Dossier d’œuvre architecture IA11001701 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine balnéaire
chapelle Notre-Dame des Auzils
Œuvre repérée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Narbonne
  • Commune Gruissan
  • Lieu-dit
  • Cadastre 2025 c 828
  • Dénominations
    chapelle

La chapelle des Auzils est perchée presque à pic, au-dessus d'une vallée très boisée du massif de la Clape. Une part de son attrait résulte de sa simplicité architecturale au sein de ce cadre paysager d'où la vue ouvre sur la Clape et sur le littoral. Son histoire, liée à celle des marins de Gruissan, en est un autre trait marquant : les ex-votos de l'intérieur (volés en 1967 et restitués en trompe-l'oeil) et le cimetière marin qui y mène, témoignent du lien entre religion et activité maritime et dimension mémorielle. Cet aspect a été célébré par le poète Hercule Birat dès 1846 dans ses "Voeux à Notre-Dame des Aouzils".

La chapelle fait écho à celle de Notre-Dame de la Salette à Sète, également sur un promontoire, sur le mont Saint-Clair mais cette dernière est plus tardive.

La chapelle aurait été construite en 1635 à l'emplacement d'un ancien prieuré. Le nom des Auzils est mentionné dans un acte de 1223, par lequel Arnaud, archevêque de Narbonne, avait acquis du monastère de Boulbonne un fief à l'île de Lec, à Notre-Dame des Auzils, avec les terres cultes et incultes, bois, pâturages et garrigues en dépendants. A partir de 1248, des legs sont fait en faveur de l'oeuvre de Marie des Auzils (Pauc, 1993, p. 7).

Le terme d'Auzils proviendrait du mot latin signifiant secours : auxilium.

La chapelle aurait été visitée le 8 novembre 1660 par Monseigneur F. Fouquet, archevêque de Narbonne. Un ermitage lui était accolée au moins depuis le 17e siècle car les registres d'état civils mentionnent les ermites Antoine Sudre, mort en 1655 à 90 ans, Blaise Camp, mort en 1666 à 85 ans, Frère Michel, décédé en 1745 à 55 ans. C'est un lieu de pèlerinage pour les habitants de Gruissan qui y déposent progressivement de nombreux ex-voto marins, protégés au titre des monuments historiques en 1964. L'inscription sur le seuil, appelant à prier pour J. Rachou mort à Toulon en 1743 montre l'ancienneté de la pratique dans la chapelle.

La chapelle, exigüe, aurait selon Yché (op. cité), été agrandie en 1828. La date porté sur la clé du choeur, 1848 correspond peut-être à la fin de la campagne d'agrandissement avec l'achèvement du choeur.

Au 19e siècle, le dernier ermite à occuper les lieux s'appelle François Cyprien (il apparaît également avec le prénom Michel). Né en 1806 et frappé de nanisme, il s'installe dans le grotte Saint-Salvaire, sous la chapelle, où il réside pendant 33 ans avant d'être enterré à Gruissan en 1888.

Les pèlerinages

Trois pèlerinages principaux ont lieu chaque année : le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte, en hommage aux marins disparus en mer et en mémoire des anciens le lendemain de la fête du village. Le pèlerinage pascal a commencé en 1797 après la disparition de 32 marins, le 28 février à cause d’une tempête. Yché décrit ce pèlerinage en 1916 en ces termes : "les patrons pêcheurs marchaient les premiers avec le petit bateau qui dans l'église ornait la chapelle Saint-Pierre. Les matelots suivaient, un petit pavillon à la main. En tête et pieds nus s'avançait le porteur de "Nostre-Segné-lou-Gros" (Notre Seigneur le gros), grand christ de bois creusé à l'intérieur et qu'on remplissait de pierres ou de plomb pour en augmenter le poids. C'était un insigne honneur de le porter. Quand il n'était pas attribué aux enchères, il revenait au pêcheur le plus zélé ou le plus robuste". Il indique que ce christ a disparu des processions au début du 19e siècle. (Yché, 1916, p. 159).

Enfin, le troisième pèlerinage a lieu le dernier dimanche de septembre et date de 1835. Il a été instauré pour remercier la Vierge de la fin du choléra à Gruissan, village le plus éprouvé du narbonnais avec 94 morts. Il a été remplacé par un pèlerinage le 15 août, jour de célébration mariale.

Protection, vol et art sacré (1964-1981)

La collection de 68 ex-voto marin (15 maquette, 39 peintures, 7 statues, 8 tableaux, tableau de broderie, manuscrit, 44 cadres) a été classée au titre objet le 18 novembre 1964.

En mars 1967, la chapelle a été dotée d'un ensemble de huit vitraux aux motifs abstraits, réalisés par Henri Guérin. Trois se situaient dans le choeur, les cinq autres se répartissaient le long du mur sud. Seuls deux d'entre eux sont encore conservés.

Dans la nuit du 21 au 22 juillet 1967, la porte de la chapelle est fracturée et une cinquantaine d'ex-voto est volée. Ils ont été restitués en trompe-l’œil par Robert Cassin (1914-2015) et son épouse Maureen, restaurateurs des monuments historiques originaires de Carnac. Ce projet a été réalisé à l’initiative de l'inspecteur des monuments historiques Pierre-Marie Auzas et grâce aux photographies qu'en avait prises l'abbé Pauc en 1964, conservateur des antiquités du département et curé de la paroisse de Gruissan, à l'occasion du dossier de protection. En 1981 la chapelle rénovée est inaugurée.

Des particuliers touchés par le vol ont également fabriqué des maquettes pour regarnir la chapelle (Pauc, 1993, p. 13). Paul Muringer de Belfort a ainsi offert 7 maquettes de bateau entre 1969 et 1977. Les dons d'ex-voto se sont poursuivis à l'époque contemporaine. Jean Pauc recense ainsi entre 1975 et 1992 : 5 huiles sur toile, 3 dessins, un pastel, un diplôme, une photo collée sur papier canson, une peinture sur aggloméré et cinq maquettes dont l'une en perle de verre. D'autres objets ont été donnés au cours du 20e siècle comme une jonque chinoise, offerte en 1969, une ancre à jas, un piranha naturalisé et diverses maquettes non datées. Cinq plaques mortuaires en marbre gravé ont été offertes entre 1947 et 1982, ainsi qu'une plaque en plastique, offerte en 1984 à la mémoire d'Henri Aymeric, aviateur né à Carcassonne, disparu en mer en 19444 à l'âge de 24 ans.

L'autel avait reçu en 1971 un décor peint réalisé par Geneviève Duboul, représentant dans un style naïf et poétique la Vierge à l'Enfant venant au secours des marins.

En 1978, la chapelle est attaquée par les termites et la tribune est détruite.

La chapelle des Auzils est perchée presque à pic, au-dessus d'une vallée très boisée du massif de la Clape. Une part de son attrait résulte de sa simplicité architecturale au sein de ce cadre paysager d'où la vue ouvre sur la Clape et sur le littoral.

La chapelle est à vaisseau unique et comporte quatre travées. Elle est couverte d'une charpente soutenus par des arcs reposant sur des pilastres, tenus à l'extérieur par des contreforts.

Une grotte dédiées à Saint-Salvaire est située dans la roche, sous les fondations de l'église. Profonde d'environ 50 m, elle suit une pente douce. La tradition veut que les jeunes filles voulant se marier, s'y rendaient en disant : "San Salvaire, baille me un fringaire ou te fiqui un Pic" soit "San Salvaire, donne moi un mari où je te donne un coup de pierre" (Courrier de Narbonne, 19 juin 1941).

L'autel en bois peint par Geneviève Duboul en 1971, représente sur sa face principale la Vierge à l'Enfant venant au secours des marins mais aussi des poissons et des oiseaux. La Vierge à l'Enfant est assise sur un rocher de la Clape et l'on distingue le bourg de Gruissan à l'arrière-plan. Sur les faces latérales figurent respectivement Saint Pierre, patron des pêcheurs, accompagné de son épervier, et saint Joseph, patron des charpentiers de marine.

  • Murs
    • maçonnerie
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Techniques
    • vitrail
    • peinture
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
    propriété privée
  • Sites de protection
    site classé
  • Précisions sur la protection

    Par un arrêté du 12 octobre 1964, le site de "la colline des Auzils, chapelle Notre-Dame-des-Auzils et cimetière marin" est un site inscrit. Il a été classé le 12 février 1974.

Bibliographie

  • Yché Julien, Étude historique sur Gruissan (Nouv. éd. ref. [et] ill. [présenté par] Jean Pauc, 1985, 406 p.

  • Hercule Birat, "Voeux à Notre-Dame des Aouzils", Poésies narbonnaises (Volume 2), 1846, p. 35 à 40.

  • PAUC Jean. Notre-Dame-des-Auzils. Portet-sur-Garonne : Editions Loubatières, 1993. 90 p. : ill. ; 24,5 cm.

Périodiques

  • Yché Julien, Étude historique sur Gruissan, in Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, tome XIV, année 1916, 1er semestre, p. 36 à 93.

  • L'ermite de N-D des Auzils, in Courrier de Narbonne, 28 août 1941, p. 2.

  • Notre-Dames des Auzils, in Courrier de Narbonne, 19 juin 1941, p. 2.

Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2025
(c) Inventaire général Région Occitanie