Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées-Orientales
  • Commune Arles-sur-Tech
  • Adresse baills de la mairie
  • Cadastre 2021 AL 174
  • Dénominations
    demeure
  • Appellations
    villa Las Indis
  • Destinations
    hôtel de ville
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin

Au début du XXe siècle, l'ingénieur centralien et directeur des mines de Batère-Las Indis, Joseph Pierre Monin, fait construire une demeure luxueuse à Arles-sur-Tech. Connue sous le nom de "villa Las Indis", elle tire cette appellation des sites miniers exploités à partir de 1897 par Joseph Pierre Monin dans le massif du Canigou voisin, situés dans la concession dite de Las Indis.

Malgré l'absence de documents sur l'origine et la conception de la villa, sa construction peut être située de façon précise en 1900-1901. Ainsi, les terrains sur lesquels elle est bâtie sont acquis en 1899. En août 1901, le conseil municipal d'Arles-sur-Tech se réunit pour statuer sur la localisation de bornes-fontaines offertes par Joseph Pierre Monin en contrepartie de l'autorisation qu'il lui a été accordée "de placer des tuyautages le long de certaines rues, afin d'amener l'eau à la villa qu'il a fait construire" (journal L'Alliance du 18 août 1901). La conception de la demeure est attribuée à Joseph Pierre Monin tandis qu'il fait appel à des artistes de Lyon et de Paris pour réaliser certains décors intérieurs, notamment les vitraux et les décors peints. Parmi les artisans présents, le doreur sur bois, Victor Carlu, venu de Paris pour travailler à la villa, décède à Arles-sur-Tech le 30 décembre 1901 (journal L'Alliance du 5 janvier 1902). Dix ans plus tard, la propriété est décrite comme le "château de Las Indis avec grand parc, installation luxueuse (...) eau, électricité, communs" (extrait de l'annonce parue dans le journal L'éclair du 22 juillet 1911).

Après le décès de Joseph Pierre Monin survenu à Paris en juin 1910, la demeure devient la propriété de son neveu Joseph Georges Monin. Mise en vente en juillet 1911, il semble qu'elle ne quitte le patrimoine de la famille Monin qu'en 1917 lors de l'achat de la villa par la société Commentry-Fourchambault-Decazeville. Cette dernière la vend en 1936 à la mairie d'Arles-sur-Tech qui y installe ses bureaux, destination qu'elle conserve encore aujourd'hui. En raison des qualités de son décor intérieur (plafonds à caisson, plafond en stuc, cheminées, vitraux, lambris, décor peint), la villa Las Indis a été protégée au titre des Monuments historiques le 3 avril 1987 (inscription sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques).

La villa « Las Indis » est un édifice à deux étages sur rez-de-chaussée surélevé et sous-sol. L’architecture est volontairement asymétrique, jouant sur les différences de plans et de hauteurs. Les multiples terrasses, dont certaines sont couvertes, et le porche dans l’angle nord-ouest de l’édifice forment des lignes fortes horizontales. A contrario, le pignon à redents en façade, la tour escalier à l’arrière de l’édifice, ainsi que les nombreuses souches des cheminées, créent des lignes fortes verticales. La variété de formes des ouvertures et l’usage des marbres et granits colorés pour les encadrements, les colonnes et les chaînages renforcent ces caractéristiques générales. Les espaces intérieurs sont distribués par un vestibule central éclairé par un plafond vitré. Au rez-de-chaussée étaient aménagés le bureau du propriétaire, le salon (actuellement salle des mariages), la salle de billard, la salle à manger ainsi que la cuisine, à l’arrière de l’édifice. Au premier étage se trouvaient la lingerie, 4 chambres, dont 3 avec cheminée (manteaux en marbres pyrénéens), ainsi que deux pièces d’eau. Le second et dernier étage était occupé par 6 chambres dont une seule bénéficiait de toilettes et d’une cheminée. Le sous-sol abritait 2 chambres ainsi qu’une cuisine et une buanderie.

Le sol du vestibule et du grand hall est en mosaïques de marbre, à la mode dans ce genre de demeure à l'époque. Jérôme Bonhôte signale la société perpignanaise Jean Fourcade-Abblard et Cie comme étant capable de fournir ce type de sol non signé.

Le point commun aux pièces d'apparat de la maison est l'usage de reliefs en stucs moulés, dont les figures sont répétées autant que de besoin, participant à la création de period rooms, de style médiéval, Renaissance ou XVIIIe.

Salon / Salle des mariages : Le décor en toile peinte marouflée court sur l'ensemble des murs, au-dessus d'un lambris de demi-hauteur en stuc peint gris clair. La référence choisie est celle de la fin (lune) d'une belle journée dans des paysages de parcs arborés avec pièces d'eau du règne de Louis XV, où l'architecture classique se déploie en petits temples, ponts et statuaires extérieures (sphinx, amours).

En bordure inférieure, juste au-dessus du lambris, a été positionnée une frise végétale et florale de style Art Nouveau, qui suit deux modules différents appliqués au pochoir : bouquets de roses blanches enrubannées de blanc, rinceaux de fleurs rouges délicates comme des coquelicots, sans en être une représentation stricte. L'oeuvre est signée Henri Barberis (écrit ailleurs Barbéris) à gauche de la cheminée. L'artiste est connu pour avoir fourni des décors pour des vases et pendules de la manufacture de Sèvres, à l'époque où son directeur des travaux d'art, Alexandre Sandier (1897-1916), introduit le souffle de l'Art Nouveau dans les productions, en préparation de l'Exposition universelle de 1900, que le bâtisseur de la maison a pu visiter. On doit notamment à Barberis le dessin du vase des Pommerets, vers 1900. Il semble avoir été spécialiste de ces fleurs naturelles mais stylisées. On peut se poser la question de savoir si Barberis a produit tout le décor ou seulement la frise... D'autres toiles peintes marouflées sont disposées au plafond en six tableaux représentant tous des garçonnets nus jouant dans les glycines.

L'initiale M du patronyme Monin, nom du constructeur, est bien identifiable sur les piédroits de la cheminée.

Le reste du décor est en stuc dont le style éclectique est néanmoins harmonieux : fruits d'été, oiseaux becquetant des fruits, chèvres se saisissant de pommes dans des arbres, frise d'amours dans des rinceaux fleuris, coq républicain au-dessus de la cheminée, petits personnages maniant des soufflets au-dessus de l'âtre, salamandre Renaissance, visage d'homme placé symétriquement à celui d'une dame entre des iris, chutes de rubans auxquels sont attachés des instruments de musique en relief de style Louis XV. Là encore, le style Art Nouveau ne fait que de timides apparitions, dans les courbes dessinées sur les portes ou sur les petites feuilles de cresson du lambris.

Salle à manger / bureau de fonctionnaires communaux : les références décoratives de cette pièce sont les derniers siècles du Moyen Age. Le plafond à solives apparentes est peint de couleurs gaies, à dominantes jaunes et rouges. Des figures en ronde-bosse (bois et stuc) ornent les extrémités des solives inférieures. Deux modèles se répètent : un joueur de cornemuse avec un organiste ; une femme peintre avec un tailleur de pierre. Le manteau de la cheminée est orné de scènes courtoises en demi-relief avec des couples dont un qui tient un écu laissé en table d'attente.

Billard / bureau de fonctionnaires communaux : Les murs ne sont plus dans l'état d'origine mais la cheminée et le plafond à caissons (fonds repeints ? ) en stuc peint demeurent en place. Le trumeau de cheminée est occupé par un miroir ovale.

Bureau du propriétaire / bureau de fonctionnaires communaux : en dehors de la cheminée et du plafond à caissons, la pièce a été modifiée. Des putti dans des médaillons circulaires sont au croisement des poutres.

  • Murs
    • granite pierre de taille
    • marbre
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    2 étages carrés, rez-de-chaussée surélevé, sous-sol
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    inscrit MH, 1987/04/03
  • Précisions sur la protection

    La villa (cad. D 310) : inscription par arrêté du 3 avril 1987

  • Référence MH

Bibliographie

  • SIGNOLES, André. Dossier de protection au titre des Monuments historiques, 1984-1987.

  • Jérôme Bonhôte, « L’usine de mosaïque « en marbres riches des Pyrénées » Oustau et Cie à Tarbes (Hautes-Pyrénées) », Patrimoines du Sud [En ligne], 4 | 2016, mis en ligne le 01 août 2016, consulté le 26 avril 2021. URL : http://journals.openedition.org/pds/1495 ; DOI : https://doi.org/10.4000/pds.1495.

    § 23

Périodiques

  • L'Alliance, 5 juin 1902, p. 2.

  • L'Alliance, 19 juin 1910, p. 3.

  • L'Alliance, 26 juin 1910, p. 2.

  • L'éclair, 22 juillet 1911, p. 11.

Documents figurés

  • AC Arles-sur-Tech. Estimation-Villa "Las Indis", plans, 1936, nc.

  • AC Arles-sur-Tech. Hôtel de Ville, plans, non daté, nc.

  • AC Arles-sur-Tech. Plan du parc de la mairie, non daté, nc.

    AC Arles-sur-Tech : nc
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021