Si sainte Marie-Madeleine est très importante dans le sud-est de la France, le succès de la foire qui porte son nom semble avoir été déterminant à Beaucaire pour la placer aux premiers rangs. Au sortir de la Guerre de Cent ans, la Sainte-Madeleine de Beaucaire, le 22 juillet, n’est qu’une des nombreuses foires existantes. Le rattachement de la Provence à la France en 1481, ouvrant les portes françaises au commerce de Marseille, et le formidable emplacement de Beaucaire au point de passage de la navigation fluviale à la navigation maritime, avec les transferts de charges sur les bateaux sont de grandes chances pour la ville. En 1583, la durée de la foire est portée à huit jours, du 21 au 27 ou 28 juillet. Plus grande foire de France à la fin du XVIIe siècle, elle continue de progresser dans le courant du XVIIIe siècle. Elle vit encore des moments fastes dans la première moitié du XIXe siècle, mais les mauvaises années s'accumulent et le nombre de marchands diminue. La fin des privilèges dont jouissait Beaucaire avant la Révolution, l'évolution des moyens de transports et les modifications des pratiques commerciales font s'amorcer une mort lente et certaine dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Au cours des premiers siècles de la foire, Marie-Madeleine possède un autel dans la grande chapelle du Rosaire de l'ancienne église de Notre-Dame-des-Pommiers. Dans les Visites pastorales, le décolleté de la sainte représentée en peinture lui attire des reproches répétés, donc sans effet. La dévotion est très simple puisque l'entretien est assuré par les quêtes d'une paroissienne. Il y a pourtant une confrérie, à laquelle l'archevêque d'Arles donne le troisième rang dans son règlement de 1672 sur les processions générales. Pendant les jours intenses de la foire, quantités de messes se disaient au plus près du site. Il y avait une chapelle « de la Magdelaine au pré de la foire, dont l'autel est en bon état, fourni de tous les ornements nécessaires et d'un calice d'argent avec sa patène dorée en dedans ». Néanmoins, le statut supérieur acquis par sainte Marie-Madeleine lui permet d'avoir, dans la nouvelle église bénie en 1744, une des grandes chapelles du transept, face à celle de saint Antoine. Il ne semble y rester aucun élément antérieur à la Révolution, sauf peut-être la statue en bois doré.
Sources concernant le culte de sainte Marie-Madeleine à Notre-Dame :
AD13, 3 G 301 : Ordonnance pour la collégiale. 28 septembre 1699. Doubler deux tabernacles qui ne le sont pas. Déplacement de pierres sacrées.. « Dans la chapelle de sainte Madeleine on retouchera vers la gorge l'image de cette sainte pour en retirer quelques nudités apparentes. »
22 février 1688 : Et sortant de ladite chapelle, nous sommes entrés dans celle de Nostre Dame du Rosaire qui apartient p[rése]ntement ? Costel comme fils de la delle Marie d’Aulagne, héritière du sieur de Beauregard ; l’autel d’icelle est fort bon estat et orné par les prieurs et prieuresses de la confrérie du Rosaire qui ont des ornements honestes et à suffisance pour cela … ? Sr de la Roustide qui a demandé d’y rétablir l’autel de st Charles à la place de celuy de ste Magdelaine. Dans la mesme chapelle du Rosaire est l’autel de ste Magd[elai]ne, qui est en bon estat, l’image de ste Magd[elai]ne qui est au retable ayant quelque petite umidité indécente, il est comme lors de nostre première visite entretenu par une bonne femme qui en a soing des charités qu’elle ramasse par le moyen du bassin qu’elle fait courir pour ce subjet.
23 septembre 1699 : La chapelle du Rosaire suit et est en bon état ; on y a plassé deux autels, le premier du Rosaire orné d'un grand tableau de la sainte Vierge, de saint Dominique et de sainte rose, d'une statue de notre Seigneur, d'un crucifix et de quatre chandelliers accompagnés de deux crédences. Le second autel est celuy de sainte Magdelaine, orné d'un tableau de cete sainte dame, l'image de laquelle il nous aurait paru une nudité indessente, d'un retable qui accompagne le tableau, d'un crucifix et de deux chandeliers.
28 mars 1715 : Chapelle du Rosaire ; « un parement d'autel de bois peint », « Ils ont encore une Nativité qu'on expose depuis les fêtes de Noël jusqu'à la Purification ». « Il y a dans ladite chapelle un autel de la Magdelaine »
D'après Goiffon, en 1672, l'archevêque met de l'ordre dans le rangement des confréries dans les processions. « Dans toutes les processions générales […] la première qui sortira de l'église sera celle de Notre-Dame de Grâce des portefaix, après laquelle viendra celle de Notre-Dame de Nazareth des tisserands, jusqu'à ce qu'elle aient une bannière et un autel orné, auquel temps, attendu leur ancienneté, elles marcheront après celle de saint Joseph des menuisiers.
1° Confrérie de saint Antoine, des vignerons
2° Confrérie de sainte Madeleine