Le chemin conduisant de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, à Gruissan, à la chapelle des Auzils, itinéraire de procession, s'est vu adjoindre une série de cénotaphes de Gruissanais disparus en mer. Ces cénotaphes ont une fonction mémorielle mais ne correspondent pas à l'endroit de la sépulture. Celle-ci peut être au cimetière du village, à l'endroit du monde où s'est produit le décès, ou être inexistante pour les disparus en mer.
Le plus ancien date de 1844, le plus récent, en hommage aux marins disparus dans le naufrage du 28 février 1787 a été érigé en 1994. Les inscriptions sont dédiées à la mémoire d'un ou plusieurs morts d'une même famille décédé en même temps. Hormis deux monuments récents, les dates de décès s'échelonnent entre 1844 et 1928. Le Courrier de Narbonne du 17 juillet 1941, indique néanmoins un monument, dont la date de décès est de 1824, qui a disparu depuis. L'inscription était : "un père malheureux a élevé ce monument à son fils égorgé au milieu des mers le 11 juillet 1824. E. L. R."
Vingt dates sont antérieures à 1875, époque où la population de Gruissan est investie dans la marine marchande à voile, ce dont témoigne la liste des lieux des décès, en Méditerranée, dans la Manche, l'Atlantique mais aussi l'Océan Indien (Colombo et le Pacifique (Hong-Kong). Les types de bateaux sont spécifiés dans les inscriptions (bricks, goélette, trois-mâts). Le statut social est mentionné dans les inscriptions antérieures à 1891, avec mention de nombreux capitaines (dix) aux diverses spécificités ; c'est le signe de la prospérité de l'activité au 19e siècle. Après 1891, la mention de "marin" prédomine. Deux plaques, datées de 1915, honorent la mémoire de deux Gruissanais morts pendant la Première Guerre mondiale (Bertrand et Coll. 2016).
Les inscriptions précisent parfois la cause du décès, naufrage ou tempête, ou se réduisent à "mort en mer" ou "disparu en mer".
Deux monuments font référence au naufrage du brick le Précurseur à l'entrée du port du Havre en 1952. Le premier est dédié au capitaine Jean Baptiste Rouquette, mais mentionne son beau-frère, capitaine en second et son neveu de 14 ans. Le second cénotaphe est dédiée aux trois morts par la soeur de J.-B. Rouquette, épouse de second Louis Marie Journés et mère de l'adolescent Aristide.
Les cénotaphes ont fait l'objet de multiples réfections et leur état diffère selon l'époque des campagnes photographiques. Des croix entaillées identiques ont été ajoutées à la même époque sur un grand nombre de cénotaphes dont la croix initiale était perdue ou en mauvais état. Sur le monument Pons, la plaque horizontale a été refaite récemment et son inscription a été légèrement modifiée (La version initiale est transcrite dans le Courrier de Narbonne le 17 juillet 1941).
La cippe Rouquette superpose deux blocs, datés respectivement de 1891 et 1902, signe d'une modification du parti primitif. Le bloc avec l'inscription de 1902 est un remploi qui porte la date 1817.
Les monuments collectifs de la fin du 20e siècle.
A la fin du 20e siècle, deux monuments collectifs ont été établis. Le premier rend hommage aux Gruissanais, membres d'équipage des sous-marins Sibylle, Minerve et Eurydice, disparus en mer respectivement en 1952, 1968 et 1970. Le second, établi en 1994, commémore la catastrophe du 10 ventôse an V (28 février 1797) lors de laquelle une tempête avait fait chavirer devant la redoute de Vieille-Nouvelle trois bateaux rassemblant 29 pêcheurs ainsi que trois autres hommes sur un quatrième bateau. Les corps retrouvés très dégradés après plusieurs semaines avaient été enterrés sur place.