfants à Nîmes. Il entre à 15 ans dans l'école de dessin de Nîmes, dirigée par Numa Boucoiran. Il propose des tableaux au Salon de Nîmes en 1849, dont l'Innocence protégée. C'est un succès et une première vente, qui lui permet d'arrêter ses tâches manuelles. Le 22 mars 1855, il devient professeur au lycée. Il y restera jusqu'en 1886. Il profite de la présence à Nîmes du peintre bordelais Felon. Surtout, il rencontre Hippolyte Flandrin, venu travailler à l'église Saint-Paul en 1849. Le 4 mars 1875, il devient directeur de l'école de dessin et Conservateur du Musée avant d'être évincé en 1881 par une nouvelle municipalité. Il obtint des Mentions honorables au Salon de Paris, en 1861 et 1863.