Dossier d’œuvre architecture IA66006176 | Réalisé par
  • patrimoine industriel
carreau minier d'Arles-sur-Tech
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées-Orientales
  • Commune Arles-sur-Tech
  • Adresse rue du 14 Juillet
  • Cadastre 2021 AE 240 ; 241 ; 242 ; 243

Les installations minières d’Arles-sur-Tech se sont développées en lien avec l’exploitation des mines de fer de Batère, situées sur les contreforts sud-est du massif du Canigou (communes de Corsavy et Labastide) entre 1200 et 1600 mètres d’altitude, auxquels sont adjointes, à partir de 1931, celles de La Pinouse situées sur le versant nord du massif (commune de Valmanya). Cette exploitation prend de l’ampleur, à partir de 1897, sous l’impulsion de Joseph Monin qui, associé à la Société Anonyme de Commentry-Fourchambault et Decazeville, fonde la Société Civile de Batère en 1908, devenue Société Anonyme de Batère. Les mines étaient reliées aux installations d’Arles-sur-Tech (station recette-stockage-grillage) par une route départementale et, à partir de 1898, par un transporteur aérien. L’arrivée de ce transporteur est implantée à proximité immédiate de la nouvelle gare d’Arles-sur-Tech, sur la ligne d'Elne à Arles-sur-Tech dont la section Céret-Arles est ouverte le 26 juin 1898. Cette position stratégique permet de profiter des nouvelles installations ferroviaires pour l’expédition du minerai. L’arrivée du câble entraîne le développement de plusieurs installations de stockage et de traitement du minerai au nord et à l’est de la gare.

Les premières installations voient le jour entre 1898 et 1900. Joseph Monin se tourne vers le constructeur Mourraille de Toulon pour la conception de la station de déchargement à la gare d’Arles-sur-Tech. Cette station, entièrement en bois, comprenait une estacade d’arrivée des bennes remplies de minerai ainsi qu’un groupe de trémies, également en bois, affectées d’une part à la réception du minerai hématite et carbonaté cru (sidérite) et, d’autre part, au stockage du minerai carbonaté grillé. Ces trémies surmontaient les voies ferrées. En 1943 sont dénombrées 10 trémies de 10 t. chacune (hématite), une trémie de 80 t. (carbonaté cru) et une trémie de 25 t. (minerai grillé). Sur place, le carbonaté cru était traité dans une batterie de deux fours (le traitement par grillage permet de transformer le minerai carbonaté en oxyde par élimination de CO2). Le site d’Arles a compté jusqu’à trois fours de grillage. À la suite des inondations de 1940, la ligne de chemin de fer est interrompue après Céret et à partir de cette date, le minerai de Batère est expédié par camions depuis les installations d’Arles jusqu’en gare de Céret. Le carreau d’Arles-sur-Tech compte également plusieurs bâtiments dont celui des bureaux (contenant quelques logements) construit en 1905 ou 1906, un atelier de mécanique avec forge construit vers 1927, un poste électrique implanté en 1940 (à cette époque, le matériel transformant le 15000 V en 220 V est loué à la société Écoiffier), un magasin de pièces mécaniques construit vers 1944, un bâtiment à usage de douches (puis laboratoire et bureau des plans) construit vers 1948 ainsi que plusieurs garages.

Dans la nuit du 5 au 6 mars 1948, la station recette-stockage-grillage est en grande partie détruite par un incendie : les dégâts concernent les installations de réception et de stockage du minerai comportant le dispositif de cheminement des wagonnets sur rails suspendus. L’incendie est imputable au minerai défourné en fin de poste qui, malgré l’arrosage, a communiqué le feu au plancher d’une trémie. Les installations de chargement de minerai détruites, la société de Batère est obligée de faire reconstruire toutes leurs estacades de chargement. Remise en service un an plus tard, en mars 1949, la station est modernisée et construite entièrement en éléments métalliques « avec des modifications heureuses apportées aux dispositions antérieures par exemple le dispositif d’ensemble de tension du câble tracteur a été amélioré par la position verticale de la poulie, ce qui diminue les risques pour le personnel en cas de rupture, et il y a une possibilité de recul du dispositif de décrochage des bennes jusqu’à proximité des trémies de stockage » (Archives DREAL, PV de visite des mines de fer de Las Indis exploitées par la société anonyme de Batère, 10 et 11 mars 1949). De nouvelles trémies de stockage sont construites en béton armé. Les avantages sur les installations vétustes antérieures sont résumés ainsi : « capacité de stockage triplée, augmentation des possibilités de livraison de minerais triés aux aciéries, amélioration des circuits de roulage et de manutention pouvant se traduire par une économie annuelle d’au moins 1000 journées d’ouvriers, enfin installation incombustible » (Archives DREAL, PV de visite des mines de fer de Las Indis exploitées par la société anonyme de Batère, 10 et 11 mars 1949). D’autres modernisations interviennent par la suite. Ainsi, les fours de grillage sont modernisés à la fin des années 1960 et du début des années 1970. À cette époque, l'essentiel de la production est destiné aux hauts-fourneaux des Ateliers et usines métallurgiques de Decazeville. 20% de la production était également traitée par Usinor à Fosse-sur-Mer. Dans les années 1980, une partie du minerai est accepté cru (sans grillage) par les usines de Decazeville. Pour ce faire, il doit être calibré entre 0 et 8 mm. Une nouvelle unité de préparation (criblage, concassage, broyage) est alors implantée à proximité de l’arrivée du transporteur aérien. Une fois concassé, le minerai à expédier était transporté par bande transporteuse et bande d’homogénéisation pivotante jusqu’à la zone de stockage installée au nord du site.

En raison de l’arrêt des commandes par la Société d’Exploitation de la Sidérurgie de Decazeville en 1987, la SA de Batère est mise en liquidation en 1988. La propriété des terrains et des installations est alors transférée au Département des Pyrénées-Orientales qui les met à disposition de la SARL de Batère afin de continuer l’exploitation du site. Les stocks sont alors expédiés dans le bassin minier du Lodévois exploité par la Cogema qui utilisait la sidérite dans le traitement des minerais d’uranium. À la suite de l’arrêt des derniers travaux miniers en 1994, un dossier de déclaration d’arrêt définitif des travaux concernant les mines de fer de Batère (concession de « Las Indis ») est déposé le 31 mai 1999. Le site d’Arles-sur-Tech est vendu par le Département à la commune d’Arles en 2002, avec transfert de propriété en 2003. L’EURL des Mines de Batère, qui a succédé à la SARL en 1994 et qui est locataire du site, est mise en liquidation en 2008. Une partie des installations (pont-abri et estacade d’arrivée du transporteur aérien, unité de préparation criblage, concassage, broyage, bandes transporteuses et bandes d’homogénéisation) sont démantelées entre 1988 et 2000.

En 1943, 25 personnes travaillent à Arles-sur-Tech, dont 6 aux fours, 5 à la gare de Céret, 2 aux bureaux et 12 aux ateliers, entretien du câble et divers. En 1946, ils sont 42 à Arles-sur-Tech : ils sont 9 à la station d’arrivée à Arles, 4 aux fours de grillage, 3 aux stocks, 4 aux ateliers, 9 au chargement et transports des minerais d’Arles à Céret, 6 aux bureaux et à la direction. En 1949, ils sont 32 à travailler à Arles, dont 30 français, un espagnol et un allemand. En 1950, ils sont 26 à travailler à la station d’Arles. En 1959, les mines de Batère emploient 120 mineurs dont 75 occupés sur le site de Batère et 45 occupés sur l’usine d’Arles.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source
    • Principale : 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1898, daté par source
    • 1948, daté par source
    • 1970, daté par source

La configuration initiale de la station n’est plus visible sur le site : les voies ferrées ont été déposées, l’estacade faisant face à la gare et surmontant les magasins et les trémies a disparu de même que la passerelle primitive d’accès aux fours de grillage, se raccordant à l’origine perpendiculairement à l’estacade. L’orientation nord-ouest/sud-est de l’arrivée du transporteur aérien a été conservée, reprise dans la nouvelle estacade aménagée en 1948 et exploitée au cours de la seconde moitié du 20e siècle. De cet ensemble demeure la partie orientale depuis le silo des 4 trémies (édifié en 1958) jusqu’aux fours de grillage encore en place. La structure métallique de l’estacade couverte de tôles est en partie conservée ainsi que les trémies en béton au nombre de 13. Plusieurs trémies métalliques sont également encore en place sous l’estacade, précédant l’ancienne unité de préparation du minerai (criblage, concassage, broyage).

Parmi les bâtiments annexes, un premier ensemble (bâtiments les plus anciens du site) se distingue par l’emploi de matériaux de construction locaux (granit et gneiss) et l’utilisation de la brique. Un soin particulier a été porté au bâtiment des bureaux : sa maçonnerie présente un appareil à assises régulières, dont le mortier a été creusé pour redessiner la forme des moellons. La brique est utilisée pour les encadrements des ouvertures et pour le décor des corniches denticulées. L’atelier construit à proximité immédiate des bureaux en reprend certains codes architecturaux comme les arcs surbaissés des ouvertures, leurs encadrements en briques et leurs appuis saillants cimentés. Son toit comporte un lanterneau utile à l’aération de l’espace intérieur. Demeure la forge dans la partie méridionale de l’atelier. Un second groupe se distingue par l’emploi du béton et le recours au toit en terrasse (édifices construits dans les années 1940). C’est le cas du poste électrique, du bâtiment à usage de magasin (réfection de la toiture en 2013), prolongé par un préau, et du bâtiment des vestiaires des employés, également utilisé par la suite comme laboratoire et bureau des plans. Ce dernier compte un étage en soubassement.

  • Murs
    • granite moellon
    • brique
    • béton
    • métal
  • Toits
    tuile mécanique, tuile creuse, tôle ondulée, béton en couverture
  • Étages
    étage de soubassement, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à deux pans lanterneau
    • toit à deux pans
    • terrasse
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • A DREAL. PV de visite des travaux souterrains des mines de Batère, XXe siècle.

  • AD Pyrénées-Orientales. Série J ; sous-série 165 J : 165 J 128. Mine de fer de Batère, Arles-sur-Tech, Pyrénées-Orientales. Anonyme, sd.

  • AD Pyrénées-Orientales. Série J ; sous-série 180 J. Mine de fer de Batère (société anonyme).

  • AD Pyrénées-Orientales. Série S ; sous-série 5 S : 5 S 104. Ligne d'Elne à Arles-sur-Tech, construction de la ligne (acquisitions, plans et profils), 1888-1909.

  • AD Pyrénées-Orientales. Série W ; sous-série 1688 W : 1688 W 1. Subdivision d'Arles, enquête sur l'emplacement des gares, 1903.

    AD Pyrénées-Orientales : 1688 W 1
  • AC Arles-sur-Tech. Arles-sur-Tech : matrices cadastrales, XIXe-XXe siècles.

  • AC Arles-sur-Tech. Mines de fer de Batère (concession de « Las Indis »), commune de Corsavy. Dossier de déclaration d’arrêt définitif des travaux. EURL Les mines de Batère, 31 mai 1999.

Bibliographie

  • IZARD, Véonique. Visage et paysages du fer dans le massif du Canigou. Cent ans d'histoire de la sidérurgie. In BREJON DE LAVERGNEE, Marie-Edith, BOBO, Jean-Pierre, SOUTADE Gérard. Le Canigou, 1896-1996. Un siècle d'aménagements. Actes du colloque de Perpignan, 15 novembre 1996. Archives départementales des Pyrénées-Orientales, 1997.

  • GALVIER, Jacques. Le gisement de fer de Batère, Pyrénées-Orientales, France. Le Règne Minéral, novembre-décembre 1998, n°24, p. 5-18.

Documents figurés

  • Syndicat mixte Canigo Grand Site. Fonds SIPARC-Route du fer, XXe siècle.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers