Dossier d’aire d’étude IA66003696 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Présentation de la commune de Prades
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  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Conflent-Canigou
  • Adresse
    • Commune : Prades

Prades de la Préhistoire au 12e siècle :

Les premières traces d’occupation sur le territoire de Prades remontent à la période protohistorique, avec la présence du dolmen de la Bohère (Boera) dans les parties montagneuses Sud, mis au jour en 1968 par l’archéologue Jean Abélanet. Cette découverte a permis de révéler des tessons de céramique pouvant être datés de l’âge du Bronze final [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.525]. Un second site protohistorique localisé dans la vallée de la Têt et en limite avec la commune d’Eus, fut dégagé en 1986 par le propriétaire de la parcelle dans lequel il se trouve. Il s’agit d’un site d’inhumation du premier Âge du fer, nommé Perafita. Les vestiges étendus sur 400 à 500 m², témoignent très certainement de la présence d’un tumulus, signalant un lieu de sépulture. Parmi le mobilier retrouvé se trouve une épée à antennes en fer, des objets d’ornement en bronze tels qu’un bracelet fermé, un anneau ou encore une vingtaine d’urnes, vases et petits gobelets [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.524].

La localité de Prades est franchie à l’époque romaine par la « strada Conflentana » ou « Strata francisca », antique voie qui s’étendait de la localité d’Illibéris (Elne) à la Cerdagne. Malgré le manque de traces significatifs sur le terrain, les historiens et archéologues ont pu reconstituer certains tronçons de la voie dans les années 1980. À partir de la rivière el Lliscó, l’axe antique longeait très certainement la voie ferrée vers le Sud-Ouest, en direction de Codalet. Au Nord du site de Perafita, d’autres témoignages de la présence romaine sur la plaine alluviale de la Têt ont été attestés par les archéologues, dont l’existence de monnaies romaines non loin du Mas Felip [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.p. 524 et 525].

L’urbanisation du centre urbain de Prades s’est très certainement opérée entre l’Antiquité et le haut Moyen Âge, comme l’atteste les fouilles récentes de l’îlot d’habitation compris entre la rue du Palais de Justice et la place Catalogne. En effet, une zone de réduction du minerai et son espace de stockage ont été mis au jour, ainsi qu’une aire d’épuration du métal formée de foyers d’affinage et des ateliers de corroyage. Ces vestiges restent disparates et concernent surtout des résidus de l’activité métallurgique, comme les scories de fer [Source : Inrap].

C’est en 843 que Prades « villa prata », apparaît dans les sources historiques, dans un précepte de Charles-le-Chauve la confiant à Sunifred Ier de Barcelone, comte d’Urgell et de Cerdagne [DELAMONT, 1997, p.8]. Il s’agit en effet à cette époque d’un grand domaine compris dans le « pagus Confluentis » (« pays du Conflent »), formé au lendemain de la Marca Hispanica ou « Marche d’Espagne », limite frontalière instaurée par les Carolingiens à la suite de leur prise de pouvoir sur les musulmans. L’année suivante, Sunifred et Argila, fils du comte de Barcelone, établissent les limites des divisions territoriales de Prades et de Lusco, lieu-dit se référant à la rivière du Lliscò sur le territoire d’Eus [HUSER, CATAFAU, 2011, p.15].

L’existence de l’église de Prades est attestée dès 846 ; elle est alors placée sous le vocable de trois patrons que sont Saint-Sauveur, Saint-Pierre et Saint-Jean [DELAMONT, 1997, p.131].

Dès l’An Mil, Prades est régie par le pouvoir royal de Barcelone et le pouvoir ecclésiastique de Lagrasse. Par ailleurs, la ville reste sous domination catalane (comté de Barcelone) jusqu’au traité des Pyrénées (1659). Quelques années suivants la donation, un conflit éclate entre l’abbaye et le successeur de Sunifred, le comte Salomon, ce dernier réclamant le domaine et l’alleu de « Mata », dépendance de Prades localisée au Nord en bordure de la Têt. Ce litige est évoqué dans un plaid (procès) effectué en 865 dans l’église Saint-Etienne du « castrum » de Pomers, considéré comme étant le siège du comté de Conflent au 9e siècle [DE POUS, 1981, p.53]. Les limites données à Prades lors de ce plaid ont été reportées sur une cartographie, établie dans les années 2000 par les historiens. Ainsi, Prades est limité à l’Ouest par la jonction entre la Têt et la rivière de la Lliterà, au Sud par le lieu-dit de Bohère, à l’Est par la localité d’Avellanet (Los Masos) et au Nord par l’alleu de Mata. Ce dernier correspondrait à un lieu d’habitat au moins existant depuis le Moyen Âge, situé au niveau de la chapelle Saint-Martin de Canoha, mentionnée en 855 dans les possessions de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa puis en 1118 en faveur de La Grasse [DELAMONT, 1997, pp.203 et 204]. De plus, des petits lieux de peuplement dits « villares » et aujourd’hui disparus, sont évoqués dans le plaid (Arbocia et Fenouillix) [[HUSER, CATAFAU, 2011, p.16].

Les églises de Prades dont celle de Saint-Pierre, sont indiquées dans un second précepte de Charles le Chauve daté de 870. Il vient en effet confirmer à l’abbaye de La Grasse les petites églises rattachées au monastère, telle que la « cella » de Prades [VAISSETE, 1730] ainsi que les édifices dédiés à saint Sauveur, saint Jean et saint Gervais, relatifs aux hameaux de Mata, Arbocia et Fenouillix [CAZES, 1969, p.3]. La donation de Prades à l’abbaye de la Grasse est actée dans une charte de fondation rédigée en 888, mentionnant l’église paroissiale parmi les possessions [DELAMONT, 1997, p.132]. À cette date, le comte Sunifred donne en effet à cette puissante abbaye la « villa » de « Prata », qui resta propriétaire du foncier de Prades jusqu’à la révolution française [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p.483].

Prades du 14e siècle au 18e siècle :

Tout comme de nombreuses communes du Roussillon et les villages formés dans la plaine du Conflent, la ville de Prades possédait un premier noyau bâti autour de son église paroissiale et de son cimetière. La cellera, qui désigne l’espace sacré autour de l’église, est mentionnée tardivement au 13e siècle. En effet, elle apparaît en 1277 lorsque le procureur royal Arnaud de Codalet décide de vendre pour trois ans les revenus des édifices religieux de Prades à Arnaud Sacard, ainsi qu’une propriété bâtie appartenant à l’église alors située dans la cellera [CATAFAU, 1998, p.515]. De plus, un capbreu dressé par l’abbaye de Lagrasse entre 1379 et 1380, fait état de 34 celliers compris à l’intérieur du castrum, qui constituait une véritable forteresse (« intus fortalicium »). Cette première enceinte renferme également la maison commune, la maison du curé, ainsi que celle du camérier de Lagrasse [HUSER, CATAFAU, 2011, p.19]. Elle a été remaniée plusieurs fois au 14e siècle, en raison des guerres entre le roi de Majorque et celui d’Aragon. Après le rattachement des comtés nord-catalans à la couronne aragonaise, les pradéens sont contraints de démolir leur fortification par ordre du roi, en raison de leur compromission dans le parti de Jacques de Majorque [HUSER, CATAFAU, 2011, p.20]. La Peste Noire de 1348 entraîne par ailleurs une importante baisse démographique ; dans les années 1350, Prades ne compte que 74 feux contre 341 feux à Villefranche-de-Conflent [BATLLE, GUAL, 1973, pp.12 et 13]. Par autorisation du gouverneur du Roussillon et de Cerdagne, la fortification primitive est reconstruite à la fin du siècle. Face à l’accroissement démographique des siècles suivants (84 feux entre 1470 et 1490, 94 feux en 1515) et en raison des « incursions quotidiennes des hérétiques » venus de France, les consuls de Prades demandent en 1540 au camérier de Lagrasse, d’entourer la ville d’un nouveau rang de fortifications [DELAMONT, 1997, p.35]., Le renforcement de ce dernier rang s’est opéré jusqu’au début du 17e siècle, afin de continuer à protéger la ville des invasions françaises [BLAIZE, D’ARTHUYS, PONSAILLÉ TOSTI, 1992, p.14].

Les premières rues structurantes de Prades sont mentionnées au 14e siècle, dont la « Ruha », du catalan médiéval « Arruga » signifiant « sillon » et traduit en français par « Grande Rue ». Cette rue rectiligne correspondant à l’actuelle rue du Palais de Justice, suit très certainement l’axe d’un ancien chemin de communication antique. L’urbanisation de cette rue dans le courant du 15e siècle, se caractérise par la présence de petites maisons majoritairement développées sur un rez-de-chaussée et un étage supérieur. Sur l’arrière des parcelles, ces premières maisons comprennent une cour et des jardins, urbanisés au cours des siècles suivants. La maçonnerie de l’habitat est composée de galets de rivière, liés à un mortier de terre tiré du sol naturel. La terre était extraite dans l’environnement immédiat, comme l'atteste la découverte récente dans la zone de fouille de trois fosses d’extraction de terres crues. La couverture de la toiture est en schiste, matériau également employé dans l’aménagement de petites niches quadrangulaires ou triangulaires, servant pour l’éclairage (lampe à huile). Dans le courant du 16e siècle, ces maisons sont transformées, avec l’adjonction d’un étal au rez-de-chaussée. Un second étage est construit et forme avec le premier un encorbellement sur la rue (même modèle architectural que la maison Jacomet). Aux 17e et 18e siècles, un dernier niveau est rajouté, développé vers l’arrière au niveau des cours et jardins. De plus, les parcelles d’habitations fusionnent entre elles, pour former de grands volumes. L’intérieur des habitations comprend des éviers creusés en alcôve dans les murs, des cheminées avec décoration en stuc et niche aménagée pour l’éclairage.

La place de la République comprenait au moins depuis le 14e siècle un cimetière, alors intégré dans le périmètre de la cellera. Il est déplacé au 17e siècle à proximité de la chapelle du Rosaire, construite en 1580 [voir la notice]. Celle-ci se trouvait à l’emplacement de l’actuelle mairie annexe, édifiée en 1854.

Entre les 16e et 17e siècles, le centre de Prades composé de petites rues convergentes vers l’église paroissiale Saint-Pierre, est en plein essor économique. Tandis que plusieurs celliers situés devant l’église sont détruits au profit de l’ouverture de la place de la République, des commerces s’installent le long des axes structurants, tels que la rue des Marchands. La place de la République ainsi que l’actuelle rue du Palais de Justice concentrent une bourgeoisie locale, dont l’architecture privée se rapporte au modèle de la maison patricienne. La maison Felip située au numéro N°17 Place de la République, possède des éléments architecturaux se rapportant à une occupation au 17e siècle, tel que des planchers à la française en association avec des corbeaux en bois à tête de chat.

Les notables et bourgeois s’installent également de part et d’autre de la « Ruha », comme en témoignent certaines dates gravées sur l’encadrement de la porte d’entrée. Quelques habitations possèdent un patio intérieur, dont le modèle se retrouve dans la commune de Vinça au niveau de la rue Michel Touron.

En 1773, le siège de la viguerie du Conflent est déplacé de Villefranche-de-Conflent à Prades. L’administration est alors concentrée dans une imposante bâtisse fortifiée attenante à la chapelle du Rosaire, rasée en 1959 pour ouvrir vers la rue Jean Jaurès. Une carte postale représentant la place publique de Prades avec en arrière-plan le bâti de la Place Catalogne avant sa démolition datée du mois d’août 1960, permet de visualiser le bâtiment fortifié, composé d’une terrasse crénelée et d’une poivrière reposant sur un encorbellement à degrés et en quart-de-rond [A.D.66 24fi 149/79].

La reconstruction de l’église paroissiale Saint-Pierre est décidée dès le début du 17e siècle, en raison de son étroitesse et de la nécessité d’accueillir davantage de paroissiens. Elle s’est échelonnée de 1606 à 1696, comme l’attestent les nombreuses dates inscrites sur le monument. Une pierre gravée portant la date « 1606 » et située à l’angle Nord-Ouest de l’église, marque le début des travaux qui vont donc s’étendre tout au long du siècle. Le nouveau lieu de culte prend alors une allure massive, grâce aux contreforts développés au Nord, similaires à ceux de l’église Saint-Julien-et-Sainte-Baselisse de Vinça.

Prades du 19e siècle à nos jours :

À partir de 1840, le centre-ville de Prades se métamorphose, sous l’impulsion d’un nouveau réaménagement urbain, lié au contexte de la révolution industrielle (arrivée du chemin de fer en 1877, électricité et gaz). Ce renouveau du tissu bâti s’illustre dans le plan d’alignement et de redressement des rues de la ville de Prades, dressé le 12 août 1847 par l’architecte de Perpignan Auguste Caffes et conservé aux archives départementales. Ainsi, la « Ruha » est agrandie et les maisons forment un alignement en front bâti. L’habitat médiéval et moderne est remanié, malgré la conservation d’un parcellaire d’origine en lanière. De plus, certaines habitations gardent encore leur encorbellement en façade principale jusque dans la première moitié du 20e siècle, comme l’atteste plusieurs cartes postales [HUSER, CATAFAU, 2011, p.68].

En façade sur rue, les baies sont ordonnancées et le statut social des propriétaires rendu visible par l’usage de porte à linteau cintré ou surbaissé, compris dans un encadrement en pierre de taille (marbre). Plusieurs portes en bois observées depuis la rue sont d’époque Second Empire, avec une imposte en fer forgé, des panneaux à motifs géométriques directoires, ainsi que des heurtoirs et poignées de porte en fonte Style Napoléon III.

Le rez-de-chaussée se compose de couloirs avec un décor d’imitation de marbre rose, mais conserve toutefois ses fonctions médiévales initiales de boutique : boulangerie, boucherie, bijouterie, etc. La distribution des espaces domestiques s’effectue par un escalier balancé d’apparats, à première marche terminée par une volute.

Perpendiculairement à l’axe principal du palais de Justice, des rues sont aménagées afin d’être reliées à la Route Royale n°116 de Perpignan à l’Espagne (actuelle avenue du Général de Gaulle), créée en 1787 [CAMPS, Avril 2001, p.3]. C’est le cas de la rue de l’Industrie (rue Jean Jaurès), ou encore de la rue nouvelle. De plus, toute l'administration judiciaire de Prades est mise en place en bordure de la rue : le palais de justice (1857) qui lui donne son nom dès 1880 [JANDOT, Céline. Archéo-66. N°35. 2020, p.127], la nouvelle prison et la caserne de gendarmerie édifiées entre 1827 et 1830.

De nombreuses transformations vont également être apportées sur le bâti jouxtant au Sud l’église paroissiale. En effet, la première mairie de Prades qui se trouvait dans le prolongement de la tour dite de l’horloge, a été détruite en 1848. La tour elle-même fut démolie en 1852, en raison de son mauvais état structurel. Tout cet ensemble a vraisemblablement été aménagé/modifié à l’emplacement de l’enceinte fortifiée, qui constituait alors avec l’église paroissiale et les celliers le « castrum » de Prades. Une lithographie réalisée en 1824 par le Chevalier de Basterot et publiée dans « Voyage pittoresque du département des Pyrénées-Orientales », permet de visualiser la tour de l’horloge ainsi que la mairie avec son cadran solaire, au niveau de l’actuelle place de la République. Par ailleurs, le projet d’alignement cité plus haut projette une nouvelle maison communale à l’emplacement de l’ancienne poissonnerie, en continuité de l’îlot compris entre la rue de l’Église et la rue Arago.

Dans le courant des 19e et 20e siècles, certains édifices extérieurs au centre ancien de Prades sont marqués par une diversité des fonctions, liée au contexte politique et au développement de l’enseignement public. C’est le cas du couvent des Capucins bâti au 16e siècle, devenu hôpital militaire en 1811 et petit séminaire entre 1824 et 1825. La Monarchie de Juillet instaurée en 1830, participe grandement à la mise en œuvre d’une éducation stricte en accord avec le régime en place. Le petit séminaire va donc se transformer en école secondaire de garçons dès 1834, puis en école supérieure de filles jusqu’en 1968 (date de construction du lycée actuel). À la fin du siècle, le petit séminaire est détruit et une caserne de pompiers est édifiée à son emplacement (cadastre : AV 64) [BLAIZE, D’ARTHUYS, PONSAILLÉ TOSTI, 1992, p.25].

Parallèlement à la construction d’édifices à vocation scolaire à l’époque contemporaine, la démographie de Prades ne cesse d’augmenter. La commune compte en effet 3816 habitants en 1886, contre 3145 en 1841 [BLAIZE, D’ARTHUYS, PONSAILLÉ TOSTI, 1992, p.72]. Dans la première moitié du 20e siècle, l’arrivée de nouveaux habitants venus des communes du Haut Conflent, entraîne une augmentation significative de la population. Ainsi, les recensements établis par les historiens locaux, font état de 3875 habitants en 1906, 4170 en 1926, 4946 en 1936 et 5019 en 1946 [BATLLE, GUAL, 1973, p.72]. La démographie atteint son apogée en 1975, avec 6866 occupants. Ce n’est qu’à partir des années 1980 qu’une première baisse démographique est attestée, liée au développement des lotissements dans les villages alentours (6100 en 1982 et 6009 en 1990) [BLAIZE, D’ARTHUYS, PONSAILLÉ TOSTI, 1992, p.49]. Actuellement, la population de Prades est stabilisée autour de 6 400 habitants (6402 au 1er Janvier 2021) [Insee, Populations légales en vigueur à compter du 1er janvier 2021, p.6 [en ligne]].

Implantation du bâti et typologies :

La commune de Prades localisée dans le département des Pyrénées-Orientales, est comprise dans le Bas-Conflent. Elle s’inscrit dans la Communauté de communes Conflent Canigó créée le 1er janvier 2015, regroupant 45 communes et résultant de la fusion entre la Communauté de Communes Vinça Canigou et la Communauté de Communes du Conflent. Prades est également la sous-préfecture des Pyrénées-Orientales, qui dépend de la Préfecture des Pyrénées-Orientales située à Perpignan.

La localité de Prades comprenant un total de 1087 hectares, est délimitée à l’Ouest par les communes de Codalet et de Ria, au Nord par Catllar, au Sud par Taurinya et Clara-Villerach ainsi que par Los Masos. Celle-ci constitue la limite Sud-Est du territoire, dont le hameau de la Sacristie est aujourd’hui en partie rattaché à Prades (extension Nord). Le fleuve la Têt sépare au Nord la plaine Saint-Martin de l’habitat pavillonnaire implanté en bordure de la Route de Catllar. Cette dernière zone concentre par ailleurs l’hôpital de Prades et le lycée Polyvalent Charles Renouvier. Toute la partie Nord est traversée par la Route Nationale 116 (RN 116), qui est le principal axe structurant reliant Perpignan à Bourg-Madame aménagé en 1985. L’actuelle avenue du Général de Gaulle prolongée par la Route de Ria, est une voie secondaire toute aussi importante que la précédente, puisqu’elle dessert un ensemble de rues conduisant toutes aux îlots entourant l’église Saint-Pierre ; rue Victor Hugo, rue de l'Hospice, rue des Marchands, rue Mirabeau ou encore rue du Pérou. Bordée d’immeubles et d’habitations caractéristiques du 19e siècle, l’avenue est mentionnée sur le cadastre napoléonien en tant que « Grande Route de Mont-Louis à Perpignan ».

Située sur un important axe Est-Ouest du département, la ville de Prades possède un relief qui oscille entre 50 m et 500 m d’altitude. La plupart des parcelles agricoles de Prades se sont développées au Nord-Est de la ville, dans la plaine alluviale de la vallée de la Têt. Cette partie du territoire regroupe les plus importants mas agricoles, dont certains sont déjà mentionnés sur le cadastre de 1807 (Mas Bonet, Vilar, Romeu et Qués). En effet, l’influence du climat méditerranéen et la proximité avec le fleuve assure le développement du maraîchage et de la culture d’arbres fruitiers.

Le centre ancien de Prades comprenait à l’origine une cellera, qui se matérialise d’un point de vue bâti par la construction de celliers dans cet espace sacré, enserrant l’église. Le tout est de forme concentrique et protégé par des fortifications. Avec la construction de la nouvelle église paroissiale au 17e siècle, de nombreux celliers sont détruits et une grande partie de l’enceinte. Actuellement, il ne subsiste plus que des tours demi-circulaires, dont deux situées de part et d’autre du chevet et une au niveau du Bar du Marché.

Des traces de la seconde enceinte sont conservées dans le quartier Nord de Prades, au niveau du Chemin dit de la Ronde. La maçonnerie est constituée de galets de rivière liés à un mortier de terre, renforcé par du ciment à plusieurs endroits. Si l’existence d’un chemin de ronde n’est pas attestée dans les sources historiques, l’emplacement du mur de fortification devait être stratégique en cas de conflits armés. En effet, la vallée de la Castellane développée au Nord de Prades, se trouvait en zone frontière avec le royaume de France jusqu’au traité des Pyrénées (1659).

Selon les sources historiques, six portes d’accès aujourd’hui disparues, permettaient d’accéder à l’enceinte. Il s’agit de celles des rues du Quintar et des Aires, du portal de l’Anglada au carrefour des rues du Pérou et de Belfort, du portal del cim de l’escola localisée en haut de la rue des Neuf Fiancées, de la porte de Monserrat (emplacement ?) et de celle au niveau de l’ancienne prison entre les rues du Palais de Justice et de Verdun (Espace Martin Vivès) [BLAIZE, D’ARTHUYS, PONSAILLÉ TOSTI, 1992, p.14]. L’emplacement de certaines de ces portes est à nuancer, notamment celle de la rue des Aires. Une partie de l’enceinte prolongée au Nord de l’Impasse de l’Agriculture, donne sur un ancien pigeonnier (royal), terminé par une toiture à quatre pentes. Ce dernier forme l’angle de deux murs maçonnés en galets de rivière (ancienne tour ?), qui pourraient correspondre à la continuité de l’enceinte. De plus, l’un de ces derniers s'étend jusqu'à l’intersection de la Route d’Eus et de la rue du Hameau.

Enfin, le bâti compris entre la rue des Fabriques et la Rampe du Costa del Quintar (BE 17), rappelle la typologie d’une tour d’angle. Il conserve un chaînage en granit équarri, des anciennes ouvertures obstruées et une niche-oratoire en façade Nord, transformée en petite fenêtre. La porte de la rue du Quintar signalée dans les écrits, pourrait concorder avec le mur maçonné en galets de rivière cadastré BE 43, qui permet d’accéder à une cour intérieure. Celle-ci donne au Sud sur l’Impasse du Quintar. En effet, une grande ouverture bouchée postérieurement, conserve un encadrement cintré en cayrous posés de chant, également surmonté d’une niche-oratoire recouverte d’un enduit.

Les derniers vestiges de l’enceinte se trouvent entre les rues des Fabriques et Cami Nou. Tout comme les autres tronçons identifiés, le bâti a été modifié à l’époque moderne et contemporaine, avec le percement d’ouvertures pour les habitations. La base des murs est formée d’un talus plus ou moins épais, construit à même la roche existante. À l’origine, la maçonnerie était composée de galets de rivière disposées en assises. Des consolidations postérieures ont été faites, notamment l’inclusion de brisures de terre cuite pour assurer l’étanchéité des murs.

En dehors de la cellera, Prades compte les quartiers historiques du Turó et du Peyró, situés entre la rue Victor Hugo et la rue du Foirail. Celui du Peyró s’est formé de part et d’autre de la rue des étables (Carrer de las estables), rebaptisée rue du Pérou en 1880 [LOEILLET, 2003]. Jusqu’à la première moitié du 20e siècle, ce quartier regroupe de nombreux agriculteurs de Prades. La disposition en lanière et relativement étroite des parcelles, résulte du développement des granges agricoles à une travée de baies, accolées à l’habitation. Traditionnellement, les façades ont une maçonnerie en galets et moellons apparents. Elles seront pour la plupart embellies au 20e siècle, par ordonnancement des travées et l’application d’enduits décoratifs sculptés. C’est le cas de la maison n°26 rue du Pérou, qui présente un décor géométrique caractéristique de l’art déco. Il a été réalisé par le maçon Antoine Blanch, membre du groupe d’artisans « La Solidarité Pradéenne » [CAMPS, Avril 2001, p.53]. Celui-ci s’est formé dès le début du 20e siècle, avec à sa tête le sculpteur et décorateur Gustave Violet installé à la plaine Saint-Martí vers 1904. L’inspiration des décors est à rechercher dans l’art nouveau et l’art déco, ainsi qu’à travers l’architecture romane locale. La première période du mouvement artistique pradéen étendue entre 1908 et 1914, est marquée par un embellissement des façades de la ville ; encadrement des baies, imitation de chapiteaux à colonnes ou encore panneaux publicitaires ornent les habitations et les devantures de commerce. Le peintre-décorateur pradéen Joachim Eyt, a longtemps côtoyé l’atelier de Violet. C’est lui qui reprit le flambeau de Violet à l’entre-deux-guerres, jusqu’à l’arrêt de l’activité des enduits sculptés (vers 1945). Plusieurs d’entre eux ont été réalisés conjointement par ces deux artistes, comme ce fut probablement le cas pour la réclame « Au Rêve », spécialisée dans la confection de meubles et tissus, située au niveau de la rue Victor Hugo (BD 41). En effet, Gustave Violet créait des motifs originaux et des motifs à reproduire à partir d’un carton découpé, tandis que le peintre Joachim Eyt s’occupait d’appliquer la couleur. Les décors composés d’une alternance de plusieurs couches d’enduits à la chaux, de sable locale et ciment, pouvaient être teintés et/ou recouverts d’un badigeon coloré. Aussi, les motifs ont été dessinés sur le ciment frais et le relief donné grâce à l’utilisation d’une sciotte (petite scie) et d’une spatule en bois.

Un dernier quartier de Prades développé au Nord de la place centrale, témoigne de l’importance accordée à l’agriculture locale jusqu’à la fin du 19e siècle. Il est compris entre les rues Marceau, Carnot, de l’Agriculture et des Aires. Cette dernière se réfère à l’opération de battage des récoltes de blé, qui pouvait se faire dans l’espace public ou dans les granges. Plusieurs d’entre elles, caractéristiques du modèle du cortal agricole, conservent leur façade principale d’origine. C’est le cas de l’actuel n°18 rue Marceau, dont la baie fenière d’origine possède des battants et un appui en bois, ainsi qu’un encadrement chanfreiné au niveau du portail, certainement antérieur au 19e siècle (18e siècle ?).

La grange cadastrée BA 41 et développée en bordure de la rue des Aires, possède deux niveaux et une seule travée d’ouvertures axée aux dimensions décroissantes vers le haut. Tout comme la précédente, les baies ont toutes un encadrement en cayrous. L’étage supérieur garde une partie de la poulie métallique, qui permettait de hisser les ballots de foin à l’étage.

L’habitat de ce quartier est constitué de maisons de journaliers remaniées à l’époque contemporaine, ainsi que de grandes demeures bourgeoises issues de la fusion du parcellaire médiévale. Tout comme la rue du Palais de Justice, le bâti se distingue par une hiérarchisation de la façade sur rue, ordonnancée et percée de baies à garde-corps ouvragés et appuis en pierre de taille.

Constructions périphériques entre les 19e et 20e siècles :

L’urbanisation périphérique de Prades qui s’est opérée entre la fin du 19e siècle et 1950, se caractérise par une adoption d'une variété de modèles architecturaux, correspondants aux mouvements stylistiques développés dans la plupart des villes françaises. Plusieurs châteaux construits dans la tradition Belle-Époque vont être édifiés, dont celui de l’industriel Edmond Pams, actuel hôtel de ville (1871). La tradition néo-classique du bâti se retrouve à quelques mètres plus à l’Est dans le château Valroch (1923), qui mêle un répertoire à la fois classique, hispanique et régionaliste. Enfin, le Castell Rose construit en 1948, s’inscrit dans la lignée des édifices roussillonnais de l’entre-deux-guerres, par l’utilisation du marbre rose dans la maçonnerie et le rappel de l’architecture romane.

À l’Ouest du centre ancien, l’avenue Louis Prats est bordée d’habitations caractéristiques de la Belle-Époque, de styles historiciste et éclectique. Leur façade principale possède des éléments emprunts du pittoresque, ou encore de l’architecture balnéaire, ainsi que des rappels à l’architecture gothique et romane. Elle possède un étage de comble à double pente avec ou sans demi-croupe, rehaussé par rapport aux autres parties du bâti. Les débords de toits importants, sont maintenus par des jambes de force en bois. Des emprunts à l’architecture traditionnelle sont également visible, notamment dans le traitement des baies encadrées de cayrous et l’usage du fer forgé pour les garde-corps. C’est également au niveau de l’avenue Louis Prats que se trouve la villa Lafabrègue, grande demeure bourgeoise édifiée à la fin du 19e siècle, qui sert aujourd’hui de maison d’hôtes.

Dans la première moitié du 20e siècle, plusieurs architectes du département des Pyrénées-Orientales se regroupent au sein d’un syndicat, formé de professionnels du bâtiment. Les principes de la construction du début du siècle sont posés dans la revue mensuelle du Syndicat des Architectes des Pyrénées-Orientales intitulée Lo Mestre d’Obres, dont les publications s’étendent de 1935 à 1941. L’un des chefs de file de ce syndicat est Edouard Mas-Chancel (1886-1955), architecte du courant architectural régionaliste formé par Gustave Umbdenstock (Architecte du Gouvernement, Professeur Chef d’Atelier à l’Ecole des Beaux-Arts et Président d’honneur de l’Association des Architectes Combattants). Originaire de Montpellier et diplômé à l’école d’architecture des Beaux-Arts de Paris en 1919, il installe son cabinet à Perpignan en 1928 au niveau de la rue Élie Delcros. Actif dans le Roussillon et le Conflent, notamment à Prades entre 1930 et 1950, ses constructions se reconnaissent à travers les matériaux employés (briques, marbre rose, granit) et la mise en œuvre des volumes influencée de l’art roman. Ainsi, les baies sont très souvent matérialisées par des arcs en plein cintre retombant sur des colonnes à chapiteaux sculptés en ciment ou en marbre rose. Tous ces éléments architecturaux sont caractéristiques d’une architecture moderne rustique, ou d’un « style régional moderne » [Lo Mestre d’Obres. N°3. Juillet – 1934, p.2]. Ce mouvement artistique qualifié donc d’art régional, a par ailleurs été prôné par le sculpteur Gustave Violet dans son manifeste de 1907, qui collabora à de nombreuses reprises avec Edouard Mas-Chancel dès les années 1930. Quelques édifices dans la commune de Prades ont été construits/modifiés par l’architecte, dont la « villa Lafabrègue » transformée dans la première moitié du 20e siècle. De plus, la maison « Hospitalier » située à Prades au n°45 Avenue Louis Prat et à quelques mètres de la villa, a été identifiée par Gustave Umbdenstock comme étant une des réalisations de l’architecte [UMBDENSTOCK, 1932, p.7.]. L’entrée est matérialisée par un portail à arcs en plein cintre de tailles inégales, surmontés d’un rang de briques et de tuiles canal décoratives. La maçonnerie est en moellons de marbre rose, tout comme l’habitation à deux niveaux. L’influence des édifices médiévaux se retrouve dans le traitement de la façade Sud, composée en rez-de-chaussée de trois ouvertures formant triplet et de petites arcatures au niveau de la corniche. De plus, l’avant-toit comprend une génoise décorative à trois rangs de tuiles canal.

Peu d’habitations à Prades peuvent être directement attribuées à l’architecte, en raison de l’influence du maître d'œuvre auprès des entrepreneurs locaux. En effet, différents corps de métiers ont travaillé au côté de Mas-Chancel, dont Michel Bourreil (1888-1957) actif à Catllar et les ferronniers pradéens Jean et Louis Ner. Par ailleurs, l’un de ses successeurs, l’architecte Bourtereau, a très également marqué le paysage architectural de Prades. Ce dernier intervient à Prades dans les années 1950, où plusieurs maisons de villes de style néo-régionaliste vont être édifiées. L’usage de matériaux d’inspiration locale caractérise ces habitations ; marbre rose, galets de rivière et fer forgé, comme c’est le cas pour la « maison Carbonneil » localisée au n°33 rue de la Basse. L’escalier en fer a par ailleurs été réalisé par Louis Ner, fils de Jean Ner, fondateur d’une entreprise de ferronnerie vers 1870 à Prades [Jacques, Jean & Louis Ner, une famille de ferroniers en Conflent du XIXe au XXe siècles. 2004. 40 pages]. D’un point de vue spatial, les édifices régionalistes sont plus ou moins dispersés dans la ville, même si plusieurs d’entre eux sont concentrés à l’Ouest du centre ancien.

Enfin, les habitations développées au Sud/Sud-Ouest de la ville, ont été édifiées entre les années 1930 et 1950. La proximité avec le quartier industriel de la gare, a nettement contribué à bâtir un ensemble de maisons pour loger les ouvriers et les industries. Entre la rue de Verdun et l’avenue Pau Casals, le bâti construit en milieu de parcelle ou en front de rue, se caractérise par la présence de trois niveaux, avec un rez-de-chaussée et un étage avec comble matérialisé en façade principale par un oculus décoratif (motif de quadrilobe par exemple). La toiture est majoritairement en bâtière et à demi-croupe au niveau des murs pignons. Des épis de faîtage en terre cuite apportent un caractère décoratif à l’ensemble. L’avant-toit est constitué d’un débord de pannes et chevrons, sous un voligeage jointif en bois. De plus, les façades sont recouvertes d’un enduit de protection ou maçonnées en moellons équarris de marbre rose, formant alors un bossage rustique.

La cité ouvrière des Castors a quant à elle été construite entre 1953 et 1957, entre les bordures de la voie ferrée et le cimetière de la Route de Clara. Regroupant une soixantaine de maisons, elle s’inscrit dans le processus de reconstruction urbaine, mis en œuvre au lendemain de la seconde guerre mondiale. Cette citée est formée de maisons en bandes avec jardins privatifs en arrière des parcelles et de petits immeubles de villes.

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