Dossier d’œuvre architecture IA66003598 | Réalisé par
  • pré-inventaire
Village pastoral de Llasseres
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Conflent-Canigou
  • Commune Taurinya
  • Lieu-dit La Cigalote, Potracaria, Llasseres, Blats de la Cigalota, Artigues
  • Adresse
  • Cadastre 2021 0B 155, 8, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19

Le site localisé au Sud de la commune, se trouve en zone frontière entre les territoires de Clara-Villerach et de Taurinya. Il apparaît dans des documents datés des 10e et 11e siècles, qui donnent les limites précises de la localité de Taurinya [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.705]. Le lieu de Llasseres est mentionné pour la première fois en 950 (« monte Lavarias ») dans un alleu de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, qui en détenait la propriété. Il apparaît ensuite en 968 puis en 1011 (« montem Lavarias ») [Association « Vall de Cuixà », 1994, p.3]. Le lieu Monte Laccarias ou Lavarias mentionné dans ces textes, se rapportent au plateau de Llasseres, qui conserve les vestiges d’une ancienne exploitation pastorale [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.706]. De plus, le toponyme Lavarias est dérivé du nom latin « lav », qui signifie ravin. En effet, le site est localisé au Sud du ravin de Lloeres, considéré comme étant le cours supérieur du Lliscó.

L’exploitation pastorale a été étudiée entre les années 1992 et 1994 par l’association Vall de Cuixà, qui a effectué des recherches approfondies au sein des archives départementales des Pyrénées-Orientales [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.27]. Les données recueillies ont permis d’identifier le site en tant que village pastoral, dont les troupeaux de bovins et ovins des communes de Taurinya et de Clara se rendaient à chaque période estivale. De nombreuses constructions en pierre sèche ainsi conservées, témoignent de l’importance accordée à l’activité de transhumance, qui consistait à effectuer des déplacements de troupeaux vers les hauts pâturages.

Les droits de pacage sont perçus dès le haut Moyen Age par l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, qui détenait les pasquiers (vaste étendue de pâturages) de Llasseres [Association « Vall de Cuixà », 1994, p.3]. Afin de faire paître le bétail, les habitants des villages de Clara et de Taurinya devaient bénéficier des droits d’usage, appelés « empriu » en catalan. Le premier recensement des troupeaux de Taurinya en date de 1720, fait état de 655 bêtes pour 30 feux [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.27]. En 1852, le cheptel compte 3000 bêtes et diminue à 150 en 1883 [A.D.P.O., C. 2010 et 163 AC.5], puis 8 bovins en 1970.

Les données concernant le pacage des troupeaux ainsi que la gestion des terres par les propriétaires successifs, sont mentionnées dès le début du 19e siècle. C’est le cas en 1806, où les archives départementales indiquent la présence de troupeaux étrangers sur la commune de Clara, dont certains propriétaires ne semblent posséder aucune terre [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.28]. Les conditions climatiques sont rudes à Llasseres, comme en témoigne un document de 1824 expliquant que les chutes de neige de 1822 et 1823 ont entrainé la destruction d’une bergerie, qui appartenait à un certain Bonaventure Guillo de Clara [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.28]. Les noms des bergers de Llasseres sont également connus des textes, tels que Martin et Bonaventure Monceu, désignés en 1881 par le Maire de Clara, Bonaventure Guillo. A cette époque et ce jusqu’en 1891, le nombre de bêtes provenant de Clara est limité à 100. Celles-ci appartiennent en 1888 à cinq propriétaires (Stanislas Solère, André Aubert, Ques, Jean Capdet, Martin et Étienne Monceu), sous la conduite des bergers Aubert et Martin Monceu. En 1889 et 1860, les bêtes de Clara sont réparties sur trois propriétaires, sous la conduite de bergers issus de la même famille (Martin et Bonaventure Monceu) [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.29]. C’est également en 1889 que les droits de pacage de la commune de Taurinya sont étendus aux costes de Llasseres, Loera, el Ramà et au canal de Père Oliva (Bohère ?) [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.29].

  • Période(s)
    • Principale : limite 10e siècle 11e siècle , daté par source
    • Principale : 18e siècle , daté par source
    • Principale : 19e siècle , daté par source
    • Principale : 2e moitié 20e siècle , daté par source

Le site situé entre 1200 et 1500 mètres d’altitude, est accessible depuis Taurinya par les sentiers de « Les Costes » et du « Ramá ». Son caractère remarquable est lié à la conservation de plusieurs types de constructions pastorales en pierre sèche, qui possédaient des fonctions bien spécifiques. Ces constructions sont accompagnées de murs de soutènement (feixes), qui permettaient de délimiter les parcelles cultivées pour les céréales et les légumes. Les corals visibles à Llasseres, sont des parcs ou enclos à bestiaux [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.608], pouvant également délimiter d’autres ouvrages, dont les cabanes. Celles-ci sont des constructions rudimentaires utilisées en tant qu’abri pour les bergers, édifiées sur un plan circulaire. Leur voûte en encorbellement est composée de pierres disposées en porte-à-faux, créant ainsi un léger décalage entre elles [Parc naturel régional des Pyrénées-Catalanes, Mai 2004, p.29]. De plus, la couverture en fausse coupole a la particularité d’être terminée par de grandes dalles de pierre. L’étanchéité de la cabane est assurée par une couche supérieure de fumier et de terre, appelée « el terrat » [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, Bernard, 1999, p.30]. A l’intérieur se trouve quelques éléments rudimentaires, telles que les banquettes de pierres pour le repos du berger, ainsi que des niches aménagées dans l’épaisseur du mur, utilisées en tant que placard.

Plusieurs cortals, bâtiments destinés à l’élevage et utilisés pour abriter les animaux ainsi que le stockage du fumier [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.73], sont également conservés sur le site. Il s’agit de bâtiments rectangulaires, comprenant pour certains d’entre eux un pilier central qui permettait de soutenir la toiture. Celle-ci devait être en appentis, comme le suggère l’inclinaison des murs latéraux. La plupart des toitures ont été détruites ou sont endommagées. Pourtant, il est possible de connaître leur matériau de couvrement, puisque plusieurs fragments de tuiles canal sont présents dans les décombres. De plus, l’étude apportée par l’association Vall de Cuxà, indique que les toitures devaient être majoritairement couvertes de lauses ou de branchages [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, Bernard, 1999, p.29].

Enfin, l’orri est le dernier type de construction observée à Llasseres. Selon la définition toponymique, l’orri désigne une cabane de berger utilisée pour conserver le lait et les fromages. Par ailleurs, le nom est très ancien puisqu’il apparaît en Catalogne dès le 10e siècle [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.75]. Sur le site, les orris de grandes dimensions, sont développés sur un plan rectangulaire. Ils servaient essentiellement à stocker les fromages, ainsi que les grains jusqu’à leur consommation [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, Bernard, 1999, p.30]. Ces orris, devenus par la suite des bergeries, ont une typologie qui rappelle celle des cabanes (ouverture à l’Est, couverture étanche grâce à une couche de fumier, de terre et de gazon), malgré leur différence de taille et de voûtement. En effet, les orris ont une voûte formant un vaisseau de pierres, qui ressemble à une coque de bateau retourné.

Les trois orris décrits ci-dessous sont les principaux identifiés sur le site, en raison de leur bon état de conservation. L’association Vall de Cuxà a classé ces constructions en quatre groupes, en fonction des différents lieux-dits [Association « Vall de Cuixà », 1994, p.5]. Il s’agit des lieux de Potracaria, de Llasseres, de Blats de la Cigalota (le nom Blat provient du franc "Blad", qui désigne la farine et plus généralement toutes les céréales) et de la Cigalota (du latin "Cicada" pour désigner une cigale) [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, pp.192, 197-198].

L’orri d’en Ciscal (lieu-dit Potracaria, 1206 m d’altitude) : Longueur : environ 15 m / Largeur : 4 m / Hauteur : 2,50 m

Construit sur un plan rectangulaire et protégé en partie par un éperon au Nord, il comprend une ouverture à l’Est surmontée par un linteau droit en pierre. Il dispose de petites ouvertures étroites à ébrasement, dont une à l’Ouest et deux au Nord. L’orri se présente à l’intérieur comme une longue nef divisée en quatre travées, par des pilastres latéraux qui convergent vers un même point. L’ensemble forme un voûtement brisé, constitué de pierres clavées. Cet orri semble localisé sur le territoire de Clara.

L’orri d’en Coronell (lieu-dit Llasseres, vers 1345 m d’altitude) :

En forme de L, il est adossé sur un éperon rocheux. Son ouverture orientée à l’Est et placée sur la façade la plus longue, permet de le protéger des vents violents. Contrairement au précèdent orri, celui-ci ne comprend pas de pilastres intérieurs.

L’orri d’en Manuel (lieu-dit la Cigalota, 1411 m d’altitude) : Appuyé à l’Ouest d’un éperon qui surplombe la vallée de la Llitera, cet orri dispose à l’intérieur d’un pilastre ainsi que d’une voûte portée à 3,50 m de haut [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, Bernard, 1999, p.31].

  • Murs
    • granite maçonnerie
  • Toits
    terre en couverture, végétal en couverture, pierre en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier, plan régulier en U, plan régulier en L
  • Couvrements
    • en tas de charge
  • Couvertures
  • Typologies
  • État de conservation
    restauré
  • Précision dimensions

    Orri d’en Ciscal) : Longueur : environ 15 m / Largeur : 4 m / Hauteur : 2,50 m

  • Statut de la propriété
    propriété privée (incertitude)
    propriété de l'Etat (incertitude)
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    ensemble pastoral

Bibliographie

  • Association « Vall de Cuixà ». L’architecture pastorale dans la vallée de la Llitera : la zone de Llasseres, un village de bergers en Conflent. 1994. 19 pages.

    1994
  • CATHALA-PRADAL, Sophie, CHRISTOFOL, Jeannot, NICOLAU, Bernard. Taurinya. Fragments de la vie d’un village du Canigou. Association Vall de Cuixà. 1999, p.74.

    Médiathèque de Prades
    1999
  • 2004

Périodiques

  • 1990
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie