L'usine textile du Bouldou s'est développée sur la rive droite de la Lergue, de part et d'autre de l'avenue Paul Teisserenc. Les bâtiments bordant la Lergue ont abrité une production de draps à partir de laines cardées au 18e siècle. Au début du 19e siècle, ils font partie de la fabrique Rouaud et Vinas, puis sont achetés en 1883 par Emile et Paul Teisserenc-Visseq, « fabricants de draps pour la troupe ». A cette époque, ils détiennent également l'usine dite de l'étendage et une autre au faubourg Villeneuve (rue du 14 juillet), détruite par un incendie en 1899. Ce sinistre donne lieu à une réorganisation de la production, à une extension des locaux et à une modernisation des outils de production. Désormais, l'activité de la maison Teisserenc-Visseq se concentre sur l'usine de létendage (préparation des laines) et l'usine du Bouldou (filage, tissage et apprêts).
Au Bouldou, les premières étapes (cardage, ourdissage, encollage, filage et tissage) ont lieu dans le vaste bâtiment qui voit le jour en 1900, face à l'ancienne usine Vinas, de l'autre côté de l'avenue P. Teisserenc. Les draps traversaient ensuite l'avenue afin de subir les étapes d'ennoblissement, foulage au rez-de-chaussée et apprêts aux étages. Les ateliers de l'ancienne usine Vinas sont agrandis à la même époque avec l'adjonction d'un bâtiment d'un étage, construit sur le canal damenée de l'ancienne fabrique, à hauteur de la chaussée. Une passerelle est construite dans les années 1920 afin de relier les ateliers dapprêts aux tissages. Les établissements Teisserenc sont réunis en 1921 à l'affaire parisienne Harlachol et absorbent la compagnie drapière Gallia en 1923 puis les établissements Vitalis en 1927, derniers fabricants concurrents. Les locaux de l'usine Gallia, située sur la rive opposée de la Lergue, sont désormais utilisés comme atelier de réparation et magasins, reliés aux ateliers du Bouldou grâce à une passerelle, construite en 1927. A cette époque, les 400 employés de la maison Teisserenc-Harlachol poursuivent la fabrication des draps destinés aux grandes administrations françaises et étrangères. Ils produisent également des draps-cuir de livrées, des flanelles, des velours de laine, des molletons et couvertures et des feutres tissés.
Les ateliers sont électrifiés à partir de 1922. Ils disposent alors dune force motrice de 300 kW fournis par les usines hydro-thermiques de Sorgue et Tarn ainsi que 200 ch hydrauliques et 450 ch vapeur, 5 chaudières alimentant l'ensemble (puissance cumulée des usines de l'étendage et du Bouldou).
Au début des années 1930, un nouvel atelier sous sheds abritant les phases d'apprêts, notamment l'atelier de décatissage, est construit au nord du site, dans le prolongement des bâtiments de la chaufferie. En 1941, les bâtiments de l'ancienne usine Vinas connaissent de nouvelles modifications : les façades sur rue sont alignées, les deux corps de bâtiments méridionaux sont unifiés, surélevés et reliés aux ateliers de filature et de tissage grâce à une nouvelle passerelle enjambant l'avenue P. Teisserenc. En 1951 sont construits deux vestiaires et un réfectoire. Face à la crise de l'industrie de la laine cardée, les établissements Giroud de Vienne, devenus majoritaires en 1957, tentent d'implanter la fabrication de tissus à pantoufles et de couvertures de literie et de voyage. La fermeture de l'usine Teisserenc-Harlachol, en juillet 1960, marque la fin de la production de draps à Lodève.
En 1961, Léon Gros, industriel bonnetier rachète la majorité des actions de la société et après avoir ferraillé la plus grande partie du matériel, installe des ateliers de fabrication de bas sans couture. La fabrication de bas en nylon se poursuit sous la raison sociale Les Moulinages et retorderies Pluto SA à la fin des années 1960, puis Dimtex dans les années 1980 et enfin les Moulinages du Lodévois. En 1971, les ateliers sont agrandis avec l'adjonction, dans le prolongement des sheds nord, dune halle de stockage. L'activité textile se termine en 2004. Une association d'artistes s'installe sur le site entre 2007 et 2011. Une centrale hydroélectrique privée occupe aujourd'hui une partie de l'ancienne usine Vinas.
photographe ayant assuré une prestation pour l'inventaire du patrimoine industriel de l'Hérault, entre juin 2013 et juin 2014.