Dossier d’œuvre architecture IA65007610 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine thermal
tour de Vieuzac
Œuvre repérée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées
  • Commune Argelès-Gazost
  • Lieu-dit Vieuzac
  • Cadastre 1827 B 39
  • Dénominations
    tour

La tour de Vieuzac est une tour à signaux médiévale, seul vestige conservé de l'ancien château de Vieuzac. Elle a été très transformée par ses propriétaires successifs. Son sommet est modifié dès 1667 par Germain II d'Antin qui y fait poser une toiture à pavillon percée de fenêtres. Au milieu du 19e siècle, le couple Lassalle la rend habitable en y perçant des fenêtres à balcons et y aménage des chambres. Après 1873, Michel Alicot le nouveau propriétaire la "castellise" en y remontant des hourds surmontés d'un crênelage provenant du Castet Naü d'Arras en Lavedan.

La tour de Vieuzac est le seul vestige d'un château médival, qui comportait également une église et un cimetière, encore visibles sur le cadastral de 1827. Il s'agissait sans doute d'une tour à signaux, qui communiquait avec celle de Vidalos et celle (disparue) de Saint-Savin.

Les restaurations de Germain II d'Antin (1665-1667).

Le site de Vieuzac, propriété de la famille éponyme serait passée en 1519 à la famille Majourau d'Arras. Thomas Majourau en est seigneur de 1619 à 1647, année où il vend la propriété à Germain II d'Antin, petit-fils de Germain I et Isabeau d'Armaignac de Saint-Sivié. L'objet de l'acte de 1647, d'une valeur de 4 320 livres, consiste en "maison seigneuriale, parc, jardin, moulin à farine, scie, borde, une petite maison proche de ladite borde" avec terres, fiefs rentements, revenus associés ainsi que les droits de lods et ventes, droit de présentations des bénéfices ensemble la dîme que Majourai perçoit au lieu de Vieuzac (acte de vente de 1647, Me Périès notaire AD 65 3 E44 /261, cité par SESV 2017, p. 169). La tour doit alors faire partie de la maison seigneuriale est n'est pas mentionnée de façon particulière.

En janvier 1664, Germain II Dantin succède à son père François Dantin et 33 chefs de maison de Vieuzac lui rendent reconnaissance et hommage devant maître Noalis, notaire d'Arras (AD 65 3 E44 /395 Noalis 1666, par SESV 2017, p. 171). Le château est déjà fortement ruiné et Germain II d'Antin, entreprend la reconstruction d'une maison seigneuriale. Il contractualise avec deux artisans, Louis de Quinqué, maçon tailleur de pierre à Saint-Amon dans le Béarn et maître Pierre Latour, maçon et charpentier d'Ourout. L'édifice doit comporter trois niveaux, sur 30 coudées de long et 12 de large, avec portes et fenêtre en pierre de taille. La maison doit être divisé en salle basse et salle haute avec deux antichambres. Des pierres d'attente doivent être mises en place, en prévision d'agrandissement. Chaque salle doit avoir une cheminée, une croisée et deux demies-croisées. Les antichambres et l'escalier seront dotés d'une croisée chacun. Il est préconisé que les artisans utilisent "la pierre de taille qu'ils pourront trouver aux masures du vieux bâtiment du dit château. (AD 65 3 E44 /394 Noalis 1665, par SESV 2017, p. 176). La reconstruction se termine en 1666 par la toiture en pavillon, avec deux lucarnes (AD 65 3 E44 /395 Noalis 1666, par SESV 2017, p. 177).

En 1667, c'est la tour, pour la première fois mentionnée dans les archives, qui est l'objet de travaux : Blaise de Pomes, charpentier doit "démanteler et défaire le toit de la tour du château de Vieuzac, démanteler et rebâtir le dit bâtiment et couvert en forme de pavillon et plate-forme avec les fenestrages" (AD 65 3 E44 /396 Noalis 1667, par SESV 2017, p. 177).

L'éclatement de la seigneurie

Le domaine reste dans la famille d'Antin jusqu'en 1778 où Jacques-Hector d'Antin (1704-1778) et son frère Germain Paul sont sans héritiers. Pour préparer cette succession, Jacques Hector, seigneur de Vieuzac, marie en 1771 le fils naturel qu'il a eu avec Marie Lassalle, Jean-Baptiste Lassalle (1748-1826) à Françoise Saint-Paul de Neys, petite nièce de son épouse. Jacques Hector fait donation à cette dernière du château, grange, fournière, terre en verger à fruits, un champ, un jardin (AD 65 3 E44 /669 Mendaigne 1771, par SESV 2017, p. 179). Il garde une partie de son bien et les titres liés à la seigneurie qu'il vend en deux fois (1774 et 1776) à Jean Barrère procureur au Sénéchal de Bigorre habitant Tarbes auquel il est apparenté. La vente de 1774 concerne l'abbaye laïque de Vieuzac, avec ses dîmes et nominations à la cure dudit lieu et les droits utiles et honorifiques qui en dépendent, mais Jacques-Hector Dantin conserve la seigneurie directe et les droits féodaux, qui font l'objet de la vente de 1776.

De nouvelles informations sont rassemblées dans le compoix dressé en 1784 par Oustalet, arpenteur à Saint-Savin. Bertrand Barrère, le futur Conventionnel, est alors abbé lay de Vieuzac et y possède un moulin à farine à trois meules et une masure autrefois moulin à foulon. Jean-Baptiste Lassalle possède maison, grange, fournière, pigeonnier, grande tour en carré, jardin, verger à fruit, châtaigneraie, bois, champs et prés dont l'un avec la grange dite Monaix (AD Hautes-Pyrénées, 25 E DEPOT 5, Cadastre ou compoix terrier de la communauté et taillable de Vieuzac, cité par Escafre et alii, 2018 p. 75-76).

On distingue la tour sur une lithographie de Louis-Julien Jacottet en 1835/1836 émergeant des arbres au premier plan (sur la gauche), accompagnée de l'église. Elle est alors couverte d'un toit en pavillon qui correspond aux travaux de 1667.

Une tour avec balcons : les aménagements de Clémentine Lassalle

La tour reste en possession des Lassalle jusqu'en 1873. En 1843, Jean-Baptiste Lassalle (1797-1854) petit-fils de Jean-Baptiste et Françoise mariés en 1771, épouse une écossaise, Clémentine Wallace (morte en 1880). En 1859, veuve cette dernière cède à la ville d'Argelès une partie de sa propriété pour l'embranchement de la nouvelle route impériale en échange de la chapelle Saint-Pierre avec son cimetière attenant. "Elle tient et possède maison, grange, fournière, pigeonnier en grande tour carrée, basse-cour et jardin qui confrontent d'orient à lui-même et à l'église, midi à lad. église et à chemin public, occident à chemin Royal et à lui-même, septentrion aud. chemin Royal" (AM Argelès-Gazost, cité par Mengelle, 2007, p. 150). Clémentine procède à des travaux importants pour rendre la tour habitable : meurtrières bouchées, portes au rez-de-chaussée, ouverture de nouvelles fenêtres avec balcons.

Le Bulletin monumental de 1866 rend déjà compte de ces modifications qui sont donc antérieures à cette date. L'article précise que comme à Vidalos, la tour de Vieuzac avait des oubliettes voûtées en berceau au rez-de-chaussée, qui était donc aveugle et que la porte d'entrée était au premier étage.

En 1867, le révérend anglais William Arthur Jones, attiré par le climat et curieux de découvertes, loge pendant trois mois au chalet Lassalle, accompagné de ses sept enfants, de sa nièce Edith et de leur bonne Marie. Dans son journal, à la date du 16 juin 1867, Margaret décrit leur lieu de résidences : le chalet Lassalle et la tour où dorment les garçons. Au premier étage se trouve alors une chambre sans fenêtre, mais éclairée par l'imposte d'une porte. Le second étage abrite un cabinet de toilette avec des cuves en bois et une chambre splendide est aménagée au troisième étage, avec trois fenêtres ouvrant sur de petits balcons (à l'est, au sud et au nord). Une dernière chambre se trouve au quatrième étage où logent ses plus jeunes frères tandis qu'au cinquième, un pièce de séjour (avec table, chaise, placards, livres) permet d'accéder au toit d'où l'on jouit de la vue sur les montagnes (Rabson MA, 2007, p. 147-148).

Les créneaux de Michel Alicot

Le propriétaire suivant, en 1873, Michel Alicot, député d’Argelès-Gazost restaure la tour avec son fils, en  utilisant pour le couronnement, les corbeaux du château d’Arras (castet Naou) qu'il achète en 1879. Une terrasse est aménagée au sommet, permettant de s'en servir comme belvédère. La tour est alors devenue une fabrique de jardin de la villa voisine.

En 1976, la tour fait partie de l'ensemble repris par la mairie d'Argelès-Gazost qui installe dans la villa une maison de retraite.

La tour mesure environ six mètres de côté et une vingtaine de mètres de haut. Elle était entourée d'une basse-fosse. L'entrée  se faisait comme à la tour de Vidalos par le premier étage avec une échelle. Elle a conservé deux fenêtres trilobées anciennes tandis que les autres ouvertures sont récentes. Il n'existe aucune présence de boulin à l'intérieur.

La tour est construite en maçonnerie non appareillée, noyée dans du mortier. Elle est sommé de mâchicoulis sur consoles remontés et surmontés de merlons et créneaux pour parfaire l'esthétique médiévale reconstituée.

  • Murs
    • maçonnerie
  • Toits
    pierre en couverture
  • Étages
    5 étages carrés
  • Couvertures
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AD Hautes-Pyrénées, 25 E DEPOT 5, Cadastre ou compoix terrier de la communauté et taillable de Vieuzac fait en exécution de l'arrêt du Parlement de Toulouse, par le sieur Oustalet, arpenteur de Saint-Savin, 108 pages, 1784.

    AD Hautes-Pyrénées : 25 E DEPOT 5

Bibliographie

  • Deloffre, Raoul ; Bonnefous, Jean. Pierres des églises, châteaux et fortifications de la Bigorre [Hautes-Pyrénées] du Moyen Âge à la Renaissance. Edité par J et D - 1998

  • Laffont Rémi, Le Castet Naü d'Azun à Arras-en-Lavedan, mémoire de master, université de Pau et des Pays de l'Adour, 2016

  • Collectif SESV histoire, L'église de Vieuzac in Argelès en Lavedan entre Ourout et Vieuzac, tome 1, des origines à la Révolution, Société d'étude des Sept Vallées, 2017, p. 181 à 186..

  • Collectif SESV histoire, La seigneurie de Vieuzac in Argelès en Lavedan entre Ourout et Vieuzac, tome 1, des origines à la Révolution, Société d'étude des Sept Vallées, 2017, p. 169 à 180.

Périodiques

  • Saint-Paul Anthyme, "Une excursion archéologique dans le Bigorre", in Bulletin Monumental, 1866, XXXII, p. 732.

  • Escafre René, Frigout Nicole, Peyruc Georges. Argelès et Vieuzac dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : d'un impôt nouveau le Vingtième aux cadastres à la veille de la Révolution, in Lavedan et Pays Toys, n°49, 208, p. 65-78.

  • Mengelle Marie-Paule, Clémentine Lassalle et le chalet Lassale (additif), in Lavedan et Pays Toys, n°38, 2007, p. 149-150.

  • Rabson MA David, Two years in the Pyrenees, the travale of the Reverend William Arthur Jones, geologist and andiquary in Lavedan et Pays Toys, n°38, 2007, p. 145-148.

Documents figurés

  • Jacottet Louis-Julien, Vallée d' Argelez (Hautes Pyrénées), lithographie, 1835-1836.

Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2025
(c) Inventaire général Région Occitanie