Saint-Thomas-Les-Bains est un établissement thermal situé à 1100 mètres d’altitude, dans la vallée de la Riberolle à 20 km de Font-Romeu. L’exploitation est dotée de 6 griffons. Le plus important est nommé grande source. L’eau sourd à 60° et accuse un débit de 500 litres d’eau à la minute.
Des sources longtemps ignorées
Jusqu’au milieu du XIXème siècle, les sources ne sont pas aménagées et profitent à la population locale. Dès 1756, le Dr Thomas Carrère mentionne les sources d’eaux chaudes à Saint-Thomas dans son traité des eaux minérales du Roussillon (CARRERE, 1756). En 1785, son fils Joseph-Barthélémy-François Carrère reprend les analyses de son père dans son catalogue raisonné, et mentionne les analyses du Dr Barrera (CARRERE, 1785). Ce dernier évoque l’aspect sulfureux des eaux de Saint-Thomas. En 1818, Joseph Anglada et Dominique Bouis analysent les eaux minérales du département, à la demande du Conseil Général. Les deux chimistes relèvent les eaux de Saint-Thomas, trois sources exceptionnelles par leur volume, leur température et leurs propriétés (ANGLADA, 1833). Il n’existe pas encore d’établissement de bains, mais les nombreuses analyses chimiques révélant la richesse des eaux impulsent l’édification d’un premier bâtiment. Jusqu’alors, une simple fosse creusée dans la roche faisait office de baignoire pour les malades des environs.
Les premiers aménagements
Le terrain et les trois sources, situés au lieu-dit « ayga calenta », sont aménagés par les nouveaux propriétaires en 1841, Joseph Emmanuel Orliac et Jacques Anselme Romain. La difficulté d’accès au site n’est pas favorable à l’expansion de l’exploitation. Alors les propriétaires font appel à des chimistes pour vanter les propriétés de leurs eaux et valoriser leur projet. En 1842, le Dr Bouis mentionne une baignoire en bois placée dans une cabane (BOUIS, 1842). Une autorisation ministérielle d’exploitation des eaux est délivrée le 21 décembre 1841. La première mention d’une maison de bains apparaît dans les registres cadastraux en 1847, situe sa construction avant cette date (ADPO-1016W166). Il s’agit alors d’une maison avec baignoires, une remise, et une maisonnette avec deux baignoires.
En 1853, Orliac vend sa part à Gaudérique Pull-Bigorre et à Etienne Grimault. Romain fait insérer une clause concernant l’indivisibilité des sources, afin de garantir la pérennité de l’exploitation des eaux et éviter toute concurrence (ADPO-3E55/55). Lorsque Romain décède accidentellement en 1854, Grimault et Pull-Bigorre acquièrent sa part. Une nouvelle clause est ajoutée, les propriétaires se réservant à vie pour eux et les membres de leur famille l’usage des eaux, ainsi qu’une chambre (ADPO-3E55/56).
Suite au décès de Pull-Bigorre, Grimault devient l’unique propriétaire de l’établissement en 1874. Il revend en 1875 l’établissement à Michel Sougné (ADPO-3E47/58). L’établissement est alors qualifié de petit et modeste. En 1899, l’abbé Gribat décrit un extérieur sobre et un intérieur bien agencé. Il mentionne quinze chambres. Au-dessus de la cuisine, cinq baignoires distribuent les bains dans une eau à 55°. Près de la maison, il signale une source inutilisée qui coule à 58°. Plus loin, une cabane rustique abrite une baignoire et une douche (GRIBAT, 1899, p.26-27). La même année, Pierre Vidal décrit l’établissement dans les mêmes termes que l’abbé Gribat. Aucun luxe, l’établissement est rustique (VIDAL, 1899). Mais la principale difficulté au développement de Saint-Thomas-les-Bains demeure l’accès.
Un établissement familial
L’arrivée du train en 1910, conjuguée à l’essor de l’automobile, contribue au développement de la station. La gare de Fontpédrouse dessert Saint-Thomas-les-Bains. Dès 1906, c’est le gendre de Michel Sougné, Jean Poudade, qui prend la direction de l’établissement. Il conduit d’importantes rénovations des installations hydrothérapiques. Au décès de son épouse en 1920, il devient propriétaire de l’établissement. Il se remarie en 1927, et l’exploitation des thermes sera dès lors gérée de père en fils jusqu’en 1981 (ROSENSTEIN, 1997, p.29). En 1923, il fait construire un bâtiment avec des thermes et des logements. Les installations de soins occupent le rez-de-chaussée et comprennent dix baignoires en fonte émaillée, douches et appareils de humage et de vaporisation. Aux étages, on trouve vingt-six chambres sont certaines avec salle de bains, et la salle à manger. Une passerelle couverte perpendiculaire au bâtiment, abrite les cuisines et un solarium. Elle permet la circulation entre le nouveau bâtiment et les constructions plus anciennes. Au nombre de deux, l’une est élevée de trois étages sur un rez-de-chaussée. Elle comporte cinq baignoires, des chambres, le débit de boissons, le logement du propriétaire ainsi qu’une petite chapelle (aménagée en 1857). L’autre construction plus ancienne se trouve au Nord de la précédente. Elle comporte trois étages élevés sur un rez-de-chaussée. Accolée côté nord-est, une construction plus modeste s’élève sur deux niveaux. Cet ensemble, détruit au moment des rénovations, abritait probablement le personnel de l’établissement (ROSENSTEIN, 1997, p.30). La clientèle se constituait alors de petits employés, de fonctionnaires ou petits propriétaires à la recherche de soins à moindre frais. L’établissement accueille une moyenne de 150 à 250 curistes par an des années 1960 à 1980. L’activité était saisonnière, et l’établissement n’était pas déclaré d’intérêt public, ni ne bénéficiait de l’agrément de la Sécurité Sociale.
Un centre thermo-ludique dédié à la détente et au bien-être
La famille Poudade abandonne l’exploitation des thermes de Saint-Thomas en 1981. L’établissement est vendu en 1982 à Michel Charles, marchand de biens d’Amélie-les-Bains (ROSENSTEIN, 1997, p.38-39). Mais la vente est annulée en 1988, après une bataille juridique entre Poudade et Charles. La commune de Fontpédrouse s’en porte alors acquéreuse. S’en suit un grand projet de réhabilitation, qui prévoit la rénovation du bâtiment construit par Poudade dans les années 1920 et la destruction des bâtiments anciens pour les remplacer par des appartements établis autour d’une piscine extérieure alimentée en eau thermale courante. La commune souhaitait ainsi rallier la liste des nombreuses stations thermales des Pyrénées-Orientales. Mais le Ministère de la Santé n’a pas reconnu Saint-Thomas-les-Bains comme station thermale. À défaut d’agrément, la commune opte pour un projet plus simple sur le modèle de Dorres, qui exploite des bassins d’eau sulfureuse à des fins de bien-être et de détente, sans indications thérapeutiques. Le site est entièrement rénové dans cette direction. L’architecte A. Coulon conçoit deux bassins circulaires surplombés par des gradins en pierre disposés en amphithéâtre à flanc de montagne, exposé au sud et utilisé en solarium. Une partie de l’ancien établissement est aménagé en vestiaires et cafétéria. L’ouverture des nouveaux thermes de Saint-Thomas a lieu le 8 mars 1993 avec l’inauguration du premier bassin. Dès la première année, les bains reçoivent 50 000 visiteurs, alors que la commune en avait prévu moitié moins. Les retombées sont immédiates, et le bassin est rapidement saturé. La commune envisage la construction d’un second bassin et l’agrandissement des structures existantes, inauguré en 1995. L’ancien hôtel se reconvertit en centre de remise en forme et accueille au rez-de-chaussée une boutique qui met en avant des produits cosmétiques à base de plancton thermal de Saint-Thomas-les-Bains.
L’établissement de Saint-Thomas-les-Bains accueille toute l’année des baigneurs venus à la journée. Située sur la route de Font-Romeu, la station est prisée des amateurs de sports d’hiver, venus se détendre dans une eau de 34 à 38°.