L’Opinion du Midi, 14 avril 1867 : "Le triomphe de Sainte Agnès. Par M. Doze

"L’idée de cette toile destinée pour Sainte-Perpétue est évidemment empruntée au récit suivant de la Vie des Saints par le P. Ribadaneira, toujours d’une si gracieuse simplicité : « Les parents de sainte Agnès, pour l’amour paternel et la douce mémoire de leur fille, priaient jour et nuit à son sépulcre, quand une nuit, ils virent une grande multitude de filles parées de robes de drap d’or et de pierres précieuses, toutes couronnées de guirlandes et de perles, au milieu desquelles venait sainte Agnès, triomphante et glorieuse, avec un agneau plus blanc que la neige… »

M. Doze a rendu très heureusement cette pensée modifiée dans quelques détails accidentels. C’est bien là cette jeune martyre de 13 ans, resplendissante de beauté et d’innocence, fruit merveilleux de la grâce qui communique à une vie éclose à peine la force et le prestige d’une parfaite maturité. […]

L’expression de la figure dit avec vérité la joie du triomphe et le calme de la possession. Je ne pense pas qu’on puisse contester la grande beauté de cette tête éclairée d’un rayon céleste, autour de laquelle quelques blanches fleurs forment un gracieux diadème.

Les détails ne sont pas sans valeur ; l’artiste n’a pas oublié l’agneau caractéristique. Pour faire ressortir cette blancheur de neige sur celle du vêtement et sur le ton analogue de la figure, il y avait, à notre avis, de sérieuses difficultés ; M. Doze nous paraît les avoir surmontées. La longue chevelure qui semble envelopper dans presque toute son étendue le corps de la sainte, ne paraîtra pas excessive à ceux qui en connaissent la miraculeuse origine. On sait que la puissance du Christ se servit de ce moyen pour protéger l’illustre martyre contre les honteux desseins de ses persécuteurs.

Les compagnes de sainte Agnès, portant les unes des palmes de martyre, les autres des fleurs symboliques, poétiquement appelées : Epis de la Vierge, complètent l’idée du tableau. Les attitudes diverses s’harmonisent néanmoins dans l’unité des sentiments qu’elles expriment : une modestie contente, une admiration recueillie. […] L’abbé Albran"