Dossier d’aire d’étude IA66003697 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Présentation de la commune de Casteil
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  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Conflent-Canigou
  • Adresse
    • Commune : Casteil

Casteil des origines au 13e siècle

Les traces d’occupation du territoire les plus anciennes sont relatives aux premières industries métallurgiques, comme l’atteste la découverte au 20e siècle de scories de fer non loin du Col de Jou. De plus, des vestiges de petits ferriers ont été mis au jour à environ 2000 m d’altitude, en rive gauche du Cady /Cadí (lieu-dit la Pinesota) et au sud du Roc du Cadí. Ces ateliers métallurgiques révèlent des traces de scories coulées, issues de la réduction du minerai. L’absence de mobilier en ces lieux ne permet pas de dater l’activité. Malgré tout, les traces retrouvées ne semblent pas se rapporter à une période d’occupation antique [KOTARBA, CASTELLVI, 2007, p.292-293].

Le village de Casteil est mentionné pour la première fois en 885, sous la dénomination « Castrum Verneto », puis au 12e siècle (« Castellum »). Il apparaît également en 1358, avec la forme « Castell » [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.371]. Le terme « Castellum » renvoi à la notion de poste fortifié d’un « castrum romain », comme ce fut le cas à Casteil. Selon l’érudit Pierre Ponsich, il existait en effet une tour fortifiée dès le Moyen Âge, transformée par la suite en château fort. Cet édifice, appelé « Castrum Verneto » en 878 [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p. 371] et « Castrum Sancti Martini » en 966 [ALART, 1856, p.82], domine alors la « villa » de Vernet, qui se rattache à l’actuel lieu de Casteil. Selon Lluís Basseda, la forteresse se trouvait à proximité d’une chapelle dédiée à saint Martin, indiquée dans les documents historiques dès 997 [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.669]. L’édifice fortifié est également situé à l’emplacement de la première église paroissiale de Saint-Martin-le-Vieux, utilisée par les habitants du « castrum ». En effet, les premières habitations de Casteil se sont développées dans un premier temps au pied du château. A partir du 11e siècle, le château est transféré au lieu-dit Els Banys de Vernet, devenu le nouveau village de Vernet-les-Bains [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.p. 372 et 669].

Le village de Casteil est resté rattaché à celui de Vernet jusqu’au 18e siècle, formant ainsi une unique communauté villageoise. Celle-ci est par ailleurs dépendante du pouvoir religieux de l’abbaye de Saint-Martin du Canigou, dont la fondation par Guifred II (970 ? – 1050), comte de Cerdagne et du Conflent, est actée pour la première fois dans une charte du 14 juillet 1007 [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p.49]. Selon la légende, le comte Guifred se serait fait moine à l’abbaye, afin de se repentir d’un crime commis sur la personne de son neveu du nom de Gentil, ce dernier ayant fui le combat contre les Maures. La principale raison est sans doute liée à l’injonction du pape Serge IV, lui demandant d’élever « un monastère dans la montagne sur le lieu d’une petite église déjà existante » [RIBAS, 1993, p. 86]. Un certain nombre de biens terriens vont pour cela être donnés par le comte et sa femme, la comtesse Guisla, en faveur de « la maison de Saint Martin située sur le versant du Canigou (ad domum Sancti Martini qua est in latere Canigonis sita) ». C’est le cas d’alleus localisés à Vernet, à Llupia et à Millas en Roussillon [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p.49].

Le développement de l’abbaye est lié à l’existence d’un premier lieu de culte, qui semble correspondre à la chapelle évoquée plus haut. Jusqu’en 1007, de nombreux dons vont être faits à cet édifice (998, 999, 1000, 1005), qui n’a pas encore la vocation de monastère [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 3, Juin 1972, p.108]. Un acte de consécration faite par l’évêque d’Elne et daté du 10 Novembre 1009, mentionne la construction d’une première église à Saint-Martin du Canigou. L’entreprise est portée par Guifred II, qui charge alors un moine du nom de Sclua, de prendre les fonctions d’architecte [Marca Hispanica, col. 886]. Par ailleurs, l’acte vient confirmer les possessions de l’abbaye déjà acquises ainsi que les nouvelles, dont des mas, vignes et terres d’Enveig (Cerdagne), ainsi que les alleus/domaines de Fuilla, Rigarda, Tarerach, Vinça, Molitg et Ille [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p. 329].

La deuxième consécration, correspondant à la seconde église, aurait quant à elle été faite en 1014 [A.D.P.O., Inventaire de 1787, liasse 6, n°IV] ou en 1026 selon le Chronicon breve monasterii Canigonensis [Miscellanea lib. XI, p.309]. À cette époque, le monastère est sous le double patronage de saint Martin et de saint Gaudérique, comme l’atteste la donation entre 1012 et 1013 d’une vigne et d’une métairie situées dans la vallée de Mosset à « St Martin et (vel) à St Gaudérique » [A.D.P.O., Inventaire de 1787, liasse 6, n°IV]. En effet, les reliques de ce dernier saint ont été apportées au début du 11e siècle dans le monastère (1014), depuis la région de Toulouse [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p.50]. Saint patron des laboureurs, il est invoqué le 16 octobre pour obtenir la pluie. Les nombreuses crues ou « aiguat » qui surviennent régulièrement en automne semblent par ailleurs coïncider avec la « Fête Majeure » du saint, dont les grandes pluies de Villefranche-de-Conflent et de Prades survenues en 1015 [OLIVE, 2002, p.399]. Jusqu'à la sécularisation de l'abbaye, de nombreuses processions pour vénérer saint Gaudérique ont eu lieu.

En Juillet 1035, soit un an avant de se retirer en tant que moine au monastère de Saint-Martin du Canigou, le comte Guifred donne divers lieux, situés en Cerdagne, Conflent et dans la vallée de Ribas. Il s’agit d’Odelló, Obac, Èguet, Solà, Torba, Pla et Targasona pour la Cerdagne, de Marquixanes, du lieu-dit Mas Avellanet et de Llonat sur la commune de Los Masos et d’Eus pour le Conflent, ainsi que de Cucuciago et Pardines (vallée de Ribas). Aussi, le testament de la comtesse Guisla daté de 1020, fait mention d’un alleu situé en Conflent et lui venant de son mari [ALART, 1876, p.12].

La puissance de Saint-Martin du Canigou atteint son apogée à la fin du siècle, avec des dons affluent de particuliers et du comte de Cerdagne lui-même. C’est ainsi que par disposition testamentaire de 1095, le comte Guillaume-Raymond lègue à l’abbaye le village d’En et quatre juments [Marca Hispanica, ap. n° 331]. Le rayonnement se consolide dans le premier quart du 12e siècle, notamment sous l’abbatiat de Pierre II ou Père Sunyer. Le dernier comte de Cerdagne, Bernard-Guillaume, fit don le 12 février 1114 de tous les droits seigneuriaux qu’il détenait sur Marquixanes [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p. 329]. Malgré cela, il décide la même année de donner le monastère à l’abbaye de La Grasse dans l’Aude, comme l’indique la charte de donation, transcrite au 12e siècle dans le manuscrit n°36 de La Grasse, conservé à la bibliothèque municipale de Nîmes. Cette charte évoque le caractère dissipé des moines, qui « ont aussi négligé tous les biens de la même maison intérieurs et extérieures et (qui) se sont mal conduits en n’observant aucune règle ». Or, il semblerait que cette décision relève davantage de la mise en place d’une véritable politique comtale, puisque plusieurs lieux de culte du territoire vont être soumis au monastère audois (ex. Saint-André de Sorède – 1109 ; Sant Père de Galligans à Gérone – 1117 ; Sant Feliu de Guixols – 1118) [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p.p. 57 et 58]. En effet, tout comme l'abbaye Saint-André-de-Sorède, il a plutôt été question de sauver le monastère de Saint-Martin-du-Canigou de sa destruction matérielle [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p. 59].

Tout au long du 12e siècle, Des tensions vont rapidement éclater entre les abbayes de Saint-Martin du Canigou et la Grasse, en raison de la mainmise du monastère audois. En effet, les abbés de Saint-Martin ont été choisis parmi ceux de la Grasse, dont Raymond Ier Valls (1114-1125-, Pierre III (1124-1152 et Berenguer Ier (1152-1159). Le choix est contesté par l’abbaye du Canigou, qui réclame la possibilité de choisir par elle-même son abbé, comme cela avait pu être acté dans un privilège du pape Serge IV. Cette demande n’a toutefois pas été acceptée par Rome, puisque le pape Alexandre III a ordonné aux évêques d’Elne et de Narbonne de faire exécuter une sentence d’interdit contre l’abbaye [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p.p. 59 et 60]. Face à la résistance des moines du Canigou, ceux de la Grasse prennent d’assaut le monastère en faisant régner la violence, tout en pillant les biens et détruisant le bâti. En retour, Alphonse, roi d’Aragon et successeur du comte Ramon-Berenguer, s'est chargé d’envoyer une lettre au pape, afin d’exposer les violences faites aux moines et demander sa protection. Une bulle papale datée de 1163 répond favorablement à l’abbaye du Canigou et vient confirmer l’ensemble des possessions que les monastères détiennent, y compris celle de Casteil. C'est donc grâce à cette bulle qu'il est actuellement possible de connaître les biens possédés par l’abbaye dans une grande partie du Conflent, Roussillon et Cerdagne [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p.61].

L’indépendance de l’abbaye de Saint-Martin du Canigou est actée dans une nouvelle bulle de Mai 1172 ou 1173, suite au voyage à Rome de l’abbé Pierre IV. Ce dernier fut par ailleurs nommé abbé du Canigou en 1203, en remplacement de l’abbé Arnald. L’abbaye devient alors prospère sous son administration, comme en témoigne les nombreux achats de propriétés effectués par Pierre IV jusqu’à sa mort en 1212. Des industries locales vont en effet être achetées par l’abbé, comme c’est le cas d’un moulin à foulon en 1186 à un dénommé Pierre Mir [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 12, Juillet 1981, p.63].

Casteil du 14e siècle au 19e siècle

Les données concernant la démographie de Casteil sont connues des sources historiques depuis le 14e siècle, grâce à l’étude des fogatges. En effet, les seigneurs séculiers et ecclésiastiques percevaient à l’époque médiévale plusieurs taxes, dont le fogatge, un impôt sur le revenu foncier de chaque localité. Jusqu’au 18e siècle, les feux de Casteil (cellules familiales), sont souvent comptabilisés avec ceux de Vernet, en raison de leur rattachement commun avec l’abbaye de Saint-Martin du Canigou. De plus, leur nombre reste toujours inférieur avec une faible densité bâtie. Ainsi, les deux localités comptent 74 feux en 1358, tandis que Casteil possède seulement 10 feux entre 1365 et 1370, contre 61 feux pour Vernet [BATLLE, GUAL, Numéro 11, 1973, p.p. 14 et 16]. Tout au long du siècle, la population ne va cesser de diminuer, jusqu’à atteindre un point critique dans le premier quart du 15e siècle en raison de l'épidémie de peste noire (1378 : 3 feux à Casteil / 20 feux à Vernet ; 1424 : 7 feux sur les deux villages) [BATLLE, GUAL, Numéro 11, 1973, p.p. 19-20 et 24].

Les conflits entretenus entre le royaume de Majorque et la couronne Aragonaise, ont également contribué à cette baisse démographique. En 1440 après l’invasion de l’infant de Majorque, les hommes de Casteil passent de 10 à 2 [BATLLE, GUAL, Numéro 11, 1973, p.25]. Outre les difficultés économiques engendrées par ce contexte, un important tremblement de terre survenu dans la région en 1428, n’a pas épargné ce secteur du Conflent. L’épicentre a été identifié en amont de la faille géologique suivant le cours de la Têt, jusqu’en Cerdagne [RIBAS, 1993, p. 89]. À l’abbaye, la voûte de l’église abbatiale s’effondre. Aussi, le village de Casteil est reconstruit à son emplacement actuel, à proximité d’un oratoire édifié peu de temps après cette catastrophe et agrandi au 17e siècle. Avec le départ des moines de l’abbaye en 1786, l’oratoire devient la nouvelle église paroissiale et celle du château prend alors le nom de Sant-Martí lo vell (Saint-Martin-le-Vieux) [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.372].

Tout au long du 19e siècle, le paysage singulier du Canigou et les ruines de l’abbaye, vont constituer des sources d’inspiration pour de nombreux érudits et artistes-voyageurs de l’époque romantique. Parmi les recueils illustrés de lithographies, le second volume des « Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France » consacré au Languedoc et paru en 1835, comporte des lithographies de l'abbaye en état de ruine.

Casteil du 20e siècle à nos jours

L’abbaye de Saint-Martin du Canigou a été restaurée de 1902 à 1932, grâce à l’impulsion de Monseigneur (Mgr) Jules de Carsalade du Pont (1847-1932). Il fut pour cela inspiré du poète catalan Jacint Verdaguer i Santaló (1845-1902), importante figure de la Renaixença catalane et auteur du poème « Canigó », paru le 10 décembre 1885. La rencontre des deux personnalités le 4 août 1895 dans une librairie barcelonnaise, s’est en effet révélée très intéressante, comme put l’écrire l’Abbé de Carsalade peu de temps après leurs échanges ; « Tandis que Mossen Jacinto Verdaguer me contait comment il avait été amené à écrire son poème du Canigou et qu’il me décrivait la montagne merveilleuse, les ruines de l’abbaye et de l’église, la tour gigantesque du clocher encore debout, un attrait mystérieux et indéfinissable m’enlaçait irrésistiblement à la poétique montagne et à se mélancoliques ruines. Quand nous nous séparâmes, nous étions frères pour toujours. Nos âmes avaient communié au même idéal, aux mêmes sentiments » [DE CHABANNES, 1975, p.18]. Le poème évoque par ailleurs dans son ouvrage la légende de Guifred, dont le meurtre de son neveu, fils de son propre frère du nom de Bernard Taillefer [Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa. Numéro 3, Juin 1972, p.104].

L’ensemble des ruines et environ 3 hectares de terre autour, ont été rachetés le 12 juillet 1902 par Mgr de Carsalade du Pont, afin de mener à bien la restauration de l’abbaye. De nombreux dons sont alors portés par la population locale, notamment lors de la cérémonie de prise de possession organisée le 11 novembre 1902 [RIBAS, 1993, p. 87]. Cet évènement fut l’occasion de rassembler les religieux, pèlerins et tous ceux souhaitant voir revivre ce lieu emblématique pour les Catalans. Après la mort de Mgr de Carsalade en 1932, une seconde campagne de restauration a été menée par Père Bernard de Chabannes, jusque dans les années 1970.

Outre ces différentes phases de restauration du bâti, le 20e siècle est marqué par un fort développement de l’arboriculture fruitière sur le territoire de Casteil. Les prés-vergers participent grandement à l’économie de subsistance dès la fin des années 1930, dont le prix à l’hectare peut être estimé à 50 000 francs. Le pommier produit en moyenne une récolte de 150 kgs de fruits tous les deux ans. La récolte à l’hectare généralement planté de 80 à 100 pommiers, peut être évaluée à une moyenne de 5 000 kgs par an, correspondant à un revenu de 10 000 francs [A.D. 66 : 1933W363]. La grande crue de 1940 dite « Aiguat » survenue dans les Pyrénées-Orientales, a toutefois fragilisé cette économie locale, dont la mise hors d’eau des ruisseaux a conduit à de nombreuses pertes de récoltes. C'est le cas de la plantation de poiriers Louise-Bonne (propriété de M. Joseph Case) autrefois localisée en aval du village, dont les trois quarts ont été détruits [SOUTADÉ, 1993, p. 127]. De plus, plusieurs maisons et bâtiments liés à l’activité du thermalisme de la vallée ont été emportées par le Cady. La commune voisine de Vernet a fortement été touchée, avec la perte de plusieurs hôtels, résidences et chalets des thermes. A Casteil, il est probable que le château primitif ait été emporté par les eaux du Cady, comme l'indiquent les témoignages recueillis auprès des habitations dans la seconde moitié du 20e siècle [RIBAS, 1993, p. 93].

Malgré cet épisode de catastrophe naturelle, de nouvelles habitations vont être construites à Casteil, à la périphérie et en entrée de village entre les années 1940 et 1960. Avec le développement des activités touristiques en lien avec l’ouverture au public de l’abbaye de Saint-Martin du Canigou au début des années 1990, la plupart de ces bâtiments ont été investis pour l’hébergement et la restauration des visiteurs/randonneurs. Certains d'entre eux gardent actuellement cette fonction, à l’exception des hôtels-restaurants « Le Relais Saint Martin » (en vente) et « Le Catalan ».

La fin du siècle connaît donc une forte croissance démographique, liée au rayonnement touristique du monastère. Ainsi, la population de Casteil passe de 52 habitants en 1982 à 102 en 1990 et 130 en 1999. Par ailleurs, les logements vacants qui étaient jusqu’à présents en assez grand nombre, sont occupés à la fin du siècle (24 en 1982 contre 6 en 1990) et des chalets à vocation d’hébergement de loisirs sont implantés [MESTRES, Joëlle. Documentation privée]. De plus, les cultures vivrières de Casteil vont connaître leur âge d’or durant la seconde moitié du 20e siècle. La superficie agricole estimée à 66 hectares (ha) et répartie en 12 exploitations, se compose de 11 ha d’arbres fruitiers réparties comme suit : 9 ha de pommiers, 1 ha d’abricotiers et 1 ha de poiriers. De plus, environ 52 ha sont dédiés aux pâtures et fourrages ainsi que 2 ha pour les vignes [PÀGES, PUBILL, 1996, p.147].

Actuellement, la population de Casteil est stabilisée autour de 140 habitants (139 au 1er janvier 2021) [Insee, Populations légales en vigueur à compter du 1er janvier 2021, p.6 [en ligne]].

  • Sites de protection
    parc naturel régional, site classé

1. Caractéristiques paysagères et géologiques

La commune de Casteil localisée dans le département des Pyrénées-Orientales, est comprise dans la région du Conflent. Elle s’inscrit dans la Communauté de communes Conflent Canigó créée le 1er janvier 2015, regroupant 45 communes et résultant de la fusion entre la Communauté de Communes Vinça Canigou et la Communauté de Communes du Conflent. Le territoire de Casteil est également intégré dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes, créé en 2004 et totalisant 139 000 hectares sur 66 communes.

Casteil se trouve dans un vaste périmètre géographique de 2983 hectares, comprenant la forêt domaniale du Conflent classée en site Natura 2000. Celle-ci est intégrée dans le massif du Canigou, classé Grand site de France en juillet 2012 et Grand site Occitanie en 2018. Montagne sacrée des Catalans, le Canigou ou Canigó (2 784 m), est le point culminant du massif. Il constitue la limite orientale du territoire de Casteil, dont les vallées nord sont formées des rivières du Cady et de la Llipodère.

D’autres éminences formant une ligne de crêtes, jouent le rôle de frontière avec les localités voisines de Valmanya (est), Corsavy (sud-est), Le Tech et Prats-de-Mollo-la-Preste (sud), Py (sud-ouest), Sahorre (ouest) et Vernet-les-Bains (nord). Il s’agit des points suivants ; Portella de Vallmanya (2591 m), Portella de Leca (2594 m), Portella dels Tres Vents (2621 m), Puig Roja (2724 m), Pic de Bacivers (2637 m), Pic dels Set Homes (2 651 m), Col dels Bocacers (2281 m), Pic de la Roqueta (2273 m), Collada ou Col de la Roquette (2081 m), Collada de Dona Pa (2078 m), Collada de Mates Roges (1843 m), Col de Jou (1125 m), Pic de la Riudera (1192 m), Puig de la Falguerosa (1126 m), Pic de la Pena (1062 m), Roc de Santa Maria (778 m), Pic de l’Alzina (1017 m), Col de Llevant (958 m), Pic del Bosc de la Vila (1060 m), Col de la Jaça d'en Vernet (2040 m), Pic Quazemi (2422 m) et Quazemi de Dalt (2721 m). De nombreux sentiers de randonnées sont présents sur les contreforts du Canigou, dont le GR 10 – GR 36 et le GR T83-GRP, ponctués par les refuges de Mariailles (1700 m) et du Pla Guillem (2260 m). D’un point de vue paysager, le territoire est en grande partie couvert de forêts, développées en dessous de 2000 m d’altitude. Deux zones de moyenne montagne sont également présentes ; il s’agit de l'étage méso-méditerranéen de 400 à 600 m, composé de chênes vert, genêts, garrigue à cistes, ainsi que de l’étage supra-méditerranéen entre 400/600 m et 1000 m, formé d’arbres feuillus tels que le merisier, bouleau, châtaignier, frêne et chêne pubescent. La flore également très présente, est caractérisée par la présence de rhodo-dendrons dès 1320 m d’altitude, ou encore de genévrier et de lys martagon. Au-dessus de 2430 m s’étend la pelouse, ponctuée de plantes alpines ou polaires.

Les matériaux utilisés dans la construction des édifices religieux, civils et domestiques de Casteil sont de provenance locale, tels que le granit du Canigou (leucogranite), le micaschiste, les marbres blanc et noir, ainsi que le gneiss gris grossier ou clair à grain fin [LAUMONIER, 2005, p.485]. Généralement, le marbre est employé pour les parties les plus nobles de l’architecture, à savoir les encadrements de baies. À l’abbaye Saint-Martin du Canigou, le gros œuvre est majoritairement constitué de gneiss, micaschiste et leucogranite à muscovite, tandis que les chapiteaux et colonnes de marbre calcaire à grain fin, de « marbre de Villefranche » à grain très fin, rose et blanc (chapiteaux du 13e siècle) et de granit. Les chapiteaux du 12e siècle situés dans le cloître ont été réalisés pour la plupart dans un marbre blanc veiné de gris et de noir, provenant de petites carrières exploitées à Canaveilles [LAUMONIER, 2005, p.494]. Plusieurs éléments ont par ailleurs été sculptés dans un marbre issu d'une carrière située à proximité du monastère, actuellement aménagée en chapelle de la Vierge. Cette exploitation a été abandonnée dans le dernier tiers du 12e siècle, après l'extraction de supports pour le cloître monastique [MALLET, 2016. p. 35].

Les contreforts du Canigou sont également marqués par la présence du minerai de fer de couleur rougeâtre exploité dès l’Antiquité, jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle.

2. Patrimoine vernaculaire

De nombreuses feixes encore conservées jusqu’à 1300 m d’altitude, rappellent l’économie agro-pastorale de montagne très présente encore de nos jours. Elles s’accompagnent de cabanes en pierre sèche, utilisées en tant que simple abri ou habitat temporaire pour les bergers et agriculteurs. Très souvent, les cabanes se trouvent non loin de parcs ou enclos en pierre sèche, appelés jasses ou corrals en catalan, qui permettaient aux troupeaux de transhumance d’y passer la nuit. Ces constructions, ont été identifiées entre les années 1940 et 1950 par l’archéologue et historienne Anny de Pous. C’est le cas de la jasse de la Llipodera d’Avall localisée à 1867 m d’altitude, comprenant une cabane trapue de plan rectangulaire, dont la voûte en encorbellement est recouverte par une couche supérieure de fumier et de terre (« terrat »). L’érudit a également répertorié plusieurs cabanes au Pla Guillem, plateau de haute montagne développé entre 2200 m et 2300 m d’altitude entre les territoires de Casteil et Py.

En moyenne montagne, les cabanes sont construites selon un plan demi-circulaire. L’une d’entre elles se trouve en bordure du sentier de randonnée « Tour de Saint-Martin du Canigó », à 1250 m d’altitude. Localisée à l’ouest d’un petit cours d’eau dit canal dels Cirers et reliant le correc dels Esmorzadors, elle est adossée à un mur et présente une voûte en encorbellement. Son entrée sud-ouest, est matérialisée par un linteau droit taillé dans un gros bloc de granit. Ce matériau est employé pour le reste de la cabane, dont les pierres posées les unes sur les autres par décalage, sont reliées à des dalles de couverture en partie sommitale. Une petite niche carrée est aménagée au ras du sol. Par ailleurs, une ancienne jasse délimitant un enclos de pierre, dans lequel les animaux de transhumance passaient la nuit, est située en contrebas de la cabane.

Une dernière cabane en très bon état de conservation située à 1390 m d’altitude sur la rive droite du correc de la Ridorta, est indiquée dans le PLUI de la communauté de communes Conflent Canigó en tant qu’élément patrimonial à protéger. Il s’agit de la cabane de la Cirerola (Coordonnées : Latitude : 42.5232 N/Longitude : 2.4114 E / Dimensions : 3,5 x 6m), de volumétrie plus massive que celle précédemment décrite. Elle présente une entrée à l'est, comportant sur sa droite une grande pierre latérale en saillie formant un banc. Le tertre sommital est complété par un amoncellement de dalles, constituant la fermeture de la voûte intérieure clavée. Ce système de voûtement se retrouve dans plusieurs cabanes de Casteil, répertoriées sur le site « Wikipedra Constructions en pierres sèches ».

Deux importantes constructions ruinées se trouvent non loin de la cabane, dont celle d'un cortal où subsiste le linteau droit et les murs porteurs.

En dehors des cabanes en pierre sèche, le territoire de Casteil est ponctué de cortals, pour la plupart en état de ruine. Ces édifices principalement liés à l’activité de transhumance, ont été construits dès le 18e siècle. Il s’agit de fermes d’altitude établies entre 900 m et 1700 m d’altitude, permettant d’exercer à la fois la culture céréalière et l’élevage pendant les saisons intermédiaires. Le plan cadastral de 1810 fait état de plusieurs cortals dans le secteur du Col de Jou, en rive droite du ravin de Jou et de l’ancien chemin de Prats-de-Mollo à Casteil. Sur la cartographie de la fin du siècle, ces cortals sont mentionnés avec le nom de leur propriétaire, dont les cortals « Cases », « Quès » et « Pidell ». Ceux-ci ont une typologie commune, avec un développement bâti sur un plan rectangulaire, à rez-de-chaussée destiné aux vaches et étage supérieur pour le stockage des fourrages. Le plancher de ce dernier a par ailleurs bien souvent disparu, tout comme la toiture à double pente. Il subsiste pour certains cortals des pans de murs maçonnés en granit et gneiss, avec de grandes pierres employées pour les angles et des moellons de taille modeste pour le reste. L’entrée bien souvent placée au sud, est matérialisée par un linteau droit en bois brut.

Cortals identifiés :

1. Cortal Jampi : Lieu-dit Als Camps, cadastre : 0A 72

Coordonnées : Latitude : 42.522699 N / Longitude : 2.387159 E / Altitude : 900 m

L’édifice comprend une toiture en bâtière couverte de tuiles canal, reposant sur des chevrons et pannes en bois. La maçonnerie est en moellons de pierres locales liées à un mortier de chaux. À l’est se trouve une unique baie à volets et linteau droit en bois. Le soubassement a la particularité d’avoir été construit sur la roche existante. La façade sud présente quant à elle des petites ouvertures carrées pour la ventilation du bâti.

2. Cortal Pidell : Lieu-dit Als Camps, cadastre : 0A 82

Coordonnées : Latitude : 42.522014 N / Longitude : 2.387097 E / Altitude : 928 m

De plan en L, le cortal comprend un corps de bâtiment à rez-de-chaussée pour l’étable et un étage supérieur traditionnellement utilisé en tant que pailler. Il est couvert d’une toiture à double pente. La façade est à une travée de baies aux dimensions croissantes vers le haut, matérialisées par des linteaux en bois brut. L’intérieur de l’étable est resté dans son état d’origine, avec une charpente de plancher à poutres massives et solives portant de mur à mur, maintenue par deux piliers à section circulaire en bois brut. Le mur intérieur sud dispose d’une banquette à soubassement en pierre et rebords en bois soutenant une mangeoire. Celle-ci est éclairée par une petite baie quadrangulaire. La partie sud de l’édifice est complétée par une annexe agricole à toiture en appentis. Enfin, la maçonnerie est formée d’un appareil en moellons et blocs de pierres locales taillées partiellement. Les couvertures des toits sont en tôles.

3. Cortal Cases : Lieu-dit Coll de Jou, cadastre : 0A 197 et 0A 123

Coordonnées : Latitude : 42.518795 N / Longitude : 2.383127 E / Altitude : 1041 m

Il subsiste le mur sud maçonné en moellons de granit, gneiss et roches incrustées de quartz, avec le linteau droit en bois de l’entrée. Les joints sont liés à un mortier de hourdage en terre. Il subsiste le gond en fer forgé de l’ancien battant de porte, ainsi qu’une petite niche dans le mur intérieur sud-ouest pour abriter une lampe à huile.

4. Cortal Quès : non répertorié sur la cartographie actuelle : Lieu-dit Coll de Jou, cadastre : 0A 121

Coordonnées : Latitude : 42.517013 N / Longitude : 2.382160 E / Altitude : environ 1119 m

Il conserve une grande partie de son mur ouest et le linteau en bois de l’entrée. Le soubassement intérieur sud dispose d’une banquette maçonnée en retrait, qui devait certainement soutenir une mangeoire.

D’autres cortals ruinés se situent à proximité (0A 120, 0A 119).

3. Forme urbaine

La formation du village est intimement liée à la richesse de son paysage environnant, véritable clairière culturale composée d’exploitations arboricoles diversifiées (pommes, poiriers, vignes) et de cultures céréalières, pratiquées depuis les temps anciens. Celles-ci se sont développées dans un premier temps en terrasses (feixes), sur les contreforts ouest et nord du village. La vigne, moins présente que les autres cultures, reste néanmoins ancrée dans le paysage de Casteil. En effet, certains sites ont une toponymie qui se réfère directement à cette culture, dont le correc de les Vinyes localisé au niveau de l’actuel parc animalier. L’agriculture en terrasse fut par la suite remplacée par la forêt, ainsi que des jardins et vergers, implantés sur les terrains moins abrupts du village. Au côté des vignes et des céréales, la culture de la pomme reste majoritaire jusque dans les années 1990. Plusieurs propriétés agricoles de Casteil conservent par ailleurs un dispositif de fabrication du jus de pomme, qui pouvait se faire à partir d’un système de meule horizontale (maison-ferme Jampy) ou encore de cuves de fermentation (maison-ferme Cases ou Can Gallardó). Aussi, il existait dans la commune un pressoir à fruits privé (seconde moitié du 20e siècle). Celui-ci appartenait à Mrs. Jacques NOU puis Arnaud ROSSIGNOL, dernier arboriculteur du village (fin d'exploitation au début du 21e siècle). Il a été ensuite acheté par le Mas del Noy de Vernet-les-Bains. L’agriculture de montagne est quant à elle toujours en cours de développement, notamment avec le pastoralisme et la transformation des plantes à parfums, aromatiques et médicinales (PPAM).

Le village de Casteil est accessible par la route départementale 116 (D 116), qui est l’unique voie structurante accessible depuis Villefranche-de-Conflent, puis Vernet-les-Bains. Celle-ci est prolongée par la route de Mariailles rejoignant le Col de Jou, reliant la piste Las Esplanes (Py et Sahorre). À l’ouest de la route se trouve un parc animalier de 25 hectares, abritant des animaux sauvages d’Europe, Océanie, Amérique, Asie et Afrique.

Situé en rive droite du Cady et étendue à flanc de côteaux, le village se compose d’habitations édifiées en terrasse, dont le noyau principal est développé entre les rues du Canigou et Carsalade du Pont.

L’implantation du bâti est à la fois linéaire le long de ces axes, regroupé au nord en petites parcelles et plutôt distendu au sud avec de grandes propriétés agricoles. Les espaces attenants aux habitations qui donnent sur la rue ou localisés à l’arrière des parcelles, sont des jardins privatifs utilisés à l’origine en tant que « Patus » pour le pacage du bétail (petit élevage), cours et aires de battage des récoltes. Cette répartition se retrouve sur le cadastre de 1810, au côté de jardins potagers. Les zones de pâtures apparaissent plus en retrait ; en effet, les terres agricoles sont majoritairement situées à l’extérieur du noyau bâti, tandis que celles destinées à l’élevage et au fonctionnement des exploitations agricoles sont au plus près des habitations.

La partie est du village est développée en discontinuité par rapport au centre ancien et sa forme urbaine se rapporte à celle d’un petit hameau. Cette intersection du bâti est sans doute liée à la formation d’un ancien talweg en continuité de l’église Saint-Martin-le-Vieux. Cette particularité naturelle a longtemps servi pour la pratique du maraichage, et de l’agriculture vivrière (pommiers, vergers, etc.). Par ailleurs, le cadastre de 1810 indique la présence de châtaigniers dans les hauteurs du village, dont le tracé correspond à celui de cette ligne paysagère.

4. Typologies

Les maisons d’habitations situées de part et d’autre des rues Carsalade du Pont, de la Cirerola et de la place de la République, ont la particularité d’être bâties en légère pente, avec comme point de départ l’église paroissiale Saint-Martin au sud. Ce sont pour la plupart des unités simples, constituées d’un bâtiment qui regroupaient à l’origine plusieurs usages sous un même toit. Il s’agit traditionnellement de maisons de journaliers accolées, à une ou deux travées de baies en façade principale. Elles sont mono-orientées sur rue et bi-orientées quand un axe passe sur l’arrière. La plupart ont été transformées postérieurement par ordonnancement des baies, ajout d’un enduit au niveau des façades et encadrements de baies. Quelques soubassements sont laissés apparents en moellons de granit à joints cernés au ciment. Des éléments modernes ont été rajoutés à partir des années 1950, dont des gardes corps arrondis et appuis de baies en béton. Les ouvertures sont dans certains cas rehaussées d’auvents couverts de tuiles canal, soutenues par des pièces de charpente en porte-à-faux, tels que les aisseliers. Cette disposition est inspirée des avant-toits débordants des murs gouttereaux, comme c’est le cas de l’habitation n°2 rue de la Cirerola.

La place de la République constitue un lieu de sociabilité important du village de Casteil, déjà existant sur le cadastre napoléonien. Elle concentre les plus anciennes maisons, dont l’actuelle n°4. Celle-ci garde sa distribution d’époque avec un rez-de-chaussée qui devait certainement servir de remisage (transformé en porte de garage), un premier étage accessible par un emmarchement droit regroupant les pièces de vie (salle commune, cuisine, chambres) et un deuxième étage autrefois utilisé en tant que grenier/lieu de stockage alimentaire. Une ancienne photographie en noir et blanc datée de 1899 permet de visualiser le bâti de la place, dont l’habitation n°4 qui comprenait au premier étage un four à pain placé en saillie de forme demi-circulaire, aujourd’hui disparu. Deux étroites portes s’ouvraient sur l’espace de remisage, délimité à l’extérieur par un mur en pierre sèche. À côté de la porte d’entrée se trouvait une petite baie à croisée et cadre de charpente en bois.

L’édifice côtoie une autre typologie d’architecture domestique, à savoir la petite ferme de village. Celle-ci est très souvent construite sur un plan en L, avec ou sans cour. Les plus importantes ont un vaste terrain (patus), sorte de basse-cour pour le petit bétail (cochon, etc.). La maison n°5 place de la République correspond à cette typologie, tout en reprenant le principe de la maison de journalier dans une volumétrie plus importante. Elle rappelle par ailleurs les habitations n°5 et n°6 rue de la Cirerola, dont l’étage supérieur a été repris postérieurement.

L’absence de terrain pour certaines fermes implique la construction de bâtiments annexes détachés du corps de bâtiment principal. Ce dernier cas se retrouve au niveau de l’actuelle habitation n°1 rue Carsalade du Pont, comme l’atteste une carte postale produite au début du 20e siècle. La grange cadastrée 0B 54 située en face de la maison d’habitation, se rapporte au modèle de cortal de village composé d’une maçonnerie à pierres apparentes et joints grossièrement enduits. Elle est couverte en appentis et s’ouvre sur la rue par une petite baie en rez-de-chaussée ainsi qu'une baie de chargement du foin au premier étage, fermée par un volet en bois. L’habitation possédait à l’origine une travée de baies sur la rue Carsalade du Pont, avec une largeur de façade principale plus étroite que la face latérale nord. De plus, la maison comportait trois niveaux, reprenant le modèle de la maison de journalier. Cette disposition a été modifiée dans les années 1960, par l’adjonction d’un étage supplémentaire, composé d’une galerie hors œuvre en charpente. Par ailleurs, la maçonnerie traditionnelle à joints « beurrés » est désormais recouverte d’un enduit.

Dans l’ensemble, ces constructions ont une toiture couverte de tuiles canal à deux pentes ou en appentis, avec un avant-toit composé de pannes (côté mur pignon) et de chevrons (côté mur gouttereau) débordants. Ces pièces de charpentes sont également visibles sur les plus grandes fermes de village sur cour, étudiées dans le cadre de cet inventaire. Elles ont la particularité de se développer autour d’une vaste cour et d’être reliées directement à des bâtiments agricoles (granges, étables, etc.). Afin de palier à l’importante longueur de la toiture, des supports intermédiaires en bois ou maçonnés en pierres sont intégrés verticalement. Lorsque ces derniers maintiennent également une terrasse aménagée au premier étage, elles forment une structure appelée brane. Les maisons-ferme Cases et Can Gallardó ou encore Jampy ont hérité de cette typologie et méritent d’être reconnues, à travers les techniques traditionnelles de construction employées.

Au sud et à l’est de Casteil, le tissu bâti est plus lâche, avec des édifices de type fermes agricoles similaires à celles précédemment décrites. C’est le cas de la maison n°9 rue du Canigou, ou ferme Pidell, qui est une ancienne ferme de village sur cour, cadastrée B1 411 sur le plan de 1810. Le rez-de-chaussée servait à l’origine de remise agricole, tandis que les niveaux supérieurs concentraient les espaces domestiques (salle commune, chambres, combles). La façade principale est constituée d’une brane à piliers de plan carré, maçonnés en pierre au rez-de-chaussée et en bois au premier étage, soutenant une toiture débordante. Cette dernière a un voligeage reposant sur des chevrons et pannes et protège la terrasse supérieure. En dehors du corps d’habitation principal, une grange agricole est construite en adossement au nord, autour d’une cour non close.

D’autres édifices projetés sur le cadastre napoléonien ont vraisemblablement été construits antérieurement au 19e siècle, dont l’habitation située au n°5 rue Elisa. Cette dernière devait sans doute faire partie d’un ensemble composé de bâtiments annexes (paillers, etc.), aujourd’hui transformés en habitations.

La dernière typologie rencontrée dans cette zone du village est le modèle d’habitations édifiées entre les années 1960 et 1980, à proximité des cultures d’arbres fruitiers. Elles se rapportent à une architecture ouvrière, conçue en autoconsommation par la population locale. De plan carré, elles possèdent un rez-de-chaussée dédié au stockage des fruits et un premier étage. Celui-ci peut être rehaussé d’un comble à surcroît. Leur maçonnerie est en pierres apparentes ou recouverte d’un enduit.

À partir des années 1990, les vergers sont grandement diminués et la plupart remplacés par des près. Les nouvelles habitations de type pavillon situées entre les rues du Vieux Noyer, du Canigou et Elisa, sont quant à elles construites entre 1995 et les années 2000. Pour autant, les plus grandes parcelles agricoles n’ont pas été touchées par l’urbanisation.

Enfin, le bâti qui ceinture à l’ouest et au sud de vieux village, construit entre les années 1940 et 1960, se caractérise majoritairement par une élévation sur rez-de-chaussée et un ou deux niveaux supérieurs avec combles. Les premières habitations conçues sur un plan carré, ont une maçonnerie apparente en moellons équarries et chaînes d’angle en pierre de taille (granit), dont les joints peuvent être cerclés à la chaux. Le mur pignon Sud correspondant à la façade principale, a un avant-toit en bâtière avec pannes débordantes ou à demi-croupe avec aisseliers en bois peint. De plus, l’architecture des années 1950 est inspirée du style régionaliste, comme c’est le cas de l’habitation n°4 Boulevard de Saint-Martin du Canigou, qui comprend une corniche décorée d’une génoise en tuiles et deux rangs de briques superposées. Les autres modèles de bâti sont conçus selon un plan en L et ont une volumétrie importante, liée au développement de l’activité hôtelière. C’est le cas des édifices cadastrés 0B 370, 0B 36 et 0B 76.

L’extension sud-ouest s’est quant à elle opérée dès les années 1960. Un premier groupement bâti composé d’habitations de type pavillonnaire a été construit de part et d’autre de la rue du Cady. Il se trouve à l’emplacement des anciennes vignes cultivées dans le village. Aussi, ce petit noyau est en discontinuité avec le dernier groupe situé en bordure du Chemin de Mariailles, aménagé dans les années 2000.

Documents d'archives

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  • 1902-1931
  • Sans date
  • 1810
  • 1810
  • 1810
  • 1810
  • 1810
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  • 1993
  • 1977
  • Sans date
  • 1975
  • 1958
  • VIDAL, Pierre. Guide historique et pittoresque dans le département des Pyrénées-Orientales. [en ligne]. Deuxième édition. Perpignan. Librairie Saint-Martory. Alté et Fau, Successeurs. 1899. 544 pages.

    1899
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