La première mention d’Aigne apparaît en 1095 par l’intermédiaire de son seigneur Bernard Pierre « de Aniano », qui signe en qualité de témoin une donation faite par Géraldus de Pépieux à l’église Saint-Etienne de Minerve (citée dans Histoire Générale du Languedoc, III, p.603). Il est probable que le village se développe à cette période autour de l’église Saint-Martin, dont les arcatures lombardes et le petit appareil évoquent le premier âge roman. Il prend la forme d’un fort circulaire, à l’intérieur duquel une unique rue s’enroule en spirale jusqu’à une place centrale, face à l’église. Ce plan régulier, qui lui a donné son surnom de « lo cagarol », pourrait être d’initiative seigneuriale.
Outre l’église et la forme circulaire du noyau villageois, peu de vestiges ont été conservés de la période médiévale. Le mur du rempart, aujourd’hui dissimulé par une ceinture de remises et de maisons construites aux 19e et 20e siècles, peut cependant être observé à l’intérieur de quelques-uns de ces bâtiments ; des vestiges d'archères sont encore visibles, l’une d’elles est parfaitement conservée. Enfin, l’appareil médiéval de quelques maisons à l’intérieur du noyau villageois subsiste à quelques endroits, ainsi que la porte d’entrée du village, probablement du 13e siècle. Les encadrements de baies actuellement visibles dans « l’escargot » ne sont pas antérieurs au 16e siècle.
Les faubourgs de la commune sont formés par une dizaine d’ilots implantés au nord et à l’ouest du noyau villageois. En 1716, lors de l’établissement du compoix, le nombre d’habitants dans et hors les murs est donc à peu près équivalent et le bâti agricole ne concerne - à une exception près - que les faubourgs. La place publique est située à la jonction de ces deux espaces, face à la porte de ville. Un siècle plus tard, lors de l’établissement du cadastre napoléonien (1817), la proportion du bâti agricole dans les faubourgs a peu évolué. La transformation de plusieurs maisons en bâtiment rural dans l’enceinte villageoise semble indiquer un glissement de la population intra-muros vers les faubourgs, qui offrent la possibilité de s’étendre et de regrouper habitat et exploitation agricole.
Les extensions du village au XIXe siècle témoignent de l’avènement de la viticulture et de l’enrichissement des exploitants (encadrements de baies des maisons et bâtiments viticoles en marbre de Saint-Pons, cheminées et potagers en marbre de Caunes…). Elle se développent autour de la route reliant Aigues-Vives à Beaufort (RD 910), qui constitue aujourd’hui la rue principale du village et qui contourne le noyau médiéval. Cet axe routier concentre les bâtiments publics construits au XIXe siècle (mairie, écoles, poids public) ainsi que la cave coopérative. Ce dernier édifice, daté de 1951, est une composition tardive de l’architecte Paul Brès d’une exceptionnelle modernité.
Quelques pavillons ont été bâtis entre les années 1940 à 1960 dans le prolongement des extensions du siècle précédent. A l’entrée du village, une villa de style art déco semble être une manifestation assez rare dans la région de ce style en plein essor dans les années 1920. Les pavillons actuels ont été bâtis en périphérie du village, principalement au nord et au sud du bourg.