Les premières mentions de moulins sur la commune de Mosset remontent au 16e siècle. En effet, cinq édifices sont recensés en 1560 et trois en 1563 [ROSENSTEIN, Revue Conflent, 1989, p.102]. Ceux étudiés dans le cadre de l’inventaire du patrimoine hydraulique, sont attestés depuis le 18e siècle. Avant la Révolution française, le marquis d’Aguilar possédait au moins deux moulins à rente fixe, avec un produit annuel moyen estimé à 600 livres [ROSENSTEIN, Revue Conflent, 1989, p.33]. Plusieurs propriétaires vont ensuite se succéder à partir des années 1790, tel que Isidore Lavila (1758-1825) pour les moulins d’en haut [Histoire de Mosset. ½ - Pierre François Ignace d’Aguilar (1719-1792). [en ligne]].
Les édifices recensés au nombre de trois, sont des moulins qui fonctionnaient grâce à la force hydraulique. Ce sont des moulins à roue horizontale et axe vertical (en dehors du probable moulin à huile, dont les meules devaient être verticales), alimentés à partir d’un canal d’amenée prenant sa source dans la Castellane. Plusieurs aménagements vont ainsi être établis à partir de la rivière et vont se heurter à une consommation excessive de la part des riverains. En effet, par une lettre en date du 21 Août 1881, le Maire de Mosset demande au service hydraulique du département « que les eaux soient réservées pendant 48 heures à Mosset pour permettre de laver le linge et moudre le grain » [A.D. 66 : 14 Sp 140].
Un dernier moulin à farine dit « Saury » du nom de ses propriétaires successifs, se trouvait sur la rive droite de la Castellane, à environ 200 m en aval de la forge dite « basse ». Construit en 1855, il aurait appartenu au meunier Jean Pierre Saury (+ 1866) puis à son fils Batiste Saury (1851-1913). Son activité cessa en 1902 [Histoire de Mosset. Mosset en 1799. [en ligne]], et l’édifice tomba peu à peu en ruine (actuellement absent du cadastre).
Moulin à farine dit « de la Ville » :
Selon les sources historiques, il s’agirait du premier moulin à farine communal dit « de la Ville », construit par les habitants de Mosset en 1791. L’édifice est mentionné dans le procès-verbal de visite des usines et cours d’eau du 1er septembre 1799, réalisée par l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées. Cette visite est effectuée en présence de Pierre Thomas de Molitg et de Matheu de Mosset, « commissaires nommés par l’administration du Canton » [Histoire de Mosset. Mosset en 1799. [en ligne]]. La date « 1757 » gravée sur l’encadrement de la porte d’origine, pourrait se rapporter à une construction antérieure ou à un élément de réemploi.
Au 19e siècle et durant les mois d’hiver ou d’Automne, le meunier reste le seul usager du canal, chargé de l’entretenir à ses propres frais [JAUBERT DE PASSA, 1821, p. 121 et p.122 [en ligne].
Dans les archives du 20e siècle, le nom « Gotanègre » qui accompagne la projection du moulin, renvoi à son propriétaire Paul Gotanègre (achat en 1902). [Histoire de Mosset. Mosset en 1799. [en ligne]]. La farine obtenue dans le moulin au cours du siècle, provient majoritairement du seigle et du froment, cultivées sur le territoire [BOUSQUET, 1999, p.20].
Moulin à farine et moulin à scie d’en haut :
Deux moulins appelés « Laville » du nom du propriétaire apparaissent sur le cadastre de 1811. Les aménagements hydrauliques du moulin à farine sont visibles sur le plan napoléonien, qui permet d’observer le canal d’amenée avec sa prise d’eau en amont dans la Castellane, ainsi que le canal de fuite.
Tout comme le moulin à farine dit « de la Ville », les édifices apparaissent dans le procès-verbal de visite des usines et cours d’eau du 1er septembre 1799, réalisée par l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées. La description faite permet de distinguer la fonction de ces deux bâtiments dits de Dalt (d’en Haut), utilisés en tant que moulin à farine « à deux meules » et moulin à scie, « joignant sur la rive gauche dont la prise d’eau pour les deux usines est à la distance de 186 mètres au moyen d’une digue en poutres et pieux contre butées d’un mètre et demi de hauteur » [Histoire de Mosset. Mosset en 1799. [en ligne]].
Un certain Isidore Lavila achète le moulin à farine en 1795 pour 825 000 livres, puis le moulin à scie en 1796 [Histoire de Mosset. Mosset en 1799. [en ligne]]. Plus récent, le moulin à scie est également mentionné dans une pétition (visant sa démolition ?), dont les observations faites le 27 Juin 1799 par l’agent forestier provisoire des Pyrénées-Orientales donnent une description de son environnement. En voici les extraits : « Considérant que le pétitionnaire à construit le moulin à scie dans un temps où les lois qui n’étaient pas révolutionnaires semblaient ne pas être en vigueur.
Considérant qu’il a cru pouvoir jouir des droits imprescriptibles que la nature accorde à tout homme et solennellement reconnues par la Convention, considérant que la rivière sur laquelle est construit ce moulin à scie n’est ni flottable, ni navigable, que cette nouvelle construction est un avantage réel, soit pour les habitants de ce canton, soit pour ceux du département.
Que cette usine est bâtie à une distance assez éloignée des forêts pour qu’il y ait d’autre maraudage que celui que voudraient les gardes forestiers, que depuis la construction de ce moulin à scie il ne conteste pas que le propriétaire ait fait la moindre fraude aux forêts de la République, ni aux bois des particuliers » [Histoire de Mosset. Mosset en 1799. [en ligne]].
À la lecture de ce texte, le moulin à scie semble présenter des avantages économiques non négligeables pour la population locale.
Enfin, les deux moulins sont cités dans l’acte de partage des biens d’Isidore Lavila en 1825 et vendus à un homme nommé Barthélémy en 1826. Les propriétaires successifs entre les 20e siècles et 21e siècles sont Antoine Suvestyre, Commenge (de Bouleternère), Gérard van Watreloo et Jean-Luc Godet (actuel propriétaire).
Moulin à farine et à huile d’en bas :
L’édifice est identifié en tant que moulin à farine dans le procès-verbal de visite des usines et cours d’eau en date du 1er septembre 1799, réalisée par l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées. Selon les témoignages oraux, l’édifice aurait également servi de moulin à huile. La description faite au 18e siècle indique qu’il s’agit d’un moulin à farine « à deux meules » (…), dont la prise d’eau est à la distance de 104 mètres par une digue placée au tuyau du moulin supérieur en bois et pierres d’un mètre de hauteur, appartenant au citoyen Bruzy dit Picaret habitant de Mosset qui l’a acquis de la République ». Celui-ci l’aurait en effet acheté en 1795 pour 31 000 livres [Histoire de Mosset. Mosset en 1799. [en ligne]].
Sur le cadastre de 1811, le corps de bâtiment est visible tout comme le canal d’amenée prenant sa source à environ 104 m en amont dans la Castellane.
Il s’agit actuellement du gîte dit « du Moli d’Oli », disponible à la location. Les espaces intérieurs ont dans ce sens été réaménagés.
Nom officiel : Pierre François Bon de Cruïlles de Santa Pau de Buire de Margarit marquis d'Aguilar