Présentation du territoire
Le territoire de Rodez agglomération est situé dans le centre-est du département de l’Aveyron. Il occupe une superficie de 205 km² et possède 55 745 habitants en 2017. Il comprend huit communes : Rodez, Druelle-Balsac, Olemps, Le Monastère, Sainte-Radegonde, Onet-le-Château, Sébazac-Concourès et Luc-la-Primaube. Bâtie sur une colline, Rodez domine un vaste territoire au relief contrasté. À ses pieds coule l’Aveyron qui définit une limite naturelle. En raison de la topographie mouvementée, l’urbanisation de l’agglomération s’est opérée de façon très éclatée au XXe siècle.
L’espace urbanisé s’étend aujourd’hui sur environ 15 km du nord au sud, entre Sébazac-Concourès et Luc-la-Primaube, et sur 4 km environ d’est en ouest, de Druelle à Rodez. Seules la commune d’Onet-le-Château, en particulier le quartier des Quatre Saisons, est véritablement agrégée à la ville centre. La commune du Monastère est certes bâtie au pied de Rodez, à l’ouest, mais ses extensions contemporaines se situent sur un coteau de l’autre côté de l’Aveyron. Les autres communes, Druelle, Sébazac-Concourès, Olemps, Luc-la-Primaube et Sainte-Radegonde forment autant de noyaux urbains plus ou moins éloignés de Rodez.
Un développement urbain modéré jusqu’en 1950
La périphérie immédiate de la ville de Rodez conserve jusqu’à la Première Guerre mondiale un aspect essentiellement rural. À la fin du XIXe siècle, les pentes demeurent couvertes de prairies, de jardins potagers ou de terres agricoles. Pourtant, après l’arrivée du chemin de fer dans les années 1860, les constructions ont commencé à se multiplier aux abords immédiats de la ville, particulièrement sur les boulevards et le long de la route nationale 88. Cette dernière traverse la commune du nord au sud et dessert particulièrement l’ouest de la ville, en passant par la place d’Armes qui forme un carrefour important. Le faubourg Saint-Cyrice s’est alors développé autour de l’avenue Tarayre : il forme le seul quartier neuf de la ville jusqu’aux années 1920.
Entre les deux guerres, l’essor de Rodez se confirme sur le plan commercial, notamment en raison du développement des moyens de transport (bus, camion et automobile). La population croît de près de 43 % entre 1920 et 1946 et passe de 14 000 à plus de 20 000 habitants. La ville déborde désormais de ses boulevards et de son faubourg tandis que des équipements modernes, tels que l’hôtel des postes et l’hôtel de ville à Rodez, sont construits. À la fin des années 1930, Rodez devance Millau et s’impose comme la ville la plus peuplée du département ; elle devient alors une véritable « petite capitale provinciale » selon les termes employés par le syndicat d’initiative régional de Rodez en 1948.
Durant cette période, l’urbanisation des quartiers dépend toujours de l’importance de la route nationale 88 et de la topographie. Au sud, le développement du quartier du Petit Languedoc reste limité, l’essentiel des terrains étant occupés par des jardins maraîchers desservis par un réseau de chemins particuliers. À l’ouest, le relief moins accidenté favorise le développement d’un vaste quartier à proximité de la rue Béteille, axe de circulation majeur qui connecte le faubourg à la place d’Armes. Les rues Raynal, de Montcalm et Carnus, l’impasse Béteille (actuelle rue du Onze-Novembre) et le chemin de Camonil sont ouverts au fur et à mesure des besoins et des constructions. C’est le faubourg Saint-Cyrice qui connaît la plus forte croissance durant les années 1920 et 1930, sa population passant ainsi de 2 290 habitants en 1920 à 4 990 en 1946. Les constructions gagnent progressivement l’avenue Durand-de-Gros et l’avenue de Paris, en direction de la gare. La forte demande conduit à l’ouverture de plusieurs voies nouvelles : rue Etienne-Cayla, impasse des Fusillés de Sainte-Radegonde et rue de la Liberté. Elles sont bordées pour la plupart d’habitations à bon marché ou « HBM », maisons destinées aux ménages modestes et répondant à des normes de salubrité, de surface et de coût. La cité Saint-Martin des-Près constitue quant à elle un véritable groupe d’habitations, comme l’ensemble réalisé en 1927 avenue de Toulouse, au sud de la ville, par l’office municipal d’habitations à bon marché.
Deux plans d’aménagement, d’embellissement et d’extension (PAEE) sont étudiés successivement par la Ville. Le premier est conçu par l’architecte départemental André Boyer, qui propose le transfert de la gare à l’ouest de la ville et une extension dans cette direction. Le second est réalisé par le cabinet Danger au début des années 1940 et ne sera que très partiellement réalisé.
Assez peu de lotissements sont construits au cours des années 1920 et 1930. Les deux principaux sont situés à proximité du centre de la ville. À l’ouest, le lotissement du Pré de la Conque, dénommé « quartier de l’Amphithéâtre » dans le projet d’extension de la ville de 1932, est élaboré dès 1927 et construit à partir de 1930. Les immeubles modernes sont desservis par les rues Pasteur et de Séguret-Saincric. À l’est, sur le versant très abrupt, le lotissement Saint-Catherine est le premier lotissement de type paysager construit à Rodez. Des villas, construites le long d’une voie en lacet, la rue Maurice-Bompart, bénéficient d’un beau point de vue sur la campagne. Au nord-est de la ville, le lotissement de Cardaillac, approuvé en 1940, sera quant à lui construit par l’entrepreneur Charles Loretz après la Seconde Guerre mondiale.
Une forte croissance urbaine durant la seconde moitié du XXe siècle
À partir des années 1950 débute une importante expansion démographique, économique et urbaine. La population croît de 25 % et se stabilise autour de 25 000 habitants dans les années 1970. De nombreux emplois sont créés dans la finance, le commerce et les services, l’administration (enseignement, PTT, EDF…) et l’industrie. La municipalité procède alors à la modernisation des équipements et des réseaux.
La forte demande en logements provoque la construction de nombreux lotissements de maisons individuelles, tels que les lotissements du Pré de la Marque, Ricome, de la Croix Grande ou la cité Lalande. La pression foncière induit des changements notables dans la forme des parcelles, dont la superficie est réduite, et la typologie des habitations. Des alignements de maisons, peu fréquents avant 1945, dessinent le nouveau paysage urbain de Rodez. Le plan Courant de 1953, qui créé les logements économiques et familiaux (Logécos), favorise l’accession à la propriété des ménages modestes. La municipalité bâtit ainsi un ensemble de 25 Logécos à Camonil, tandis que l’entrepreneur Durand-Tonnerre construit la cité du Petit Nice. Cette cité, qui comprend près de 100 maisons économiques, donnera naissance au quartier En Gourgan, où s’élèvent à la même époque plusieurs immeubles HLM. La copropriété offre aussi une alternative à la maison individuelle et de nombreux immeubles sont donc construits durant la seconde moitié du 20e siècle.
Dès 1960, la croissance urbaine de l’agglomération amorce un véritable changement d’échelle. La création en 1962 du premier groupement d’urbanisme de Rodez, avec les communes d’Onet-le-Château, du Monastère et d’Olemps, préfigure deux ans plus tard celle du district du Grand Rodez, l’un des premiers districts urbains créés en France. Doté, entre autres, de compétences en matière d’urbanisme, le district deviendra en 1999 la communauté d’agglomération du Grand Rodez puis Rodez agglomération en 2015.
Certaines des communes du district s’étendent d’abord de façon limitée avant de s’équiper progressivement selon des rythmes différents. Au Monastère, les lotissements, tel celui de la Marquise, se multiplient sur l’un des versants dominant le village à partir des années 1960. Il en est de même aux abords des villages de Luc et d’Olemps. À Olemps, la création d’un nouveau centre est initiée dans les années 1970 et aboutit dans les années 1990 à l’aménagement d’un quartier établi selon un plan radioconcentrique et accueillant la nouvelle mairie. Au nord de Rodez, la commune de Sébazac-Concourès se développe à proximité du bourg de Sébazac de façon spontanée avant qu’un plan d’urbanisme directeur ne vienne à partir de 1969 assurer la continuité des opérations. À l’inverse, le développement pavillonnaire conduit au mitage des abords du bourg de Sainte-Radegonde à partir des années 1980. À Druelle, si des lotissements s’agrègent d’abord au bourg existant, un nouveau centre est créé au tout début du 21e siècle sur l’un des principaux accès de Rodez, la route départementale 994 reliant la ville centre à Villefranche-de-Rouergue. Ce nouveau quartier comprend aujourd’hui les principaux équipements de la commune, la mairie, une école et un stade, ainsi que des pavillons individuels et des boutiques.
Seules les communes d’Onet-le-Château et de Luc-la-Primaube connaissent un véritable essor après la Seconde Guerre mondiale. En 1959, la municipalité d’Onet-le-Château, dirigée par Roland Boscary-Monsservin, et le comité interprofessionnel du logement (CIL) projettent la construction d’une cité de 400 logements aux Quatre Saisons, à l’entrée nord de Rodez. L’architecte-urbaniste parisien Gérard Sacquin est chargé de dresser le plan des lotissements (trois seront approuvés) et des maisons en bande, que les habitants surnommeront « le petit train ». Des pavillons individuels au milieu d’un jardin seront aussi construits par le CIL ou par EDF, tandis que l’office HLM de Rodez fait bâtir plusieurs immeubles. Le quartier des Quatre Saisons, équipé d’une église et de commerces, se développera encore durant les années 1970, période durant laquelle d’autres secteurs de la commune commencent à être urbanisés (Costes Rouges, Balquières). Avec plus de 10 000 habitants au début des années 1990, la commune d’Onet-le-Château accède ainsi au 3e rang des communes du département, après Rodez et Millau.
À Luc-la-Primaube, les premiers lotissements sont construits dans les années 1950 le long de la route nationale et une nouvelle église paroissiale est inaugurée en 1964. La commune connaît ensuite une forte croissance démographique, en particulier à partir des années 1970 sous l’impulsion du maire André Laur qui parvient à faire de Luc-la-Primaube une véritable ville satellite. Sa population triplera ainsi en une trentaine d’années pour atteindre les 5 000 habitants au début des années 2000.
Tandis que se développent les communes périphériques, la municipalité ruthénoise se lance dans la rénovation de son centre urbain. L’opération « Ville moyenne » conduite avec l’État à partir de 1973 comprend neuf opérations d’aménagement, parmi lesquelles la transformation de la place d’Armes qui conduit à la suppression du square, la rénovation des îlots insalubres du quartier des Embergues, la création du passage des maçons au cœur d’un îlot ancien, l’aménagement de parkings souterrains et de la place Foch et l’amélioration de l’éclairage public. Cette politique de modernisation se poursuivra durant les deux décennies suivantes, notamment par la création ou le réaménagement de certains équipements publics, tels que la Maison des Jeunes et de la Culture, l’hôtel de ville, la gendarmerie ou les archives départementales. Il faudra attendre les années 1990 pour que Rodez puisse s’étendre au-delà de la vallée de l’Auterne, sur le plateau de Bourran, grâce à la construction d’un viaduc. Le quartier dessiné par l’architecte-urbaniste Philippe Panerai deviendra un véritable « morceau de ville » avec ses équipements, dont l’hôpital et une école, ses services, ses commerces et ses logements.