Dossier d’aire d’étude IA66003588 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire
Présentation de la commune de Clara-Villerach
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  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Conflent-Canigou
  • Adresse
    • Commune : Clara

Clara-Villerach de la Préhistoire au 12e siècle

L’occupation du territoire de Clara-Villerach est très ancienne, comme l’atteste la présence du dolmen de la Lloseta (lieu-dit L’avellaner), situé à la frontière avec la commune de Los-Masos. Plusieurs inventaires destinés à la connaissance et à la protection des dolmens en Roussillon et Conflent ont été réalisés par les professionnels de l’archéologie au 20e siècle. Ainsi, Pierre Ponsich recensa plus de 39 dolmens en 1950 ; Jean Abélanet répertoria quant à lui 90 dolmens dans les années 1980 [CAZES, Revue Conflent, Numéro 145, 1987, p.7], et 123 constructions de ce type en 2011 [ABÉLANET, 2011, 347 pages]. Parmi son premier recensement se trouve le dolmen de la Lloseta, dont l’emplacement géographique a longtemps été complexe à définir, en raison de sa construction en zone frontière. La lecture du cadastre actuel permet de le localiser au sein de la commune de Clara-Villerach. Celui-ci serait daté du IIe millénaire avant J.-C, correspondant à la période protohistorique. Il est mentionné en 1514 sous le nom « caseta de la Llosa » et apparaît sur le cadastre napoléonien de Villerach (« Barraque de la Llosa ») [CAZES, Revue Conflent, Numéro 145, 1987, p.7]. Signalé en 1969 par l’historien Ramon Gual [Revue d’Ille et d’Ailleurs, Numéro 17, Janvier 1990, p.7], le dolmen a été construit au cœur d’un site cultuel, comme l’atteste la découverte d’une dalle à cupules à une centaine de mètre du mégalithe. Contrairement au dolmen, cette dalle est localisée sur la commune de Los Masos. Ces petites cavités hémisphériques creusées dans la roche sont des précieux témoignages des pratiques rituelles funéraires dolméniques, où de nombreuses interprétations ont été émises par les archéologues (libations rituelles ? communications avec les défunts ? etc.). En très bon état de conservation, le dolmen orienté Sud-Est est constitué de trois grosses pierres en granit formant support (montant Nord : 2 m de long / montant Sud : 2,30 m / pierre de chevet : 1,24 m) et d’une épaisse dalle de couverture. Celle-ci a en effet une épaisseur de 35 cm, sur une longueur de 2,33 m et une largeur de 1,90 m [CAZES, Revue Conflent, Numéro 145, 1987, p.23]. La dalle comprend 18 cupules hémisphériques, qui selon la légende locale, correspondraient à « l’empreinte des doigts du géant qui construisit le dolmen de la Lloseta » [ABÉLANET, Revue Terra Nostra, Numéro 5. 1990, p.52]. Enfin, les vestiges du tumulus sont encore présents autour du dolmen et délimitent un espace circulaire.

Plusieurs mines de fer sont exploitées sur le territoire dès l’époque antique, comme l’atteste les vestiges de crassiers de scories de fer, signalés au 20e siècle par l’instituteur et archéologue François Roig. L’un d’entre eux, mis au jour non loin du cimetière de Villerach, fut endommagé lors de travaux réalisés en 1986. Ceux-ci ont permis de retrouver des morceaux de parois du four, des fragments d’amphore et de sigillée sud-gauloise, ainsi que plusieurs charbons de bois, datés du Ier siècle avant J.-C [KOTARBA, CASTELLVI, MAZIERE, 2007, p.303]. C’est également sous la chapelle de Saint-Etienne de Pomers, située dans les hauteurs de Clara, que des vestiges liés à l’activité métallurgique ont été découverts. François Roig a identifié la présence de fragments de fours en terre cuite, de morceaux d’amphores ainsi que d’un fragment de campanienne. Ce dernier artefact permet de dater l’occupation du site dès l’époque romaine républicaine. Le hameau de Clara apparaît très tôt dans les textes, notamment dès le 9e siècle avec la mention de la « Villa Clerani », ou encore du toponyme « Clarianum », qui se rapporte à une fondation d’époque romaine [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.394]. Ce lieu est en effet rattaché au domaine de « Clarus » (illustre en latin), du nom de son possesseur. Le « a » final du nom actuel (« à » en catalan) est dérivé du suffixe « -anum », qui se retrouve dans de nombreux lieux de la Catalogne. Par ailleurs, la localité de Clara comprenait un ancien lieu-dit du nom d’Orgeres, dépendant du monastère de Saint-Michel-de-Cuxa. Il est en effet évoqué en 854, sous la dénomination « villare Orgarese » [PÀGES, PUBILL, 1996, p.127].

Le territoire de Clara-Villerach a la particularité de posséder les vestiges d’un ancien château, le « castrum » de Pomers, considéré comme étant le siège du comté de Conflent au 9e siècle [DE POUS, Revue Conflent, Numéro 106. 1981, p.53]. Localisé au Nord du lieu d’Orgeres, il est mentionné en 865 [CAZES, Le Roussillon sacré, 1977, p.12] au côté de la chapelle « Sancti Stephani » (Saint-Etienne), dans un document relatif à un litige sur la propriété du « Vilar de Mata », situé dans les limites de la « villa » de Prada. Considéré comme étant le plus ancien document écrit conservé aux Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, le plaid évoqué est présidé par le comte Salon, issu de la lignée des comtes de Cerdagne. Lors de cet évènement, les témoins prêtent serment dans l’église Saint-Étienne, dont la localisation est précisée sur le territoire de « Vilarac » [CAZES, Le Roussillon sacré, 1977, p.12]. Le lieu de « Pommarium » évoqué en 865 [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.394], se rapporte à la présence d’anciens pommiers, dont la toponymie se retrouve dans le nom de l’ensemble castral (Pomers). Par ailleurs, le lieu-dit Clot de Pomers est présent au Nord de la chapelle Saint-Étienne. L’appellation « Roca » également employé dans la langue locale, se rapporte à la position perchée du château fortifié sur un rocher.

L’église paroissiale Saint-Martin située au hameau de Clara, est connue à l’époque carolingienne, dans un texte de 879 mentionnant les reliques de Saint-Martin, situées au sein d’une basilique fondée dans la « villa de Clarà » [CAZES, Le Roussillon sacré, 1977, p.15]. De plus, le lieu de Clara apparaît en tant que possession de l’abbaye de Saint-André d’Eixalada, emportée par une importante crue de la Têt (aiguat) en Octobre 978 [PÀGES, PUBILL, 1996, p.126]. Aussi, les moines installés par la suite à Saint-Michel-de-Cuxa, se retrouvent à reconstituer leurs titres de propriété. Outre la mention du 9e siècle, l’église Saint-Martin est connue en tant que tel dans une bulle papale datée de 950 [CCRP, Molitg-les-Bains, Eglise paroissiale Saint-Martin, 2005].

A partir du 10e siècle, le castrum de Pomers perd son rôle de siège administratif du Conflent, désormais rattaché au château de Joch. Cette période correspond au rattachement du Conflent à la Cerdagne, devenu une vicomté à part entière [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.73]. Il est mentionné en 1095, dans le testament du comte de Cerdagne, Guillem Ramon, qui lègue à son fils aîné nommé Guillem Jorda, les comtés de Conflent et de Cerdagne ainsi que leurs châteaux. Il s’agit des édifices de Rodès, Eus (castrum de Ylice), Puig Cerdà, Castell So, Paracolls, Sant Marti dels Castells, Queralt, Miralles, Ax, ou encore Llo, ainsi que du « castrum de Sancti Stephani » [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.71]. C’est également au cours de ce siècle qu’un certain Arnald Guillem, fils de Bellescende, prête un serment féodal au comte Guillem, fils d’Adala, pour le castrum, avec la mention latine « castros aut castellos, rochas aut puios » [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.71]. De nouveaux serments sont prêtés entre 1109 et 1131 par Guillem Petri à Bernard, fils de Sancia et comte de Cerdagne, puis entre 1117 et 1131 par Udalgar, au comte de Barcelone du nom de Ramon Berenger [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.71]. La plupart de ces serments féodaux sont proclamés par des vicomtes de Fenollède, qui rendent hommage aux comtes de Cerdagne. Par ailleurs, le château de Pomers fut pendant un temps inféodé aux vicomtes de Fenollet, comme l’indique le testament du vicomte Arnald III, établi en 1175. Celui-ci mentionne le lègue de son château de Fenollet ainsi que le « castrum Sancti Stephani de Belerec » [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.73]. Le lien étroit ainsi établi avec les comtes de Cerdagne, peut s’expliquer par les mariages de femmes aux vicomtes du Conflent [DE POUS, Revue Conflent, 1981, p.73].

Avant la mention de 1175, le hameau de Villerach apparaît en 1173 sous la dénomination « Belerach » [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.760]. D’un point de vue toponymique, il pourrait s’agir d’un ancien domaine, relatif au gentilice « Villarius ». Ce dernier peut également désigner une petite ferme (« villare » en latin). Tous comme la plupart des noms de localité terminés en « -ac » (spécificité propre à la Catalogne), le toponyme aurait également une origine carolingienne [BASSEDA, Revue Terra Nostra, 1990, p.760].

Clara-Villerach du 12e siècle au 18e siècle

Au milieu du 12e siècle, le castrum de Pomers est toujours existant, mais son rôle de pouvoir central est éclipsé par le château de Joch, qui jouit de sa pleine puissance tout au long du siècle. L’absence de mention du castrum après le 12e siècle induit un possible abandon du site, et un renouvellement du pouvoir religieux, désormais centré à Villerach. En effet, la chapelle Saint-Etienne de Pomers n’est plus la principale paroisse de Villerach, comme l’atteste la mention d’une nouvelle église au sein du hameau dès le 14e siècle [CAZES, Le Roussillon sacré, 1977, p.92]. La chapelle est alors transformée en ermitage, tel que l’indique le testament du curé de Saint-Etienne d’Illa daté de 1373. Ce dernier évoque le lègue du lieu « als hermitans de la Roca de Pomers », chargés de prier « le Seigneur Dieu pour son âme et celle de ses bienfaiteurs » [CAZES, Clarà Villerac, 1995, p.16]. L’église de Villerach dédiée à Saint-Sylvestre, fut autrefois placée sous la protection de Saint-Sauveur, comme l’indique un acte en date de 1348. Il cite également le curé de l’église, du nom de Tolosa Imbert [CAZES, Le Roussillon sacré, 1977, p.92]. L’édifice orienté Ouest-Est et situé en bordure du canal de Bohère, a été construit à l’extrémité Nord du cimetière de Villerach. Il s’agit d’une église à nef unique, qui possède deux travées séparées par un arc cintré reposant sur des antes à impostes. Elle a la particularité de conserver une charpente, soutenue par deux arcs diaphragmes. Le mur Ouest est surmonté d’un clocher-peigne en bâtière, qui pourrait avoir été construit au 15e siècle [PÀGES, PUBILL, 1996, p.127]. Celui-ci comprend deux arcades en plein cintre, abritant chacune une cloche. L’accès à l’intérieur s’effectue au Sud par une entrée en plein cintre, constituée d’un encadrement en pierres de granit posées de chant et de piédroits en pierre de taille, ainsi que d’une porte cloutée en bois. Cette entrée est surmontée d’une ouverture verticale quadrangulaire, qui permet d’éclairer la nef. L’emplacement de la porte d’entrée au Sud ainsi que la structure de la nef sont considérés comme étant d’époque romane, contrairement à la partie orientale qui fut remaniée à plusieurs reprises [MALLET, 2003, p.181].

Les premières données démographiques concernant la population du territoire sont attestées dans les sources historiques à partir du 14e siècle. Celles-ci concernent les recensements retrouvés dans les fogatges, qui sont des impôts sur le revenu foncier répartis en fonction des différents feux (foyers d’habitation). La localité de Clara (Clarà) apparaît dans les fogatges établis entre 1365 et 1370 et compte alors 12 feux [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.15]. En 1378 et 1385, le hameau de Villerach compte seulement 3 feux, contre 5 feux à Clarà [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp.20 et 23]. Au 15e siècle, la démographie est très basse, avec seulement 2 feux à Clarà entre 1470 et 1490 (conséquences des pestes ?) [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, p.26]. De plus, le hameau compte un unique feu en 1515 et en 1553 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp.28 et 31]. A cette époque, Villerach est possédé par de nombreuses familles illustres, dont celle d’Enveigt. Vers 1560, il apparaît parmi les possessions de la famille d’Oms par le mariage de la fille et héritière de Bernard d’Enveigt, du nom de Brunisssen, avec Bernard d’Oms [PÀGES, PUBILL, 1996, p.127]. La localité est par la suite rattachée à la famille de Billerac, dont les armes « de gueules à une maison à deux tours d’argent, maçonnée, ouverte et ajourée de sable » sont évoquées dans l’armorial de Darnius [CAZES, 1985, p.22]. Ce dernier situe par ailleurs la sépulture des Billerac dans la chapelle Saint-Antoine de Padoue et de Saint-François à Perpignan.

A la fin du 16e siècle, le territoire de Villerach est compté parmi les multiples propriétés de la famille de Llupia [PÀGES, PUBILL, 1996, p.127]. C’est au cours de ce siècle que l’église de Villerach sera placée sous le patronage de Saint-Sylvestre, tel que l’atteste un bénéfice institué en 1590 [MALLET, 2003, p.181]. Par ailleurs, la date du 20 Octobre 1620 est marquée par l’union de l’église Saint-Sylvestre à la communauté des prêtres de l’église de Prades, grâce à l’action de l’évêque d’Elne. Enfin, suite à l’annexion du Roussillon par la France en 1659, Villerach dépendra successivement des familles de Caramany et de Boisambert, ainsi qu’à la famille de Vilar jusqu’à la révolution française [PÀGES, PUBILL, 1996, p.127].

L’église paroissiale Saint-Martin d’époque romane [MALLET, 2003, p.181], fut reconstruite au 17e siècle, comme l’atteste l’abbé Cazes [CAZES, Clarà Villerac, 1995, p.3]. Il s’agit d’un édifice à nef unique orienté Ouest-Est, terminé par un chevet plat. L’entrée s’effectue à l’Ouest par une porte en bois en plein cintre, protégée par un auvent en appentis (tuiles canal). Au Nord de l’édifice se trouve une chapelle, percée de deux baies en plein cintre à vitraux, protégés par des barreaux métalliques, ainsi que d’un oculus. Une seconde chapelle dédiée à Saint-Sauveur, se trouvait en face de celle développée au Nord [CAZES, Clarà Villerac. Prades. 1995, p.5]. En effet, une niche outrepassée comprenant deux baies en plein cintre à vitraux, est présente dans le mur Sud. La chapelle Nord conserve une statue baroque du Christ en croix, accompagnée en arrière-plan d’une peinture murale polychrome (17e siècle ?), représentant la Vierge et Saint-Jean l’Evangéliste nimbés [CAZES, Clarà Villerac. Prades. 1995, p.3]. Sur le côté latéral gauche, la Vierge est représentée en situation de prière. Elle porte un scapulaire, en dessous d’un manteau bleu. Saint-Jean l’Evangéliste, a sa main droite portée au cœur, tandis que le bras gauche est tendu. Il porte une robe bleue et un manteau ample rouge, dont les plis des tissus marqués contrastent avec les vêtements de la Vierge.

Aucune donnée démographique n’est connue pour le 17e siècle, contrairement au 18e siècle où les fogatges sont les plus nombreux. Une nette augmentation de la population est attestée, comme c’est le cas à Villerach avec 8 feux en 1700 et 69 habitants à Clarà en 1720 [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp. 37 et 38]. Le nombre de feux à Villerach se stabilise en 1740, contrairement à Clara ou le recensement fait état de 15 feux [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp. 8 et 42]. Dès la fin du siècle, la démographie apparaît uniquement en nombre d’habitants dans les sources historiques. Elle augmente nettement entre 1792 et 1799, avec 151 habitants à Clara et une oscillation entre 121 et 96 habitants à Villerach [BATLLE, GUAL, Revue Terra Nostra, Numéro 11, 1973, pp. 50,52 et 54]. À la révolution française, le hameau de Clara devient une commune autonome, qui s’affranchie du pouvoir administratif et religieux exercé par l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa [CCRP. Clara-Villerach, Eglise paroissiale Saint-Martin. 2005].

Clara-Villerach du 19e siècle à nos jours

Le rattachement du hameau de Villerach à celui de Clara en date du 30 Janvier 1822 [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.394], marque la formation d’un territoire unifié. Cette époque est également marquée par la construction du canal de Bohère entre 1864 et 1881 [MERCADER, 1933. 125 pages], qui traverse le hameau de Villerach. Son édification s’est faite tardivement, puisque le projet d’établir un canal dérivé de la Têt est déjà initié au 18e siècle [MERCADER, 1933, p.15]. Cependant, cette première tentative échoue en raison de nombreuses contestations émanant de communes et de propriétaires d’édifices à vocation industrielle, qui craignent que la création d’un nouveau canal vienne « ruiner la culture de la plaine, assécher la rivière (et) arrêter les canaux existants » [MERCADER, 1933, p.16]. Une première étude chiffrée concernant la construction du canal est réalisée en 1859, avec la validation du Ministre de l’Agriculture. Elle mentionne la description du tracé, dont la prise d’eau prévue d’être établie « dans la Têt contre le côté aval du pont en maçonnerie construit à Serdinya (…) » [MERCADER, 1933, p.18]. L’Association syndicale du canal, constituée à la suite de cette étude, fut durant plusieurs années présidée par un mercier de Prades, du nom de Joseph Delamont. Faisant suite à la publication du décret du 14 mars 1863, accordant la concession du canal de Bohère, l’Association syndicale regroupant des habitants de Ria, Prades, Codalet, Clara et Los Masos, prend le titre de « Société du Canal de Bohère » [MERCADER, 1933, p.24]. Cette structure est toujours existante sous le nom d’« Association de sauvegarde du canal de Bohère » et s’occupe de l’entretien ainsi que de la mise en valeur du canal.La réalisation des plans fut confiée dans un premier temps à Monsieur Teysonnières, ingénieur des Ponts et Chaussées à Prades [MERCADER, 1933, p.26]. Afin de financer le coût de la construction, un premier emprunt à hauteur de 200 000 francs est réalisé et 60 000 francs sont versés par l’Etat. Face à l’ampleur d’un tel aménagement, plus de 510 000 francs sont portés dans un nouveau devis en date de 1866. A cette époque, l’aménagement du canal atteint la commune de Villefranche-de-Conflent, malgré les nombreux problèmes financiers rencontrés [MERCADER, 1933, p.31].La contraction d’un second emprunt de 200 000 francs est accordée en 1867, ainsi qu’une subvention de l’Etat pour la somme de 125 000 francs [MERCADER, 1933, pp. 32 et 34]. La même année, les frères Grill, professionnels expérimentés dans le domaine de la construction, prennent le contrôle de l’opération à la suite du décès de Teysonnières. L’achèvement du canal entre Serdinya et Saint-Michel-de-Cuxa (19 km de long) est effectué en Août 1870 puis en 1877 [MERCADER, 1933, p.43] sur le territoire de Villerach. Ce dernier hameau est ainsi compris parmi les 23 km restants entre Codalet et Los Masos, dont les travaux ont été réalisés jusqu’en 1881.

Au 19e siècle, le recensement démographique du territoire comptabilise les deux hameaux ensemble, depuis leur réunification en 1822. La population est alors en nette augmentation, avec 276 habitants en 1836, 306 en 1846, 290 en 1856, 307 en 1866 et 349 en 1881 [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p. 60]. L’impact de l’exode rurale ainsi que de la première guerre mondiale entraînent une importante baisse démographique, avec 225 personnes recensées en 1921 contre 362 en 1906 et 330 en 1911.

La modernisation du canal de Bohère est actée dans la première moitié du 20e siècle, notamment à Taurinya avec le remplacement du bâchage initial en bois par un bâchage en béton armé. Plusieurs élus locaux s’impliquent dans cette volonté de moderniser l’ouvrage hydraulique, dont Pierre Delclos de Villerach [MERCADER, 1933, p.7]. En 1932, un nouveau décret est établi et confie la direction du canal à un syndicat, regroupant 7 délégués des communes membres, dont 1 pour Clara. Les travaux, portés par les architectes Félix Mercader et Bernard Banyuls, sont par ailleurs indiqués dans un plan réalisé vers 1933 par Monsieur Sarrail, ingénieur T.P.E. de Prades [MERCADER, 1933, p.79].

Dans la première moitié du 20e siècle, la municipalité décide d’acheter une horloge publique, afin d’éviter « les contestations et les disputes entre les habitants par suite des arrosages » [CAZES, Clarà Villerac, 1995, p.9]. En effet, la question de l’entretien du canal et de son utilisation fait l’objet de nombreux débats au sein de la population. L’achat de l’horloge fut acté lors d’une réunion du Conseil municipal de Clara, en date de 1904. Par ailleurs, le compte-rendu de réunion précise que « les cloches ne sont portées que par un campanile ancien » [CAZES, Clarà Villerac, 1995, p.9]. Cette indication est importante, puisqu’elle évoque l’existence d’un ancien clocher avant la construction du définitif. Le clocher-tour comprend des ouvertures axées aux dimensions croissantes, localisées sur les faces Ouest et Sud. Celles du premier niveau sont petites et carrées, et contrastent avec les deux grandes ouvertures quadrangulaires du second niveau. L’une de ces dernières a par ailleurs été murée. Le troisième niveau comprend quant à lui un cadran d’horloge sur la face Ouest. Il est surmonté de quatre massifs en créneaux réalisés en cayrous. La terrasse supérieure dispose d’une cage en fer forgé terminée par une girouette, abritant deux cloches.

C’est également dans la première moitié du 20e siècle que les communes de Clara et de Villerach se dotent d’une école publique, dont le projet de construction est engagé à la fin du 19e siècle. Les archives de Villerach concernant l’établissement scolaire, conservent un certificat de paiement daté de 1912, relatif à l’édification d’une maison d’école mixte pour 28 élèves, qui évoque une adjudication passée le 4 février de la même année, attribuée à la société ouvrière « La Liberté ». Cette société est représentée par Monsieur Joseph Fabre, entrepreneur en charge de l’exécution de l’école. Le document indique également la somme de 2070 francs, attribuée à Joseph Fabre au mois de Mai 1912 [A.C. Commune de Clara-Villerach]. D’un point de vue architectural, les deux édifices bâtis légèrement en pente, ont des façades ordonnancées sur deux niveaux. Leur typologie est caractéristique de l’architecture rencontrée sur le territoire, avec l’usage des encadrements en cayrous à crossettes supérieures.

Parallèlement aux problématiques liées à aux épisodes de sécheresses intenses au 20e siècle, l’épidémie de choléra frappa durement le territoire en 1911, notamment au hameau de Clara, considéré comme étant « la commune la plus éprouvée du département en proportion de la population » [CAZES, Clarà Villerac, 1995, p.10]. Par mesure d’hygiène, il est décidé de recouvrir le ravin dit Correc de la Font qui traversait alors le village par un aqueduc. Celui-ci fut par la suite recouvert, notamment pour l’aménagement de l’actuelle place de la République. Le ravin servait régulièrement de dépotoir « de tous les immondices amenées par les eaux de pluie ou de petits drains ainsi que des habitations environnantes » [CAZES, Clarà Villerac, 1995, p.9]. De plus, de mauvaises émanations se dégagent du ravin et provoquent un empoisonnement de l’air qu’il faut éradiquer. L’épidémie est un des facteurs qui permet d’expliquer la baisse démographique de la commune, au côté des deux grandes guerres. Ainsi, seulement 109 habitants sont comptabilisés en 1968, contre 168 en 1936, 149 en 1946 et 148 en 1962 [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p. 60]. Afin de commémorer la mémoire des combattants, chaque hameau fut doté d’un Monument aux Morts inauguré en 1972, en présence du Maire André Verges, du conseiller général et du député [Les Monuments aux Morts des Pyrénées-Orientales, [en ligne]]. Leur réalisation a été confiée à l’entreprise Fico, pour la somme de 4000 francs l’un. Ces monuments ont une typologie identique, comprenant une stèle pyramidale en marbre rose de Villefranche-de-Conflent. Elle supporte quatre plaques en marbre blanc, sur lesquelles figurent les noms des morts pour la France (guerres 1914-1918 et 1939-1945).

Les années 1970 sont marquées par l’installation à la chapelle Saint-Etienne d’un prêtre chrétien orthodoxe (Pope), qui transforma l’espace de la tribune primitive en bibliothèque [Histoire. L’ermitage de Saint-Etienne, [en ligne]]. Ce remaniement s’inscrit dans le long processus de restauration de l’édifice, entrepris par l’ermite lui-même afin de perpétuer la mémoire du site. La toiture était en effet en grande partie effondrée et les murs menaçaient ruines. Le Pope se chargea également de réaliser des peintures iconiques, réalisées sur un support sec. Leur iconographie ainsi que la disposition des représentations figurées, sont directement influencées du style byzantin [Histoire. L’ermitage de Saint-Etienne, [en ligne]].

Selon le recensement de la population en vigueur à compter du 1er Janvier 2020, la commune de Clara-Villerach fait état de 262 habitants, soit 153 de plus par rapport à 1968 [Insee, Populations légales en vigueur à compter du 1er janvier 2020, [en ligne], décembre 2019, p.5]. En effet, la population n’a pas cessé de croître entre la fin du 20e siècle et le début des années 2000, avec 153 personnes recensées en 1990 et 241 en 2007 [Insee, Portrait démographie et conditions de vie – Évolution et structure de la population]. Cette hausse démographique s’explique par l’installation de ménages avec ou sans enfants, liée aux extensions urbaines périphériques (principalement à Clara). Par ailleurs, les données de 2007 montrent une tendance vers un vieillissement de la population (17,1% de 60 à 74 ans, 24,8% de 45 à 59 ans), même si les tranches d’âges en dessous de 45 ans représentent un important pourcentage (17,7% de 0 à 14 ans, 14,2% de 15 à 29 ans et 16,5% de 30 à 44 ans) [Insee, Portrait démographie et conditions de vie – Évolution et structure de la population, Population par sexe, âge et lieu de résidence antérieure, 2017]. Enfin, la part des ménages étudiée en 2017 selon la catégorie socioprofessionnelle des habitants, est majoritairement constituée de retraités, comptabilisés au nombre de 66, suivis des professions intermédiaires (45), des employés (25) ainsi que des artisans, commerçants et chefs d’entreprise (25) [Insee, Portrait démographie et conditions de vie – Couples-Ménages-Familles, 2017].

LE CADRE NATUREL

Caractéristiques paysagères et activités économiques

Le territoire d’une superficie de 870 hectares, a la particularité d’être formé de la commune de Clara et du hameau de Villerach, implantés sur le versant Nord du massif du Canigou. L’ensemble est délimité au Nord par les communes de Prades et Los-Masos, à l’Est par Estoher et à l’Ouest par les localités de Codalet et Taurinya. Plusieurs points culminants forment une limite naturelle au territoire, dont le Roc Mosquit (1901 m d’altitude) au Sud, ou encore le Serra de Feixans à l’Ouest (756 m). Plusieurs Cols sont également présents, tels que le Col de Clara (654 m), et les Cols de Creu (580 m) et del Forn (708 m). La D24 est le principal axe routier qui permet d’accéder à Villerach. Au nord de la commune, elle se sépare en deux pour rejoindre la commune de Clara, par une petite route dite « rue des Vignes ». Ce dernier est surtout desservi par la D35, dont l’accès s’effectue à partir de la commune de Prades.

La plus ancienne ressource économique est sans nul doute liée à la métallurgie, avec l’exploitation du minerai de fer dans le massif du Canigou. Plusieurs vestiges ont été mise au jour sur la localité de Villerach, dont une entreprise métallurgique antique est attestée dans les travaux historiques [IZARD, Archéologie du Midi Médiéval [en ligne] Tome 12. 1994, p. 117]. Villerach bénéficiait en effet de la proximité avec les mines de Llech (Estoher), dont la forge était encore active en 1865 [IZARD, Archéologie du Midi Médiéval [en ligne] Tome 12. 1994, p. 124]. De plus, cette activité fonctionnait de pair avec la production de charbons de bois, grâce à la présence d’abondantes forêts. Celles-ci ont contribué à l’économie proto-industrielle, avec la pratique du charbonnage. Par ailleurs, le caractère boisé du territoire est visible à travers le cadastre napoléonien (1810), qui indique la présence de « bois » au plus près des habitations. Les importants déboisements réalisés pour l’industrie minière ont perturbé l’écosystème locale, notamment d’importantes inondations enregistrées aux 18e et 19e siècle. Ainsi, la fin du 19e siècle est marquée par le reboisement du massif du Canigou, dont le territoire de Clara-Villerach, actuellement compris dans la forêt domaniale du Canigou.

Tout comme la localité voisine de Los Masos, la viticulture constituait la principale activité agricole jusqu’à la fin du 19e siècle. L’essor démographique amorcée au cours de ce siècle a contribué à l’augmentation de la production de vigne, comme l’atteste la répartition des parcelles agricoles sur le cadastre de 1810. Plusieurs constructions en pierres sèches, telles que les nombreuses feixes conservées (terrasses) en dehors des hameaux, témoignent de cette activité agraire. Par ailleurs, les vignes apparaissent au côté de friches et de terres cultivées pour la céréale. La culture du chanvre est présente au 18e siècle, comme l’atteste les criées (règlement de police) de Villerach, rédigés en 1788. En effet, il est défendu aux habitants de préparer le chanvre au sein du village en raison du risque incendie. Il leur est dans ce sens demandé de le faire « à 50 pas loin » du village [CAZES, Clarà Villerac, 1995, p.15]. Dans les années 1930, les champs de vignes et de blé restent encore nombreux . Leur production diminue à la fin du siècle, notamment en 1995 où le territoire compte 7 hectares de vignes et 1 hectare de blé [PÀGES, PUBILL, 1996, p.126]. Ces terrains sont répartis sur 13 exploitations agricoles, qui représentent une superficie totale de 51 hectares. Les exploitations comprennent également 10 hectares d’arbres fruitiers, dont 8 hectares de pêches, 1 hectare d’abricotiers et 1 hectare de cerises. Quant aux pâturages et fourrages, la superficie est estimée à 32 hectares. Enfin, l’élevage reste minoritaire, puisque les derniers recensements font état de 47 bovidés et de 5 chevaux.

Enfin, l’économie locale a longtemps été marquée par la pratique du pastoralisme, notamment liée au développement du village pastoral de Llasseras. Le site localisé au Sud de la commune, se trouve en zone frontière entre les territoires de Clara-Villerach et de Taurinya. Il apparaît dans des documents datés des 10e et 11e siècles, qui donnent les limites précises de la localité de Taurinya [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.705]. Le lieu de Llasseres est mentionné pour la première fois en 950 (« monte Lavarias ») dans un alleu de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, qui en détenait la propriété. Il apparaît ensuite en 968 puis en 1011 (« montem Lavarias ») [Association « Vall de Cuixà », 1994, p.3]. Ces dénominations se rapportent au plateau de Llasseres, qui conserve les vestiges d’une ancienne exploitation pastorale [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.706]. De plus, le toponyme Lavarias est dérivé du nom latin « lav », qui signifie ravin. En effet, le site est localisé au Sud du ravin de Lloeres, considéré comme étant le cours supérieur du Lliscó. L’exploitation pastorale a été étudiée entre les années 1992 et 1994 par l’association Vall de Cuixà, qui a effectué des recherches approfondies au sein des archives départementales des Pyrénées-Orientales [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.27]. Les données recueillies ont permis d’identifier le site en tant que village pastoral, dont les troupeaux de bovins et ovins des communes de Taurinya et Clara se rendaient à chaque période estivale. Les droits de pacage sont perçus dès le haut Moyen Age par l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, qui détenait les pasquiers (vaste étendue de pâturages) de Llasseres [Association « Vall de Cuixà », 1994, p.3]. Afin de faire paître le bétail, les habitants des villages de Clara et de Taurinya devaient bénéficier des droits d’usage, appelés « empriu » en catalan. Les données archivistiques du 19e siècle concernent quant à elles le pacage des troupeaux, ainsi que la gestion des terres par les propriétaires successifs [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.28]. De nombreuses constructions en pierre sèche ainsi conservées, témoignent de l’importance accordée à l’activité de transhumance, qui consistait à effectuer des déplacements de troupeaux vers les hauts pâturages. C’est le cas de l’orri, qui désigne une cabane de berger utilisée pour conserver le lait et les fromages. Par ailleurs, le nom est très ancien puisqu’il apparaît en Catalogne dès le 10e siècle [BASSEDA, Revue Terra Nostra, Numéros 73 à 80, 1990, p.75]. Sur le site, les orris de grandes dimensions, sont développées sur un plan rectangulaire. Ils servaient essentiellement à stocker les fromages, ainsi que les grains jusqu’à leur consommation [CATHALA-PRADAL, CHRISTOFOL, NICOLAU, 1999, p.30]. Ces orris, devenus par la suite des bergeries , ont une typologie qui rappelle celle des cabanes (ouverture à l’Est, couverture étanche grâce à une couche de fumier, de terre et de gazon), malgré leur différence de taille et de voûtement. En effet, les orris ont une voûte formant un vaisseau de pierres, qui ressemble à une coque de bateau retourné. Ces pierres clavées, convergent toutes vers le même point central. L’un d’eux, l’orri d’en Ciscal (lieu-dit Potracaria, 1206 m d’altitude), est situé sur le territoire de Clara. Il est en effet projeté sur une cartographie réalisée dans les années 1990 par l’association Vall de Cuxà. Construit sur un plan rectangulaire et protégé en partie par un éperon au Nord, il comprend une ouverture à l’Est surmontée par un linteau droit en pierre. Il dispose de petites ouvertures étroites à ébrasement, dont une à l’Ouest et deux au Nord. L’orri se présente à l’intérieur comme une longue nef divisée en quatre travées, par des pilastres latéraux qui convergent vers un même point.

Patrimoine hydraulique

La commune de Clara-Villerach comprend un important réseau hydrographique, constitué de correcs (ravins) et de rivières permettant l’arrosage des terres. Toute la partie Est de Clara est traversée par le ruisseau du Lliscó, affluent de la Têt formé en contrebas du Roc Mosquit. Ce ruisseau est également alimenté par plusieurs correcs, dont un développé non loin du Col de Clara et le correc de Saint-Etienne, situé au Sud du site castral. De nombreux jardins étaient ainsi entretenus grâce à ces cours d’eau, jusqu’à l’épisode de grande crue de 1940, qui emporta tous ces espaces cultivés, ainsi qu’un barrage situé au-dessus du hameau de Clara [Commune de Clara-Villerach. Livret du vacancier à Clara-Villerach, 2020]. L’ouvrage hydraulique le plus important identifié sur le territoire est le canal (ou Rec en catalan) de Bohère, construit au 19e siècle sur la rive droite de la Têt. Celui-ci s’étend sur 42 km, depuis la commune de Serdinya dans le Haut-Conflent, jusqu’à Los Masos. En 1933, il permet l’irrigation d’une surface totale de 600 hectares [MERCADER, 1933, p.11], dont les terres développées autour de Villerach. Tout comme le Lliscó, plusieurs correcs viennent rejoindre le canal. Ce dernier possède de nombreux ouvrages d’art, dont trois aqueducs. Deux d’entre eux sont situés sur le territoire de Villerach et datés du 19e siècle [témoignage recueilli auprès des habitants]. Le plus imposant comprend une série de cinq arches en plein cintre et à encadrement en cayrous, ainsi que des piles en pierre de taille. Le second aqueduc, présente la même typologie que le précèdent, malgré des dimensions plus réduites. En dehors de ces ouvrages, le territoire comprend plusieurs petits ponts en pierres sèches, récemment détruits par la tempête Gloria.

Matériaux de construction

Le bâti de Clara-Villerach présente des caractéristiques constructives propres au territoire du Conflent, liées à une utilisation de pierres issues d’extractions locales. Jusqu’au milieu du 19e siècle, le transport de matériaux n’est que ponctuel et relativement coûteux. De ce fait, les pierres extraites proviennent majoritairement d’affleurements rocheux existants et des bordures de cours d’eau. La richesse géologique du Conflent confère au paysage une diversité certaine, tout en apportant une unité architecturale au sein des villages ruraux. Sur le territoire de Clara-Villerach, la géologie présente est issue de dépôts torrentiels formés au Miocène. Ceux-ci sont constitués de très gros blocs de gneiss, qui côtoient des alluvions plus récentes de l’époque Quaternaire, disposées en terrasses (galets de granit, gneiss et schiste).Dans les constructions agricoles, la maçonnerie est le plus souvent laissée apparente. Elle comprend des moellons de granit et de gneiss, utilisés bruts ou équarris. La terre reste le matériau économique le plus employé dans la construction en tant que mortier de hourdage, avant la généralisation du ciment au 20e siècle. Les anciennes remises agricoles ou cortals, conservent ce type de maçonnerie, comme c’est le cas de la grange localisée au lieu-dit Serrat de Mont Roig (Villerach), construite dans les années 1840. Certains bas-côtés ont été restaurés, avec la reprise des joints au ciment.

De nombreuses maisons d’habitations de la commune ont bénéficié d’une restauration de façade, qui reprend les méthodes de constructions traditionnelles, notamment avec l’utilisation de la chaux pour le comblement des joints. Les anciennes maisons de journaliers, très peu remaniées, conservent en façade un enduit à « pierres vues » ou « beurré », permettant de protéger la maçonnerie des aléas climatiques. De plus, cette mise en œuvre est régulièrement associée au cayrou (brique locale), dont l’usage se généralise au 19e siècle. Le cayrou apparaît en tant qu’élément d’encadrement des baies et permet dans certains cas de protéger le mortier de chaux, lorsqu’il est incrusté sous forme de brisure. Comme la plupart des constructions présentes dans le Conflent, les ouvertures sont surmontées de linteaux en bois brut, très rarement enduit. Cependant, les éléments de menuiserie tels que les contrevents ont été remplacés, à l’exception des granges qui ont échappé aux transformations diverses. Leur portail et volet de fermeture de la baie fenière sont également en bois brut et à lames verticales. Plus rarement, le portail peut comprendre un arc surbaissé formé de plusieurs rangs de cayrou, renforcé par un arc de décharge en moellons.

Malgré les nombreuses transformations du bâti effectuées au cours des siècles, il est possible d’observer des structures de charpente d’origine, entièrement conçues en bois. L’habitat se compose de planchers formés de solives sur poutres maîtresses encastrées. Celles-ci sont massives et en bois résistant aux attaques de champignons, tel que le châtaigner. La couverture est formée d’une charpente simple, avec des pannes portant de mur à mur, qui supportent des chevrons. Dans l’architecture des cortals isolés de l’habitat aggloméré, des liteaux formés de petits roseaux sont positionnés au-dessus des chevrons. Enfin, les débordements de toitures sont composés de chevrons lorsqu’il s’agit d’une remise agricole. Ceux-ci sont généralement placés en dessous d’une volige en bois, supportant des tuiles canal fixées sur la toiture. Les débords des habitations peuvent quant à eux comporter plusieurs rangs de terre cuite, dont les parties géométriques sont parfois décorées au lait de chaux.

FORME URBAINE

Fortification : le site castral de Saint-Etienne de Pomers

L’ensemble castral identifié dès l’époque carolingienne surplombe le hameau de Clara, à environ 803 m d’altitude. Le château, dont il reste actuellement les vestiges de son ancienne tour, fut construit au-dessus de la chapelle Saint-Etienne de Pomers. Celle-ci fut remaniée à plusieurs reprises, principalement entre les 17e et 20e siècles. La chapelle, orientée Ouest-Est et bâtie en pente, présente des éléments conservés caractéristiques de l’architecture préromane [MALLET, 2003, p.182], dont une profonde abside semi-circulaire. Le chevet comprend en effet deux fenêtres à ébrasement, dont l’une présente une forme outrepassée. La chapelle est un édifice à nef unique, certainement couverte postérieurement à sa construction (11e siècle ?) [MALLET, 2003, pp. 181-182] par une voûte en berceau plein cintre. Des arcs latéraux ont également été ajoutés, afin de renforcer les anciens murs gouttereaux. L’abside est couronnée d’un toit conique en lloses, terminé par une croix en marbre blanc. Un clocher est présent dans le prolongement de la nef et créer une séparation avec le chœur. Il comprend en façade Nord des trous de boulins, ainsi qu’une ouverture centrale en plein cintre, qui abrite une cloche du 19e siècle. La couverture du clocher est en appentis et en tuiles canal, tout comme une partie du toit de la nef. Celle-ci comprend en effet un premier couvrement en llose, complété par la suite avec de la tuile canal. A l’origine, la porte d’entrée s’ouvrait au Sud [MALLET, 2003, p.181]. Elle est actuellement placée au Nord, au centre de la façade. L’ouverture est surmontée par une baie quadrangulaire désaxée et rajoutée postérieurement. L’intérieur de la chapelle abrite un autel en pierre de taille, dont la dalle était autrefois positionnée à l’entrée de l’édifice.La plupart des murs intérieurs et extérieurs sont recouverts par un enduit en mauvais état. A l’extérieur, il laisse apparaître par endroits une maçonnerie de moellons de tailles et de formes irrégulières. La partie relative à l’ermitage est accessible par une porte située en façade Est du bâti. Elle a la particularité d’être construite au-dessus de la chapelle, dont l’accès peut s’effectuer à partir d’un escalier interne. Une première pièce sert de débarras et présente une ancienne ouverture obstruée au Sud (ancienne entrée ?). Les imposantes poutres en bois du plafond sont d’origine, contrairement aux lambris. Cette pièce dessert une cuisine, qui comprend un mobilier rudimentaire. La partie Nord de l’ermitage abrite la bibliothèque aménagée par le Pope ainsi que l’espace pour dormir. Enfin, le clocher est accessible depuis la première pièce de l’ermitage par un escalier droit en bois. Le niveau des combles conserve la cloche en bronze, datée de 1852 et marquée par l’inscription « F. NOËLL PARIS (nom du fondeur ?).L’accès au roc sur lequel était construit le château est actuellement complexe, en raison du caractère escarpé du site. Les différents points de vue permettent de situer approximativement son emplacement, même s’il semblerait que les vestiges apparents soient minimes. En effet, le site comprend les ruines (soubassements) d’une tour carrée, qui constituait une ancienne tour de guet. Celle-ci était comprise parmi le réseau des tours à signaux, dont tout le Bas-Conflent était en liaison directe avec le château comtal de Pomers au 9e siècle [DE POUS, Revue Conflent, Numéro 106, 1981, p.53]. L’édifice en ruine s’inscrit dans le développement des tours à signaux entre les 11e et 12e siècles, appelées farahons. Leur construction est liée à la multiplication des châteaux, amorcée par la nouvelle répartition des comtés au 10e siècle [DE POUS, Revue Conflent, Numéro 106, 1981, p.18]. Le système de signal était centralisé à partir du château comtal, dont celui de Pomers. Pour cela, un feu de paille était allumé la nuit et la paille elle-même pouvait être mouillée de jour pour faire de la fumée. Le « farahoner » s’occupait d’allumer la botte de paille sur la plate-forme supérieure de la tour. Plusieurs châteaux et tours communiquaient avec Pomers, comme l’atteste un schéma réalisé par l’archéologue Anny de Pous dans les années 1980. La tour de guet était directement reliée à la tour de Corts (3 km), Llugols (7 km), le château d’Eus (7 km), celui de Joch (7 km), les châteaux de Molitg et de Paracolls (10 km ; 9 km), la tour d’Arboussols (9 km), le château de Comes (10 km), Domanova (10 km) et le château de Rodès (12 km) [DE POUS, Revue Conflent, Numéro 106, 1981, pp.53 et 54].

Implantation du bâti

Les hameaux de Clara et de Villerach diffèrent dans l’organisation du groupement de l’habitat traditionnel, malgré une implantation commune en bordure de cours d’eau. Celui de Villerach a la particularité de comprendre deux pôles d’habitations, dont l’un est focalisé autour de l’église Saint-Sylvestre. En effet, un front bâti développé au Sud et au Sud-Ouest de l’édifice, forme une concentricité visuelle. De plus, la présence du cimetière au plus près de l’habitat rappelle le modèle de la cellera, qui caractérise certains villages de plaine à l’époque médiévale. Pour autant, l’existence d’une cellera n’est pas attestée dans les sources historiques et les nombreuses modifications de bâti réalisées au cours des siècles ne permettent pas de dater précisément la formation de ce premier regroupement.Le parcellaire visible dans ce premier pôle garde un découpage déjà présent au 19e siècle, malgré l’adjonction postérieure de petites dépendances à usage agricole. Par ailleurs, l’accès au cimetière et à l’entrée Sud de l’église s’effectue par une petite ruelle, existante sur le cadastre de 1810.Le second pôle d’habitations développé au Nord du canal de Bohère, comprend un bâti à la fois groupé et linéaire le long de rues structurantes. La rue des Treilles, prolongée à l’Ouest par la rue des Violettes ainsi que la rue des Iris, délimitent clairement des îlots bâtis de manière perpendiculaire. Par ailleurs, les extrémités de la rue des Treilles sont bornées de places publiques. Cette configuration est liée à la formation d’anciens chemins de communication, dont le hameau se trouve au carrefour de deux axes précis. Il s’agit du chemin de Clara à Villerach (rues des Treilles et des Violettes) et du chemin de Prades à Villerach (portion de la rue des Iris et rue des Tilleuls), dont l’existence est mentionnée sur le cadastre napoléonien. Cette implantation du bâti est également liée à la topographie existante, puisque les habitations suivent la pente du terrain naturel. Au Sud de la rue des Treilles, les maisons ont une façade Sud posée sur le flanc, parfois prolongée en mur de soutènement. A l’origine, les ouvertures devaient être plus nombreuses en façade Sud, même si des percements ont été réalisés postérieurement en façade Nord. L’actuelle impasse des Glycines ainsi que la rue des lavoirs, constituaient au 19e siècle des accès directs pour les « patis » (terme latin désignant une basse-cour ou une zone de pacage), les terres agricoles et bois, aujourd’hui remplacés par des jardins privatifs.

Le bâti de Villerach est assez hétérogène, comme l’atteste la structuration du parcellaire. Des petites parcelles issues de fractionnement sont observées, au côté de parcelles plus importantes, dont certaines sont développées à partir d’un plan en L. Celles-ci concernent généralement des habitations qui regroupent les fonctions domestiques et agricoles, dont quelques-unes possédaient au 19e siècle des cours à usage agraire.Les cours à usage agricole restent minoritaires, en raison de la proximité avec les terres cultivées. Actuellement, l’une d’entre elles est partiellement conservée, tandis que les trois autres identifiées sur le cadastre napoléonien ont été restructurées (agrandissement du bâti et aménagement de la place des Primevères). Dans la seconde moitié du 19e siècle, plusieurs redécoupages de parcelles ont été faits, comme c’est le cas de la plus grande identifiée sur le cadastre de 1810, développée à l’extrémité Est de la rue des Treilles. Entièrement occupée par une habitation au 19e siècle, elle est actuellement divisée en plusieurs parcelles (0C 7, 0C 526, 0C 525 et 0C 497). Cette structuration s’est également accompagnée d’importants remaniements du bâti, telle que la transformation des ouvertures.A Villerach, l’extension urbaine s’est opérée dès les années 1970, avec la construction de quelques maisons d’habitations au Sud-Est du territoire [Géoportail, Remonter le temps]. Les premiers pavillons sont quant à eux principalement édifiés au Nord de l’église Saint-Sylvestre à la fin des années 1980. Enfin, le quartier périphérique Nord est urbanisé à partir de 2004 et de nouvelles voiries sont créées.

Le hameau de Clara, développé sur la rive gauche du Lliscó à 532 m d’altitude, comprend une superficie (8,70 km2) plus importante que celle de Villerach. Il regroupe en son centre l’église paroissiale Saint-Martin ainsi que les principaux bâtiments civils, dont la Mairie (annexe 27). Le bâtiment de la Mairie constitue l’ancien presbytère, dont la fonction est attestée dans les archives de la fin du 19e siècle. Des « réparations urgentes » à effectuer au presbytère sont en effet mentionnées en 1870 [A.D 66 : 2V13]. Les locaux de la Mairie, qui se trouvait autrefois accolée à l’église paroissiale Saint-Martin, ont été transférés dans les années 1960 dans le presbytère. Au cours du 20e siècle, le rez-de-chaussée du bâti servait de salle des fêtes et de vitrine d’exposition d’objets liés au monde de la viticulture (tonneaux en bois, etc.).

Clara est situé au carrefour d’anciens chemins de communication, matérialisés sur le cadastre napoléonien. Il s’agit des chemins de Taurinya à Clara, de Prades à Clara (actuelle D35), des Masos à Clara (actuelle rue des Vignes) et de Clara à Estoher. L’implantation du bâti est linéaire le long de deux axes majeurs, que sont la rue du Canigou et la rue du Centre, cette dernière étant prolongée par la rue de la Mairie et la rue d’Avall. Jusque dans la première moitié du 19e siècle, le hameau était uniquement traversé par un axe séparé en deux branches au Sud. Ces dernières permettaient par ailleurs de relier le chemin de Taurinya à Clara. L’ancienne route, qui correspond aux rues du Centre et de la Mairie, avait comme point central l’église paroissiale.

A l’origine, le cimetière de Clara jouxtait l’église Saint-Martin au Sud, comme l’atteste le plan de 1810. Pour des raisons hygiéniques liées à l’épidémie de choléra active au hameau en 1911 [Panneau signalétique patrimonial, 2018], le cimetière est déplacé à son emplacement actuel, à l’extrémité Nord du pôle bâti. Le bâti observé à Clara est complexe à analyser, en raison des nombreux remaniements de parcelles effectués entre les 19e et 20e siècles. Cependant, certains îlots gardent une morphologie caractéristique de l’habitat traditionnel. En effet, les maisons présentes au Sud de l’église paroissiale entre les rues du Centre, des Acacias et des Figuiers, sont majoritairement disposées en profondeur et ont une largeur sur rue étroite. Elles forment un unique îlot d’habitations dépourvues de terrain attenant, qui a la particularité de s’être formé en pente. Le point le plus haut est par ailleurs construit à même la roche, comme l’atteste la présence d’un affleurement rocheux.L’identification du parcellaire permet de définir un type de construction traditionnelle, à savoir la maison de journalier. Quelques cortals (remises agricoles) indépendants de l’espace de vie domestique ont également été identifiés. Dans le prolongement Sud de l’îlot, le bâti développé le long de la rue des Figuiers reste exigu, même si plusieurs cours étaient présentes au 19e siècle. Les contraintes topographiques ont impacté l’implantation du bâti de Clara, dont certaines habitations qui sont soutenues par des murs massifs de soutènement en pierre sèche. Cette particularité est visible sur les versants Est des édifices construits le long de la rue de la Mairie et entre l’ancien chemin d’Estoher et la rue du Canigou. Au Nord de l’église Saint-Martin, les habitations gardent également une morphologie typique de l’architecture locale. En effet, le bâti présent autour de la place des Lilas est formé de petites unités, dont certaines sont bordées en face avant par un mur de délimitation de petite cour. Cette configuration est liée à la transformation des anciens patis (19e siècle) en place publique et en espaces privatifs.

L’architecture présente se réfère également au modèle des fermes agricoles, comme c’est le cas de l’habitation n°5 rue de l’Eglise, dont la parcelle n’a pas été modifiée depuis le 19e siècle. Enfin, les maisons de journaliers se retrouvent au niveau de la rue d’Avall, avec un parcellaire étroit et développé en lanière. Les habitations de la rue des Jardins sont quant à elles postérieures et possèdent de grands terrains dans le prolongement arrière des façades Ouest. L’îlot d’habitations localisé sur la rive gauche du correc de la Font, s’est urbanisé tardivement (première moitié du 20e siècle). En effet, toute la partie développée à l’Ouest de l’église paroissiale est absente du cadastre napoléonien. De plus, le bâti qui accueille actuellement le restaurant « Les Loges du Jardin d’Aymeric » a été construit entre 1980 et 1985 [Géoportail, Remonter le temps].Enfin, la commune de Clara comprend un habitat diffus, implanté au Nord et au Sud du hameau. L’habitat pavillonnaire apparaît dès les années 1980 , avec un développement du bâti sur d’anciennes parcelles agricoles. Dans les années 2000, une seconde phase d’extension urbaine marque le territoire, en raison de l’installation de nouveaux ménages.

Typologies de l’habitat

Une grande partie de l’habitat observé sur la commune de Clara-Villerach présente une façade principale sur rue à une ou deux travées de baies ainsi que trois niveaux. De plus, les ouvertures du bâti, dont la volumétrie est très peu modifiée, ne sont pas axées et sont d’apparence aléatoire. Certaines d’entre elles ont été reprises à partir de la seconde moitié du 19e siècle, par ordonnancement et la mise en œuvre d’un enduit en façade. L’habitat décrit ci-dessus se réfère au modèle de la maison de journalier ou d’ouvrier, qui caractérise de nombreux villages ruraux du Conflent. Il s’agit d’une typologie essentiellement présente entre les 16e et 17e siècles, dont certaines habitations conservent en façade principale leur escalier d’accès au premier niveau. Plusieurs de ces escaliers sont constitués de marches en pierres locales (granit par exemple) et d’un mur d’échiffre en moellons de granit et gneiss liés à la chaux. Placés latéralement à la façade sur rue, les escaliers peuvent avoir des marches qui s’élargissent progressivement, afin de faciliter le passage des véhicules dans les rues étroites. De manière générale, les menuiseries de fermeture sont de mise en œuvre simple, avec des contrevents bois à lames verticales. Enfin, les murs gouttereaux correspondent aux façades principales et les toitures sont à deux pentes ou en appentis.

La maison de journalier comprenait à l’origine trois espaces bien distincts, liés aux fonctions domestiques et agricoles. Sous le perron, une porte sur façade donne accès à l’étable et au remisage. Cet espace correspondant au rez-de-chaussée, peut remplir des fonctions multiples, comme c’est le cas de l’habitation n°3 rue du Centre. Elle conserve en son rez-de-chaussée une ancienne mangeoire en bois, ainsi qu’un tonneau de vin. En effet, la remise agricole pouvait également servir de cave privée, notamment au 19e siècle avec l’essor de la viticulture. Dans certains cas, la cave est disposée en dehors de la remise et accessible par une porte prévue à cet effet. L’habitation n°11 rue du Centre possède au premier niveau une ouverture à encadrement surbaissé (18e siècle ?), qui s’ouvrait certainement sur une cave privée. Cette baie est vraisemblablement trop étroite pour abriter un véhicule et ne donne pas accès à la remise, placée sous le perron.Au premier étage se trouve la salle commune avec la cuisine, ainsi que les chambres. Tous les équipements domestiquent se concentrent dans ce niveau, dont la cheminée qui est placée dans un angle. Cette configuration se retrouve dans quelques habitations, notamment à Clara, où il a été possible de visiter certains intérieurs.Les cheminées étudiées se composent d’une hotte suspendue enduite, sous laquelle est placé un four à pain. Celui-ci apparaît dans l’épaisseur du mur de foyer et comprend une ouverture pouvant être formée d’une dalle de granit. Le four pouvait être fermé par une porte, afin de maintenir la chaleur et la vapeur. C’est le cas de l’habitation n°6 rue des Jardins, dont le four à pain comprend une porte préfabriquée en fonte, certainement datée du 19e siècle. Enfin, l’ouverture est parfois accompagnée en partie inférieure par une niche à maçonnerie en cayrous, correspondant au cendrier (étouffoir). Le surplus de braises et de cendres pouvait ainsi être recueilli pour un autre usage, dont la lessive.

L’identification des fours à pain depuis l’extérieur est complexe, en raison des remaniements effectués sur le bâti dans le courant du 20e siècle. Il est possible de les distinguer par l’observation des briques réfractaires visibles depuis l’espace public, ou par la présence d’une forme en saillie. Ces fours ont majoritairement été construits au cours du 19e siècle, à la suite de la disparition des fours banaux contrôlés par le seigneur local. Ainsi, chaque famille possédait son propre espace de fabrication du pain. La généralisation des boulangeries et le développement de l’automobile au 20e siècle, ont conduit à l’abandon progressif des fours à pain. Si la plupart du temps les fours à pain rencontrés sur le territoire du Conflent sont des édicules isolés suivants un plan semi-circulaire, il existe une typologie plus rare qui se rapproche de celle du fournil. L’habitation n°3 rue du Centre précédemment citée, conserve également au rez-de-chaussée un four à pain de plan centré et carré, intégré dans l’angle Nord-Ouest. L’entrée du four est constituée de cayrous, tout comme la partie supérieure et l’intérieur formé de briques réfractaires. L’ensemble est maçonné en moellons de pierres locales, recouvertes par un ciment grossièrement appliqué. Le four à pain était à l’origine relié au premier étage grâce à un avaloir, d’où les fumées pouvaient se diriger vers le conduit de cheminée. Celle-ci est partiellement détruite, il ne reste plus que la hotte.

Enfin, le deuxième étage de la maison de journalier sert essentiellement de combles, ou de grenier de séchage et de stockage alimentaire. Dans certaines maisons simples, l’ancien grenier-séchoir situé au dernier niveau a été modifié, avec l’intégration d’une terrasse. Par ailleurs, quelques façades conservent d’anciens supports de séchoirs à fruits, matérialisés par des corbeaux de pierres.

La seconde typologie d’habitation étudiée sur le territoire de Clara-Villerach, se rapporte à la petite ferme de village sur cour. Ce modèle se caractérise par l’existence de plusieurs travées de baies sur deux à trois niveaux, développées sur un volume plus important que la maison de journalier. Les fermes sur cour sont fortement remaniées, notamment au niveau des ouvertures. Les modifications concernent également le redécoupage de parcelles, comme c’est le cas d’une ancienne ferme sur cour bordant l’actuelle place des Lilas à Clara. En effet, les habitations contiguës développées entre la place des Lilas, les rues d’Avall et des Jardins, formaient au 19e siècle une seule unité bâtie. L’ensemble était alors délimité au Sud par une cour, utilisée pour le petit élevage et le battage des récoltes. Le bâti reprend le principe de la maison de journalier, avec la présence au rez-de-chaussée d’une étable au sol brut, accessible depuis la cour par une large porte. Cette caractéristique se retrouve dans l’actuelle n°2 place des Lilas, dont le rez-de-chaussée conserve une ancienne mangeoire en bois, rebouchée postérieurement. Tout comme la maison d’ouvrier, l’accès au premier étage s’effectue par un emmarchement extérieur, pouvant être prolongé par un perron d’entrée (n°3 place des Lilas). Deux fours à pain ont été identifiés dans le bâti, dont celui situé dans l’actuelle habitation n°2 place des Lilas, construit en brique dans l’épaisseur du mur d’un ancien foyer. Si toutes les baies ont été remplacées par des ouvertures plus récentes, celles des combles visibles en façade Nord-Ouest sont d’origine. Ce sont des oculi, dont certains ont un encadrement en cayrous caractéristique du 19e siècle. Enfin, la petite ferme de village est parfois dépourvue de terrain attenant et les bâtiments annexes se détachent de l’habitation. La grange agricole, dénommée cortal [Revue Maisons Paysannes de France [en ligne] Numéro 119, 1996, p.9], est un édifice à deux niveaux maçonnés, pouvant être couvert en bâtière ou en appentis. L’unique travée d’ouverture en façade principale est axée aux dimensions décroissantes vers le haut. Elle comprend au rez-de-chaussée un large portail en bois et à l’étage supérieur une baie de chargement du foin, fermée par un contrevent plein ou à deux vantaux.

Documents d'archives

  • A.D. 66 : 4 EDT 157 : Archives communales déposées. (1936-1974). Commune de Clara-Villerach. - reçus et facture de diverses réparations tant à l’école que l’église de Clara en 1966 - facture de l’exécution de travaux de couverture de l’église, 13 octobre 1952 - mémoire définitif des travaux de maçonnerie de l’église de Clara, 2e tranche, architecte Pierre Louis Decaux, 18 mars 1974, avenant n° 1, même date - Dossier des travaux de toiture de l’église : Convention d’honoraire pour la réfection de la toiture de Clara pour M. Paul Rieusset, architecte, 6 mars

    AD Pyrénées-Orientales
    1936-1974
  • A.D. 66 : 53J74 : Pré-inventaire des Richesses artistiques de la France. Commune de Clara-Villerach. Pré-inventaire Manuscrit réalisé par Anny de Pous, février 1968.

    AD Pyrénées-Orientales
    1968
  • A.D. 66 : 4 EDT 157 : Archives communales déposées. Commune de Clara-Villerach. Électrification de l'église de Villerach - Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal. 27 novembre 1971.

    1971
  • A.D. 66 : 4 EDT 158 : Archives communales déposées. (1892-1973). Commune de Clara-Villerach. 28 Mars 1897. - Proposition de traité pour la fourniture d’une horloge publique de la Mairie de Clara et le sieur Rigaud Guillaume horloger ; liste des souscriptions volontaires des habitants de Clara pour l’achat d’une horloge publique, 12 avril 1897 ; extrait du registre des délibérations du Conseil de fabrique, 31 juillet 1892 ; plan et coupe de l’élévation du clocher. 1897-1905 : Projet de construction d’un clocher : avant métré estimatif de l’architecte du 7 juillet 1897, devis et cahier des charges, 2 juillet 1898, lettre du sous-préfet à M. le Maire à propos de la demande de secours, 8 novembre 1898, désignation des entreprises

    AD Pyrénées-Orientales
    1992-1973
  • A.D 66 : 2V13 : Culte. 1827-1870. Devis estimatif des travaux, 25 mai 1827 ; délibération du conseil municipal, 13 mai 1827 à propos des travaux, correspondances ; demande d’aide 1870 du maire au préfet ; devis estimatif des réparations urgentes à l’église et au presbytère de Clara, 4 janvier 1870.

    AD Pyrénées-Orientales
    1827-1870
  • Archives communales : Commune de Clara-Villerach, Certificat de paiement, Travaux de construction d’une maison d’école mixte pour 28 élèves, Mai 1912.

    Archives Communales de Clara-Villerach
    1912

Bibliographie

  • 2011
  • 2005
  • ALART, Bernard. Cartulaire Roussillonnais [en ligne]. Perpignan. Éditions Charles Latrobe. 1880, 125 pages.

    1880
  • 1868
  • CATHALA-PRADAL, Sophie, CHRISTOFOL, Jeannot, NICOLAU, Bernard. Taurinya. Fragments de la vie d’un village du Canigou. Association Vall de Cuixà. 1999, p.74.

    Médiathèque de Prades
    1999
  • 2007
  • 1996
  • 1977
  • 2003

Périodiques

  • CAZES, Albert. Armorial du Roussillon. Volume 3. Imprimerie Catalane Maison Comet. Perpignan. 1985. 67 pages.

    Médiathèque de Prades
    1985
  • CAZES, Albert. Revue Conflent. Hautes vallées. Numéro 145. 1967. 63 pages.

    Médiathèque de Prades
    1987
  • Revue d’Ille et d’Ailleurs. Quatre hameaux, une histoire : Los Masos (Els Masos). Le canal de Bohera. Numéro 17. Janvier 1990. 64 pages.

    Médiathèque de Prades : L CONF 900 ILL
    1990
  • 1990
  • 1981
  • 1981
  • CAZES, Albert. Revue Conflent. Clarà Villerac. Prades. 1995. 18 pages.

    Médiathèque de Prades
    1995
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie