Dossier d’œuvre architecture IA65007597 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine thermal
villa Alicot ou château de Vieuzac, désormais maison de retraite
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées
  • Commune Argelès-Gazost
  • Lieu-dit Vieuzac
  • Adresse 3 bis rue de Lourdes
  • Cadastre 2023 AC 01
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    de villégiature
  • Appellations
    château de Vieuzac
  • Destinations
    maison de retraite
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin d'agrément, écurie

La maison occupe l'emprise de l'ancien château de Vieuzac. Dans son état actuel elle correspond à deux campagnes de construction, l'une au milieu du 19e siècle par la famille Lassalle qui la louait avec la tour voisine à des touristes avant même le développement thermal de la ville, ce dont témoigne le séjour bien documenté de la famille Jones en 1867. La maison a été modifiée et nettement agrandie par Michel Alicot en 1884 donnant son caractère éclectique à la villa.

En raison de sa situation sur le terrain de l'ancienne seigneurie de Vieuzac, dont la tour est conservée, l'appellation "château de Vieuzac" a été employée pour la désigner. Elle est connue également comme maison Barrère en référence à Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1841), avocat au parlement de Toulouse, élu à l'Assemblée nationale constituante puis à la Convention, mais si ce dernier a été abbé lay de Vieuzac et y possédait le moulin, la maison ne lui a jamais appartenu. Pendant la première moitié du 19e siècle, elle a été le chalet Lassalle, puis à partir de 1873, la villa Alicot en référence à ses propriétaires successifs.

L'éclatement de la seigneurie de Vieuzac

Le domaine de Vieuzac reste dans la famille d'Antin jusqu'en 1778 où Jacques-Hector d'Antin (1704-1778) et son frère Germain Paul sont sans héritiers. Pour préparer cette succession, Jacques Hector, seigneur de Vieuzac, marie en 1771 le fils naturel qu'il a eu avec Marie Lassale, Jean-Baptiste Lassalle (1748-1826) à Françoise Saint-Paul de Neys, petite nièce de son épouse. Jacques Hector fait donation à cette dernière du château, grange, fournière, terre en verger à fruits, un champ, un jardin (AD 65 3 E44 /669 Mendaigne 1771, par SESV 2017, p. 179). Il réserve pour le jeune couple un place distinguée avec le banc dans la nef de l'église de Vieuzac (AD 65 3 E44 /687 Duhort 1774, et AD 65 3 E44 /630 Magentie 1776, cités par SESV 2017, p. 179).

De nouvelles informations sont rassemblées dans le compoix dressé en 1784 par Oustalet, arpenteur à Saint-Savin. Bertrand Barrère est alors abbé lay de Vieuzac et y possède un moulin à farine à trois meules et une masure autrefois moulin à foulon. Jean-Baptiste Lassalle possède maison, grange, fournière, pigeonnier en grande tour en carré, jardin, verger à fruit, châtaigneraie, bois, champs et prés dont l'un avec la grange dite Monaix (AD Hautes-Pyrénées, 25 E DEPOT 5, Cadastre ou compoix terrier de la communauté et taillable de Vieuzac, cité par Escafre et alii, 2018 p. 75-7

Le chalet Lassalle

La tour reste en possession des Lassalle jusqu'en 1873. En 1843, Jean-Baptiste Lassalle, juge de paix (1797-1854) petit-fils de Jean-Baptiste et Françoise mariés en 1771, épouse une écossaise, Clémentine Wallace (morte en 1880). Ils font certainement reconstruire la maison au milieu du 19e siècle et la "propriété connue sous le nom de château Vieuzac" est proposée à la location en 1867 et 1868 : l'annonce précise qu'elle possède plusieurs chambres bien meublées avec salon et qu'à côté de la mison se trouve une tour contenant trois chambres à coucher. Jardin, bois et belles promenades dans la propriété et belle vue sur les Pyrénées complètent les qualités du lieu (L'Indépendant des Basses-Pyrénées, 27 décembre 1867). Elle est alors propriété de Mme Lassalle, désormais veuve, qui possède cette adresse à Argelès ainsi qu'une seconde 44 rue Gassie à Pau.

Elle est effectivement louée : le révérend anglais William Arthur Jones, attiré par le climat et curieux de découvertes, loge pendant trois mois au chalet Lassalle, accompagné de ses sept enfants, de sa nièce Edith et de leur bonne Marie. Dans son journal, à la date du 16 juin 1867, Margaret décrit leur lieu de résidences : le chalet Lassalle et la tour où dorment les garçons. Le hall du chalet est précédé d'un petit porche pittoresque : il distribue à gauche la salle à manger, utilisée en hiver comme cuisine et qui comporte une grande cheminée et des crochets au mur, ensemble jugé déplaisant par Margaret. Le hall distribue à droite le salon, éclairé de part et d'autre par deux fenêtres. Il est meublé de petits tapis, quatre canapés confortables, quatre fauteuils, une grande table ronde au centre, deux autres tables plus petites, une bibliothèque, trois grands miroirs et deux tableaux enveloppés dans de la mousseline blanche. Le salon conduit à une salle de séjour qui sert de salle à manger en hiver. A l'étage, cette distribution correspond à trois chambres, dont une grande au-dessus du salon.

Cette disposition des pièces décrites par Margaret correspond bien au cinq travées de la partie nord de la maison, avec l'entrée à la quatrième travée. Ce qu'elle décrit ensuite a disparu dans l'extension de 1884. Elle indique en effet que la dernière chambre (au-dessus de la salle à manger d'hiver), ouvre au sud "par une sorte de passerelle qui mène à une autre chambre construite au-dessus d'un réduit". Sa cousine Edtih occupe cette chambre qu'elle juge très jolie et qui est dotée d'un balcon à l'est et au sud. Le réduit du rez-de-chaussée sous cette chambre, une minuscule pièce est occupée par la propriétaire, Clémentine Lassalle et Margaret s'interroge "pauvre vieille dame, pourquoi vit-elle dans un si petit trou ?" La maison et la tour étant complètement occupées, la cuisine est reléguée dans un édifice isolé, à gauche de la tour, ce qui ne ravit pas la bonne, Marie. (Rabson MA, 2007, p. 147-148).

Le journal de Margaret nous apprend que Jean-Baptiste Lassalle, dont Clémentine est la veuve, est enterré dans le jardin, sous des arbres : cet espace est entouré de grilles fermées à clé.

La villa de M. Alicot : l'extension de 1884

La maison est acquise par l'homme politique Michel Alicot qui la fait agrandir en 1884 à l'époque de la naissance de la station d'Argelès. La date portée sur le plus haut pignon de la façade ouest est inscrite en chiffres romains insérés dans un cartouche et souligne la partie neuve de l'édifice. Un article du Journal de Cauterets en janvier 1884 précise le contexte de ces travaux : "l'ancienne ville en veut pas rester en arrière de la station future. Sur plusieurs points, elle se pare, s'agrandit, s'embellit de constructions nouvelles, élégantes et parfois grandioses. Citons, principalement les embellissements que M. de Roquette-Buisson fait exécuter au manoir d'Ourout, sous l'habile direction de M. Lalheugue et les grands développements que M. le député Alicot donne à l'ancienne demeure Barrère de Vieuzac".

Originaire de Montpellier, Michel Alicot (1842- 1912) fut sous-préfet des Hautes-Pyrénées en 1871. Il épouse Mlle Dupré, dont le frère était professeur à la faculté de médecin de Montpellier et dont la famille était originaire d'Argelès. C'est en raison de ce lien que Michel Alicot achète le château de Vieuzac et se fixe à Argelès (Express du Midi, 13 mars 1912). Il en dévient maire en 1874 et plusieurs fois député du département entre 1876 et 1910. L'édifice est photographié au début du siècle avec pour légende "le château de M. Alicot".

Michel Alicot fait détruire l'ancienne église de Vieuzac et aménager un jardin dont la tour devient un élément pittoresque. En 1905, le jardinier de la villa, Joseph Chabre reçoit la médaille de vermeille grand module pour l'entretien du jardin d'agrément de la villa Alicot lors du concours horticole organisé par la Société d'Agriculture de l'arrondissement de Bagnères. (Le courrier républicain de l'arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, 07 septembre 1905).

Le fils de Michel Alicot, Pierre, né en 1878 s'y retire dans les années 1920 après sa carrière consulaire à l'étranger. En 1928, il devient membre de la Société Académique des Hautes-Pyrénées (Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées, 1964/1965, p. 1), puis en est désigné président en 1947, fonction qu'il occupa pendant seize ans.

1976 : la reconversion

La villa avec la tour médiévale et le parc attaché est actuellement une maison de retraite et a été, au moment de sa création en 1974 le siège de la Société d'Etudes des Sept Vallées (SESV). En 1976 se pose en effet la question des évolutions de l'hospice d'Argelès, en vue de sa modernisation et de son humanisation. Le projet d'une construction pour 55 lits sur un terrain voisin de l'hospice est abandonné car la configuration des lieux rend les travaux onéreux. Il est envisagé un transfert de l'établissement sur "la propriété du château de Vieuzac mise en vente par Messieurs Alicot" : pour un coût équivalent à celui du projet d'extension, cette alternative est jugée plus avantageuse en raison de la superficie (26 300 m² au lieu de 3 500 m2), de la bonne situation de l'édifice, de ses dépendances et de la présence d'un vaste parc boisé. La dépense d'acquisition s'élève à 960 000 F dont une moitié au moment de la vente, la seconde en viager. La commune vote le 2 février 1976 une subvention de 280 000 F à l'hospice pour financer l'opération et garantie la rente viagère. En contrepartie, l'hospice cède à la commune les terrains situés entre la rue de Lourdes et la R. N. 21 d'une superficie de 8 100 m2. Le 30 avril 1976, la Ville juge plus opportun que l'hospice emprunte les 280 000 F prévus par la subvention et que la commune lui verse une subvention annuelle pendant la durée du prêt. Les plans des bâtiments de la propriété Alicot réalisés antérieurement à la vente par l'architecte Francis Prud'homme sont offerts à la ville par ce dernier. (AD 65 1974-1976, 25 E DEPOT Registre de délibérations d'Argelès Gazost). Le projet de reconversion du domaine en maison de retraite a suscité la construction d'un grand bâtiment au sud de la parcelle, édifié entre 1976 et 1978, mais a conservé la villa, la tour et le parc.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1884, date portée

La villa est implantée au nord de l'agglomération, côté ville, sur une terrasse qui offre un beau dégagement. Elle est construite immédiatement au sud-est de la tour Vieuzac qui a été conservée. Au vu de sa situation, la villa comporte véritablement deux façades, l'une à l'est côté ville, l'autre à l'ouest côté vue.

La ville est composée de deux parties placées dans le prolongement l'une de l'autre : un corps avec un étage carré et un comble, couvert d'un toit à longs pans, qui comporte cinq travées ; un corps plus élevé au sud, aux angles abattus, formé de trois pignons qui se rejoignent. Le premier corps correspond à une maison du milieu du 19e siècle, avec sa porte à imposte sur la deuxième travées. Le deuxième corps correspond quand à sa part aux aménagements de 1884, date d'ailleurs portée sur cette partie de l'édifice. Elle surmonte les baies en escalier qui reproduisent en façade la disposition intérieure.

La villa est animée par de nombreux pignons couverts par des toits débordants : sur les murs pignons du corps principal, sur les deux extrémités du corps transversal, mais aussi en réduction sur la travée principale de chaque façade et en écho encore sur les lucarnes du comble. Le traitement des rives de toit et des lucarnes en frise de bois découpé, visible sur les photographies anciennes, n'est pas conservé en place partout. Les crêtes de toit ont disparu mais les souches de cheminées semblent mieux conservé, quoique modifié.

Des balcons prennent place dans les parties hautes au niveau des différents pignons. Leurs garde corps en bois présente le même dessin sur tout l'édifice. Une terrasse était aménagée sur l'élévation est mais elle a disparu. Les cordons soulignant les niveaux étaient traités à l'origine en bichromie, en pierre et brique alternée, répondant à la même disposition sur les souches de cheminées.

La grande écurie, implantée le long de la route, au nord-ouest de la tour, est toujours en place. La travée centrale de ce long édifice est marquée par un pignon saillant. Une tête de cheval en terre cuite est disposée au-dessus du sommet du large portail central.

  • Murs
    • maçonnerie enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de comble, étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD 65 1974-1976, 25 E DEPOT Registre de délibérations d'Argelès Gazost

    AD Hautes-Pyrénées : 1974-1976, 25 E DEPOT

Bibliographie

  • Balencie, Gaston, Argelès-Gazot, Hautes-Pyrénées, France : Station hydrominérale et climatique ouverte toute l'année, Argelès-Gazost, Le syndicat d'initiative d'Argelès-Gazost, 1938, 55 p.

  • Collectif SESV histoire, La seigneurie de Vieuzac in Argelès en Lavedan entre Ourout et Vieuzac, tome 1, des origines à la Révolution, Société d'étude des Sept Vallées, 2017, p. 169 à 180.

  • Collectif SESV histoire, L'église de Vieuzac in Argelès en Lavedan entre Ourout et Vieuzac, tome 1, des origines à la Révolution, Société d'étude des Sept Vallées, 2017, p. 181 à 186..

Périodiques

  • Le courrier républicain de l'arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, 07 septembre 1905.

  • Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées, 1964/1965, p. 1.

  • Journal de Cauterets, 30 janvier 1884, p.3.

  • L'Indépendant des Basses-Pyrénées, 27 décembre 1867, p. 4.

  • Express du Midi, 13 mars 1912, p. 3.

  • Escafre René, Frigout Nicole, Peyruc Georges. Argelès et Vieuzac dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : d'un impôt nouveau le Vingtième aux cadastres à la veille de la Révolution, in Lavedan et Pays Toys, n°49, 208, p. 65-78.

  • Mengelle Marie-Paule, Clémentine Lassalle et le chalet Lassale (additif), in Lavedan et Pays Toys, n°38, 2007, p. 149-150.

  • Rabson MA David, Two years in the Pyrenees, the travale of the Reverend William Arthur Jones, geologist and andiquary in Lavedan et Pays Toys, n°38, 2007, p. 145-148.

Documents figurés

  • AD Hautes-Pyrénées, 5 Fi 25/20. Les Hautes-Pyrénées. 173. - Argelès. Le Château. [1903]-[1910]. Cliché : A. Trantoul. Phototypie Labouche frères

    AD Hautes-Pyrénées : 5 Fi 25/20
  • AD Hautes-Pyrénées, 5 Fi 25/44. 18. Argelès-Gazost. - Le Château de Mr Alicot.. [1903]-[1910]. Lévy et fils éditeurs.

    AD Hautes-Pyrénées : 5 Fi 25/44
  • AD Hautes-Pyrénées, 5 Fi 25/73. Les Pyrénées. 89 - Argelès-Gazost. Château de Vieuzac. [1903]-[1910]. Carte postale, éditeur : M. T. I. L.

    AD Hautes-Pyrénées : 5 Fi 25/73
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Inventaire général Région Occitanie
Articulation des dossiers
Contient