La vallée est traversée par la rivière de la Castellane (Castellana en Catalan), qui portait autrefois plusieurs noms, dont ceux de Kastelan au 14e siècle et de Castelar au 16e siècle [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p 380]. Ce cours d’eau étendu sur 27 km de long, prend sa source au niveau du Pic du Bernard Sauvage (2412 m) et sur le flanc Est du Pic du Madres (2469 m). Il est également alimenté par de nombreux correcs (ravins en catalan), présents sur tout le territoire. Il s’agit d’un des plus importants affluents du fleuve de la Têt, dans lequel il se jette non loin du Mas Riquer.
Le patrimoine hydraulique de Mosset est très riche et a nettement contribué au développement économique du territoire. En effet, plusieurs forges et moulins ont fonctionné grâce à la force hydraulique, dont le paysage garde encore aujourd’hui la trace. Jusqu’au milieu du 19e siècle, les activités tels que l’élevage et l’agriculture bénéficient de l’accès à la ressource en eau, matérialisé par un important réseau de canaux. Au 20e siècle, les cultures sont partagées entre les terres non irrigables dites « à l’aspre », et celles qui le sont (« au ragatiu ») en bordure de la Castellane [BOUSQUET, 1999, p.20]. Ces dernières sont essentiellement le froment, maïs, haricots, pommes de terre, salades et betteraves.
Les canaux prennent leur source dans la rivière de la Castellane et totalisent environ 21 km.
Sur sept canaux présents à Mosset, deux d’entre eux sont au moins existants depuis le 14e siècle. Il s’agit du canal de la Ville, ainsi que celui de Mosset et Molitg.
Canal de la Ville :
Très certainement créé avant le 14e siècle, [Histoire de Mosset. Les canaux de Mosset. [en ligne]], le canal apparaît sur le cadastre napoléonien (1811) sous la dénomination « Canal d’arrosage de Mosset ».
Le tracé n’est pas encore achevé à cette date, puisqu’il prend fin au Nord-Est de Mosset. Toute la partie Est du village actuellement irriguée par ce canal, est en effet absente du plan. Deux prolongements de ce canal ont été réalisées postérieurement, dont le premier vers l’amont a fait l’objet d’un projet en 1798, mis en œuvre 20 ans plus tard (1818). En effet, le canal de la Ville prenait sa resclosa (prise d'eau en catalan) au niveau du ravin de la Bastide. Plus en amont se trouvait un petit canal dit de la métairie, adjoint par la suite à celui de la Ville afin d’augmenter le débit d’eau. [Histoire de Mosset. Le canal de la Ville. [en ligne]].
Un plan dressé en 1831 et conservé aux Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, permet de voir le second projet de prolongement du canal en zone Est du village [A.D. 66 : 14 Sp 143]. Les travaux ainsi réalisés devaient permettre d’arroser les terres de Molitg situées au-dessus du canal de Molitg.
D’importants travaux de réparations du canal confiés aux architectes Félix Mercader et Samuel Banyuls, ont été réalisés en 1936. Portés à hauteur de 111.722,00 francs, l’association du canal a pu bénéficier d’une subvention sur les fonds du ministère de l’Agriculture. Les travaux ont consisté à reprendre complètement la prise d’eau, qui présentait un mauvais état. En effet, elle est à cette époque constituée de troncs d’arbres en travers de la rivière, systématiquement emportés à la moindre crue. Le projet prévoit ainsi la pose de gabions métalliques avec des enrochements, la création d’une martelière au droit de l’ouvrage pour canaliser le débit d’eau du canal. Il est également prévu la reconstruction des murs en maçonnerie de cailloux posés au mortier de ciment et la confection de banquette et radiers en béton de ciment. De plus, le descriptif des travaux permet de connaître la surface irrigable, portée à 66 hectares et 77 ares de terrains. Les principales cultures irriguées sont des prés, pommes de terre et betteraves.
La gestion de ce cours d’eau est actuellement confiée à l’ASA dite du canal de la ville. Suspendue pendant un temps, elle a été reprise il y a une dizaine d’années. L’entretien ainsi que le fonctionnement des agouilles (branches secondaires) pour l’irrigation des parcelles, est à la charge des propriétaires fonciers ou exploitants autorisés membres de l’ASA. En effet, l’arrosage des terres est la fonction exclusive du canal. L’ASA porte depuis 2019 un important projet de rénovation du canal (2 km sur les 5 km existants), afin d’économiser 583 891 m3 d’eau par an [ASA Canal de la Ville. Règlement de la consultation, 2019]. Elle étudie également la faisabilité d’une production hydroélectrique, dont l’étude est actuellement en cours. Il serait en effet question de remettre en fonction l’ancienne usine hydroélectrique (1911), en réinstallant une turbine pour la production d’énergie. L’ASA du canal de la Ville propose dans ce sens d’amener l’eau du canal à partir d’une conduite forcée. Le redéploiement de l’usine constituerait une ressource financière non négligeable, afin d’aider à l’entretien et à la gestion des canaux.
Enfin, des travaux sommaires ont récemment été réalisés sur le canal, à la suite de la tempête Gloria de 2020. Certains bas-côtés sont en effet renforcés par des planches de bois. De plus, il est prévu de reconstituer le gabion en grillage métallique au niveau de la prise d’eau, afin d’assurer le soutènement du canal. Dans le cadre du plan FEDER, certains tronçons vont prochainement être consolidés et réhaussés. Une participation financière du Conseil Départemental, de la Région Occitanie et de l’Agence de l’eau est également prévue.
Canal de Mosset et Molitg :
Il s’agit de l’ancien canal de Mosset, dont un premier aménagement a été réalisé en 1300, à la suite de l’autorisation du seigneur du lieu d’utiliser « les eaux de la rivière de Kastelan, pour l’arrosage (des) terres », accordée auprès des habitants de Mosset, Molitg et Campôme [JAUBERT DE PASSA, 1821, p.119]. Sur le cadastre de 1811, le canal apparaît sous la dénomination « Ruisseau d’arrosage de Moligt » (ancienne graphie pour « Molitg »). À l’origine, la digue du canal se trouvait à « 3 ou 400 toises plus bas que le château de Mosset ». Dans les années 1820, il a été décidé d’implanter la resclosa plus en amont, et de renforcer structurellement la digue du canal [JAUBERT DE PASSA, 1821, p.120]. Cette nouvelle construction réalisée pour la somme de 1667 francs, permettait ainsi au 19e siècle d’arroser environ 235 journaux de terres (8356 ares) sur les terroirs de Molitg et de Campôme [JAUBERT DE PASSA, 1821, p.120]. Les terres irriguées de Mosset sont quant à elles estimées à 175 journaux de terre (environ 6223 ares).
Un acte établi le 22 mai 1718 auprès d’un notaire de Prades nommé Vincent Philippe et signé par les consuls Joseph Prats, Hilaire Galaud, Nicolas Pons, Joseph Fabra, Ignace Bori, ainsi que Augustin Deixonna, donne l’autorisation aux propriétaires de Mosset possédant des terres en contrebas du canal, d’utiliser l’eau pour l’arrosage. Le premier règlement est créé par la suite, le 15 Juin 1721 et donne lieu à une assemblée en date du 2 Juin 1765 [Histoire de Mosset. Mosset. 1300 : Création du canal d’arrosage de Molitg. [en ligne]]. Cette dernière est une transcription de deux textes écrits la même année indiquant les caractéristiques du canal, dont la description des vannes (dites ouill ou amberga en catalan), ainsi que les noms des propriétaires autorisés. C’est le cas des terres de Jean Livila, de Joseph Fabra ou encore d’Isidore Pons, pouvant être arrosées à partir de la première embergua. La répartition de l’arrosage par localité est décrite ; un tour d’arrosage représente six jours, répartis en deux jours pour Mosset et en quatre pour Molitg. De plus, l’irrigation des près s’effectue la nuit [Histoire de Mosset. Mosset. 1300 : Création du canal d’arrosage de Molitg. [en ligne]].
Le règlement de l’association syndicale du canal en date du 10 septembre 1831, donne le temps d’arrosage par tenanciers, estimé à 1 min et un huitième par are [A.D. 66 : 14 Sp 139]. De plus, selon l’article 8, les tenanciers arrosant doivent arroser alternativement une année du jour et une année de nuit, « c’est-à-dire que ceux qui arroseront cette année du jour devront arroser l’année prochaine de nuit et ainsi de suite ». En cas de non-respect des temps d’arrosages et des jours autorisés pour l’utilisation de l’eau du canal, les tenanciers se verront payer des dommages et intérêts envers les autres tenanciers (articles 1 et 2). L’article 4 mentionne que « Tout tenancier est obligé de prendre l’eau pour arroser ses terres aux embegues et endroits qui lui seront indiqués, pour la rendre après aux lieux qui lui seront désignée ». Il devra « la remettre à celui qui doit la prendre après lui, sans qu’il puisse pour quelle raison que ce soit la retarder ni la transporter par d’autres endroits ». Le document évoque également le partage en trois portions égales du canal, afin de redistribuer l’eau du canal à trois embegues à la fois.
Au cours du 19e siècle, l’administration du canal pour l’association du canal a été confiée à un « reguer », terme catalan désignant un vannier. L’un d’entre eux nommé en 1818, a été chargé d’élaborer les règles concernant les travaux d’entretien et le respect des horaires d’arrosage.
À la fin du siècle, le canal nommé « ruisseau commun de Mosset, Molitg et Campôme », est géré par l’Association syndicale du canal de Mosset, Molitg et Campôme. Une lettre signée par les tenanciers de la commune de Molitg en date du 12 juin 1871 et adressée au Préfet des Pyrénées-Orientales, indique qu’il y a « environ 30 hectares de terrain situés en dessous du périmètre du canal d’arrosage actuel qui ne peuvent pas s’arroser parce que le volume d’eau qui coule dans le canal est insuffisant ». Il est donc préconisé d’arroser uniquement pendant les mois de Mars, Avril, Mai et Juin, les années où il y a assez d’eau dans la rivière de la Castellane. De plus, l’arrosage des terres au cours de cette période, permettrait de bénéficier d’excellentes récoltes de foin. Afin de bénéficier d’un plus grand volume d’eau, l’élargissement du canal d’arrosage a donc été entrepris par les habitants de la commune de Molitg, en accord avec la convention établie avec le marquis d’Aguilar, seigneur de Mosset, en date du 1er Juin 1721.
Dans la première moitié du 20e siècle, l’état du canal est préoccupant et nécessite de réaliser d’importants travaux de réparations. En effet, de nombreux dégâts sont occasionnés en période pluvieuse au niveau des ravins qui coupent le tracé du canal et la prise d’eau « constituée par des madries, des pierres roulées et du gazon est emportée à chaque crue ». Les réparations estimées à 122.000 francs, dont 6.300 francs d’honoraires, ont pu être subventionnées par l’Etat (accord de la Préfecture des Pyrénées-Orientales en date du 6 Mars 1935), avec une aide complémentaire du Département, accordée à hauteur de 28.925,00 francs. La réalisation de ces travaux a été confiée aux architectes Félix Mercader et Samuel Banyuls, actifs à Perpignan.
Les dessins d’exécution en date du 8 Novembre 1934, prévoient au niveau de la prise d’eau le renforcement du barrage actuel constitué de troncs d’arbres, par la pose de gabions métalliques. Il est également question de renforcer son mur en pierres sèches, avec la construction d’un mur en maçonnerie de cailloux sur une longueur de 25 m. D’autres réparations sont projetées, dont la construction d’un radier et d’une banquette en béton de ciment au droit du chemin de la Carole, et la réfection du radier du moulin dit de Gotanégre (édifice situé au n°2 Carretera de la Carole) [A.D. 66 : 14 Sp 139].
Actuellement, le canal est géré par deux ASA ; celle de Molitg créée le 05 Avril 1964, s’occupe du tronçon compris entre la prise d’eau et Mosset (sur 2 km environ). À partir du village et sur 3 km environ, il s’agit de l’ASA Canal Commun puis à nouveau de l’ASA de Molitg jusqu’au déversoir.
Dénombrement des terres arrosables du ruisseau commun de Mosset et Molitg entre les 19e et 20e siècles :
-En 1825 : Total de 7616 ares, réparties sur 133 propriétaires
-En 1935 : Surface arrosée de 97 hectares et 138 tenanciers.
Les taxes payées annuellement par hectare depuis 10 ans ont augmenté significativement, passant de 75 francs entre 1924 et 1927, ainsi que de 100 francs entre 1927 et 1934.
Canaux de la Font del Tell, du Bac, du Sill, et de Roudoules (ou de Rodoles) :
Ces canaux sont postérieurs aux précédents décrits. En effet, ils n’apparaissent pas sur les plans cadastraux anciens.
Les archives concernant le canal de la Font del Tell, conservent le projet de règlement de l’association syndicale du canal, en date du 17 novembre 1861. Il mentionne la répartition de l’eau pour les tenanciers, qui pourront l’utiliser « une fois tous les sept jours, ou sept fois vingt-quatre heures (…), à proportion de quatorze minutes par ares » . Selon l’état-matrice du rôle de répartition des dépenses pour l’exercice 1897-1898 dressé le 26 Mars 1897, les terrains sont imposés à raison de 20 francs l’hectare, « sans distinction de classe ».
Etat matrice établi par l’association syndicale du canal de la Font del Tell entre les 19e et 20e siècles [A.D. 66 : 14 Sp 833] :
-Entre 1895 et 1896 : Permet l’arrosage de 55 parcelles / 28 propriétaires
-Entre 1897 et 1898 : 55 parcelles / 28 propriétaires
-Entre 1900 et 1901 : 55 parcelles / 28 propriétaires
-Entre 1904 et 1905 : 70 parcelles / 31 propriétaires
-Entre 1909 et 1910 : 71 parcelles / 33 propriétaires.
Le règlement du canal du Bac dressé par l’association syndicale le 28 octobre 1851, rappelle le précèdent décrit, avec quelques variations au niveau du temps d’utilisation de l’eau pour chaque tenancier. En effet, il est question d’utiliser l’eau une fois tous les sept jours, « à raison de cinq minutes pour chaque are de terres ».
Etat matrice établi par l’association syndicale du canal du Bac entre les 19e et 20e siècles [A.D. 66 : 14 Sp 833] :
-Entre 1868 et 1869 : Permet l’arrosage de 103 parcelles / 52 propriétaires
-Entre 1875 et 1876 : 93 parcelles / 52 propriétaires
-Entre 1881 et 1882 : 94 parcelles / 55 propriétaires
-Entre 1888 et 1889 : 92 parcelles : 56 propriétaires
-Entre 1892 et 1893 : 93 parcelles / 55 propriétaires
-Entre 1901 et 1902 : 96 parcelles / 51 propriétaires
-Entre 1903 et 1904 : 101 parcelles / 51 propriétaires
-En 1908 : 108 parcelles / 57 propriétaires
-Entre 1910 et 1911 : 108 parcelles / 57 propriétaires.
Le canal du Sill également mentionné à la fin du 19e siècle, constituerait le prolongement d’un précèdent ouvrage, appelé canal Cortie. Par une lettre en date du 6 Mai 1883, le Maire adresse au préfet des Pyrénées-Orientales la volonté pour les propriétaires de terrains situés au lieu-dit Le Sill, de se constituer en association syndicale [A.D. 66 : 14 Sp 833].
Etat matrice établi par l’association syndicale du canal du Sill entre les 19e et 20e siècles [A.D. 66 : 14 Sp 833] :
-Entre 1899 et 1900 : Permet l’arrosage de 63 parcelles / 34 propriétaires
-Entre 1906 et 1907 : 64 parcelles / 33 propriétaires
-Entre 1912 et 1913 : 64 parcelles / 32 propriétaires.
Enfin, le canal de Roudoules ou de Rodoles est au moins mentionné dans les textes depuis 1849, année de réalisation du projet de règlement. Tout comme les précédents décrits, il indique les conditions précises d’utilisation de l’eau, possible « une fois tous les sept jours ou sept fois vingt-quatre heures, à proportion de quatre minutes trente-cinq secondes par ares ».
En 1872, les tenanciers arrosants du canal de Roudoules ont décidé d’établir un nouveau règlement de distribution d’eau. La nouvelle répartition de l’eau apparaît dans une délibération du syndicat en date du 31 Décembre 1882, pour « une durée de sept jours et huit heures, c’est-à-dire 276 heures, de sorte que l’heure d’ouverture et de fermeture de chaque cours pour chaque propriété aura lieu sept jours et huit heures après l’heure de l’ouverture et de la fermeture des cours précédents ». De plus, « l’ouverture de chaque cours d’irrigation sera annoncée à son de trompe et par des affiches placardées aux lieux accoutumés » [A.D. 66 : 14 Sp 833].
Etat matrice établi par l’association syndicale du canal de Roudoules au 19e siècle [A.D. 66 : 14 Sp 833] :
-Entre 1870 et 1871 : Permet l’arrosage de 89 parcelles / 30 propriétaires
-Entre 1881 et 1882 : 91 parcelles / 30 propriétaires
-Entre 1892 et 1893 : 91 parcelles et 23,18 ares. / 27 propriétaires.
Les canaux du Sill et de Roudoules sont actuellement gérés par deux ASA distinctes (ASA canal Sill et ASA canal Roudoules), créées en Septembre 1983. L’ASA canal Bac Carolle également constituée à la fin du 20e siècle, est actuellement dissoute. L’entretien de ce canal est absent et la prise d’eau est ouverte par chaque utilisateur en fonction des besoins [Parc naturel régional des Pyrénées Catalanes, 2014, p.49].
Canal de Campôme :
Ce canal est mentionné dans un document de 1811, évoquant le fait qu’il n’y ait pas de règlement pour la distribution des eaux du canal, et qu’il devient urgent d’en établir un. En effet, « la nécessité de ce règlement va commencer à se faire sentir dans le temps de sécheresse, et particulièrement de pénurie, où les plantes ont besoin d’être souvent arrosées, et où l’eau n’est pas abondante ». Le règlement concernant les communes de Mosset et de Campôme, a donc été mis en place en Août 1828, avec la constitution d’une association syndicale du canal de Campôme, formée de syndics. Il prévoit une répartition d’eau de trois minutes par are. Tout comme celui du canal de Mosset et Molitg, les tenanciers qui ne respectent pas les temps d’arrosages se verront payer des dommages et intérêts envers les autres tenanciers [A.D. 66 : 14 Sp 140]. Un nouveau règlement est dressé le 20 Mai 1878, afin que tout propriétaire puisse « arroser pour sa portion de terre qu’il préfère, une fois le jour et une fois la nuit à l’heure fixe ». Ce règlement prévoit un arrosage de jour pour une durée de 16h, à partir de 4h du matin jusqu’à 8h du soir. De nombreuses contestations de la part des tenanciers ont été émises concernant le nouveau règlement, qui souhaitent un report de son approbation tant qu’il n’aura pas encore été approuvé par l’assemblé générale, comme l’indique le rapport de l’Ingénieur ordinaire en date du 29 juillet 1878. Repris en 1879, le règlement mentionne les différents cycles d’utilisation de l’eau, appelés « cours », avec une répartition reposant alternativement sur « deux cours de jour et un cours de nuit ». La durée du cours « a été fixée à sept jours et huit heures ou 176 heures ».
Tout comme les précédents canaux, l’ASA actuelle dite canal de Campôme a été créée en Septembre 1893.
Canaux d’irrigations liés à l’activité des anciennes forges :
Les édifices à vocation industrielle compris sur la commune de Mosset, ont principalement servi à la transformation du minerai de fer, dont les forges, utilisées pour fabriquer des objets divers ; ferrures de portes, grilles ou encore des armes. Si plus de 7 forges ont pu être recensées par Véronique Izard, spécialiste de la métallurgie, l’analyse du cadastre napoléonien permet d’en identifier deux en rive gauche et droite de la Castellane (forges dites « haute » et « basse »), fonctionnant grâce à des canaux de dérivations. Elles appartenaient à Pierre de Bon, marquis d’Aguilar et baron de Mosset à partir de 1777. La forge dite « haute », détenue par Julien Corcinos (Maire de Mosset en 1793) entre 1745 et 1820, possédait une citerne d’alimentation en eau au niveau du canal, comme l’atteste le plan de 1811. Comme de nombreux autres édifices de ce type, son mauvais état de conservation ainsi que la présence de la végétation complexifient l’analyse de l’aménagement hydraulique.
La seconde forge dite « basse », fut acquise en 1795 par Étienne Barrière, originaire de Montfort-sur-Boulzane. Le martinet de la forge a quant à lui été construit en 1799. Gérée par la suite par les propriétaires de la forge de Campôme du nom de Bonnel et Carol, la forge disparaît en 1848 [Histoire de Mosset. Les canaux de Mosset [en ligne]]. Le site de cette ancienne usine est actuellement aménagé en chambres d’hôtes.
Pierre d’Aguilar possédait également un martinet de forge au hameau de La Carole (cadastré 0H 508), acquis en 1795 par Julien Cornicos pour un montant de 20 000 livres [Histoire de Mosset. Les biens à Mosset de Pierre d’Aguilar [en ligne]]. Selon les sources historiques, il s’agissait à l’origine d’un atelier de transformation du fer, transformé par la suite en fabrique de clous [IZARD, p.120 [en ligne]]. Le martinet était alimenté par un canal d’amenée sans digue, dont la resclosa (prise d’eau) se situait à 80 m plus haut dans la Castellane. Ce canal apparaît sur le cadastre de 1811, au côté du canal de fuite. Tout comme la forge « haute », l’édifice est actuellement en état de ruine et entouré d’une abondante végétation. Propriété privée, le martinet fait l’objet de travaux de rénovation, notamment au niveau des toitures en appentis couvertes de tuiles canal.
Enfin, la dernière forge clairement identifiée sur le territoire est celle dite de Campôme, en raison de sa situation frontalière entre la commune citée et Mosset. Située en rive gauche de la Castellane, elle aurait au moins existé depuis le 15e siècle (mention en 1429) [IZARD, Archéologie du Midi Médiéval [en ligne], Tome 12, 1994, p.120]. Après sa disparition au cours du 17e siècle, la forge est rétablie vers 1836 puis cesse toute activité en 1864 [IZARD, Archéologie du Midi Médiéval [en ligne], Tome 12, 1994, p.124]. L’absence de l’édifice sur le cadastre napoléonien ne permet pas de visualiser clairement son alimentation hydraulique, tout comme les plans actuels.