collège d'Orlinde - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

En 1964, l'architecte parisien Guillaume Barbé est chargé du projet de construction du CEG mixte de Bretenoux suivant la technique industrialisée de la société CIMT. Le type de collège choisi est à 13 classes avec une capacité de 400 élèves (dont 300 demi-pensionnaires). Le 4 mai, le conseil municipal accepte de participer au financement de la construction et décide de confier à l'Etat la direction et la responsabilité des travaux. Le 16 novembre, le directeur de l'Equipement Scolaire Universitaire et Sportif décide finalement de retirer la construction du collège à la société CIMT et de la confier à une autre entreprise "qui acceptera de réaliser l'opération en charpente métallique". La CIMT, en effet, proposait que l'ossature des bâtiments fût en béton armé. C'est le procédé Vissol qui est préféré et en janvier 1965 l'architecte Barbé renonce à la mission pour laisser la place à un autre architecte parisien, Paul Lagneau (1913-2002), plus spécialisé dans ce type de construction. Ce dernier prend pour modèle le CES de Viry-Chatillon (Essonne) dont il adapte le devis descriptif de la construction, initialement daté du 2 juin 1964. Tout comme Barbé, il est assisté de Gabriel Charles, de Cahors, qui fait fonction d'architecte d'opération. Ce dernier a d'ailleurs construit dans les années 1950 le centre ménager agricole près duquel est implanté le nouveau collège.

Le projet prévoit deux bâtiments à construire, reliés par un préau. Le premier, sur deux niveaux, doit abriter au rez-de-chaussée l'administration, une salle polyvalente, un atelier "bois et fer", trois classes, l'appartement pour le surveillant général, un centre médico-scolaire et un bloc sanitaire ; à l'étage, six classes, deux salles de sciences, une "salle de collection", une salle d'histoire-géographie, les appartements du directeur et de l'économe. Le deuxième, en rez-de-chaussée, est dévolu à la demi-pension (cuisine et réfectoires) ainsi qu'à l'appartement pour le concierge. Les travaux, dont la durée ne doit pas excéder neuf mois, sont confiés à la société Vissol et lancés à la fin du mois de juin 1965. Le procès-verbal de réception provisoire des travaux est signé le 14 avril 1966 et la réception définitive le 7 novembre 1967. Le même jour, les bâtiments sont remis par l'Etat à la commune.

Mis à part des réaménagements intérieurs ainsi que la construction dans les années 1990 d'un troisième bâtiment à l'entrée, servant notamment pour l'administration, le collège présente aujourd'hui encore un état proche de son origine. Depuis la construction et l'inauguration en novembre 2023 d'un nouveau collège, l'ancien CEG est désaffecté.

Les deux bâtiments d'origine (A et B sur l'extrait de plan cadastral) sont disposés en L autour de la cour de récréation : le bâtiment A, dévolu aux classes, est à un étage et ferme la cour au sud-est, il est raccordé perpendiculairement au bâtiment B par un préau au nord-ouest ; le bâtiment B, en rez-de-chaussée, abrite les réfectoires, il est complété à l'ouest par le bâtiment des cuisines.

Le devis descriptif de 1965 nous permet de comprendre les techniques et matériaux utilisés dans la construction du collège. Les bâtiments ont en effet une ossature métallique, les façades sont en panneaux préfabriqués composés d'une partie vitrée et d'une allège revêtue de "Glasal" à l'extérieur. Les cloisons intérieures sont préfabriquées et composées d'éléments du type "Sobalithe" de 50 mm d'épaisseur. Les planchers sont en béton armé. Les escaliers intérieurs à volées préfabriquées sont composés d'un limon en tôle pliée formant caisson, reposant sur les paliers et demi-paliers en béton armé ; les marches sont en granito ou carrelage grès cérame et les rampes composées de barreaux et d'une main courante recouverte de plastique. La charpente est également métallique et supporte une couverture à deux pentes en bacs autoportants. L'architecte Lagneau expose en outre que son projet répond aux critères de "qualité, rapidité et économie".

Le choix d'une ossature métallique, qui permet une "préfabrication totale en usine", a pour conséquence de réduire le temps de construction et par là même son coût. Ce procédé est ainsi décrit par l'architecte lui-même : "cette ossature sera composée de poteaux en H, la poutraison intérieure sera longitudinale formant ainsi des portiques au droit des couloirs. Ces portiques endosseront les efforts horizontaux du vent et recevront les planchers". "L'ossature et les planchers mis en place, les éléments de façade comprenant les allèges et les châssis seront apportés, complétement terminés en usine. Il ne restera qu'à les fixer sur l'ossature préparée à cet effet. Les panneaux de façade seront composés d'un panneau sandwich à parement Glasal (plaque d'amiante-ciment traitée spécialement et comprimée à contexture et coloration entièrement minérales) avec menuiseries d'encadrement. Les cloisons seront fixées de la même façon que les panneaux de façade, châssis et portes incorporés. Les escaliers seront livrés par volée, marches et rampes posées". Ainsi, "il ressort de ce système une rapidité et une grande précision de montage".