La villa « Las Indis » est un édifice à deux étages sur rez-de-chaussée surélevé et sous-sol. L’architecture est volontairement asymétrique, jouant sur les différences de plans et de hauteurs. Les multiples terrasses, dont certaines sont couvertes, et le porche dans l’angle nord-ouest de l’édifice forment des lignes fortes horizontales. A contrario, le pignon à redents en façade, la tour escalier à l’arrière de l’édifice, ainsi que les nombreuses souches des cheminées, créent des lignes fortes verticales. La variété de formes des ouvertures et l’usage des marbres et granits colorés pour les encadrements, les colonnes et les chaînages renforcent ces caractéristiques générales. Les espaces intérieurs sont distribués par un vestibule central éclairé par un plafond vitré. Au rez-de-chaussée étaient aménagés le bureau du propriétaire, le salon (actuellement salle des mariages), la salle de billard, la salle à manger ainsi que la cuisine, à l’arrière de l’édifice. Au premier étage se trouvaient la lingerie, 4 chambres, dont 3 avec cheminée (manteaux en marbres pyrénéens), ainsi que deux pièces d’eau. Le second et dernier étage était occupé par 6 chambres dont une seule bénéficiait de toilettes et d’une cheminée. Le sous-sol abritait 2 chambres ainsi qu’une cuisine et une buanderie.
Le sol du vestibule et du grand hall est en mosaïques de marbre, à la mode dans ce genre de demeure à l'époque. Jérôme Bonhôte signale la société perpignanaise Jean Fourcade-Abblard et Cie comme étant capable de fournir ce type de sol non signé.
Le point commun aux pièces d'apparat de la maison est l'usage de reliefs en stucs moulés, dont les figures sont répétées autant que de besoin, participant à la création de period rooms, de style médiéval, Renaissance ou XVIIIe.
Salon / Salle des mariages : Le décor en toile peinte marouflée court sur l'ensemble des murs, au-dessus d'un lambris de demi-hauteur en stuc peint gris clair. La référence choisie est celle de la fin (lune) d'une belle journée dans des paysages de parcs arborés avec pièces d'eau du règne de Louis XV, où l'architecture classique se déploie en petits temples, ponts et statuaires extérieures (sphinx, amours).
En bordure inférieure, juste au-dessus du lambris, a été positionnée une frise végétale et florale de style Art Nouveau, qui suit deux modules différents appliqués au pochoir : bouquets de roses blanches enrubannées de blanc, rinceaux de fleurs rouges délicates comme des coquelicots, sans en être une représentation stricte. L'oeuvre est signée Henri Barberis (écrit ailleurs Barbéris) à gauche de la cheminée. L'artiste est connu pour avoir fourni des décors pour des vases et pendules de la manufacture de Sèvres, à l'époque où son directeur des travaux d'art, Alexandre Sandier (1897-1916), introduit le souffle de l'Art Nouveau dans les productions, en préparation de l'Exposition universelle de 1900, que le bâtisseur de la maison a pu visiter. On doit notamment à Barberis le dessin du vase des Pommerets, vers 1900. Il semble avoir été spécialiste de ces fleurs naturelles mais stylisées. On peut se poser la question de savoir si Barberis a produit tout le décor ou seulement la frise... D'autres toiles peintes marouflées sont disposées au plafond en six tableaux représentant tous des garçonnets nus jouant dans les glycines.
L'initiale M du patronyme Monin, nom du constructeur, est bien identifiable sur les piédroits de la cheminée.
Le reste du décor est en stuc dont le style éclectique est néanmoins harmonieux : fruits d'été, oiseaux becquetant des fruits, chèvres se saisissant de pommes dans des arbres, frise d'amours dans des rinceaux fleuris, coq républicain au-dessus de la cheminée, petits personnages maniant des soufflets au-dessus de l'âtre, salamandre Renaissance, visage d'homme placé symétriquement à celui d'une dame entre des iris, chutes de rubans auxquels sont attachés des instruments de musique en relief de style Louis XV. Là encore, le style Art Nouveau ne fait que de timides apparitions, dans les courbes dessinées sur les portes ou sur les petites feuilles de cresson du lambris.
Salle à manger / bureau de fonctionnaires communaux : les références décoratives de cette pièce sont les derniers siècles du Moyen Age. Le plafond à solives apparentes est peint de couleurs gaies, à dominantes jaunes et rouges. Des figures en ronde-bosse (bois et stuc) ornent les extrémités des solives inférieures. Deux modèles se répètent : un joueur de cornemuse avec un organiste ; une femme peintre avec un tailleur de pierre. Le manteau de la cheminée est orné de scènes courtoises en demi-relief avec des couples dont un qui tient un écu laissé en table d'attente.
Billard / bureau de fonctionnaires communaux : Les murs ne sont plus dans l'état d'origine mais la cheminée et le plafond à caissons (fonds repeints ? ) en stuc peint demeurent en place. Le trumeau de cheminée est occupé par un miroir ovale.
Bureau du propriétaire / bureau de fonctionnaires communaux : en dehors de la cheminée et du plafond à caissons, la pièce a été modifiée. Des putti dans des médaillons circulaires sont au croisement des poutres.