Melchior Doze est né à Uzès. Mais, alors qu'il n'a que deux ans, son père (vérificateur des poids et mesures) meurt. La mère ramène ses quatre enfants à Nîmes. Il entre à 15 ans dans l'école de dessin de Nîmes, dirigée par Numa Boucoiran. Il propose des tableaux au Salon de Nîmes en 1849, dont l'Innocence protégée. C'est un succès et une première vente, qui lui permet d'arrêter ses tâches manuelles. Le 22 mars 1855, il devient professeur au lycée. Il y restera jusqu'en 1886. Il profite de la présence à Nîmes du peintre bordelais Felon. Surtout, il rencontre Hippolyte Flandrin, venu travailler à l'église Saint-Paul en 1849. Le 4 mars 1875, il devient directeur de l'école de dessin et Conservateur du Musée avant d'être évincé en 1881 par une nouvelle municipalité. Il obtint des Mentions honorables au Salon de Paris, en 1861 et 1863.
Le Messager du Midi suit la carrière du peintre Melchior Doze. Le 2 avril 1876, il annonce : "Doze, l'habile directeur de notre Ecole des beaux-arts, met en ce moment la dernière main à une grande toile de peinture décorative destinée à la nouvelle église de Marguerittes. Le sujet représenté par ce tableau est la scène qui se passa sur le bord du lac de la mer de Tibériade, lorsque Jésus se fit voir pour la troisième fois à ses disciples après sa résurrection."
Le thème de saint Pierre n'est pas nouveau chez le peintre qui s'était déjà fait remarquer à l'exposition des Beaux-Arts parisienne : "[…] Nous le voyons de plus en plus apprécié par cette partie sérieuse de la critique pour qui l’art religieux continue d’être, ce qu’il devait rester pour tous, le but le plus élevé, le plus difficile que le talent puisse atteindre, celui qui demande les plus rares aptitudes. Voici comment M. Doze est jugé par deux critiques des plus compétents : « Le sans-façon de la peinture de genre est funeste à ceux qui veulent tenter la peinture d’histoire, tandis que quelques essais de décoration murales suffisent pour apprendre à donner à une œuvre moyenne le cachet de la grandeur. C’est pour cela que le Jésus confiant son troupeau à S. Pierre, de M. Doze, est de ceux qu’on attribue volontiers à l’école de M. Ingres, bien que l’auteur n’ait reçu qu’indirectement les leçons du maître, en admirant, à St-Paul de Nîmes, les fresques d’Hippolyte Flandrin, et c’est pour cela aussi que son tableau paraît grand quoiqu’il soit petit. Il y a même en province des natures d’élite qui vont d’elles-mêmes dans la bonne voie ». LAVERGNE (Le Monde).« Cette année, M. Doze s’est inspiré d’une des plus belles scènes évangéliques racontées par S. Jean. Jésus-Christ, après sa glorieuse résurrection, investit S. Pierre du gouvernement de l’Eglise. Il lui demande par trois fois : « Simon Pierre, fils de Jean, m’aimez-vous ? » Puis il reprend, les deux premières fois : « Paissez mes agneaux ». Quand Pierre a effacé ses trois reniements par ses trois protestations d’amour, le Christ lui dit la troisième fois : « Paissez mes brebis » afin de marquer que ce n’est pas seulement les fidèles, mais les docteurs mêmes de la foi que S. Pierre et ses successeurs doivent conduire. En traduisant avec son habile pinceau ce beau sujet, M. Doze n’a pas oublié que la scène se passait au bord du lac de Tibériade, où eut lieu la pêche miraculeuse, et les flots à la teinte bleuâtre de ce lac forment le fond du tableau. Le Christ a cet aspect imposant et surhumain qu’il prit après sa résurrection. Il est appuyé sur sa houlette de pasteur ; S. Pierre est à ses pieds, recevant, avec cet élan de foi et d’amour qui lui méritent l’insigne honneur d’être le vicaire du Fils de Dieu, la mission que le Christ lui confie. Les brebis et les agneaux qui forment le troupeau du divin Pasteur tranquillement autour de lui. Au milieu de ce troupeau à la blanche toison, on aperçoit une brebis noire qui, la tête baissée, semble se mêler timidement aux autres ; sans doute l’artiste a voulu indiquer par cette figure que, dans l’Eglise, le repentir peut s’asseoir à côté de l’innocence. Le tableau éclairé de cette vive lumière qu’on ne rencontre que dans l’Orient, a quelque chose de calme et de reposé dans l’expression. Sur le troisième plan, sont les autres apôtres, à l’exception de saint Jean qui se laisse glisser sur la pente d’une roche pour s’approcher au plus vite de Jésus-Christ. J’aime la sérénité de cette composition largement conçue et exécutée avec une sobriété d’effets qui fait honneur au goût de M. Doze. Nettement (La Semaine des familles). (Opinion du Midi du 1er juin 1866).
La maison de l'Empereur a acquis le tableau du salon.
Et il continuera, bien après les tableaux de Marguerittes, à travailler sur le sujet. Le Messager du Midi du 6 juin 1886 écrit sur deux toiles exposées par le peintre à Marseille : "Le second tableau est une réduction du Saint Pierre après le reniement, qui figure parmi les fresques du même auteur, dans la décoration du sanctuaire de l'église de Sainte-Marguerite. Ici point d'artifice, le sujet est simple : Pierre, adossé contre une roche, pleure son triple reniement, tandis que dans le lointain il aperçoit son divin maître conduit par ses bourreaux. […] Le jury de Draguignan a honoré récemment cette toile d'un diplôme d'honneur."
Photographe prestation Fish Eye dans le cadre de l'étude du patrimoine industriel du département de l'Hérault de 2011 à 2013