Dossier d’œuvre architecture IA65000396 | Réalisé par ; ;
Fournier Claire
Fournier Claire

Chercheur à l'inventaire général d'Occitanie jusqu'en 2012.

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  • recensement du patrimoine thermal
  • enquête thématique régionale, Jardins remarquables
jardin public dit Vallon de Salut
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hautes-Pyrénées
  • Commune Bagnères-de-Bigorre
  • Lieu-dit Vallon de Salut
  • Cadastre 2014 AT 22, 122, 123, 126, 222, 223, 232
  • Dénominations
    jardin public
  • Appellations
    Vallon de Salut
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    groupe d'arbres, prairie ornementale, canal de jardin, allée, pont de jardin, chemin de jardin, portail, théâtre de jardin, fontaine

Le premier état connu du vallon de Salut est donné par le plan-terrier de 1771 : il s'agit d'un espace agricole exploité pour le fourrage par quelques fermes alentour (ferme de Rieunel, métairie de Salut). En 1760, une allée est créée par la ville, rapidement remplacée par une voie carrossable bordée de peupliers (route actuelle le long du versant est). En 1787, un plan de la ville fait état du vallon de Salut comme lieu de promenade qui complète la cure thermale, en corrélation avec l'usage des thermes de Salut. Il constitue alors un trait d'union entre l'établissement thermal (aujourd'hui Conservatoire national de botanique des Pyrénées) et la ville.

Le plan napoléonien (1810) rend compte de son parcours très sinueux. A cette date, c'est encore un vallon agricole parsemé de maisons paysannes, le ruisseau est surtout bordé de peupliers et d'arbres de berges (aulnes, saules). Son atmosphère bucolique, qui fait référence au romantisme de Jean-Jacques Rousseau ainsi qu'au traité de Girardin sur la composition des paysages, est décrite par plusieurs visiteurs qui en assurent sa notoriété. Frédéric Soutras qui vante en 1850 cette « charmante oasis pleine d’ombre et de fraîcheur » et précise  que « rien n’égale le calme et le repos de ce charmant asile, que le génie des montagnes semble avoir créé dans une heure de riante fantaisie et d’indulgent caprice ». Le vallon est aussi complété par un système de promenades végétales qui ménagent des vues sur la ville : les Allées de Maintenon, liées au souvenir de Madame de Maintenon venue en cure, et les Allées Dramatiques, ainsi nommées car elles ont été créées en 1849 à l'initiative d'une troupe d'acteurs de théâtre venus y déclamer leurs pièces.

En 1920, la ville engage un bail emphytéotique de 99 ans avec l'hôpital sur les terrains du vallon. Celui-ci est alors aménagé en parc thermal (1920-1930). Le projet proposé par l'architecte paysagiste Louis Decorges (implanté à Tours, il avait une antenne à Pau depuis 1900) est exposé dans le vestibule des thermes en 1922. Il est critiqué dans les colonnes dans la Petite Gazette : "un jardin à la française, c'est très joli [...] la question n'est de savoir mettre ces choses là à leur place. Or c'est en se rendant sur place, c'est-à-dire aux terrains Thévenot, qu'on peut tenter de dégager la vérité "paysagiste" : à savoir que les terrasses de l'ancien hospice sollicitent un aménagement sur le mode rustique et qu'elles ne demandent poins un élément floral excessif, difficile à entretenir et si coûteux aujourd'hui". L'auteur article argumente en disant que les visiteurs de Bagnères viennent pour les eaux, les paysages verdoyants "nos Pyrénées" enfin. Il faut surtout fournir "bancs propres, allées bien entretenues, des sentiers non ravinés, des terrasses coquettes, un abri commode en cas de pluie". Decorges revoit son projet et est confirmé pour l'aménagement en avril 1922

Des ponceaux et bancs, d'abord en bois, puis en faux-bois rustique ponctuent le parcours. Une grotte naturelle est creusée et aménagée en espace scénique pour devenir le ""théâtre de la Nature"". Le toit en pagode du porche d'entrée (1934) est inspiré par l'Exposition coloniale internationale de Paris de 1931 (section indochinoise). La campagne de travaux de 1934-1935 est dirigé par l'architecte-paysagiste Jaquet. Ce dernier était architecte paysagiste conseil de la Compagnie du Midi et avait travaillé aux parcs de Bruxelles. Il est nommé architecte-paysagiste conseil de la ville de Bagnères le 12 janvier 1934 (Courrier républicain, 21 janvier 1934).

Le service des Espaces Verts poursuit actuellement un entretien soigné de ce lieu, objet de replantations régulières en essences d'importation (tulipiers de Virginie, Taxodium, métaséquoïa, cyprès chauves...). Une sculpture en marbre sur socle représentant une ""Bacchante endormie"", oeuvre de François-Emile Popineau (1887-1951) a été placée en 1929 à l'arrivée sur l'esplanade des thermes. Une allée de platanes a remplacé le mail de tilleuls d'origine.

Le vallon de Salut est situé au pied du massif montagneux qui s'élève au sud de la ville de Bagnères vers le Bois de la Hèche et le Pic du Monné (1 259 m). Long de 2 km, couvrant une quinzaine d'hectares, il se caractérise par l'importance de son réseau hydrographique. Le vallon est arrosé par le ruisseau de ""l'Aygo Tebio"", eau tiède (34°) provenant d'une source de la grotte de Médous et ressortant de la roche à l'amont des thermes. Il est rejoint par d'autres ruisseaux issus des versants voisins (vallon de Constance : ruisseau de l'Anou, fontaine de Rieunel).

Le ruisseau de Salut est conduit comme un canal de jardin dans un lit maçonné de gros moellons auquel on a donné un parcours en méandres d'esprit romantique. Des blocs de pierre viennent ponctuellement en casser le cours et lui confèrent un aspect naturel montagnard. A d'autres moments du parcours, le ruisseau stagne, se divise en deux bras et ménage des retenues d'eau faisant miroirs.

Le vallon suit lui-même un parcours sinueux, générant des effets de surprise et des perspectives bucoliques sur le paysage alentour (prairies, collines boisées, petit château de la famille d'Uzer...). Un double cheminement piétonnier le parcourt dans sa longueur : le premier suit le ruisseau, le deuxième en hauteur, parallèle à la route Jean Rösch (rive droite). Une ancienne route abandonnée en rive gauche reste utilisée par les promeneurs. Goudronné, le chemin du vallon passe devant le Théâtre de la Nature, paroi rocheuse creusée et ouverte sur une esplanade bitumée avec vue sur les sommets. Au milieu du parcours, dans la zone de confluence des ruisseaux, différents ponceaux en faux bois rustique franchissent le cours d'eau. La fontaine de Liloye (ancienne fontaine de Rieunel rebaptisée) surmonte le parcours. Une sculpture en marbre sur socle représentant une bacchante endormie, protégée par un groupe de cyprès de Lawson, orne le carrefour des thermes à l'arrivée du chemin. Un mail de platanes borde le cours du ruisseau canalisé dès sa sortie du rocher, à l'angle sud-est du bâtiment.

Les versants demeurent occupés par des prairies de fauche. Les essences des arbres, pour l'essentiel disposés en alignements, diffèrent selon leur emplacement : aulnes, saules, érables, ainsi qu'un groupe de cyprès chauves, bordent avec grâce le ruisseau qui serpente. L'intérêt botanique est renforcé par la présence d'un écosystème lié à la température de l'eau et à son impact sur la flore des berges. Le long de la route et des différents chemins, la palette végétale, recherchée pour un espace paysager aussi proche de la nature, fait appel aux peupliers, platanes, frênes, tilleuls, tulipiers de Virginie, liquidambars. De jeunes sujets remplacent aujourd'hui les sujets dépérissants ou atteints par les tempêtes.

Les bosquets, comme celui qui débouche sur la clairière des Thermes de Salut, réunissent chênes, châtaigniers, frênes, et majoritairement hêtres. Le chemin se poursuit au-dessus du vallon pour rejoindre le parcours en lacets des Allées Dramatiques (site inscrit) et celui des Allées de Maintenon qui s'élèvent depuis la ville plus à l'est.

Longues d'environ 1.500 m, bordées de 14 essences différentes (dont hêtres, chênes, tilleuls et frênes), les allées de Maintenon proposent un parcours linéaire d'allure majestueuse. Les Allées Dramatiques, placées en balcon au-dessus du Vallon de Salut, comporte des alignements aujourd'hui discontinus de hêtres, de chênes, de châtaigniers et de bouleaux blancs.

  • Plans
    jardin irrégulier
  • Élévations extérieures
    jardin en pente, jardin accidenté
  • Jardins
    groupe d'arbres, arbre isolé, quinconce, prairie ornementale, clairière ornementale
  • Typologies
    parc paysager ; jardin public ; parc thermal ; arbres en alignement
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler, intérêt botanique
  • Sites de protection
    site classé

Le site, inscrit et classé, inclut dans une même protection le vallon de Salut et les allées. Promenade d'une grande valeur paysagère conçue à la fois comme un parcours hygiénique dans l'esprit du thermalisme et comme un milieu de délectation esthétique, par ses échappées pittoresques sur le paysage environnant.£ouvert au public

Bibliographie

  • Barros François de (C.A.U.E. 65), Fruneau Marie-Noëlle (chargée d'étude). Pré-inventaire des parcs et jardins remarquables dans le département des Hautes-Pyrénées, DIREN Midi-Pyrénées, 1997, 205 p.

  • SOUTRAS Frédéric, Guide aux établissements thermaux des Hautes & Basses-Pyrénées et de la Haute-Garonne, Ed. Dossun, Bagnères-de-Bigorre, 1858

    p. 56

Périodiques

  • Petite gazette : journal de Bagnères-de-Bigorre et des établissements thermaux des Pyrénées : littéraire, scientifique, industriel, agricole et d'annonces : travaux d'urbanisme, 24 février 1935.

  • Petite gazette : journal de Bagnères-de-Bigorre et des établissements thermaux des Pyrénées : littéraire, scientifique, industriel, agricole et d'annonces : parc thermal, 02 avril 1922.

  • Le courrier républicain de l'arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, 21 janvier 1934.

  • Guitton, Philippe, "Les bains de Salut à Bagnères" in Bulletin de la Société Ramond, 1995, 130e année p. 51 à 90.

  • Le républicain des Hautes-Pyrénées, 23 mars 1922.

  • Le Courrier républicain de l'arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, 09 avril 1922.

Date(s) d'enquête : 1997; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Conseil départemental des Hautes-Pyrénées
Fournier Claire
Fournier Claire

Chercheur à l'inventaire général d'Occitanie jusqu'en 2012.

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