Dossier d’œuvre architecture IA65001031 | Réalisé par ;
Chabbert Roland (Contributeur)
Chabbert Roland

Chercheur associé à l'Inventaire général en 2002

Chercheur à l'Inventaire général depuis 2008

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  • dossier ponctuel
  • enquête thématique régionale, 1 pour cent artistique
lycée climatique René Billière
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hautes-Pyrénées
  • Commune Argelès-Gazost
  • Adresse 6 avenue Marcel Lemettre
  • Dénominations
    lycée
  • Appellations
    René Billière
  • Parties constituantes non étudiées
    internat, infirmerie, gymnase, aménagement sportif, parc

Le lycée climatique d'Argelès offre l'un des premiers exemples d'application de la loi sur le 1% artistique. La personnalité de son architecte, André Rémondet, qui a fréquenté de nombreux artistes de la "deuxième école de Paris" facilitera la venue à Argelès de plasticiens de renom : Manessier, Singier, Hadju et Leygue.

L'histoire du lycée climatique d'Argelès est bien connue grâce au travail de Suzanne Lafon-Meyrand (op. cit.) auquel le texte qui suit emprunte beaucoup. Envisagé par la municipalité dès le mois de juin 1948, le lycée ne sera construit qu'en 1955. Dans la présentation du projet publiée dans Architecture Aujoud'hui en 1951, il est annoncé qu'il doit accueillir 400 élèves dont la moitié d'internes, de la 6e à la 1re et qu'il sera mixte.La disposition des bâtiments doivent libérer l'espace nécessaire aux terrain de sport implanté de façon à exploiter la vue vers le sud-est.

Cet établissement reflète les théories hygiénistes de l'époque. En effet, il se propose d'offrir aux élèves le meilleur environnement possible. L'architecte André Remondet avait travaillé aux Etats-Unis avant de construire l'établissement dont les bâtiments sont caractéristiques de l'architecture fonctionnaliste mais qui s'intègrent parfaitement dans le vaste terrain dont l'architecte avec demandé le doublement. Le lycée est une de ses premières oeuvres importantes.

Suzanne Lafon-Meyrand précise que le lycée conserve dans ses archives la première esquisse d'André Remondet datant de 1950 : "Il dispose les bâtiments dans l'espace en quelques traits de crayon en pensant déjà à la façon de vivre dans ce lieu" et le soin apporté par l'architecte à l'ouverture sur la vallée et les montagnes environnantes révèlent ce souci de remettre usager en contact avec la nature. L'emploi du béton brut renvoie à l'esthétique du style international. La seule concession faite au régionalisme est le traitement des murs-pignons avec un appareil de gros galets roulés.

Les bâtiments présentent une couleur différente selon la section. Pour Remondet, la conception d'ensemble du lycée s'étendait également au mobilier. C'est pourquoi il fit appel à des créateurs de renom. Ainsi, Bertoja, qui travaillait avec Knoll, créa les chaises et les fauteuils des foyers. De même, dans les bâtiments destinés à l'enseignement, l'architecte fait appel à Charlotte Perriand pour l'aménagement des classes. Bien que le mobilier ne soit pas signé, elle conçoit toutes les armoires-casiers ouvrant sur les classes mais dont la paroi extérieure de contreplaqué vient animer les murs du couloir. Dans les bâtiments réservés à l'internat, le confort des élèves est recherché puisque chacun des élèves des niveaux supérieures dispose de chambrettes individuelles et d'une salle d'eau autonome.

A l'architecte André Remondet furent adjoints des artistes dans le cadre de la procédure du 1%. Le dossier conservé aux Archives Nationales témoigne de l'ambitieux programme de décoration projeté : peintures murales ou fresques à l'internat des filles et des garçons, sculpture et ferronnerie sous le portique d'entrée, rideau de scène peint et sculptures pour le gymnase et la salle des fêtes, porche en céramique, photagraphies dans les couloirs, sculptures sur le murs pignons pour les classes, sculptures et fontaines pour les terrains de sports et de récréation.

Pour des raisons de sécurité les ferronneries prévues par l'atelier de Jean Prouvé à Nancy sont refusées. Gustave Singier a exécuté deux mosaïques (Coucher de soleil et Horizon de montagne). Alfred Manessier peignit, en 1954, pour le foyer des filles, Jeux dans la neige, une huile sur toile marouflée. Etienne Hajdu réalisa les piliers du gymnase, sculptures en creux proches de ses estampilles sur papier. D'autres artistes de renom avaient été pressentis comme Bazaine ou Estève mais leur participation ne se concrétisa pas, pour des raisons économiques. Alma Slocombe, l'épouse de Remondet a participé à la décoration avec deux panneaux de céramique à l'externat et à l'internat des filles. Ces deux grands panneaux, l'un à dominante jaune, l'autre dans les tons rouge sont purement abstraits. Le seul artiste local auquel il fut fait appel est le peintre André Abbadie qui réalisa pour le bureau du proviseur une toile marouflée évoquant dans une composition presque abstraite les montagnes des Pyrénées. Dans le parc, la statue de la bachelière, dans une veine plus traditionnelle, est l'oeuvre de Gélin.

Le lycée a fait l'objet de travaux de réhabilitation et de mise aux normes qui ont affecté "la mise en couleur" originale de l'établissement : des enduits aux tons pastels ont remplacé les couleurs primaires d'origine qui étaient destinées à souligner les lignes architecturales.

La fontaine cinétique de Leygue a disparu.

En 2010, après la protection de l'édifice au titre des monuments historiques, une remise en couleurs conforme à l'esprit original a été menée par le cabinet d'architecture tarbais Larrondo-Lafforgue qui a aussi restructuré six bâtiments dont le centre documentation qui a été agrandi.

Le lycée occupe une superficie de 9 hectares. Les bâtiments de forme parallélépidédique sont répartis de part et d'autre d'un petit ruisseau servent de transition entre les constructions et les terrains voués aux installations sportives et de plein air. La disposition des bâtiments privilégie une exposition au sud des longues façades pour les bâtiments d'enseignement, à l'est pour le bâtiment administratif de l'entrée et les internats. L'ensoleillement est donc important le matin et le soir quand les internes y séjournent.

Chaque bâtiment bénéficie d'une structure porteuse autonome, en conséquence de quoi les murs-rideaux (non porteurs) peuvent être placés en avant de la structure ou en-deçà. Chaque niveau est constitué d'une dalle de béton, permettant un redécoupage et un aménagement des espaces intérieurs.£Les fenêtres accentuent encore l'horizontalité de chaque édifice. Elles sont oscillo-abbattantes jusqu'au raz du mur pignon, générant des espaces très clairs. Les toits terrasses sont doublés afin de ménager le passage des réseaux techniques.

Si le béton est laissé brut, les huisseries sont traitées en couleur (une différente par bâtiment). Seuls les bâtiments de service et le gymnase, qui servent d'articulation aux bâtiments d'enseignement, échappent à la trame régulière du bâti. Le gymnase est une vaste halle qui présente des façades assymétriques côté nord et sud. La façade sud présente un aspect plus élaboré avec une série de piliers plus rapprochés portés en avant du mur-rideau. Ils rappellent des contreforts. Leurs faces les plus larges, perpendiculaires au bâtiment reçoivent les sculptures en creux d'Hajdu.

L'architecte a également disposé entre le mur d'entrée et le grand portique une série de quatre cercles constitués de murets de pierre locale à l'appareillage semblable avec celui des murs pignons des bâtiments. Disposés de manière asymétrique, ils servaient à accueillir les enseignants et les élèves pour certains cours. L'architecte installe le long de l'internat une série de tables constituées de dalles de schiste posées sur un cylindre de béton et destinées aux élèves.

  • Murs
    • béton
  • Toits
    béton en couverture
  • Couvertures
    • terrasse
  • Techniques
    • mosaïque
    • sculpture
    • peinture
  • Statut de la propriété
    propriété de la région
  • Protections
    inscrit MH, 2008/08/14
  • Précisions sur la protection

    Les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments du lycée climatique avec leurs éléments de décor : mosaïques de Singier de part et d'autre du passage d'entrée du lycée et sur le mur du fond derrière le portique situé à l'est des bâtiments, ce portique, les sculptures en creux de Hajdu sur les piliers du mur sud du gymnase, la salle dite du foyer des filles ou foyer bleu avec sa toile marouflée de Manessier et le meuble - casier de Charlotte Perriand, ainsi que la totalité de l'emprise du terrain sur lequel est bâti le lycée, avec notamment les classes de plein air en cercles de pierre et le parc paysager (cad. AI 5) : inscription par arrêté du 14 août 2008

  • Référence MH

Documents d'archives

  • Gonsalvés(Georges), dossier de recensement préablable à l'inscription au titre des monuments historiques, 2007

    DRAC, Occitanie
  • AN 20110213/1 : Plans du lycée climatique polyvalent d'Argelès-Gazost (1957-1958) (non consulté).

    Archives nationales : AN 20110213/1

Bibliographie

  • Lafon-Meyrand (Suzanne), le lycée de plein air d'Argelès-Gazost : un témoignage de l'Art Optimiste des années 1950, dans Lavedan et Pays Toy, n° 37, 2006, p. 23 à 35

    p. 23 à 25

Périodiques

  • L'architecture aujourd'hui, constructions scolaires n° 34, mars 1951, p. 46-47 [en ligne : portail documentaire.citedelarchitecture].

    cité de l'architecture
    p. 46-47
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Inventaire général Région Occitanie
Chabbert Roland
Chabbert Roland

Chercheur associé à l'Inventaire général en 2002

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