Les deux cabanes sont vraisemblablement postérieures à 1810, en raison de leur absence sur le cadastre de 1810. Leur particularité est d’avoir été construite non loin de cours d’eau et d’anciens chemins (de Casteil à Prats-de-Mollo pour la Llipodera et de Casteil à Valmanya pour celle de Sahuc). Le Syndicat mixte Canigó Grand Site prévoit prochainement de réaliser la restauration de la cabane de la Llipodera.
Ces constructions en pierre sèche participent au patrimoine rural du territoire de Casteil, lié aux pratiques agricoles. L’estivage, consistant à effectuer en été des déplacements de troupeaux vers les hauts pâturages est très ancienne dans le Conflent. En effet, les premières concessions de pacages remontent au 10e siècle [DE POUS, Anny. 1964. p. 103]. Par ailleurs, le premier recensement officiel de bestiaux est daté de 1720 [voir l’inventaire patrimonial de la commune de Taurinya].
La cabane est une typologie qui se rencontre entre 800 m d’altitude et 2000 m d’altitude (ex. au Pla Guillem vers 2 200 m). Sur le territoire de Casteil, il s’agit majoritairement de cabanes d’estives utilisées en tant qu’habitat temporaire, comme c’est le cas de celle de la Llipodera. La cabane de Sahuc devait concilier à la fois l’élevage et l’agriculture, en raison de la diversité typologique des vestiges en pierre sèche. De plus, les parcelles environnantes sont formées au 19e siècle de pâtures et de terres, principalement orientées sur la culture des céréales et des pommes de terre [témoignage recueilli auprès des habitants de Casteil].
La cabane de la Llipodera a été identifiée dans les années 1960 par Anny de Pous, qui l’a mentionné en tant que « capitelle de la jasse de Llipodera ». En raison de l’absence de nom purement local, l’archéologue s’est attachée à utiliser le nom languedocien de « capitelle », comme elle l’atteste dans ses articles [Fonds Anny de Pous. Boîte n°508]. Par ailleurs, le terme jasse désigne traditionnellement un grand parc, dans lequel les animaux de transhumance dormaient la nuit. Aussi, plusieurs murets d’enclos sont conservés au sud-ouest de la cabane.