Au début du 19e siècle, le terrain, au lieu-dit Fangouze, entre la rive gauche de la Lergue et l'avenue de Fumel, sert d'étendage à l'usine détenue par Aimé Bérard, située sur la rive opposée, au faubourg Villeneuve (rue du 14 juillet). En 1855, Amédé Bérard, associé à Honoré Calvet, Jules, Adolphe et Prosper Teisserenc, y fait bâtir une teinturerie et un magasin à laine. Vingt ans plus tard, elle est détenue par Amédé Bérard, Jules Calvet et 5 membres de la famille Teisserenc, Adolphe, Justin, Georges, Paul et Emile qui s'associent sous la raison sociale « Teisserenc-Visseq frères et fils ». En 1890, ils établissent un bâtiment pour les générateurs, un atelier pour l'épaillage et le lavage des laines, un nouveau magasin à laine et un nouvel étendage. A cette époque, ils détiennent également l'ancienne usine Rouaud et Vinas et l'usine du faubourg Villeneuve, détruite par un incendie le 30 avril 1899. Ce sinistre donne lieu à une réorganisation de la production, à une extension des locaux et à une modernisation des outils de production avec l'installation de machines à vapeur. Désormais, l'activité de la maison Teisserenc-Visseq se concentre sur deux sites principaux : l'usine de l'étendage et l'usine du Bouldou.
Le tri, le lavage, la teinture et les mélanges des laines sont effectués à l'usine de l'étendage, puis la laine traitée est descendue au Bouldou pour être filée et tissée. Les établissements Teisserenc sont réunis en 1921 à une affaire parisienne pour former le consortium Teisserenc-Harlachol qui absorbe la compagnie drapière Gallia (anciennement compagnie des fabriques de Clermont et Lodève) en 1923 et les établissements Vitalis en 1927. C'est à cette époque que l'usine de l'étendage connaît dimportantes extensions : la loge du concierge, le bâtiment des bureaux, le laboratoire, la salle pour le léviathan et les séchoirs, de nouveaux magasins à laine ainsi que l'électrification du site voient le jour au cours des années 1920. A cette époque, les 400 employés de la maison Teisserenc-Harlachol poursuivent la fabrication des draps destinés à l'armée, à la marine ainsi qu'aux grandes administrations françaises et étrangères. Ils produisent également des draps-cuir de livrées, des flanelles, des velours de laine, des molletons et couvertures et des feutres tissés. L'étendage et plusieurs magasins à laines sont supprimés en 1930. Le bâtiment des générateurs est modifié dans les années 1940. C'est probablement à cette époque que le long bâtiment à l'ouest du site (séchoirs ?) perd un étage. Face à la crise de lindustrie de la laine cardée, les établissements Giroud de Vienne, devenus majoritaires en 1957, tentent dimplanter la fabrication de tissus à pantoufles et de couvertures de literie et de voyage (AD34, 651W9). La fermeture de l'usine Teisserenc-Harlachol, en juillet 1960, marque la fin de la production de draps à Lodève et la fin de l'activité textile sur le site de l'étendage.
En 1964, l'usine de tolerie Fraisse installe les chaînes de fabrication des brouettes ButOr et celles des tuyaux et coudes plissés Feralu dans les anciens locaux Teisserenc. A cette époque, les ateliers de fabrication sont agrandis d'une nouvelle travée bordant tout le côté nord du site où sont installés les ateliers de tuyauterie. Des bureaux sont également édifiés face à l'entrée. L'entreprise Fraisse quitte le site à la fin des années 1990. Les bâtiments sont achetés par la commune de Lodève et la communauté de communes du Lodévois-Larzac qui y installent leurs ateliers techniques. Les anciens magasins situés au sud, ayant ensuite servi d'atelier de montage, ont été transformés en boulodrome en 2002.
Photographe prestation Fish Eye dans le cadre de l'étude du patrimoine industriel du département de l'Hérault de 2011 à 2013