La création d’un atelier de fabrication de tapis à Lodève est contemporaine de la fermeture de la dernière usine de draps de Lodève (le Bouldou) au début des années 1960. La municipalité décide d’installer une fabrique de tapis pour y faire travailler les femmes ayant quitté l’Algérie après l’indépendance (60 familles sont alors accueillies à Lodève). Le Centre artisanal de tapis de Lodève est implanté sur un terrain acquis par la mairie, en 1962, en vue de la construction de logements sociaux (la Cité de la Gare de la Sonacotra) et de l'installation de préfabriqués sur un terrain loué à la SNCF à l’entrée sud de la ville. L'atelier est équipé de 10 métiers à tisser en provenance de Lascours et 39 métiers construits par l’entreprise Arnal de Nîmes.

En 1965, André Malraux décide de passer l'atelier de Lodève sous la tutelle du ministère de la Culture et de le rattacher à l'Administration du Mobilier national. La manufacture de la Savonnerie (rattaché depuis 1825 au site des Gobelins), spécialisée dans le tissage de tapis de velours, compte désormais deux ateliers, l'un à Paris, l'autre à Lodève. Le tissage traditionnel y est remplacé par la technique du point noué appris dans un cadre institutionnel : aujourd’hui, le personnel est constitué pour la plupart de techniciens d’art qui ont suivi la formation d’artiste licier aux Gobelins.

Depuis 1989, de nouveaux bâtiments, construits d’après les plans de l’architecte parisien Philippe Dubois, accueillent liciers et licières. Si la manufacture de la Savonnerie tisse encore quelques copies de tapis anciens, l’atelier de Lodève interprète essentiellement des cartons de créateurs contemporains : peintres (Lalanne, Zao Wou Ki, Soulages, Alechinsky, Buraglio, Shirley Jaffé….) architectes, designers.