Dès 1667, le site de Saint-Ferréol est bouleversé par les excavations et remblais opérés. La reprise des travaux par Vauban reporte à la fin du XVIIème siècle la phase de stabilisation des terrains. Les premières plantations connues sur le terrassement (vers 1730 ?) sont des ormes et des tilleuls, coupés en 1753 en raison des dégâts causés par les racines. La terre est signalée de mauvaise qualité. Le "Plan des rigoles de la montagne et de la plaine" (datable des années 1760) montre l'état de l'aval de la digue, plutôt dénudé dans son ensemble. Un inventaire de 1766 donne la nature des plantations sur le terrassement, variétés d'arbres à feuilles caduques : frênes, chênes, ormeaux, cerisiers, peupliers, pommiers… En 1767, on sème des glands de chêne sur le talus, glacis de terre qui se poursuit vers la métairie de L'Encastre. Sur les documents cartographiques postérieurs à 1770, le haut du talus est bien boisé, la pente toujours en fourrage. Une partie du talus, au-dessus de la maison, est occupée par le potager du garde. Un chemin en lacets relie la Maison du Canal aux portes des voûtes et aux rigoles. En 1772, on remblaye les creux du terrain pour régulariser tout le talus depuis le Jardin du Garde jusqu'à L'Encastre. Le talus doit être consolidé par un mur de soutènement. Des arbustes sont plantés pour tenir la terre. Les relevés réalisés pendant cette période montrent la végétation prévue : arbres en quinconce, buissons et foin, prairies. Mais la qualité médiocre de la terre sur le plateau et le revers du terrassement, n'est pas favorable au gazon : des reprises régulières sont nécessaires. Les arbres du terrassement sont régulièrement arrachés puis replantés (1817). En 1791, les terrains du versant côté L'Encastre sont plantés en châtaigniers, et surtout chênes et pins. Au début du 19e siècle, les semis s'intensifient, le couvert végétal se densifie, même si les chênes réussissent moins bien que les pins. Les plantations du domaine de Saint-Ferréol ont précédé celles de L'Encastre (année 1817 et suivantes). Avec la nouvelle administration du canal, l'entretien des plantations fait l'objet d'un plan de gestion systématique et d'inventaires de plus en plus réguliers (1818, 1820, etc.). Dès 1823, à l'occasion de la visite de la Duchesse d'Angoulême, on procède à des "embellissements" dont une première tentative de jets d'eau avec bassins sur les flans des voûtes. Mais ils sont supprimés en raison des infiltrations occasionnées dans le terrain. Des aménagements sont réalisés sur les accès et les chemins d'avenue du domaine : le Pont d'Ensalvan au-dessus de la rigole de ceinture (1830), la réfection du chemin qui descend à la Maison de l'ingénieur et des deux ponceaux (1832), l'entretien des chemins d'avenue du réservoir. En 1853, un projet de chemin de ceinture le long de la rigole est à l'étude. A cette date, la sortie de la voûte de vidange jusqu'à l'embouchure de la rigole de ceinture est plantée d'aulnes et de frênes. En 1854-55, à l'occasion des travaux de la nouvelle vanne de la Badorque à 12 mètres en dessous de la précédente, est installé un robinet destiné à alimenter un jet d'eau dans le parc. La "gerbe" est inaugurée le 5 octobre 1855. En 1859, un inventaire très précis des plantations du domaine accompagne la prise en charge de la gestion du canal par la Compagnie des Chemins de fer du Midi, la Compagnie du Canal restant propriétaire. Il atteste qu'un véritable parc est en place. Il est officiellement consacré le 5 juin 1865, à l'occasion du premier train touristique organisé par la Compagnie des chemins de fer du Midi, et reçoit 8.000 visiteurs. A partir de 1868, attestée par les inventaires de 1884-85 et suivants, est à nouveau engagée une période de plantations importantes où dominent pins et chênes. Dès octobre 1880, est engagé en vue de l'achèvement du parc le projet d'acquisition du rond-point de la cascade et de la portion de chemin d'avenue entre chemin du Rastel et route Revel. A l'acte notarié d'acquisition du 18 mai 1882 est joint pour la première fois le plan du parc, caractérisé par un tracé d'allées sinueuses, suivant les modèles de la 1ère moitié du XIXe siècle. Cette partie est complétée par de jeunes semis de pins et de chênes rouges. A partir de cette date , le site actuel du parc est complet, y compris le sentier de contournement des cascades. Mais l'esplanade devant la gerbe n'est pas encore aménagée : la rigole y est à ciel-ouvert, franchie par un ponceau. En 1885-86 est lancée une plantation d'arbres d'alignement. Durant tout le 20e siècle, le parc fera l'objet d'un entretien régulier et de plans de gestion rigoureux impliquant le renouvellement systématiques des sujets dépérissant. Fruit d'une évolution paysagère progressive qui va de la fin du 18e siècle à la fin du 19e siècle, ce parc illustre d'abord, par sa proximité avec l'ouvrage d'art, un style paysager et romantique mis à la mode par les amateurs de "sublime". Avec la naissance du tourisme, les visiteurs l'appréhendent davantage comme un parc public où se développe la pratique du pique-nique. Aujourd'hui, l'assèchement du talus, conséquence de l'étanchéité radicale obtenue pour la digue, est un facteur de risque important pour l'avenir du parc.