La chartreuse conserve une part importante de ses verrières dorigine, les unes réalisées avant 1470 pour léglise, les autres exécutées pour la salle capitulaire et son vestibule à loccasion des travaux postérieurs à 1510. Ces vitraux furent entretenus au fil du temps : lun des panneaux de léglise garde la trace dune réparation effectuée au XVIIe siècle. Lensemble, devenu lacunaire, ne semble pas avoir été touché pendant la campagne menée par Paul Gout dans les années 1880. Sa restauration méthodique, envisagée en 1931 avec le concours de Richard Burgsthal, tarda jusquen 1942. Préparée par larchitecte en chef Maurice Berry, lopération fut confiée à Francis Chigot, qui reposa en 1945 les vitraux tels quon les voit aujourdhui, après en avoir complété les manques avec « lécriture résolument contemporaine » exigée de lui « pour éviter le disparate et le mensonge » (MAP, dossier ACMH). Ses maquettes au 1/10e font partie du fonds transmis par ses descendants aux Archives départementales de la Haute-Vienne.£Au XVe siècle, les cinq fenêtres hautes et étroites du chevet de léglise devaient être vitrées de plusieurs registres de figures sous des dais architecturaux qui ont en grande partie disparu. En subsistent six personnages plus ou moins complétés, maintenant regroupés dans les trois baies centrales (0, 1, 2) au milieu de losanges légèrement teintés. Ferdinand de Guilhermy vit ces vitraux en 1867, notant la présence dun chronogramme incomplet [14 ] et de devises en caractères gothiques. Victor Lafon a localisé plus précisément ces vestiges en 1891 : la Vierge à lEnfant dont Guilhermy avait remarqué lélégance était jadis placée dans la fenêtre de droite (baie 4) avec deux autres figures. Les portraits des fondateurs agenouillés largement refaits en 1945 se trouvaient dès lorigine au soubassement de la baie daxe, au-dessus de leurs armoiries. Les mêmes écus timbraient sans doute les autres fenêtres du chur, témoin celui de Catherine Garnier tenu par un ange, originaire de la baie 3 et transféré par Chigot au centre de la rose ouest.£La salle capitulaire fut augmentée après 1510 dune petite abside à trois pans, qui reçut des vitraux consacrés à lAnnonce aux bergers. Élément essentiel de ce triptyque dominé par un concert danges, la Nativité qui devait occuper la moitié inférieure de la fenêtre de gauche disparut au plus tard en 1824, lorsque cette baie fut réduite par le percement dune porte charretière desservant la salle transformée en grange. Daprès leur facture, les panneaux demeurés en place, où lon remarque deux emprunts à lune des estampes de la Vie de la Vierge de Dürer publiée en recueil en 1511, ont vraisemblablement été exécutés autour de 1520. Si limage des fondateurs a été restituée sans preuve dans les baies latérales, il est certain que les religieux du XVIe siècle navaient pas oublié leurs premiers bienfaiteurs : au registre inférieur de la fenêtre centrale, comme sur les vantaux du portail de léglise, deux chartreux présentent les écus du couple, panneaux complétés mais comprenant des pièces authentiques, de même que ceux qui figurent la sainte patronne de Catherine Garnier au bas de la verrière de droite.£Le passage qui relie léglise à la salle capitulaire a été remanié en même temps quelle et sa fenêtre orientale, alors agrandie, reçut sa verrière. Quoique complétée pour moitié en 1945, celle-ci reste de premier intérêt par son iconographie, un Arbre de saint Bruno qui reprend le schéma de lArbre de Jessé. Lidée de représenter le fondateur de lordre en nouveau Jessé était née au XIVe siècle chez les franciscains et les dominicains, auxquels sattachent nombre duvres dart figurant de cette manière la souche de leur famille spirituelle. Léglise des Jacobins de Toulouse avait un vitrail de lArbre de saint Dominique (Guilhermy, Annales archéologiques, VI, 1847, p. 328), sujet que, selon Vasari, Guillaume de Marcillat avait également représenté en 1529 à Arezzo. Les recherches de Raymond Laurière ont permis de reconnaître le prototype de lArbre de saint Bruno dans les Statuta et privilegia ordinis cartuniensis, ouvrage édité par Gregor Reisch, prieur de la chartreuse de Fribourg-en-Brisgau, imprimé à Bâle en 1510 (Laurière, thèse, 1999) : lunique estampe qui illustre ces statuts aussitôt diffusés dans le réseau des établissements de lordre a visiblement inspiré la composition de la verrière, si elle na servi de vidimus au moment de sa commande. Une variante comme ladaptation à la lancette centrale de la Vierge à lEnfant, représentée à côté de larbre sur le modèle gravé, résulte du vu de réserver les angles inférieurs du vitrail à des armoiries là encore, sans doute, celles de Vésian Valette et de son épouse. Répartis dans les lancettes, les bustes de onze chartreux en coule blanche identifiés par des phylactères, certains coiffés de la mitre ou du chapeau de cardinal, émergent des fleurs que portent les ramures de larbre. Subsistent six figures authentiques de personnalités qui ont marqué lhistoire de lordre à travers les siècles. Labbé Lafon (1891) crut reconnaître en eux saint Basile docteur de lÉglise dOrient, saint Guillaume dAquitaine, le cardinal Georges dArmagnac ainsi que les saints Bruno, Benoît et Augustin, propositions erronées qui ont pourtant servi à baptiser les personnages ajoutés en 1945. Les promoteurs de la restauration ignorant que saint Bruno allongé figurait dans les panneaux inférieurs perdus de longue date, Chigot a comblé lespace en décalant la Vierge à lEnfant initialement placée plus haut.£La grande qualité de lensemble de ces vitraux, déjà remarquée en 1838, interroge sur le lieu de leur fabrication. Les panneaux du XVe siècle de léglise noffrent guère de points de comparaison avec la production régionale contemporaine, pourtant abondante, et les quatre verrières plus tardives des annexes, semble-t-il dues à deux ateliers distincts, demeurent pour linstant tout aussi isolées.
Dossier d’œuvre objet IM12040838
| Réalisé par
Blin Jean-Pierre
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Blin Jean-Pierre
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Gatouillat Françoise
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- recensement du vitrail
ensemble des verrières de la chartreuse,
couvent de chartreux : chartreuse Saint-Sauveur
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
- (c) Inventaire général Région Occitanie
Dossier non géolocalisé
Localisation
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Aire d'étude et canton
Aveyron - Villefranche-de-Rouergue
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Commune
Villefranche-de-Rouergue
-
Emplacement dans l'édifice
église, fenêtres du choeur ;
petite salle capitulaire ;
grande salle capitulaire, trois fenêtres de l'orient
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Dénominationsverrière
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Parties constituantes étudiées
-
Période(s)
- Principale : 15e siècle
-
Auteur(s)
-
Auteur :
Brurgsthal Richardpeintre-verrierBrurgsthal RichardCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
- Auteur : peintre-verrier
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Auteur :
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Catégoriesvitrail
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Matériaux
- verre transparent
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État de conservation
- fragment
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Statut de la propriétépropriété d'un établissement public communal
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
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Protectionsclassé au titre immeuble, 1840
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Précisions sur la protection
vitraux ; immeuble par destination, liste de 1840.
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Référence MH
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Inventaire général Région Occitanie
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- (c) Inventaire général Région Occitanie
Date(s) d'enquête :
1992;
Date(s) de rédaction :
2019
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Centre André Chastel
Blin Jean-Pierre
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Édifice
couvent de chartreux : chartreuse Saint-Sauveur
Commune : Villefranche-de-Rouergue
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