Ce retable est attribué par Bruno Tollon (cf thèse) à l'atelier de sculpteurs perpignanais : Paul Sunyer et Louis Baixas. Ce dernier est agrégé à la Corporation des peintres, sculpteurs et brodeurs de Perpignan vers 1714. Il travaille avec Paul Sunyer à partir de 1723 et pendant une quinzaine d'années.
L'ensemble, homogène, est datable du début du 18e siècle, repeint en 1872. Les deux derniers gradins appartiennent à l'ensemble. Le troisième gradin ainsi que le tabernacle ont été déposés lors de la restauration du retable en 2001. Quelques éléments de décor ont peut-être été restaurés au 19e siècle. Les statues de saint Joseph et de saint Joseph d'Arimathie, ont été classées au titre objet des Monuments Historiques avant le retable en 1948.
Mentions anciennes :
Le retable est mentionné dans les documents d'archives.
Dans la visite pastorale de 1865, il est indiqué que "En général les autels sont vieux et ne doivent pas être conservés sauf le maître-autel.
Les restaurations effectuées en 1872 sur le retable apportèrent des modifications au niveau de la structure et de la polychromie, ainsi que la dorure posée à cette époque. Ces restaurations ne sont pas documentées mais elles résultent probablement du constat fait en 1865 du mauvais état général des retables de l'église.
Dans la visite pastorale de 1887, tout le retable n'a peut-être pas été restauré car "le marchepied de l'autel de la chapelle de N. D. du Rosaire doit être renouvelé."
Une première liste de meubles et d'objets affectés au culte dans l'église d'Estoher a été dressée le 8 mai 1905. Dans cette liste, on trouve mention de sept statues à droite et de sept statues à gauche d'une valeur de 60 F et indiquées comme achetées.
Dans l'inventaire des biens de l'église dressé par le receveur des Domaines en 1906, il est indiqué dans la chapelle de la Vierge (1ère à gauche) : un "autel en bois, peinture blanche avec dorures. Tombeau d'autel couleur marbre rouge avec encadrements blancs. Retable même ton, formant quatre colonnes et dessinant six niches abritant chacune une statue. Dans ces niches, on reconnaît, en bas et au milieu, la Vierge ; - en haut et au milieu, st André : statue en bois coloriée sur fond noir."
En 1925, l'autel de la Vierge comprenait en plus du retable, deux petites statues de N.D. du Saint Rosaire et N.D. des Nolettes. L'autel était entretenu par Madame Jacques Illes.
Interventions :
Vers 1950 (date retrouvée à l'intérieur de la chapelle), des restaurations ont été exécutées . Elles sont visibles sur les dorures du 19e siècle (traces d'argenture retrouvées). C'est à cette époque que remontent les travaux d'aménagement de la chapelle (confessionnal et réparations des enduits de la chapelle), travaux commandés par le curé. Les dorures de cette époque exécutées avec du faux or et bronzine n'ont pas été jugées "trop envahissantes".
Le retable a subi une grosse restauration en 2001 suite à une attaque importante des termites. Cette intervention a permis de supprimer et d'ajouter certains éléments. Le dégagement des peintures 19e a permis aux restaurateurs de découvrir une inscription à l'intérieur de la niche centrale supérieure. Cette inscription appliquée au crayon sur la couche de préparation est écrite en catalan. Elle date vraisemblablement du 18e siècle (voir dossier de restauration de l'ARCA).
Une autre inscription a été retrouvée dans une niche du registre supérieur. Il s'agit vraisemblablement d'une inscription profane.
La confrérie du Rosaire fut fondée à Estoher en 1651. Entre autres engagements, il était prévu une procession chaque premier dimanche du mois "ab la imatge y taberna (avec la statue et la chaire processionnelle) de la Vierge du Rosaire, que devaient porter de jeunes hommes vêtus d'aubes et de dalmatiques blanches, quoi aurait lieu le chant de goigs du Rosaire ; à cette procession les confrères pourraient prendre part, deux par deux, avec des cierges, à la suite de l'étendard de la Confrérie".
Cette confrérie, toujours active au 19e siècle, reçut de nouveaux statuts en 1909. Cependant, les processions furent interdites par la municipalité à partir de 1910.