Dossier d’aire d’étude IA66003657 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Présentation de la commune de Ria-Sirach
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Conflent-Canigou
  • Adresse
    • Commune : Ria-Sirach

L’occupation du territoire de Ria-Sirach est très ancienne, en raison de la découverte d’artefacts datés de la fin du néolithique dans la grotte dite « de la Chance », par Henry Baills entre 1976 et 1984. Quelques années plus tôt, l’érudit Robert Lapassat avait exploré la cavité et mis au jour des éléments protohistoriques [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE. Les Pyrénées-Orientales 66, 2007, p.530]. L’existence de constructions mégalithiques de type dolmen probablement datées du second millénaire avant J.-C., est également attestée. Au Nord de Ria non loin du ravin de Ballaury, du Roc de l’Home Mort et du Prat Clos, cinq dolmens ont pu être découverts grâce aux travaux de l’archéologue Jean Abélanet. De plus, des roches gravées certainement liées au culte dolménique sont conservées non loin de ces dolmens [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p.8].

La localité de Ria-Sirach est franchie à l’époque romaine par la « strada Conflentana » ou « Via Confluentana », antique voie qui s’étendait de la localité d’Illibéris (Elne) à la Cerdagne. De plus, des vestiges d’une base de culées observées vers 1985 et situées au Sud du pont de Ria, témoignent d’une occupation antique [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE. Les Pyrénées-Orientales 66, 2007, p.530]. C’est à cette époque que fut construit sur une colline une tour de guet utilisée pour la surveillance de la voie, qui constituait le castrum de la localité [VIALLET, 2007, p.10].

Les premières mentions de Ria dans les sources historiques remontent aux 9e et 10e siècles, avec les dénominations « Arrianum » (864, 901, 944, 950, 953 et 968) et « villa Arriana » (981) [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.118]. Elles se rapportent très certainement à l’existence d’une exploitation agricole d’époque romaine, du nom de son propriétaire relatif au gentilice « Arrius » [BASSEDA, Revue Terra Nostra, numéros 73 à 80, 1990, p.626]. Le village de Sirach localisé en rive droite de la Têt, semble quant à lui au moins existant depuis le 10e siècle. Mentionné en 953 (« villa Cirisago »), puis en 968 (« Cirisacum ») [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.118], il ne présente aucun vestige d’époque romaine contrairement à la précédente localité. Son appellation renvoie par ailleurs à un nom domanial d’origine gallo-romaine, importé du Midi de la France.

À l’origine, le vieux Ria était appelé quartier de la Llise, en rapport aux fortifications du château construit à l’emplacement de la tour citée plus haut. L’histoire du château est intimement liée à Guifred Ier (Guifre le Velu ou el Pelos, 840-897), comte d’Urgell, de Cerdagne-Conflent puis de Barcelone et fils de Sunifred Ier. En effet, des familles de l’aristocratie issue de la domination carolingienne durant la Marca Hispanica (Marche d’Espagne) s’installe dans des comtés dont celui du Conflent, formés au lendemain des rebellions menées contre les armées arabes. Guifred Ier est considéré comme étant le réunificateur de tous les comtés catalans et le premier de la longue lignée des comtes de Barcelone (rois d’Aragon au 12e siècle) [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p.19]. Le château de Ria aurait été son lieu de naissance, comme l’indique le manuscrit de la « Gesta Comitum Barcinonensium », probablement écrit à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa au 12e siècle. Toutefois, cette affirmation est à nuancer car le document lie des récits légendaires aux faits qui se sont réellement déroulés [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, pp. 20-21].

L’édifice est donné à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa en 937, par le comte Seniofred (ou Sunifred II de Cerdagne), fils de Miro II (Guifred Ier étant son père) [DE POUS, 1981, p.48]. Au 12e siècle, plusieurs sources attestent du caractère fortifié du château, notamment en 1130 où le testament du comte de Barcelone lègue à Cuxa les « forcias de Frumigera, En et Arrià », ainsi que les albergues [DE POUS, 1981, p.39]. À cette époque, la fortification est considérée comme étant le principal lieu de refuge des vassaux de l’abbaye.

Plusieurs édifices à vocation religieuse localisés sur le territoire apparaissent dans les sources historiques entre les 10e et 12e siècles, tel que l’église Saint-Clément de Sirach consacrée en 953 [BAYROU, 2004, p.369]. Elle appartenait à l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, tout comme l’église paroissiale Saint-Vincent de Ria. La première mention connue de cette dernière dans les sources historiques est celle de 1134, indiquant la présence d’une « ecclesia Sant Vincentii » [PONSICH, Revue Terra Nostra, Numéro 37, 1980, p.118]. Il s’agit d’un acte dans lequel l’évêque d’Elne, Udalgar, échange l’église avec celle de Sainte-Marie d’Espira-de-l’Agly, avec l’abbé Grégoire de l’abbaye Saint-Michel-de-Cuxa [DE MARCA, 1688, [en ligne]]. Cependant, l’édifice est très certainement antérieure, car elle aurait été acquise par l’évêque d’Elne Bérenger III en 1025, contre l'église de Saint-Martin de Vernet [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p. 26]. Elle conserve par ailleurs de la période pré-romane un clocher-tour de style lombard [POP, Eglise paroissiale Saint-Vincent de Ria, Base Mérimée, 1992].

Le hameau de Llúgols est la troisième localité située sur le territoire de Ria-Sirach, près du Pla de Valenco. Le lieu renvoi à la présence de petits bosquets plantés de chênes verts [BASSEDA, Revue Terra Nostra, numéros 73 à 80, 1990, p.627]. Il est mentionné en 977 dans un document faisant état d’une donation d’alleux situés à Conat et à Llugols, ainsi qu’en 1186 (« Lugols ») [CCRP, Église paroissiale Saint-Christophe de Llugols, 2005]. L’alleu de Llugols est alors donné au monastère de Cuxa. La mention en 1189 du châtelain Arnald de Lugols et d’un château localisé sur le site (« castrum de Lugols ») en 1267 [CAMPS, Revue Conflent, Numéro 211, 1998, p. 18], témoigne de la présence d’un édifice fortifié. En effet, il subsiste les ruines d’une tour rectangulaire en schiste, élevée sur un petit éperon rocheux. PHOTO 6120 TOUR LLUGOLS. Au 14e siècle, la population de Llugols diminue progressivement, comme l’atteste le recensement des feux entre 1358 et 1424 (11 feux en 1358 et entre 1365-1370, 7 feux en 1378, ainsi que 18 feux en 1424) [CAMPS, Revue Conflent, Numéro 211, 1998, p. 25]. La peste de 1652 entraîna l’abandon du hameau de Llúgols, rénové dans les années 1980 par un groupe de nouveaux habitants. En 1998, il comptait 6 feux dont 3 jeunes enfants [CAMPS, Revue Conflent, Numéro 211, 1998, pp. 18 et 25].

Au Nord-Ouest du hameau se trouve la chapelle ruinée de Saint-Sernin d’Eroles, du nom d’un village existant au moins depuis le 13e siècle. La localité d’Eroles qui apparaît en 1268 dans les textes, se caractérise alors par la présence de petites surfaces cultivables, essentiellement liées à la viticulture [CAMPS, Revue Conflent, Numéro 211, 1998, p. 25]. Il ne subsiste actuellement plus que les ruines de sa chapelle, dont la première mention remonte à 1375, au moment où Jean Maria, d’Orbanyà, effectue un legs aux chapelles Saint-Sernin d’Eroles et Sainte-Marie-Madeleine de Conat [CAZES, 1977, p.95].

Selon la légende, une communauté de religieuses se serait installée dans la chapelle, d’où le nom de « casa de les monges » attribué à l’édifice et mentionné sur le panneau d’accès au site. Pour autant, il s’agit d’une chapelle romane, qui possède des caractéristiques bâties proches des constructions en pierre sèche. La proximité avec Saint-Christophe a vraisemblablement conduit à un abandon précoce, malgré la survivance du lieu-dit au moins jusqu’au 15e siècle. En effet, un texte daté de 1471 mentionne l’existence d’un mas appartenant à un certain Guillem Aroles (« mansi de Aroles ») [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p. 29].

Les premières indications concernant la population de Ria et de Sirach, remontent au 14e siècle. Une nette diminution démographique est attestée tout au long de la seconde moitié du siècle, sans doute en raison des épisodes de peste. Ria reste le principal foyer d’habitation, comptant 29 feux en 1358 (14 pour Sirach) et 19 feux en 1378 et 1385 (8 feux pour Sirach) [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp. 13, 19 et 23]. À cette époque, le Conflent est compris parmi les possessions du royaume de Majorque dont Jacques III, beau-frère du roi d’Aragon Pierre IV. Plusieurs conflits éclatent entre les deux souverains et tandis que le roi de Majorque se réfugie au château de Ria, Pierre IV décide de démolir plusieurs fortifications du territoire afin de punir les habitants d’avoir prêté allégeance à son ennemi, dont Codalet en 1346 [RAMOS I MARTÍNEZ, PUIGFERRAT I OLIVA, LÓPEZ I GUTIÉRREZ, 1995, p.356]. Après la mort de Jacques III en 1349, le vicomte d’Ille fervent disciple du roi d’Aragon, ordonne le démantèlement du château vers 1350 [VIALLET, 2007, p.34].

Un second édifice fortifié situé à Sirach semble déjà existant dans le courant du 14e siècle et serait selon la tradition orale, le lieu où le roi d’Aragon aurait séjourné en 1344, période marquée par son combat contre Jaume de Majorque. Il correspondrait à l'actuelle habitation n°23 rue d'Aragon, dont le porche extérieur mène à une allée voûtée. Celle-ci permet d’accéder à une cour intérieure et une tour carrée [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p. 32]. Le territoire aurait donc eu deux châteaux, même si celui de Ria reste beaucoup plus documenté que celui de la commune voisine. Au 15e siècle, les données restent très lacunaires ; il semblerait que le château de Ria soit encore un pôle important, puisque Felip de Rose est mentionné en 1482 en tant que capitaine de ce lieu. De plus, la population reste plus nombreuse à Ria, avec 16 feux entre 1470 et 1490, contre 7 feux à Sirach [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.27].

Dans les deux cas, le nombre d’habitants est en constante augmentation au cours des siècles suivants ; en 1515, 17 feux sont attestés à Ria et 15 feux à Cirach [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.29]. L’étude des capbreus (livres terriers) réalisés dans le courant du Moyen Âge, permet d’observer cette rapide croissance démographique, qui a au moins été multipliée par trois ou quatre sur 200 ans. En effet, le capbreu réalisé en 1569 à destination de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, mentionne 30 chefs de famille à Ria (soit environ 130 à 150 habitants), ainsi que 13 chefs à Sirach (soit une soixantaine d’habitants) [A.D.P.O.66, 3E 19/1213], tandis que celui de 1613 54 chefs à Ria et 24 chefs à Sirach [A.D.P.O.66, 3E 19/1214]. Cette progression est sans nulle doute liée au développement des activités économiques, dont la vigne qui est présente depuis le haut Moyen Âge. Au 18e siècle, les parcelles viticoles sont entretenues par les ouvriers agricoles, qui constituent la plus grande partie de la population. Les terres arrosables sont également en forte hausse, comme l’atteste un état des biens-fonds dressé en 1775. À Ria, la vigne représente 113 hectares, contre 57 hectares de champs arrosables, 30 hectares de champs à l’aspre, 29 hectares de bois et pacages et 3 hectares de prés. Pour Sirach, 17 hectares de vignes sont recensés, 55 hectares de terres à l’arrosage et 2 hectares de champs à l’aspre. L’élevage constitue également une ressource non négligeable, liée à un mode de vie tournée vers l’autoconsommation. Les troupeaux appartiennent à des propriétaires aisés, ce que confirme l’état des bêtes à laine réalisé en 1720. Pour exemple, les Maria sont ceux qui possèdent le plus d’ovins avec 380 bêtes [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p. 35].

En dehors de ces ressources, l’activité industrielle reste très importante en raison de la proximité avec les gisements des mines de fer du Canigou, ainsi que le développement du commerce en bordure de la route royale (actuelle Route Nationale 116). L’attractivité du territoire attire les populations des montagnes, qui s’installent dans les deux communes (passage de 472 à 548 habitants pour Ria entre 1770-1772 et 1798-1799 / 156 habitants à 217 habitants pour Sirach) [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp. 46 et 52-53]. La réunion des deux villages par ordonnance royale du 3 avril 1822, avec Ria en tant que chef-lieu [BASSEDA, Revue Terra Nostra, numéros 73 à 80, 1990, p.393], conforte cette forte expansion démographique, qu’il convient de gérer parallèlement à la modernité (construction des écoles, agrandissement des cimetières, etc.).

Dans la seconde moitié du 19e siècle, l’habitat tend à s’implanter en bordure des principaux axes de communication dont l’actuelle N116, marquée par le développement d’activités industrielles et commerciales et de la ligne de chemin de fer. L’exploitation de carrière de marbres et l’édification des hauts-fourneaux de Ria en 1859 par l’initiative de Rémy Jacomy (1818-1889), maître de forges à Prades [Syndicat Mixte Canigó Grand Site], font de Ria-Sirach un important centre économique du Conflent. L’industriel fonde à cette date la Société des hauts-fourneaux et forges de Ria, en partie grâce au soutien financier de Jacob Holtzer (1802-1868). Plusieurs modernisations destinées à l’accroissement de la production sont apportées tout au long de la seconde moitié du siècle, marquée par la reprise de la Société par les Holzer (1862). Le site devient un véritable centre industriel du Conflent, situé au carrefour de nombreuses lignes de chemin de fer convergeant depuis Serdinya, Vernet et Sahorre [Syndicat Mixte Canigó Grand Site]. Des logements ouvriers vont être construits, notamment « la caserne ouvrière » construite non loin de l’espace de production. L’usine produisait de la fonte, de l’acier et du fer, grâce à un minerai acheminé depuis les mines de Thorrent, Escaro et Sahorre. [Ria-Sirach en Conflent. Histoire du fer à Ria-Sirach. [en ligne]]. Le dynamisme du territoire lié à l’industrie et la métallurgie, permet à Ria-Sirach d’atteindre le seuil des 1000 habitants, avec un record de 1095 personnes en 1891 [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p. 64]. Toutefois, l’exode rurale de la première moitié du 20e siècle, la crise viticole causée par le phylloxéra ainsi que la première guerre mondiale, sont à l’origine d’une baisse significative du nombre d’habitants, estimée à 928 en 1921. De plus, l’usine de Ria ferme ses portes de 1929 à 1939, en raison de la crise industrielle des années 1920. Elle reprendra du service en 1939, soit un an avant l’Aiguat (crue) qui entraîna de nombreux dégâts. La production à nouveau interrompu, l’usine de Ria est relancée en 1944. Son activité restera maintenue jusqu’en 1953 [Syndicat Mixte Canigó Grand Site].

À la fin du 20e siècle, la population de Ria-Sirach augmente à nouveau en raison de l’arrivée de nouveaux habitants et du rattachement de la commune d’Urbanya en 1973. Toutefois, cette dernière redeviendra indépendante en 1983. Cela n’a pour autant pas freiné la hausse démographique, puisque de nombreuses terres cultivables sont abandonnées au profit de la construction de nouveaux lotissements. Les arbres fruitiers principalement cultivés de nos jours sur le territoire du Conflent apparaissent à cette époque, dont les abricotiers, pêchers et pommiers [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p.11].

Actuellement, la commune compte environ 1363 habitants contre 1017 en 1990, 1126 en 1999 et 1284 en 2013 [Insee, Populations légales en vigueur à compter du 1er janvier 2021, [en ligne]]. Le développement de lotissements par extensions Ouest et Est du bâti existant au cours des dernières années, a permis à des familles avec enfants de s’installer durablement. Malgré une petite tendance au vieillissement de la population (10,9% de 75 ans ou plus, 21,5% de 60 à 74 ans), les personnes de 15 à 59 ans représentent 50% des habitants [Insee, Portrait démographie et conditions de vie – Évolution et structure de la population, Ria-Sirach, [en ligne]].

  • Sites de protection
    parc naturel régional

La commune de Ria-Sirach localisée dans le département des Pyrénées-Orientales, est comprise dans la région du Conflent. Elle s’inscrit dans la Communauté de communes Conflent Canigó créée le 1er janvier 2015, regroupant 45 communes et résultant de la fusion entre la Communauté de Communes Vinça Canigou et la Communauté de Communes du Conflent. Le territoire de Ria-Sirach est également intégré dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes, créé en 2004 et totalisant 139 000 hectares sur 66 communes.

Ria-Sirach est une ville d’une superficie de 1282 hectares située à 400 m d’altitude, délimitée à l’Est par Prades et Codalet, au Sud par Taurinya, au Nord par la vallée de la Castellane (Catllar, Molitg-les-Bains, Campôme, Mosset) et à l’Est par Villefranche-de-Conflent.

Les deux localités se trouvent au carrefour d’anciens chemins de communication, qui apparaissent sur les plans cadastraux de la première moitié du 19e siècle. Il s’agit des chemins de Corneilla à Sirach, de Fillols à Sirach et de Sirach à Prades, ainsi que des chemins de Conat à Ria, de Fillols à Ria et du pont Gorner.

Le plateau d’Embullà au Sud, ainsi que la vallée de la Têt au centre et le Pla de Valenco au Nord, constituent les trois unités géographiques du territoire. Ce dernier est constitué des communes de Ria et de Sirach, rattachées entre elles depuis 1822. La route nationale dite N116 et appelée « Grande Route du Conflent à Prades » sur le cadastre napoléonien, est l’axe structurant créant le point de jonction entre les deux communes. Le bâti développé de part et d’autre de cet axe, suit une implantation linéaire. Celle-ci est renforcée par la rue de la Marbrerie et le Carrer d’Avall, formant le quartier dit « du Pont ». Ce dernier semble au moins existant depuis le 12e siècle, puisqu’un acte de 1187 fait état d’une assemblée d’habitants tenue « ad pontem de Arria » [ALART, Cartulaire Roussillonnais, Volume VIII [en ligne]].

Au niveau de la route nationale, les habitations développées sur des parcelles étroites, sont majoritairement constituées d’une à deux travées de baies et d’un rez-de-chaussée surélevé de deux étages. Elles conservent un ordonnancement des façades principales caractéristique de la seconde moitié du 19e siècle et du 20e siècle, avec pour certaines un traitement soigné des portes d’entrée (encadrement en pierre de taille à claveaux) et l’ajout d’enduits sculptés au ciment (début du 20e siècle).

Le pont enjambant la Têt situé dans la rue éponyme et restauré en 1909 [VIALLET, 2007] permet d’accéder au « Pla de Ria », comprenant les principaux bâtiments civils et religieux dont la mairie-écoles, l’église Saint-Vincent, et le monument aux morts. L’église paroissiale a la particularité d’être localisée à l’écart du centre ancien de Ria, ce qui pourrait s’expliquer par une construction antérieure à celle du château. Un premier habitat s’est sans doute développé autour de sa paroisse, avant de se concentrer autour de l’édifice fortifié.

Enfin, les pavillons construits à la fin du 20e siècle et situés en bordure de la Route de Conat, côtoient de grandes villas modernes héritées de la tradition régionaliste, construites entre les années 1940 et 1960.

Tout comme plusieurs villages du Conflent tels qu’Eus ou encore Mosset, Ria s’est formé à flanc de coteau et en pente, de part et d’autre du château d’Arria. L’habitat concentrique reprend le modèle de l'Incastellamento, qui se caractérise par une implantation en pôle focalisée sur un édifice de pouvoir et de défense. Par ailleurs, les plus anciennes maisons sont comprises dans le quartier de la Llissa (ou Lice), témoignant de l’existence des anciennes fortifications du château.

Plusieurs habitations développées en contrebas du castrum se distinguent également par le traitement des entrées et façades principales, avec des encadrements portant des dates gravées dans la pierre de taille, comprises entre les 17e et 19e siècles. Certaines d’entre elles appartenaient aux abbés de Saint-Michel-de-Cuxa, dont l’une portant la date « 1634 » au niveau de l’encadrement de la porte d’entrée (n°4 rue de la République). Elle fut également la propriété de l’une des plus anciennes familles aisées de Ria-Sirach, les Maria, comme l’atteste le monogramme conservé au-dessus de la date. L’habitation présente des murailles épaisses (meurtrière en face de la Route Nationale 116) et possède des voûtes d’époque romane à l’intérieur [A.D. 66 : 53J250]. De plus, l’ancienne salle de réception conserve des peintures murales des 17e et 19e siècles. Une seconde habitation située à proximité du château, possède quant à elle des excavations en forme de souterrain (actuellement obstruées) reliées au château, ainsi que des débris de boiserie et de poutres maîtresses grossièrement sculptés de têtes de Hibou [A.D. 66 : 53J250]. Ces deux maisons décrites ont vraisemblablement servi de résidence temporaire des abbés du monastère de Saint-Michel-de-Cuxa.

La partie basse du quartier de la Llissa se distingue également par la présence d’un bâti conçu dans la tradition bourgeoise du 19e siècle, comme c’est le cas de la maison n°6 rue de la Mairie. Elle appartenait aux Maria puis à la famille Monells, dont le berger de Llugols, André, y vécut au cours du 20e siècle. Le grand portail à encadrement surbaissé en marbre rose, portant sur le claveau central la date « 1817 », témoigne de la richesse sociale de ces premiers occupants. Outre le modèle d’une architecture soignée, la maison conserve à l’intérieur trois voûtes (vestiges de fortifications ?) à arcs outrepassés espacés de 3 m [A.D. 66 : 53J250].

Enfin, quelques exemplaires de fours à pain sont visibles depuis l’espace public, comme celui localisé au n°14 rue de la Llisse. De forme semi-circulaire, il comprend une console conique et une couverture inclinée en lloses.

Le troisième groupe bâti correspond à celui développé sur le flanc Sud-Est de l’église Saint-Clément de Sirach. Alignées sur rue, les constructions occupent la totalité des parcelles en dehors de celles constituées de jardinets ou de cours en cœurs d’Îlots. Elles s’adaptent au terrain naturel du plateau et sont regroupées de façon irrégulière autour de la rue d’Aragon et de ruelles plus étroites ponctuées d’espaces publics. La typologie de l’habitat est la maison de journalier, élevé en rez-de-chaussée et deux étages terminées par une toiture à double pente, couverte de tuiles canal. Quelques grands volumes d’habitations se distinguent, notamment dans la continuité de l’église. Le bâti de Sirach qui aurait servi de château vraisemblablement d’origine médiévale, se distingue par son portail cintré formé de claveaux en pierre de taille (granit), surmonté d’une ouverture à linteau droit et jambages réalisés reprenant la même technique de maçonnerie.

Les habitations disparates du hameau de Llúgols localisées au Nord Est et Sud Est de la chapelle ermitage Saint-Christophe, reprennent le modèle de la ferme agricole, avec une bergerie contiguë de type cortal. En effet, la partie agricole comprenait à l’origine de grands piliers de plan quadrangulaire, qui permettaient de soutenir la toiture. Ces éléments ont majoritairement disparu avec l’effondrement des toits. Malgré cela, le bâti conserve une maçonnerie d’origine constituée de pierres de schiste, liées à du mortier d’argile. Depuis l’installation de trois familles vers les années 1980, cinq habitations ont pu être restaurées [TOSTI, BLAIZE, Revue D'Ille et d'Ailleurs, Numéro 22, Avril 1991, p.5].

Jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle, les principales cultures effectuées sur le territoire sont les vignes, figuiers et oliviers. Celles-ci sont principalement localisées au niveau des terrasses (feixes) étendues des hauteurs de Ria jusqu’au Pla de Valenco, aujourd’hui parsemé de chênes verts. Le caractère aride de ce plateau est lié à une importante activité agro-pastorale exercée entre les 18e et 19e siècles ; les troupeaux viennent lors des périodes de transhumance, comme en témoigne les nombreuses constructions en pierre sèche. Enfin, la céréale est la principale denrée alimentaire du village, notamment le seigle qui était cultivé au niveau des « plas ». Les arbres fruitiers ne seront quant à eux plantés qu’à partir de 1920.

Documents d'archives

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Bibliographie

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  • 1977
  • 2007
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Périodiques

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Documents multimédia

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Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
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