Dossier d’œuvre architecture IA31012811 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine thermal
station thermale de Salies-du-Salat
Œuvre étudiée
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  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation

Des vestiges de bains antiques

Dans sa monographie communale, rédigée en 1886, l'instituteur Vidailhet indique l'existence de "vieux thermes" avec baignoires, dallages de marbre et précise qu'une mosaïque jaune et noire a été découverte en 1884 lors de la plantation d'arbres pour constituer l'allée conduisant aux bains récemment construits. Les recherches archéologiques menées depuis ont attesté l'existence d'installations thermales gallo-romains mais sans vestiges conservés. Le bassin d'une piscine mesurait 1, 34 m de large. Ces témoignages semblent liés à une exploitation curative des eaux salées qui avait lieu non loin des salines qui à la même époque extrayaient le sel gemme.

Les projets d'exploitation de la première moitié du 19e siècle.

Une source d'eau minérale salée a été mise au jour en 1812 et est alors utilisée pour soigner les maladies cutanées et vénériennes (AD 31 5 M 47). Elle est située à un quart de lieue au nord-ouest de Salies, sur la route de St Martory et appartient à plusieurs propriétaires dont la famille Lavigne. Un premier projet d'établissement thermal échoue en 1848. Un arrêté ministériel daté du 4 février 1875 autorise la ville de Salies à exploiter à des fins médicales la source d'eau salée dont elle est propriétaire, en s'appuyant sur les avis positifs du conseil d'hygiène publique et de salubrité de l'arrondissement de Saint-Gaudens du 19 avril 1865 et de l'académie de médecine du 26 décembre 1865 et sur les rapports des ingénieurs des mines de 1er et 5 avril 1873. (AD 31, registre des délibérations municipales, 7 mars 1880). Salies est une des rares station chlorulées sodiques de la chaîne pyrénéenne. Les eaux proviennent de puits forés jusqu'à 250 m de profondeur. Une gravure signée de Leymerie en 1878 montre sur générale de Salie une fontaine salée où se trouve un petit édicule.

L'établissement néo-mauresque de 1881 et son environnement urbain

Un premier établissement thermal est construit entre 1879 et 1881 par la première société concessionnaire Cazavet, Caubère et Cie, dans un style orientalisant selon les plans de l'architecte Timothée Escach. Le traité passé en 1880 entre la société et la Ville prévoyait en effet que cette dernière concède à la société sa source communale saline avec les terrains communaux qui l'environnent dans le quartier de la fontaine salée, à condition d'y faire construire un établissement de bains. En 1883, la société obtient de faire déclarer d'utilité publique l'établissement de faire définir un périmètre de protection des eaux thermales. La construction des bains entraine des travaux de voiries : la Ville, engagée par le traité de 1880, procède au redressement et à l'élargissement du chemin vicinal n°53 qui doit être prolongé entre le presbytère et l'établissement thermal. Les plantations associées à cette allée pâtissent des infiltrations d'eau salée : en 1897, le conseil municipal demande à la direction des thermes de construire un puits perdu pour récupérer les eaux salés. L'installation des thermes a également des conséquences pour le cimetière dont le voisinage déplaît à la compagnie. Il est prévu par l'accord que la Ville fasse exhausser les murs d'enceinte du cimetière pour qu'ils atteignent 3 m de haut. Une modification du traité en 1884 demande 70 cm de hauteur supplémentaire ainsi que la plantation d'arbres le long des murs pour masquer les monuments funéraires aux étrangers fréquentant les bains. La Ville vote dans ce but un crédit de 1 200 F lors de sa séance du 24 mai 1885. Cette même année, ce serait plus de 5 000 bains qui auraient été données (Vidailhet, monographie communale, 1886).

Un grand hôtel est construit à la suite de l'établissement par la compagnie des bains en 1891 mais dès 1897 il est racheté par le conseil général qui le converti en sanatorium. D'autres hôtels (grand hôtel, Hôtel Raufast) et des villas sont construits sur les terrains dégagés par le refoulement du cours du Salat vers l'est à l'occasion de l'arrivée du chemin de fer en 1865.

L'action de l'architecte dans les années 1920 : nouvel établissement et plan d'extension et d'embellissement

La compagnie nouvelle des eaux de Salies-du-Salat, fondée en 1897, procède en 1914 à une augmentation de capitale de 250 000 F destinée à la construction d'un établisssement nouveau sur des terrains achetés par la société (Annales,1914-02, p. 62). Les recettes, s'élevant à 7 000 F en 1898 avaient atteint 23 168 F en 1913 et l'établissement thermal construit en 1880 était devenu insuffisant pour répondre à la fréquentation. Un nouvel établissement thermal est construit en 1922 par l'architecte départemental de la Haute-Garonne Félix Thillet dans une zone jusque là vierge à environ 380 m au sud du premier établissement thermal, converti en hôtel. Des échanges de terrain ont lieu en 1924 entre la compagnie et la Ville pour constituer un nouveau boulevard reliant les deux établissements en passant derrière le sanatorium.

En 1923 (décret du 31 juillet 1923), la station reçoit le statut de ville hydrominérale et climatique. Félix Thillet est chargé de proposer un plan d'extension et d'embellissement. (AD 31, délibération du conseil municipal, séance du 2 décembre 1920). Pour baisser le coût des opérations, la Ville procède à des échanges avec la Compagnie aérienne française qui se chargerait de fournir les plans au 1/1000e sur une superficie de 100 ha. pour un coût forfaitaire de 4 500 F. La campagne de photographie aérienne a été réalisée effectivement en 1923 et est une précieuse ressource pour l'analyse de l'histoire urbaine de la station. C'est également Thillet qui conçoit le nouvel établissement thermal monumental envisagé depuis 1914 et qui fonctionne à partir de la saison 1923. La création d'un circuit téléphonique entre Salies-du-Salat et Toulouse est adoptée par le conseil général de la Haute Garonne lors de sa séance du 28 mai 1924. En 1927, la taxe de séjour rapporte 33 687 F à la station, chiffres comparables à ceux de Capvern-les-Bains et de Vernet-les-Bains (Avenir de Luchon, 10 mars 1929, p. 3). C'est cette même année que les thermes de Salies s'ouvrent à la clientèle infantile (Avenir de Luchon, 22 juillet 1928). La station thermale de Salies-du Salat est classée par un décret du 6 février 1933 au nombre des villes d'eaux dans lesquelles les fonctionnaire des services coloniaux et locaux peut être envoyés en traitement. La ville informe par ailleurs qu'une réduction de 10% est accordée aux fonctionnaires coloniaux, tant par l'établissement thermal que par les hôtels. (Circulaire du 8 avril 1933). En 1935, l'établissement thermal concède des prix réduits aux femmes et enfants des anciens combattants sur présentation de la carte du combattant. Un théâtre de la nature était le lieu de représentations extérieures dans les années 1930 et 1940. Un champ de course a existé pendant une quinzaine d'année.

Les difficultés après les années 1960 et les projets de relance

Un regain d'activité a eu lieu entre 1945 et les années 1960, époque où le chiffre total des curistes est monté jusqu'à 5 000 par saison. En 1972, ce chiffre est redescendu à 1 245 (dont 1 071 enfants) et en 1980, il ne s'élève plus qu'à 700 (AD 31 7687W30 et 7689W12). La rentabilité étant des plus précaires, la compagnie nouvelle des eaux a vendu les thermes à la Ville qui tenait à maintenir une activité thermale.

Une nouvelle résidence thermale, les Salatines a été édifiée à 200 m des thermes, un peu après la piscine. Inauguré en 1988, il comporte 106 logements, duplex et studios.

En 2020, la proposition de délégation de service public par la société Arenadour prévoit deux nouveaux établissements thermaux : l'un remplacerait le bâtiment central des Salatines pour accueillir les cures thermales, l'autre sur l'emprise de l'établissement thermal actuel et du spa, orienté sur la balnéothérapie complété par 34 appartements haut de gamme le long du boulevard des Salins. La piscine des thermes sera remplacée par un parking.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • A. D. Haute-Garonne, 1 NUM AC 2640, 1 D 8, registre des délibérations du conseil municipal (1860-1898), p. 257 à 264.

    AD Haute-Garonne : 1 NUM AC 2640, 1 D 8
  • A. D. Haute-Garonne, 5 M 47 : Salies-du-Salat, eaux minérales, établissement thermal.

    AD Haute-Garonne : 5 M 47
  • Annales des établissements thermaux, cercles, casinos, eaux minérales, février 1914, p. 62.

    p. 62
  • Brochure promotionnelle éditée par le syndicat d'initiave de Salies-du-Salat, après 1930.

  • A. D. Haute-Garonne, 1 NUM AC 2641, 1 D9, registre des délibérations du conseil municipal (1898-1926)

    AD Haute-Garonne : 1 NUM AC 2641, 1 D9
  • AD Haute-Garonne, 7687 W 30, environnement, aménagement, logement ; gestion des stations thermales (1857-2006).

    AD Haute-Garonne : 7687 W 30
  • AD Haute-Garonne, 7689 W 12, environnement, aménagement, logement ; gestion des stations thermales (1823-2005).

    AD Haute-Garonne : 7689 W 12
  • AD Haute-Garonne, BH br 4° 507, Salies, monographie communale par Vidailhet, 1886.- 20 p. : ill. noir et blanc ; 30 cm.

    AD Haute-Garonne : BH br 4° 507

Périodiques

  • Bulletin administratif Commissariat de la République française au Laos, circulaire du gouverneur général d'Indochine P. Pasquier, 8 avril 1933.

  • Souriac (René), Thermalisme en Comminges selon les monographies d'instituteurs, dans Revue de Comminges, tome CXXVII, n°2, 2012.

    p. 162-164
  • Avenir de Luchon, 10 mars 1929.

    p. 3
  • Avenir de Luchon, 22 juillet 1928.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Inventaire général Région Occitanie