Dès le 17e siècle à Bagnères, l'activité thermale est entre les mains de familles privées qui exploitent leurs propres bains. Froidour, dans ses Mémoires du Pays et des Etats de Bigorre en 1667 écrit "La fontaine de Salut, qui est assez proche des Capucins de Médous, est de même qualité, sauf qu'elle n'est que tiède, et a aussi les mêmes effets" (p. 64). La puissante famille d'Uzer (maires de Bagnères sous l'Ancien Régime) est propriétaire depuis 1675, au sud de la ville, d'un grand domaine où elle exploite cette fontaine de Salut (qui signifie ""santé"") pour ses eaux de plus en plus réputées pour leurs nombreuses vertus. Il ne semble pas y avoir alors de bâtiments de bain.
Les premiers bâtiments, modestes, sont pénalisés par les eaux stagnantes boueuses qui s'écoulent de la résurgence. Pierre Descaunets est le premier à évoquer l'existence d'un bain en 1723. Pour assainir le site, les d'Uzer canalisent l'eau entre des murets et des bassins (cf. lithographies du 19e siècle). Il existe dans les années 1770 deux petits établissements, l'un public, l'autre propriété Uzer et les liens entre les deux entités sont tenus. La commune ne veut ainsi pas financer la réparation du chemin de Salut puisque cela bénéficie qu'aux Uzer, mais doit s'exécuter sous la pression de Monsieur de Richelieu. Puis ils entreprennent dès 1781 la construction d'un imposant bâtiment thermal en remplacement des modestes bâtisses existantes. Il restera le plus important de Bagnères jusqu'à la construction des Grands Thermes par la municipalité (1823).
En 1781, cet établissement est réalisé au trois quart. Avec l'appui de l'intendant d'Auch, M de la Boulaye, les Uzer font détruire ce qui existe pour reconstruire un établissement neuf. Ce dernier comporte a des chambres voûtées, des cuves en marbre blanc, deux salles pour les gens comme il faut, avec respectivement 10 et 5 croisées, des cheminées, des cabinets d'aisance pour les dames, une place plantée de tilleuls et des écuries (document d'archives cité par Guitton p. 67-68). Le nombre de croisées indiquées correspond au bâtiment actuel. Le montant des travaux s'élève à une somme entre 25 000 et 30 000 livres.
Ce premier bâtiment, composé seulement de l'aile longitudinale, est représenté sur une aquarelle du début du 19e siècle (Médiathèque communale de Bagnères). Orienté au sud, il est précédé d'une vaste esplanade bordée d'un mail planté de tilleuls, où évoluent voitures et promeneurs. Les curistes accédaient à l'établissement par la route aménagée au-dessus du vallon. Dans l'angle sud-est se trouvait alors un vaste bassin circulaire de réception des eaux de source.
Les bains de Salut figurent sur le plan de 1787, accompagnés de la précision qu'ils sont au nombre de huit et qu'ils sont superbement arrangés. Sur le plan napoléonien de 1818 est figurée un aile en équerre, reliée au bassin issu de la résurgence de la source thermale. Cette aile sera reprise et agrandie après 1900. La maquette présentée dans le musée donne une représentation de sa première élévation d'allure mansardée.
En 1854, l'architecte départemental Artigala décrit l'édifice qui s'est dégradé depuis sa construction, et est dépassé, notamment en terme de monumentalité par les grands thermes de 1823. La façade mesure 48 m ; le premier étage et les mansardes servent de logement au régisseur et aux employés (pour la lingerie et le séchoir). Le rez-de-chaussée est affecté à l'exploitation thermale : unn grande galerie vitre ouvre sur un salon d'attente et dix-huit cabines de bains.
Le bâtiment des thermes est racheté par la ville de Bagnères en 1905 pour la somme de 450 000 F. C'est à partir de cette date que la deuxième aile en équerre fait l'objet d'une reprise de façade caractérisée par le style industriel de la Belle Epoque, puis plus récemment, d'une surélévation de style contemporain.