Dossier d’œuvre architecture IA66006172 | Réalisé par
  • patrimoine industriel
usine textile Camo-Cantaloup, actuellement ateliers d'artiste le Moulin des Arts
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées-Orientales
  • Commune Arles-sur-Tech
  • Adresse rue du 14 Juillet
  • Cadastre 2021 AL 269
  • Dénominations
    usine textile
  • Appellations
    usine textile Camo-Cantaloup, puis ateliers d'artiste le Moulin des Arts
  • Destinations
    atelier

Le site a d'abord abrité un moulin. Au début du XXe siècle, Alexandre Anrich, Georges Camo et Léon Cantaloup s'associent pour y installer une manufacture de toile pour espadrilles. En juillet 1913 est créée la société Camo-Cantaloup. C'est vraisemblablement à cette époque que sont édifiés les premiers ateliers de tissage. Durant la Première guerre mondiale, le personnel essentiellement féminin répond à des commandes pour l'armée. L'usine est agrandie au cours des années 1920. Un atelier de teinturerie et des apprêts est notamment adjoint à l'ensemble bâti qui occupe près de 2300 m2. La société emploie alors près d'une centaine de tisserands. La production se diversifie : toiles de bâches et toiles rustiques sont également fabriquées. Les agrandissements se poursuivent au cours de la décennie suivante avec la construction d'ateliers, de séchoirs et de magasins. Une grande partie de ces bâtiments sont emportés, en octobre 1940, par la crue du Tech.

Reconstruite en partie, l'usine connaît des difficultés dans les années 1950 en raison d'une part des coûts générés par la reconstruction à la suite de la crue et, d'autre part, de la perte de débouchés pour les espadrilles. Mariée à Marie Camo, Pierre Muchat, diplômé des Beaux-Arts et de l'école du Louvre, prend la tête de l'usine Camo-Cantaloup au milieu des années 1950. Il réoriente l'offre vers les toiles de grandes largeurs pour faire du prêt-à-porter, des rideaux et surtout du linge de maison. Il réintroduit dans ses modèles et ses commandes les dessins traditionnels. La société Camo-Cantaloup est alors tournée vers le tissage de coton (toile pour espadrille) et la confection (musettes, tabliers, linge de table). Elle emploie 36 personnes dont 12 hommes et 24 femmes. Le matériel de l'atelier de tissage se compose de 50 métiers petite largeur et 20 métiers grande largeur, datant pour la plupart des années d'entre-deux-guerres (bâti du constructeur Diederichs (Bourgoin), ratières du constructeur Stäubli Frères (Faverges) et Stäubli et Cie (Horgen, Suisse)), celui de l'atelier de teinturerie de 4 bacs inoxydables, plusieurs bacs en ciment, une machine à apprêt, une essoreuse (T. Robatel, J. Buffaud, Lyon), un séchoir alimenté par une chaudière semi-tubulaire de 70 m2 avec foyer automatique Stein et Roubaix et une chaudière Field de 25 m2, produisant 5 tonnes de vapeur à l'heure. Le parc des machines hérité des années avant-guerre ne peut répondre en totalité aux changements de modèles voulu par Pierre Muchat qui doit faire appel à des fournisseurs extérieurs, notamment lillois.

Dès le début des années 1960, Pierre Muchart développe sur le site, renommé pour l'occasion "Tissages catalans", une activité de tourisme industriel, une expérience alors pionnière : il promeut la vente sur place et la visite des ateliers. Parallèlement, entre les années 1970 et 1990, une partie de l’usine, qui emploie encore une quinzaine de salariés, abrite une résidence internationale d’artistes portée par l’artiste peintre Robert Sanyas, sous l’impulsion et la protection de Pierre Muchart, mécène et artiste lui-même.

Après l’arrêt des machines au tournant des années 1980-1990, suivi par la fin de cette aventure culturelle, le site est peu à peu délaissé. La commune d’Arles-sur-Tech le rachète, en 2012, avec le projet d’offrir des espaces de travail aux artisans d’art. Les premiers s’installent dans les anciens ateliers de l’usine textile durant l’été. Le cahier des charges présidant à la sélection des artisans permet de recruter des personnes ayant obtenu le titre d’artisans d’art, garantie de la maîtrise de gestes et de techniques liés à la transformation de la matière pour une production d’objets uniques ou de petites séries qui présentent un caractère artistique. C’est le cas des vitraillistes et décorateurs sur verre de l’atelier « Bulle de Verre ». Le Moulin des Arts a ainsi intégré « la route de l’artisanat et des métiers d’art en Occitanie ». Afin de consolider et de promouvoir cette orientation, l’association « Le Moulin des Métiers d’Art » a été créée en novembre 2019. Une de ses ambitions est de sensibiliser le public aux patrimoines présents sur le site, à la fois matériel et immatériel. La salle des machines est unique avec 24 machines conservées (22 métiers à tisser et 2 cannetières) grâce aux efforts successifs de Pierre Muchart, puis de la mairie d’Arles et de l’association du Moulin des Métiers d’Art. Aujourd’hui, la commune entreprend des travaux sur les bâtiments de la boutique et de la salle des machines.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par source
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source

L’usine textile Camo-Cantaloup a été installée sur le site d’un ancien moulin à farine qui utilisait la force hydraulique du Tech. Les bâtiments s’organisent le long d’une voie centrale est-ouest, depuis le Tech jusqu’à la rue du 14 Juillet. Les bâtiments au nord de cette voie abritaient les ateliers de tissage tandis que ceux leur faisant face étaient réservés au stockage, à la teinturerie et à la confection (bâtiment à un étage carré).

L’atelier de tissage en rez-de-chaussée (agrandi vraisemblablement après 1940) conserve une façade caractéristique avec ses nombreuses ouvertures permettant d’éclairer l’espace de travail. Dans l’atelier, les métiers sont répartis en fonction des postes de travail, un tisserand étant chargé de plusieurs métiers se faisant face. Les deux anciens ateliers de tissage, construits en moellons de granit et de gneiss, sont surmontés d’une charpente métallique apparente, supportant plusieurs axes et poulies d’entraînement.

Les bâtiments à l’ouest du site (bâtiment de la chaudière, vestiaires et douches, séchoirs et magasins), construits après la crue d’octobre 1940, se démarquent par l’utilisation du ciment et par leurs larges baies rectangulaires. Le bâtiment de la chaudière est surmonté par une cheminée en brique conservée dans sa totalité, y compris sa partie sommitale (décor en brique du couronnement). À l’entrée du site, le bâtiment des bureaux, construit à la même époque, présente un large cartouche sur son mur pignon portant l’inscription (effacée) « Tissages Catalans ».

  • Murs
    • granite moellon
    • gneiss moellon
    • ciment enduit
    • béton
    • brique
  • Toits
    ciment amiante en couverture, tuile plate mécanique
  • Étages
    en rez-de-chaussée, comble à surcroît, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à deux pans demi-croupe
    • toit à un pan
  • Énergies
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AC Arles-sur-Tech. Arles-sur-Tech : matrices cadastrales, XIXe-XXe siècles.

  • AP Camo-Cantaloup. Archives d'entreprise (courriers, échantillons, factures, plans), XXe siècle.

Bibliographie

  • CABANAS, Nathalie. L'industrie sandalière, Haut-Vallespir - Basse-Soule. Histoires comparées de l'est à l'ouest des Pyrénées, XIXe siècle - XXe siècle. Editions Trabucaire, 2013.

  • CALISTE, Lisa, PIERROT, Nicolas. De l’usage des machines patrimoniales dans l’industrie contemporaine. Deux exemples textiles en Occitanie : L’Arsoie et Les Toiles du Soleil. Patrimoines du Sud [En ligne], 11 | 2020, mis en ligne le 10 mars 2020.

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Inventaire général Région Occitanie