L’occupation du territoire est très ancienne, en raison de l’existence de mégalithes préhistoriques, dont deux dolmens situés aux lieux-dits Les Clauses et Pineda.
Les premières mentions de Mosset dans les sources historiques sont attestées au 10e siècle, notamment en 958 (« Villa Mosseto ») et 968 (« Valle Mosset ») [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.111]. Cette toponymie employée se réfère dans un premier temps à un domaine, puis à la vallée dans laquelle s’est implantée la population primitive.
A l’origine, le village (« Mosset Vell ») se situait à environ 3 km en aval de l’actuel, sur la rive gauche de la Castellane au lieu-dit Sant-Julia. Il subsiste les ruines de l’église paroissiale primitive Saint-Julien-Le-Vieux, employée pour servir le culte jusqu’au 18e siècle, dont l’appareil conservé rappelle les constructions de la seconde moitié du 12e siècle [MALLET, p.191]. Elle a probablement été construite avant le 10e siècle, comme l’atteste en 958 le privilège du roi Lothaire et en 968 les bulles du pape Jean XIII, indiquant que l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa possédait un alleu dans la vallée de Mosset [RIFA, 2011, p.92]. En effet, le territoire est successivement passé entre les mains de l’abbaye de Lagrasse puis du monastère de Cuxa à l’époque carolingienne.
A la fin du 12e siècle, le village s’installe à son emplacement actuel, sur l’éperon rocheux dit du « Puig de Corts ». Ce dernier était déjà habité, puisqu’il est cité en 1068 sous le nom « Villare de Cortis in valle Mossed » (Les Corts) [RIFA, 2011, p.91]. L’installation de la population sur le site à l’époque médiévale est très certainement liée à des raisons sécuritaires et s’est accompagnée de la construction d’une forteresse, octroyée à Pierre III de Domanova par le roi Alphonse II [RIFA, 2011, p.92]. Le caractère fortifié du site est visible dans la toponymie employée au cours des siècles, notamment en 1175 (« fortia in valle de Mosseto »), 1279 (« castrum de Mosseto situm, hedificatum et positum in podio de Curtis »), 1318 (« castrum et villa de Mosseto »), et 1435 avec la mention d’un château (castrum de Mosset) [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.112].
Le 12e siècle est également marqué par la construction d’édifices à vocation militaire et religieux, dont l’abbaye de Sainte-Marie de Jau ou de Clariane. Cette dernière est mentionnée pour la première fois en 1162 (« monasterium Sanctae Maria de Cleriana »), au moment où l’évêque d’Elne, Artaud, soumet l’abbaye à celle d’Ardorell (diocèse d’Albi), à la suite de l’accord donné par Arnaud de Mosset et de ses frères [CAZES, 1977, p.57]. Elle communiquait vraisemblablement avec la tour ou « Bastida » de Mascardà, qui apparaît en 1165 sous la dénomination « Bastida » [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.112]. En effet, le territoire de Mosset est une zone frontalière entre la viguerie du Conflent et les Fenouillèdes. De plus, il est compris parmi les possessions du roi d’Aragon, depuis le traité de Corbeil (1258) jusqu’au traité des Pyrénées (1659). Son accès s’effectue depuis la France par le Col de Jau, qu’il faut donc renforcer et protéger. La tour ainsi comprise dans le réseau des tours à signaux construites entre les 11e et 12e siècles, centralisait le signal sur Clariana et le château de Mosset.
Jusqu’au 14e siècle, la seigneurie de Mosset érigée en baronnie, est détenue par la famille dite « de Mosset » [RIFA, 2011, pp. 92 et 93]. Entre 1190 et 1218, une reconnaissance féodale du château est faite par Ademar de Mosset à Guillem de Canet, fils de Pons de Guardia [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.112]. Le 8 Mars 1312, un acte confirme la possession de l’édifice par le seigneur du château, Ademar de Mosset, qu’il reconnaît tenir de Guillem de Canet. Cet acte indique également les limites de la vall de Mosset ; « usque ad collum vocatum de Jau, ad Clariana, collum de Turno, pratum de Vedrinyans, terminalia de Paracols, collum de Nomenat, in plano de Pontibus, ad faig de Trapa, ad volcatorium de Escales » [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.102].
En 1318, Guillemet de Narbonne fait au roi Sanche l’aveu féodal du château, de la villa de Mosset et de la Bastida de Mosset [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.103]. Tous les droits de Guillemet de Narbonne sur la vall de Mosset sont entre 1330 et 1344 cédés au roi Jacques II, qui accorde en échange les châteaux de Plexan et d’Adissan dans la baronnie d’Omélas. C’est également à cette époque que la vall de Mosset et la Bastide de Mascardà, sont inféodées en faveur d’Ademar de Mosset » [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.103]. Après les échanges réalisés entre ce dernier et Jacques II de Majorque, la famille dite de Mosset disparaît des sources historiques, en raison de l’absence d’héritiers ou de probables représailles de Pierre IV d’Aragon. André de Fenollet léguera par ailleurs la seigneurie de Mosset à Hug de Santa-Pau en 1353 [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.104].
Au 14e siècle, de nouveaux édifices religieux sont édifiés, dont la nouvelle église paroissiale sur le « Puig de Corts ». En effet, un texte de 1362 mentionne une « capella nova Sancta Juliani de Mosseto » [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.110]. Il indique également l’église Saint Etienne du hameau de Brèzes (« ecclesia Sancti Stephani »), dont l’existence est aujourd’hui matérialisée par la conservation du soubassement. Par ailleurs, la famille dite de Mosset est probablement originaire de ce hameau, développé à l’Est de Mosset.
Entre 1365 et 1370, Mosset compte 75 feux, correspondant à une population supérieure à 300 habitants. Le hameau de La Carole possède quant à lui 5 feux [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11. Prades. 1973, pp. 15 et 16]. À cette époque, la seigneurie fait l’objet de plusieurs ventes et donations, notamment en 1375 par Bérenger d’Oms [CATAFAU, 1998, p.452].
Elle est ensuite cédée à la famille de Cruïlles, qui se chargea de réaliser de nouvelles fortifications. En effet, un texte de 1412 mentionne l’existence d’une porte implantée dans un « barri » (quartier) de Mosset. De plus, les « barris » situés autour du puig sont vraisemblablement entourés de murs en 1581 [CATAFAU, 1998, p.453].
A partir de 1675, la seigneurie devient la propriété des marquis d’Aguilar, dont Pierre d’Aguilar (1719-1792), qui épousa Jeanne de Marguerit à Mosset en 1754. Celui-ci détenait plusieurs forges et moulins, principalement exploités à l’époque moderne. L’importante activité industrielle du territoire marque une constante augmentation de la population, avec 98 feux (445 habitants) en 1700 et 1740, ainsi que 1033 habitants en 1774 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11. Prades. 1973, pp. 37, 43 et 46].
Au 18e siècle, le territoire compte au moins deux forges localisées en amont et en aval de la tour de Mascardà, et plusieurs moulins en bordure de la Castellane [TOSTI, [en ligne]]. L’économie locale est prospère ; plusieurs troupeaux d’ovins viennent du Roussillon pour la transhumance, comme c’est le cas en 1720. Environ 38 000 ovins ont pu être envoyés sur les pâturages de Mosset, dont une grande partie venait de Perpignan, Rivesaltes et Mosset.
Jusqu’à la première moitié du 19e siècle, la démographie ne cesse d’augmenter, avec 1064 habitants entre 1792 et 1793, 1157 en 1806, et 1283 en 1846 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11. Prades. 1973, pp. 51 et 68]. L’activité des forges présentes dans la vallée est en essor ; deux d’entre-elles sont mentionnées dans les textes, notamment en 1819, 1845 (8 travailleurs), et 1859 (14 travailleurs) [GAVIGNAUD, 1976, p.186]. Le minerai extrait des mines du Conflent dont celle de Fillols, était utilisé pour alimenter les forges de Mosset. De plus, elles étaient approvisionnées avec du charbon provenant de Conat, Nohèdes ou Urbanya. Pour le transport du minerai, les traginers (transporteurs) empruntaient à l’aide de mulets ou d’ânes harnachés le chemin vicinal de Mosset à Prades. En raison de son rôle structurant pour le territoire en tant que point de passage entre les vallées de l’Aude et du Conflent, il bénéficie de travaux d’aménagement dans la seconde moitié du 19e siècle. Après une première demande adressée le 25 juillet 1835 au préfet et au Conseil Départemental, la nouvelle route de Molitg à Mosset est réalisée en 1876 jusqu’au village de Mosset et le col de Jau [GAVIGNAUD, 1976, p.182].
La fin du siècle marque la fin de l’industrie des forges, même si celle dite de Campôme (située à la limite entre le village et Mosset), reste une des rares à rester en activité [GAVIGNAUD, 1976, p.183].
L’exode rural amorcée dans la seconde moitié du 19e siècle, entraîna un important déclin démographique. Selon les recensements de la population, Mosset compte 859 habitants en 1896, 804 en 1911, 673 en 1921, 384 en 1954 et 321 en 1968 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11. Prades. 1973, p. 68]. La venue progressive de nouveaux habitants entre la fin du 20e siècle et les années 2000 donne un nouveau dynamisme au territoire et permet de stabiliser la démographie autour de 300 (293 en 1990, 303 en 2007, 308 en 2017 et 315 en 2020. Par ailleurs, les données de 2007 permettent d’observer une majorité de professions intermédiaires (15,8 %) suivies des ouvriers (9,7%), des cadres et professions intellectuelles supérieures (7,7%), malgré un taux important de retraités (31,2%). [Insee, Portrait démographie et conditions de vie – Évolution et structure de la population, [en ligne]].
Intégré au territoire Madres-Coronat classé Natura 2000, le site de Mosset dispose également du label des « Plus Beaux Villages de France ». Sa Tour des Parfums construite en 2000, permet la découverte de sensations olfactives et gustatives appréciées des visiteurs curieux de découvrir le territoire. Certaines traditions locales ont encore été conservées, tel que le Pessebre, qui consiste à se recueillir le jour de la Nativité autour de la crèche et à interpréter des chants en chœur. L'association « Les pastorets de Mosset » créé à la fin du 20e siècle, perpétue cette pratique ancestrale.
S.D.A.P.66.