Il est attesté que la broche est l'un des bijoux les plus anciens de la joaillerie qui dérive de la fibule, connue depuis l'âge du bronze. Cet accessoire est d'abord utile puisque employé pour fermer ou attacher les vêtements. Il maintient les vêtements pendant l'Antiquité mais devient ensuite avant tout ornemental et se rapproche de la broche que l'on connaît aujourd'hui.
Le bijou, porté indifféremment par les hommes ou les femmes, signale le rang social de son propriétaire, et se pare peu à peu de pierres diverses. La broche acquiert assez tôt une valeur symbolique et dès le Moyen Age, elle est offerte au moment des fiançailles.
Après la Renaissance, la broche devient un plus volumineuse. Les orfèvres font oeuvre de création et élaborent des bijoux plus sophistiqués, vecteurs de symboles ou de signification en particulier. Si la broche garde encore une signification militaire pour les hommes, elle devient définitivement au 17e siècle un bijou de vêture : les femmes ornent leur corsage de réalisations plus ou moins spectaculaires qui peuvent être assemblées ou démontées en fonction des circonstances et l'on voit apparaître à cette époque des broches transformables en pendentifs grâce aux vis et aux épingles qui les constituent. On invente à cette époque des broches dites "trembleuses" qui bougent en fonction des mouvements de leurs propriétaires. Les pierres sont alors choisies pour réfléchir la lumière.
De nombreuses broches ont été fabriquées au milieu du 19e siècle lorsque ce bijou devient une parure très prisée de fermeture des corsages. De forme ovale, généralement en or et souvent ornées d'une perle ou de pierres serties, les broches peuvent s'épingler en haut du corsage ; une bélière permet également de les arborer en pendentif et plusieurs portraits attestent de cette pratique.
L'esthétique du bijou suit l'évolution du goût : si l'orientalisme met à la mode les formes d'étoile et de croissant de lune de diverses tailles dès 1850, les broches en forme de trèfle ou de point d'interrogation sont prisées vers 1880. A la fin du 19e siècle, la broche devient plus petite, plus sobre et plus discrète. Elle s'inspire de la nature au moment de l'Art nouveau et l'on trouve à cette époque de nombreux modèles en forme d'insecte ou de fleur. Plusieurs bijoutiers du Roussillon produisent des carnets de modèles et bon nombre d'entre eux ont été conservés.
Sous l’influence de l'Art Déco, dans les années 1930, la broche devient géométrique et son dessin beaucoup plus graphique. On voit émerger des broches dites « plaque », dont le métal est ajouré ou gravé et orné de pierres. Les grands noms de la joaillerie tels Cartier, Boucheron, Van Cleef… créent alors des collections de broches qui allient modernité de style et innovations techniques : c’est au milieu des années 1930 que Louis Cartier met en avant le système de clip pour les broches qui permet de les porter sur des tissus plus fins ; c'est aussi à cette période que Van Cleef développe la broche à double ardillon. A cette époque, il faut signaler une impressionnante broche aux épis de blé IM66004968 réalisée par la maison Velzy.
Alors que certains modèles (les broches constituées d'initiales, par exemple) disparaissent après la Première Guerre mondiale, on constate que les bijoutiers roussillonnais reproduisent à la fin des années 1940 les modèles inscrits dans les carnets aquarellés des grandes maisons. Il faut attendre la seconde moitié du 20e siècle pour voir se renouveler les formes.
2002-2008 : chercheur associé à l'Inventaire général
depuis 2008 : cbercheur à l'Inventaire général d'Occitanie