Le plan cadastral de 1834 présente un ensemble comprenant une maison, des communs et un jardin qui appartiennent alors à la famille Rolland. Aujourd'hui, les deux élévations, excepté leur décor ajouté, semblent dater de cette première campagne de construction. Précieux témoin des premiers occupants : la porte rue Principale, a conservé son imposte vitrée protégée d'un décor en fer forgé au centre duquel s'entrelacent le monogramme "R.J.E." (Rolland Jacques-Eugène) au-dessus de la date 1841.£A partir de 1882, François Stanislas Iches acquiert cette maison, les dépendances et le jardin et réaménage l'ensemble. D'après les matrices du cadastre, la petite parcelle (H 363) à gauche de la maison est achetée à cette époque, agrandissant ainsi le bâtiment désormais doté d'un cabinet de toilette. La façade initiale a ainsi été augmentée de deux petites travées séparées par une loggia. La grille fermant l'espace comprend au centre du fronton le "I" de la famille Iches. Les travaux considérables, portent aussi sur l'agrandissement (ou la reconstruction totale) des communs, l'aménagement du jardin et la construction de la volière. L'ensemble (maison et communs) passe de 12 à 36 ouvertures imposables (entre 1836 et 1882) et lui confère son aspect actuel. La façade ostentatoire et le riche décor intérieur de la maison (escalier monumental, cheminées, plafonds à caissons, dessus-de-porte, pavement en carreaux de ciment, papiers peints, escalier, potager de la cuisine, etc.) sont issus de cette remise au goût du jour réalisée à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle. Le motif de caducée (symbole de la médecine) présent sur les frises en carreaux de terre cuite vernissés des lucarnes de comble (rue Principale) peut être un hommage au grand-père de François Stanilas Iches : Bertrand Lartet, chirurgien. Ce dernier ainsi que ses descendants reposent dans une chapelle funéraire érigée dans le cimetière de Molières.£La maison du faubourg constitue alors "la tête" d'un vaste domaine composé de plusieurs métairies dans la campagne de Molières (La Tassine, Borde-Neuve, Borde-Basse, Caudié, Fauré), de Labarthe (Fontermes) et de Castelnau-Montratier dans le Lot (Le Rodier, Fouyard, Pech del Rey) (cf. cartographie annexe). D'après la tradition orale, la famille Iches vit l'hiver dans la maison du Faubourg et l'été dans la grande propriété du Rodier (Lot). Au-delà de ces deux lieux d'habitation, les Iches font construire deux métairies (Borde-Neuve et Borde-Basse) à l'image de celle du Rodier avec un plan et un traitement identique des élévations dont certains éléments stylistiques (notamment les oculi et la présence d'arcades) se retrouvent également sur les communs de la maison du Faubourg. La similitude des charpentes laisse à penser qu'elles ont été réalisées par un même compagnon charpentier, Jules Courdesses (à Espanel) qui selon les témoignages oraux, en assurait aussi l'entretien.
D'après la tradition orale, la famille Iches était également propriétaire d'une villa à Nice. Une influence stylistique importante sur la façade rue Principale - les balustres et cabochons turquoise - ne sont pas sans rappeler le décor de l'architecture de villégiature de la région niçoise. Bien qu'aucune archive n'atteste la provenance et le lieu de production de ces éléments de décor, leur couleur turquoise si caractéristique renvoi aux productions en série de type Massier à Vallauris (Alpes-Maritimes) en vogue à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. De surcroît, des tuiles en écailles vernissées de même couleur (conservées dans la maison), laissent à penser que le toit en appentis de la loggia a pu en être couvert.
Le fils (?) de François Stanislas, Joseph Iches, décède en 1949. Son épouse Valentine Iches (née Garrisson) hérite de la propriété en 1951. Durant les années 1980, le domaine entame un lent déclin avec en premier lieu, la vente de trois métairies. Après la mort de Valentine Iches en 1984, le mobilier de jardin (bancs, pots à feux, etc.) ainsi que les fiacres sont vendus. Sa fille unique et seule héritière, Lucile Iches (épouse de Marc Waechter) reçoit l'ensemble de la propriété mais le domaine poursuit sa déchéance avec la vente progressive des dernières métairies jusqu'en 2000. Le mobilier est également vendu aux enchères. Enfin, une des dernières descendantes des Iches, Sylvie Waechter, décède en 2012, quelques années après avoir vendu la maison de famille. Aujourd'hui, en contradiction avec la cohérence historique, la propriété est divisée en deux : d'une part la maison et d'autre part le jardin comprenant les communs (remise, écurie, buanderie), la volière et l'orangerie. Les membres de la famille Iches reposent dans une chapelle funéraire érigée dans le cimetière de Molières.