Si son origine reste entourée de mystère et si les exemplaires qui ont été repérés sont en majorité datables de la première moitié du 19e siècle, l'objet est documenté depuis longtemps. Il est connu en Roussillon dès 1663 (Fonquernie, 2006, p.101), date de la parution du "Livre des ouvrages d'orfèvrerie" du bijoutier parisien Gilles Légaré dans lequel on trouve des modèles qui ont sans doute influencé les orfèvres catalans.

On sait que des badines en argent enchâssant des pierres blanches (diamants, brillants, quarts, pierres du Rhin ou strass) ont été fabriquées aux 17e et 18ee siècles et portées sous l’Empire et la Restauration. On en retrouve parmi les plus anciennes dans le vestiaire de la Vierge de la Victoire à Thuir (IM66004912).

Le terme de badine désigne désigne un objet mu d’un léger tremblement, que ce soit le vent sur une dentelle badine ou bien l’effet de la charnière qui donne à la croix un petit mouvement. La croix badine est donc l'une des plus traditionnelles parmi celles qui sont fabriquées en Roussillon. Elle est réalisée en or avec des grenats mais aussi dans les périodes anciennes en argent avec des roses (diamants taille ancienne), à l’exemple des croix provençales portées en Arles sous le nom de papillon ou bien dans le Tarn ou là aussi certaines croix portent le nom de badines.

Le nœud d’orfèvrerie qui orne le haut de la badine, même s'il ne figure jamais dans les documents notariés, fait bel est bien partie de la badine. Il sert à retenir la croix par de minuscules chaînettes de jaseron. C’est au nœud qu’est passé un cordon de soie ou de velours qui s’attache ou se noue en tour de cou.